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Portraits de carcassonnais - Page 2

  • René Descadeillas (1909-1986), conservateur de la bibliothèque municipale

    Paul René Jean Descadeillas naquit à Moissac dans le Tarn-et-Garonne le 7 mars 1909, où son père enseignait au collège de cette ville. Deux ans plus tard, en raison de la mutation de ce dernier au lycée de Carcassonne, la famille vint s’établir dans la capitale audoise. La Grande guerre enleva son père en 1915 à l’affection des siens. Sa veuve ouvrit une petite librairie, 37 rue de la République, et René fut adopté par la Nation. Elève brillant au lycée, il poursuivit ses études à la faculté Toulouse où il obtint une licence en histoire et géographie puis un doctorat en histoire moderne.

    A l’âge de 23 ans, il devint le secrétaire d’Albert Sarraut, le directeur de la Dépêche du Midi à Toulouse aux attaches Carcassonnaises. Deux ans plus tard, Descadeillas rédige des articles politiques remarqués dans le journal radical-socialiste « La démocratie ». Il en demeura le correspondant pendant dix-sept ans. Il fréquente des amis de lycée comme René Nelli et participe aux soirées littéraires dans la chambre de Joë Bousquet.

    Collectionneur d’armes du Premier Empire, conférencier et écrivain, il fit partager son savoir au sein de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. Après la Libération, la municipalité radicale de Carcassonne le nomma le 1er janvier 1950 comme Conservateur de la bibliothèque municipale, puis Conservateur du musée des beaux-arts en 1964 afin de remplacer René Nelli. A chaque fois, René Descadeillas fit autorité dans la charge qu’on lui confia. Longtemps, on le considéra comme le plus grand conservateur de notre ville. Sans faire offense à la mémoire de Nelli, Descadeillas remit en ordre un musée qu’il trouva dans un bien triste état. 

    descadeillas

    Spécialiste de l’affaire du trésor de l’abbé Saunière à Rennes-le-château, il finit par publier un ouvrage pour tordre le cou à des historiens épris d’ésotérisme. Ceci ne lui valut pas que des amis, mais Descadeillas ne s’embarrassait pas quand il était convaincu d’avoir raison. D’ailleurs, ce livre lui vaudra en 1975 le Prix Toutain, décerné par l’Académie française. Retraité de ses fonctions de conservateur de la bibliothèque municipale, il garda néanmoins celles du musée jusqu’en 1980. René Descadeillas, que tout le monde à oublié à Carcassonne, disparut le 22 avril 1986. Peut-être avait-il été le dernier d’une génération d’érudits, issus de ce lycée de la ville qui fit tant de têtes bien pleines : Gaston Bonheur, Fonvieille-Alquier, René Nelli, Ferdinand Alquié, etc.

    René Descadeillas sur Antenne 2 en 1973 à propos de Rennes-le-Château

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  • Aline Alquier (1921-2017), écrivaine et journaliste audoise

    Aline Alquier naît le 16 septembre 1921 à Fontiers-Cabardès avec Yvette (1921-2018), sa soeur jumelle. Fille de Marie Louise Gabrielle Embry (1889-1957) et d'Ernest Marie Henri Alquier (1872-1948), juge d'instruction à Carcassonne, elle est la demi-soeur de François Fonvieille-Alquier. Après avoir rédigé sur ce dernier un article dans ce blog et une notice Wikipédia, nous avons voulu en savoir davantage sur Aline Alquier. Il fut dès lors très difficile de trouver des informations biographiques sur cette femme remarquable. Nos efforts se sont portés vers l'association des Amis de George Sand dont elle fut la vice-présidente. C'est dans l'une des anciennes parutions du bulletin de l'association que nous avons retrouvé un texte écrit par Madame Michèle Hecquet. Nous le retranscrivons in-extenso ci-dessous :

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    Aline était née, comme sa sœur jumelle Yvette, dans un village de l'Aude ; elle grandit à Albi, puis Carcassonne, où elle fit de brillantes études secondaires. De son enfance, de son adolescence méridionales dans une famille de gauche, elle avait gardé une trace, une pointe d'accent et le souvenir, souvent évoqué, des réfugiés républicains espagnols qu'elle et sa sœur aidaient à se diriger, à trouver des secours... Elle commençait à Toulouse des études supérieures d'histoire quand survint la guerre ; elle suivit son frère aîné François Fonvielle-Alquier dans la Résistance, fut agent de liaison. A la libération Aline devint journaliste, à Limoges d'abord, puis à Paris où naquit son fils Gilles.

    Chroniqueuse judiciaire à l'Humanité, elle suivit certains des grands procès de l'après-guerre ; elle contait aussi de savoureux souvenirs de la caravane du Tour de France qu'il lui était arrivé d'accompagner. Après avoir quitté le parti communiste sur la révélation des crimes du stalinisme, elle enseigna l'histoire dans des lycées parisiens, puis rejoignit l'équipe d'histoire de la révolution française du CNRS et participa à la publication des cahiers de doléances.

    Ses qualités de chercheuse et ses dons stylistiques lui valurent plusieurs commandes de monographies sur de grands classiques (Dante, Cervantès), ou la présentation de textes féministes (Mémoires de Louise Michel). C'est ainsi qu'en 1972, Aline reçoit commande d'un George Sand dans la collection Les Géants, qui paraît l'année suivante, première lecture féminine d'une œuvre dont Georges Lubin restaurait l'ampleur et la variété en publiant correspondance et textes autobiographiques. Aline ne se déprit jamais de George Sand, elle en connaissait tout, n'en appréciait pas tout, en évaluait tout avec sévérité, malice, et générosité Elle procura l'édition critique de Valentine, d'Albine Fiori... participa dernièrement au Dictionnaire Sand.

    Aline s'engagea tout de suite dans l'Association fondée en 1975, et fut spécialement chargée de la Revue. Jusqu'en 2002, elle en demeura la remarquable animatrice : avec douceur et discrétion, mais aussi rigueur elle savait conquérir de nouveaux adeptes, solliciter, encourager. 

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    Aline Alquier publia des articles dans l'Echo du Centre à Limoges en 1945, mais également dans l'Humanité en 1952. Elle suivit tout le procès de l'affaire Gaston Dominci deux ans plus tard en qualité de journaliste. Elle peut être considérée comme l'une des grandes spécialistes de George de Sand à qui elle consacra de nombreux ouvrages.

    Décrite par ses amis comme pétillante, elle s'éteignit en 2017 dans une maison de retraite de Villejuif. Son fils Gilles réside dans une ville audoise sur la côte méditerranéenne.

    Remerciements

    Alain Umhaer, Michèle Hecquet

    Madame la présidente des Amis de George Sand

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  • Hector Monréal alias Joseph Rieunier (1839-1910)

    Joseph Marie Ylpise Rieunier naît le 17 juillet 1839 à Carcassonne, au numéro 115 de la rue Barbacane dans la maison de ses grands parents maternels. Son père, Aubin Rieunier, occupe depuis le 12 février 1838 les fonctions de directeur de l’École mutuelle de la Cité et de ses faubourgs. Il s’était marié sept moi plus tard avec Marie, la fille de François Paraire, pareur de draps de son état. Avant d’aborder la vie leur fils, il convient de s’arrêter sur la carrière toute particulière d’Aubin Rieunier. Originaire du Tarn, le jeune homme avait été choisi par la municipalité de Carcassonne après concours, comme instituteur communal en replacement d’Eugène Pelletier. Depuis 1835, le maire avait institué une école primaire gratuite à la Barbacane. Celle-ci prit le nom d’École mutuelle de la Cité et de ses faubourgs, mais ne dura pas plus de dix ans. Aubin Rieunier démissionna de son poste et l’école ferma définitivement le 1er octobre 1838. Elle sera remplacée par une salle d’asile dont le local, loué à Catherine Cumin veuve Gaillard, servira ensuite à l’actuelle école maternelle. Aubin Rieunier, fervent républicain, quitta l’école faute d’élèves en nombre suffisant ; les familles préférant les envoyer vers l’enseignement catholique. L’instituteur obtint 800 francs de pension de la ville le temps de trouver un nouvel emploi. 

    joseph rieunier

    La maison natale de Joseph Rieunier, actuellement 101 rue Barbacane

    Le jeune Joseph Rieunier demeura un temps avec sa mère aux côtés de ses grands parents Paraire, pendant que son père enseigna à Paris dès le mois de mai 1940. Il le rejoignit vers l’âge de dix ans, après qu’Aubin a obtenu le concours du Ministère de la guerre. Joseph fait d'abord une courte carrière de dessinateur au ministère de la guerre qu'il quitte en 1862 pour le théâtre Montmartre ; il y joue la comédie pendant deux ans. Il réalise ensuite des pancartes-sommaires que le directeur du Petit journal affiche chaque jour à la porte et qui attire la foule par leur originalité. Son esprit des plus drôles, n'allait pas le laisser trop longtemps dans l'anonymat.

    joseph rieunier

    © BNF

    Il devient acteur et abandonne la scène pour l'écriture. Il se lance comme auteur de revues, opérettes et autres pièces de théâtre avec son ami Henri Blondeau et prend le nom d’Hector Monréal. Pendant 40 ans, ces deux là ne cesseront pas d'être liés comme des frères et enchaîneront succès sur succès dans tous les théâtres parisiens: les variétés, le château d'eau, l'Eldorado, Folies dramatiques... Il associe son nom avec les compositeurs Edmond Audran et Louis Varney, pour lesquels il signe de nombreux livrets d’opérettes et textes de chanson. Le succès d’Hector Monréal reste le texte de la chanson Frou-frou, rendue célèbre par Berthe Silva.

    joseph rieunier

    Monréal est également chansonnier et fait des dessins humoristiques dans divers journaux. Pendant la durée de la Commune de Paris, il avait tenu avec Blondeau, « Le fils du père Duchêne illustré » ; un journal satyrique contre Napoléon III. Hector Monréal meurt en 1910, après une longue maladie, dans sa maison 17 rue de Nanterre à Asmières-sur-Seine, aux côtés de son épouse et dans les bras de Blondeau. Ce dernier lui survivra treize ans ; il sera inhumé à ses côtés dans le cimetière de cette ville.

    1868 : Le rempart de Carcassonne
    1871 : Qui veut voir la lune
    1876 : L'ami Fritz-Poulet
    1875: Pif-Paf
    1885: Au clair de la lune
    1891: Paris port de mer
    1892 : Les variétés de l'année
    1896 : Une semaine à Paris
    1898 : Frou-Frou
    1901 : Le cirque Ponger's
     
    Quelques oeuvres d'Hector Montréal seul
     
    11 avril 1868 : Mlle Clochette
    1er janvier 1871 :Une garde aux remparts
    30 septembre 1873 : Voilà le programme

    joseph rieunier

    Inconnu à Carcassonne, espérons que justice lui soit rendue dans notre ville.

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