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Peintres et sculpteurs - Page 5

  • Le peintre Raymond Moretti au Musée des Beaux-arts de Carcassonne

    Le 30 juin 1982, la ville de Carcassonne accueillit pendant tout l'été les œuvres du peintre Raymond Moretti à l'intérieur des nouvelles salles du Syndicat d'initiatives. A cette époque, le Musée des Beaux-arts n'occupait que le premier étage de ce bâtiment situé en face du square Gambetta.

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    Inauguration officielle par M. Ancely, maire de Carcassonne, en présence de l'artiste

    Né à Nice le 23 juillet 1931 d'un couple d'émigrés italiens ayant fui le fascisme, Raymond Moretti s'est initié très tôt au dessin et à la bande dessinée. A 16 ans, il illustre pour un éditeur d'art "l'art d'aimer" d'Ovide et "le bateau ivre" de Rimbaud. Un an plus tard, sur un drap de lit dérobé à sa mère, il dessine "Moïse brisant les tables de la loi". De sa collaboration avec Jean Cocteau naîtront une série de plâtres sur "l'âge du Verseau". Son œuvre maîtresse reste "le monstre", ainsi baptisé par Joseph Kessel. Cette pièce gigantesque fait appel à trois techniques : peinture, sculpture et cybernétique. D'abord installé aux Halles, cette œuvre d'art imposante se trouve aujourd'hui à La Défense. On lui doit également le dessin de la "Kallista" ; la montre la plus chère du monde. Créée à la demande de l'horloger Vacheron, ce bijou est sculpté dans un bloc d'or "Kallista", serti de 118 diamants d'un poids de 130 carats. Un profil féminin et un profil masculin, étroitement assemblés, ornent le dos du boitier sur un pavage de brillants. Plus de 6000 heures de travail...

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    La Kallista signée Moretti

    Très près de chez nous à Toulouse, on peut admirer 29 tableaux de Moretti dans la galerie des arcades du Capitole. Réalisées en 1997, elles illustrent l'histoire de la ville rose sur deux millénaires. Il serait trop long ici d'évoquer les nombreuses réalisations de ce peintre hors de pairs qui disparut à l'âge de 73 ans, le 2 juin 2005.

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    L'exposition Carcassonnaise permit d'admirer tout l'univers de Moretti : sa première tapisserie, son unique sculpture, son amour pour le jazz, son chemin initiatique, ses illuminations...

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    Sur la gauche, nous apercevons Raymond Chésa - conseiller général du canton centre - qui  sera maire de Carcassonne l'année suivante.

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    Monsieur Fernand Ancely et son épouse

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    Raymond Moretti en dédicace de ses lithographies

    Nous remercions M. Guy Anduze pour avoir mis l'ensemble de ses diapositives à notre disposition.

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  • Des lithographies d'André Cantié pressées par Georges Point dans une Trocante !!!

    Nous sommes ici pour rappeler le talent du peintre Carcassonnais André Cantié, qui aujourd’hui s’est évaporé de la mémoire culturelle de cette ville. Les toiles de cet artiste, exposées dans de nombreuses villes de part le monde, sortaient de son petit atelier du n°9, rue Paul Lacombe. Peut-être détenez-vous l’une ou la totalité des dessins que Cantié avait réalisés en 1983 sur les sites et les monuments de l’Aude. A tout seigneur tout honneur, puisque la première estampe devait être consacrée à la Cité médiévale et plus particulièrement à la Porte d’Aude. Dans les neuf autres dessins tirés en lithographies originales confiées aux presses marseillaises de Georges Point, figuraient notamment la tour Barberousse de Gruissan et les Châteaux de Lastours. Disciple de Jo Berto, le lithographe provençal décédé en février dernier à 85 ans, a travaillé avec les plus grands artistes contemporains : Picasso, Buffet, Zadkine, Lurçat, etc. Chez Point, on n’appuie pas sur le bouton d’une machine, on fait tout à la main, comme un artisan, sur une presse à bras où l’encrage peut être calculé, dosé avec minutie et délicatesse. Tout ceci en accord parfait et en présence de l’artiste qui, derrière le lithographe, dicte ses nuances, sa sensibilité et donne vie à l’image exacte des planches servant à l’impression qu’il exécute lui-même sur le zinc. De plus, le dessin au trait noir est rehaussé de matières bistres qui animent la sévérité du graphisme.

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    L’idée force de Cantié était de rassembler en dix volumes un résumé des richesses naturelles de l’Aude. Chacune des dix lithographies originales fut tirée à quatre-vingt épreuves numérotées de 1 à 80, plus dix épreuves d’artistes numérotées de 1 à X sur format 50x65 cm. Afin de soutenir le financement important de cette œuvre, André Cantié lança une souscription limitée à trente personnes qui bénéficièrent d’un prix global pour l’ensemble des dix lithographies. Le prix de l’ensemble des dix spécimens s’éleva à 1000 francs soit 100 francs l’unité. En dehors de la souscription les planches furent vendues 250 francs chacune.

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    Illustration dans le livre d'or de la ville de Carcassonne pour la venue de Lucette Michaux-Chevry, secrétaire d'état à la francophonie, le 26 mars 1988.

    Lorsque j’ai vu ces lithographies cet été dans une trocante de Carcassonne au milieu de magnifiques croutes d’artistes amateurs dont il vaut mieux taire le nom, mon sang n’a fait qu’un tour. Comment peut-on ignorer le talent de Cantié et laisser ainsi son œuvre se déprécier par ignorance ? André Cantié qui s’était lié d’amitié avec le maire Raymond Chésa, réalisa pour le compte de la mairie l’illustration du livre d’or ainsi que de nombreux dessins.

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    Toile d'André Cantié en vente actuellement sur Ebay.

    André Cantié est décédé en 1997 et repose au cimetière Saint-Vincent de Carcassonne.

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  • La "captive" de Pierre Hébert a enfin une histoire...

    Jusqu’à aujourd’hui on ne savait pas très bien comment l’une des statues du sculpteur Pierre Hébert avait bien pu arriver dans la préfecture audoise. Certains s’étaient avancés en prétendant que le nom donné à l’œuvre de l’artiste faisait référence au poème de Chénier « La jeune captive. » Les liens familiaux attachant le célèbre poète révolutionnaire à Carcassonne, devaient expliquer que Hébert ait ainsi choisi de destiner sa statue à notre ville. Tout ceci n’est qu’une légende colportée, sur laquelle repose rien de solide. Nos recherches l'affirment...

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    © Archives nationales

    Pierre Hébert (1804-1869)

    Le sculpteur Hébert né à Villabé dans l’Essonne le 31 octobre 1804, élève à l’Ecole des Beaux-arts et auteur de nombreuses oeuvres acquises par l’état, présenta  une captive au salon de Paris en 1859. La critique des journaux spécialisés de cette époque note à propos de cette sculpture qu’il s’agit d’une « figure où l’on remarque de sérieuses qualités d’exécution et l’expression d’une tristesse profonde. On lui reproche même d’être ultra-pathétique, roide, longue et effilée. » Cette captive ne lui vaudra finalement qu’une mention honorable, mais l’artiste tentera tout de même de la faire acheter par le ministère des Beaux-arts pour le Louvre. Bien que recommandé par le comte Rognet, sénateur, le célèbre musée n’accepta pas en 1860 d’acquérir le captive de Hébert.

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    La captive resta ainsi dans les réserves jusqu’au moment où sur l’intervention de Théophile Marcou, député-maire de Carcassonne, le Ministre de l’Instruction publique l’attribua au Musée des Beaux-arts de notre ville par arrêté le 10 janvier 1879. Elle ne fut pas la seule œuvre qui rejoignit Carcassonne car elle accompagna la tableau de Courat « le printemps » (Salon de 1878) et une statue en marbre de Louis Léopold Chambard (Grand prix de Rome en 1837) intitulée « Marius sur les ruines de Carthage ». C’est la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne, fondatrice du musée, qui accueillit ce don du gouvernement de la République.

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    Pierre Hébert était mort depuis 1869 ; on installa ensuite son œuvre en marbre blanc dans une alcôve sous l’escalier d’honneur de l’Hôtel de ville construit au XVIIe siècle par l’architecte Guillaume Cailhau. Lorsque la municipalité fit raser en 1934 l’ancienne maison consulaire de 1608, devenue hôtel de ville, on ne s’embarrassa pas du magnifique escalier. En revanche, on conserva « la captive » que l’on déposa à l’intérieur de la nouvelle mairie. Aujourd’hui, elle se trouve dans l’escalier à droite du Hall d’entrée, dans l’Hôtel de Rolland. Elle mériterait un autre lieu d’exposition, mais n’est-ce pas le destin d’une captive ?

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    L'ancien Hôtel de Ville de Carcassonne démoli en 1934

    Si l’on s’attarde sur l’escalier d’honneur disparu en 1934, on s’aperçoit qu’il avait été inspiré par celui du château de Fontainebleau. Maintenant, si l’on regarde du côté de Monaco, on verra que notre ancien hôtel de ville ressemblait fort à la cour d’honneur du palais des Grimaldi. C’est bien dommage…

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    La cour d'honneur du Palais princier de Monaco

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