Que savons-nous d’Arthur Mullot dont une avenue porte le nom entre le square Gambetta et le Pont Neuf ? Si peu de choses en vérité pour que les historiens se soient mélangé les crayons en croyant retracer son activité. Léon Riba dans « Carcassonne, ses places et ses rues » publié en 1951 qui sert depuis ce temps de référence en la matière s’est trompé sur toute la ligne. Il confond Arthur avec son frère Henry, qui fut nommé Conservateur de la bibliothèque municipale en juin 1909 en remplacement de Pierre Massé. Il indique que l’avenue prit le nom d’Arthur Mullot suite à une délibération du 16 novembre 1918 - bien entendu, Jean-Louis Bonnet reprend cette erreur à son compte dans son ouvrage « Carcassonne d’hier à aujourd’hui ». Ils n’ont pas vérifié qu’il s’agit en fait de la délibération qui entérine ce jour-là la donation de la bibliothèque particulière d’Henry Mullot à la ville par sa veuve, suivant le vœu testamentaire de son défunt mari. C’est commode… Comme Henry - que Riba dit s’appeler Arthur - est décédé le 29 août 1918, le nom de l’avenue a été donné le 16 novembre 1918.
En fait, il s’agit bien d’Arthur Mullot - le frère d’Henry - né le 30 juillet 1836 à Carcassonne et décédé dans cette même ville le 14 mars 1907. Le nom à l’avenue a été donné juste après son décès, car avant 1918 l’avenue porte déjà depuis longtemps le nom d’Arthur Mullot. Il suffisait de vérifier, mais comme les délibérations municipales ont disparu pour la période 1896-1908, il aurait fallu regarder les annuaires ou les plans de la ville. J’espère que vous me suivez, car c’est à s’y perdre ! Il est vrai que la vie d’Arthur Mullot fut bien moins passionnante que celle de son frère Henry. On attribua son nom à une artère de la ville pour le remercier d’avoir légué 200 000 francs de l’époque, soit 732 000 euros, au bureau de bienfaisance de Carcassonne au moment de son décès. Le riche propriétaire passa à la postérité, quand son frère reste encore dans l’oubli le plus total.
Ouvrage d'Henri Mullot
Henri Mullot naquit le 30 avril 1848 à Carcassonne. Elève au lycée de 1856 à 1866, il est capitaine des mobilisés de l’Aude en 1870. Il devient propriétaire du domaine de Caraman près de Montréal d’Aude après l’avoir échangé contre sa Villa-Henri de la route nationale 113. Il gagnera ses galons d’Officiers d’Académie le 6 février 1895, puis occupera diverses fonctions comme Secrétaire du Comité de la bibliothèque municipale (1898), Président de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude, Gérant du Syndicat d’Initiative (1906-1909), etc. On ne compte pas non plus les très nombreuses recherches et ouvrages rédigés dont un armorial réalisé avec Henry Sivade. Il finira sa carrière comme Conservateur de la bibliothèque municipale qu’il ne cessera d’enrichir et d’inventorier. Marié à Gabrielle Bié en 1879, la tante du célèbre général de la Grande guerre Georges Brissaud-Desmaillet, né à Carcassonne en 1869 et décédé à Paris en 1948. Celle-ci avait fini par l’adopter en 1924 suite au décès de ses parents.
Notre recherche généalogique nous a poussé à regarder du côté de Jean Gabriel Emile Mullot, le frère d’Henry et d’Arthur. Ce propriétaire fit l’acquisition du château de Pech à Saint-Hilaire d’Aude et sera maire de cette commune de 1880 à sa mort en 1910. Il aura un fils de son union avec Françoise Emilie Fanny Marcerou (1841-1923) : Gabriel Octave Marie Mullot (1862-1935). L’épouse de ce dernier, Julie Miquel, donnera naissance à Emile Mullot (1892-1982) qui sera maire radical et conseiller général de Saint-Hilaire.
Paul Mullot
(1921-2008)
Le plus extraordinaire dans cette trame généalogique c’est qu’Emile Mullot n’est autre que le père de Paul Mullot (1921-2008), maire et conseiller général de Quillan de 1965 à 1995. Cet homme de centre-droit, directeur de Formica, reste dans toutes les mémoires à Quilan comme un homme à l’accent rocailleux et ayant bien géré sa commune. D’ailleurs si l’on regarde bien le portrait d’Arthur Mullot réalisé par Sourou en 1908, on se dit qu’il y a comme un air de famille.
Sources
Etat-civil / ADA 11
Recensement militaire / ADA 11
Du portrait au 19e siècle / Musée des Beaux-arts de Carcassonne
Journaux locaux anciens
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Commentaires
Et oui il ne s'agit pas d'écrire des histoires.... mais replonger dans l'histoire pour ne pas faire de confusions;;;
encore de longues mais fructueuses recherches pour arriver à savoir qui est qui -- bravo encore et merci