Peut-être vous souvenez-vous de ce téléfilm américain ayant pour titre « Les têtes brûlées » mettant en scène des aviateurs américains chassant les appareils Japonais au-dessus du pacifique. Sachez que nous avons eu ces mêmes héros dans le ciel de l’Aude à partir du 15 août 1944, juste après le débarquement des alliés en Provence. Leurs missions périlleuses avaient pour objectifs d’anéantir les convois de troupes et de matériels allemands faisant mouvement vers la vallée du Rhône. Afin d’atteindre leur but, les aviateurs américains s’étaient entraînés pendant un mois en mer Méditerranée. Nom de code : Preface-Dragoon.
Hellcat F6F-5
Dès le 18 août 1944, les escadres VF-74 et VOF-1 décollèrent respectivement depuis les porte-avions Kasaan Bay et Tulagi, mouillant au large des côtes méditerranéennes. Deux divisions reçurent l’ordre d’attaquer un train en direction de l’Ouest de Carcassonne et à environ 40 miles au Sud-Est de Toulouse. Celui-ci avait été signalé par reconnaissance. Après le décollage, les avions suivirent le cap à une altitude de 2000 pieds (609 mètres d’altitude) directement vers la tête du convoi, situé à 4 miles de Castelnaudary et en dehors du Mas-Sainte-Puelle. Vingt-deux wagons plats dont vingt transportaient des camions furent dénombrés à l’arrière de la locomotive. Une fois à portée de tir, les pilotes mitraillèrent à basse altitude, chacun effectuant sept à huit passages. La seule riposte provint des hommes au sol armés de fusils légers. La locomotive fort endommagée n’explosa pas, mais vingt camions furent détruits dont huit entièrement brûlés. Le retour à la base se fit sans problèmes.
The USS Kasaan Bay
Le 20 août 1944, à 355 miles de la côte, huit avions décollèrent vers Arles, au Nord-Ouest de Nîmes, puis au Sud-Ouest de Montpellier. A l’extérieur de cette ville, quatre wagons rangés au bord de la route dans une gare de triage furent repérés et mitraillés. L’un d’eux a explosé, projetant des débris dans les airs à une altitude de 250 pieds et faisant tomber des pans du stabilisateur d’un avion. Le pilote n’étant pas au courant de la gravité des dommages sur son appareil, a poursuivi sa mission. En continuant vers le Sud-Ouest en direction de Balaruc, le vol permit de localiser des transports de troupes ennemis, du chargement, des camions-citerne et une voiture de commandement. Dans l’incendie, tous les hommes ont dû périr.
Mitraillage d'un convoi
Après ces raids, le pilote de l’avion endommagé par l’explosion du camion de munitions, a demandé au leader de l’escadre, le lieutenant Harry Brinkley Bass, d’inspecter son appareil. Ce dernier ordonna au pilote de rentrer à la base et désigna un de ces camarades pour l’escorter. Les deux appareils rejoignirent le porte-avion en toute sécurité.
© usnamememorialhall.org
Lt William Nathan Arburckle
(1918-1944)
Immédiatement après leur départ, le leader s’aperçut de l’absence de l’avion du lieutenant William Nathan Arbuckle. Malgré des appels radios, le pilote ne répondait pas. Les trois aviateurs restant firent le tour de la zone pendant dix minutes à sa recherche avant de poursuivre leur mission. On apprendra plus tard que Arbruckle s’étant perdu à cause du manque de visibilité avait attaqué seul un convoi au-dessus de Mèze. Abattu par la Flak (Défense antiaérienne allemande), son appareil heurta la cime des platanes au lieu-dit « L’aigues vaques ». Le malheureux pilote mourut ainsi carbonisé. Son corps fut inhumé à Mèze puis transféré au cimetière d’Epinal.
Les trois autres rescapés poursuivirent au-dessus de la voie de chemin de fer vers Béziers, mais durent basculer vers le sud de Carcassonne pour éviter la zone montagneuse. Ils remontèrent la voie ferrée en direction de Villefranche-de-Lauragais. Juste au Nord-Ouest de ce village, un convoi de vingt-cinq à trente camions fut aperçu. L’un des pilotes a immédiatement attaqué et a été touché par de nombreux tirs d’armes légères. Ceci ne l’a pas empêché de mettre hors d’état une dizaine de camions.
Charles Wilburn Scott Hulland
(1918-1945)
Après que les trois avions se soient dirigés vers le Nord-Ouest, une fumée noire a commencé à s’échapper du moteur de l’appareil piloté par l’Enseigne Charles Wilburn Scott Hulland. Ce dernier a appelé le leader pour lui annoncer que la pression d’huile était tombée à zéro. Le lieutenant Brinkley Bass a pris un virage à 180° et a dirigé l’escadrille sur Sud-Sud-Est pour nettoyer le territoire ennemi le plus rapidement possible. Quelques minutes plus tard, Hulland annonça par radio que le moteur tournait à 3500 tours ; il ne pensait pas que l’avion pourrait continuer ainsi. Il était 11H40 lorsque Hulland s’éjecta de l’appareil au-dessus de Saint-Julien de Briola (Aude) à 1600 pieds. Son parachute s’ouvrit à 800 pieds et on le vit atterri en toute sécurité et rentrer son parachute. Hulland séjournera dans une ferme et rejoindra Bordeaux, l’Angleterre, l’Irlande et les Etats-Unis grâce à la Résistance. Il mourra en mission en mer des Philippines le 23 avril 1945. Son corps et son appareil ne seront jamais retrouvés. Les deux pilotes restant en vol, John. H. Shroff et Thomas. F. Kendrick, encerclèrent la zone suffisamment longtemps pour s’assurer que Hulland était en sécurité. Ils repartirent pour éviter de révéler la position à l’ennemi. L’avion de Hulland s’écrasa et explosa à cent mètres de lui. L'autre aviateur de l'escadrille était le lieutenant Gérald. G. Hogan.
Lieutenant Harry Brinkley Bass
(1916-1944)
Le leader de l'escadrille fut abattu le 20 août 1944 près de Vanosc (Ardèche) par la défense antiaérienne allemande (Flak). Inhumé à Vanosc, il fut ensuite transféré au Roselaw Mémorial Park à Little Rock (Arkansas). Son nom a été donné à un navire, le USS Brinkley Bass.
Sources
Nous devons cet excellent travail de recherche à Marcel Ertel qui ne compta pas ses heures pour retrouver la trace de ces pilotes. Il fit élever des stèles commémoratives et retrouva les familles américaines. Nous n'avons fait que synthétiser et rédiger à partir des documents contenus dans les archives historiques d'Alfred Raucoules. Si quelqu'un à une information sur le lieu précis où fut abattu l'aviateur Hulland au-dessus de St-Julien de Briola, nous sommes preneur.
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Commentaires
toujours intéressant à lire, j'ai posté votre lien et votre article sur le forum Sudwall
merci encore
Un grand merci pour ce récit , Alfred Raucoules a toujours été un passionné d’histoire, je l’ai bien connu , un grand Monsieur,
encore des héros qui tombent dans l'oubli -heureusement que des passionnés de vérité leur rendent hommage et rappellent leur courage et leur sacrifice pour notre liberté- car actuellement ,on dirait que "l'on " s'acharne à effacer les traces du passé historique et glorieux -
Merci pour ces témoignages , pour le 75° anniversaire du D.Day il est utile de ce souvenir de tous les sacrifices consentis par tous ces courageux soldats et résistants afin chasser le nazisme.
Bonjour,
L'appareil de Charles Hulland s'est écrasé, d'après les témoignages, entre Calmont et Aignes.
St Julien de Briola n'est que le lieu approximatif de l'évacuation en parachute du F6F-5 de Hulland. L'appareil, sans pilote, a quant à lui continué sa route.
Cordialement.