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Portraits de carcassonnais - Page 47

  • Philippe Soum (1888- 1968), un maire oublié des Carcassonnais.

    Avez-vous vu une rue, une avenue ou encore un bâtiment municipal dans Carcassonne portant le nom de Philippe Soum ? À ma connaissance, il n'y en a pas et pas davantage pour Marcel Itard-Longueville et Gaston Faucilhon qui furent comme lui, maire de Carcassonne. Voilà donc trois anciens maires de la ville durant le XXe siècle, passés aux oubliettes de la reconnaissance publique, quand d'autres en ont été largement gratifiés : Henri Gout, Albert Tomey, Jules Fil, Antoine Gayraud et Raymond Chésa. Pourquoi donc cet oubli ? Notons que Philippe Soum et Marcel Itard-Longueville ont été des Résistants avec même pour le second, une déportation au camp de Neuengamme en juin 1944. Étrange donc que ces deux hommes aient été jetés dans les mêmes oubliettes de la renommée que Jules Jourdanne, maire nommé par le gouvernement de Vichy en 1941....

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    Philippe Soum par Paul Manaut

    Philippe Soum naît le 26 mai 1888 à Perpignan, d'Isidore et de Joséphine Jambert, originaire d'Estagel dans les Pyrénées-Orientales. Il effectue ses études secondaires au collège de Perpignan et en sort bachelier le 19 juillet 1904 à l'âge de 16 ans. Tout naturellement s'en suit une brillante carrière universitaire et professionnelle : études de médecine à la faculté de médecine de Bordeaux, puis interne en psychiatrie à Château Picon où il est l'élève du Professeur Régis. Après avoir présenté sa thèse, il prête serment le 6 juin 1912 et devient médecin.

     C'est au cours de son service militaire à Carcassonne qu'il rencontre sa future épouse Marguerite Durand, chez des amis communs. Il termine son service militaire le 21 mai 1914 avec le grade de médecin auxiliaire décerné le 3 juin 1913 et épouse Marguerite Durand née le 21 janvier 1889 à Carcassonne, fille de Joseph Durand officier de marine originaire de Cherbourg et de Marguerite Milles née à Carcassonne. Elle habite 12 rue d'Isly , sur l'emplacement de l'ancienne ferme Cailhau. Philippe Soum est mobilisé pour la première guerre mondiale et rentre à Carcassonne en 1919, après son affectation dans l'armée d'Orient. Il reçoit la Croix de guerre et s'installe à Carcassonne en 1919 comme médecin généraliste. 

    Maire de Carcassonne

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    Philippe Soum est élu maire de Carcassonne d'octobre 1947 à Mars 1950 sous la bannière Radical Socialiste. Son premier adjoint est Jules Fil, membre de la S.F.I.O. Les élections municipales du 19 octobre 1947 donnèrent les scores suivants : Parti communiste 32%, Radicaux 24%, S.F.I.O 16%, M.R.P 15% et R.P.F 13%. Les radicaux gérèrent la ville avec la S.F.I.O et le M.R.P  pour seulement deux ans et demi... Une discorde sur le budget de la ville en proie avec les difficultés financières de l'hôpital dont le maire était le médecin-chef le força à démissionner. Il fut mis en minorité au conseil municipal en raison du ralliement du M.R.P avec le P.C et le R.P.F .

    Son mandat et son oeuvre     

    Parmi les réalisations à mettre au crédit de la municipalité Soum, il faut compter le monument à la Résistance en 1948 ; oeuvre de René Iché dans le square Gambetta. Une urne contenant de la terre provenant du camp de Buchenwald avait été fixé à son pied.

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    Le square Gambetta en 1950

    L'inauguration de la station des eaux de Maquens en décembre 1949, à côté de l'Auberge des Chênes sur la route de Limoux. Les lettres accrochées sur des plaques de marbre ont disparu.

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    La station des eaux de Maquens

    Travaux de déblaiement des fossés de la cathédrale Saint-Michel avec mise à jour de vestiges des anciens remparts de la Bastide Saint-Louis.

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    © medieval.mrugala.net

    Tour médiévale dans les fossés de la cathédrale

     

    Visites de personnalités 

    Au cours de son mandat le Dr Philippe Soum rendit hommage le 9 décembre 1947 au général Leclerc de Hauteclocque, chef de la 2e DB ; libérateur de la France. La route de Narbonne (RN 113) prit à cette occasion le nom d'avenue du général Leclerc. Le 19 juin 1948, c'est le ministre de l'agriculture Pierre Pflimin qui est reçu à l'occasion de la foire exposition agricole. Le jeudi 24 juin 1948, le romancier américain Charles Morgan est à l'hôtel de ville. 

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    Le 9 janvier 1948, son excellence l'honorable Jefferson Caffery, Ambassadeur des États-Unis d'Amérique est reçu à la mairie à l'occasion de l'inauguration de l'avenue Franklin Delano-Roosevelt. En bas, à droite, le général Revers, chef d'État-Major Général, représentant le gouvernement Français. 

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    Messe solennelle en hommage au lieutenant Paul A. Swank (1921-1944) tué au combat près d'alet-les-bains, le 17 août 1944. En présence de Georges Guille (député), Philippe Soum (Maire), Jefferson Caffery (Ambassadeur).

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    La tombe de Paul A.Swank en bordure de la route d'Alet-les-bains.

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    Le livre d'or de la ville de Carcassonne

    D'autres personnalités ont été reçues par Philippe Soum : Norman Reader, chef des relations publicitaires des USA avec la France, le 5 mars 1949 ; le docteur Charles Paul, médecin légiste des tribunaux de la Seine, le 9 juillet 1949 ; Edgar Faure, ministre secrétaire d'état aux finances, le 11 décembre 1949 à l'occasion de l'inauguration de la station de pompage d'eau brute de Maquens.

    Distinctions 

    Officier d'Académie (21 janvier 1931)

    Croix de légion d'honneur (28 novembre 1936)

    Chevalier de l'ordre de santé publique (23 juillet 1947)

    Officier de la légion d'honneur (19 août 1952)

    Officier de l'ordre de santé publique (21 janvier 1956)

    Qualités

    Président de la Société des arts et sciences

    Juge au tribunal des pensions

    Médecin légiste

    Expert près des tribunaux

    Médecin-chef de l'hôpital de Carcassonne

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    © chroniques de Carcassonne

     Philippe Soum prend sa retraite le 31 décembre 1967 et meurt à son domicile, 15 rue Aimé Ramond à Carcassonne, le 21 Novembre 1968. Il a des obsèques très officielles. Le cortège se dirige à pied de son domicile à Saint-Michel, avec un arrêt devant la mairie où un jeune homme présente ses décorations sur un coussin de velours ; puis de l'église au cimetière Saint-Vincent. Sa tombe n°353 se trouve allée 09.

    Il a eu deux fils, Pierre et Robert qui furent médecins généralistes à Carcassonne et élus municipaux. Un de ses petits fils, Philippe Soum, est lui-même médecin à Carcassonne.

    Un grand merci à Madame Anne-Marie Picarel-Soum

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  • L'usine de chaussures Raoul Pidoux

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    Raoul Pidoux crée en 1954 une usine de fabrication de chaussures à Carcassonne. L'usine est construite dans la rue Fabre d'églantine (quartier du dôme) à l'endroit même où il y a quelques temps, était encore implantée l'imprimerie Bonnafous. À l'époque, l'entreprise Raoul Pidoux et fils employait 60 ouvriers pour une production de 4000 paires de chaussures d'enfant par jour. Chaque année pour l'anniversaire de la construction de l'usine, le patron organisait un cocktail et un bal pour l'ensemble du personnel.

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    L'usine en construction en 1953

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    L'ancienne usine en 2015

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    Raoul Pidoux était également maroquinier et confectionnait des sacs à main. L'ensemble des cette production locale se vendait dans un magasin situé dans la rue de la gare.

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    Raoul Pidoux était le père de Jean Pidoux qui effectua une brillante carrière à Paris au sein de la Société Générale. Homme de lettres, de musique et de peinture Jean Pidoux peut être considéré comme un talentueux multicarte de l'art sous toutes ses formes. Il est décédé en janvier 2012.

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    © Nathalie Amen-Vals

    Jean Pidoux et Janette, son épouse et professeur de danse de renommée internationale.

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  • Alfred Raucoules, c'est la mémoire vivante de Carcassonne

    Je voudrais saluer le travail d'un grand serviteur du patrimoine de la ville de Carcassonne dont le nom associé à bien des ouvrages historiques, reste trop souvent dans un injuste anonymat. À 93 ans, cet ancien commerçant de la rue de Verdun est la mémoire vivante du Carcassonne qui n'est plus, de ses anecdotes et de ses évènements passés. Chacun se presse chez lui dans la rue Bringer ou au téléphone pour lui soutirer une information ou un détail dans le cadre d'une étude sociologique sur la vie de Carcassonne ; nous lui devons beaucoup. Mais Alfred est un modeste qui fuit les lumières de la gloire, par pudeur. Cela donne de sacrées leçons à certains vaniteux, qui du haut de leurs trônes pailletés, s'efforcent à voix haute de revendiquer la paternité de leurs travaux. Or, nous sommes tous les héritiers d'une idée, d'un travail ou d'une pensée et ceux qui sèment les petits cailloux méritent autant les éloges qui ceux qui s'en servent pour structurer ou bâtir. Que serait l'architecte sans le maçon ? Et le maçon, sans le manoeuvre ?

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    Alfred Raucoules est l'auteur d'un immense travail sur l'histoire de l'aviation à Carcassonne. L'ouvrage s'étend en trois volumes depuis la construction du terrain d'aviation de Salvaza jusqu'à aujourd'hui. Malheureusement, cette trilogie imprimée en son temps par la Chambre de commerce et d'industrie de l'Aude est restée confidentielle. Le tirage n'a profité qu'à une poignée de privilègiés, alors même qu'il aurait du être à la disposition du plus grand nombre. Il nous paraît comme indispensable que cette mémoire aéronautique soit reprise et enfin éditée.

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    Il en est de même pour l'histoire de la rue de Verdun et de ses commerces qu'Alfred mit 7 ans à rédiger (achevé en 1995). Là aussi, ce fut confidentiel avec le soutien du GARAE et de l'Imprimerie municipale. En deux volumes, il s'agit d'une véritable bible sur cette artère commerçante et ses habitants. Nous nous sommes tous inspirés de son travail pour rédiger nos ouvrages publiés. Ne serait-il pas juste que ce travail puisse être mis en lumière ?

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    Devons-nous également évoquer ses ouvrages en 3 volumes sur l'histoire du Syndicat d'initiative de Carcassonne ?

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    Publié en 1984 en langue occitane par le Centre d'Etudes Occitanes. Dessins de Denis Bonnes.

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    Alfred Raucoules a également largement collaboré avec Luce et Francis Teisseire à l'ouvrage "Carcassonne, d'hier à aujourd'hui" signé J-L Bonnet. 

     Sachez que l'imprimerie municipale depuis le mandat de Raymond Chésa imprimait des travaux historiques d'auteurs Carcassonnais. Si la démarche est à saluer puisqu'elle permettait de les synthétiser dans une brochure, en revanche il était anormal que seule une poignée de privilégiés disposassent d'un exemplaire. Comment se fait-il que l'on puisse le trouver à la vente sur les sites d'enchères sur internet ou chez les bouquinistes, alors même que l'auteur n'a jamais été rétribué pour son travail ? Tout simplement, les ouvrages distribués gracieusement à des privilégiés ont été ensuite revendus par eux-mêmes. 

    Mise à jour 2017

    Alfred Raucoules vient de fêter ses 95 ans à la Maison de retraite Carmableu de Carcassonne. Nous devons cette initiative à son ami Jacques Blanco. Entre poutounéjades d'élus au milieu des photographes de la presse locale, espérons que la ville pensera à lui rendre l'hommage en faisant réimprimer ses livres.

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