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Peintres et sculpteurs - Page 5

  • Claude et Charlotte Julian, deux artistes de grand talent

    Dimanche matin, le téléphone sonne… "Allo ! C’est Charlotte Julian. Oh ! Comme c’est aimable à vous de me rappeler, lui dis-je. Cela fait un moment que j’essaie de vous contacter afin que vous me parliez de votre frère, Claude. Certains de mes amis Carcassonnais m’ont souvent parlé de lui, sans qu’il me soit possible de retrouver sa trace." Ainsi s’enchaîne une conversation de près d’une heure avec Charlotte Julian, artiste dans tous les sens du terme : Chanteuse, actrice et depuis plusieurs années, peintre. Celle qui avait quitté Perpignan dans sa jeunesse pour monter à la capitale vit aujourd’hui à Cannes, où elle peint de belles toiles d’art naïf désormais cotées chez Drouot. « La petite fleur de province » n’a rien perdu de sa gentillesse, ni de son humilité et lorsqu’on cherche à parler de son frère, on ressent une grande admiration pour lui. "C’est un pur, affirme t-elle. Ni l’argent, ni la gloire ne le préoccupent ; s’il a de quoi vivre cela lui suffit pourvu qu’un chevalet se dresse avec sujet à peintre. Le soucis du détail, de la couleur et surtout de la perfection. Jamais il ne cèdera une de ses toiles, s’il la juge non achevée, dit-elle."

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    © enchères-occitanes.fr

    Les parasols (1976)

    De quinze ans son aîné, Claude Julian voit le jour le 8 août 1935 à Perpignan dans une famille nombreuse au sein de laquelle il n’y a pas le sou, mais beaucoup d’amour parental. A l’école des Beaux-arts de la capitale catalane où sa sœur Charlotte suivra ses pas, le jeune homme démontre de grandes capacités pour le dessin. "Mon frère, c’est avant tout un extraordinaire portraitiste, proclame Charlotte. A mes débuts dans la chanson, il a réalisé mon portrait que je garde précieusement chez moi."

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    Charlotte Julian par son frère

    En 1964, Claude Julian illustre le célèbre roman d’Alain Fournier Le grand Meaulnes, aux éditions de la Source : In folio en feuilles, illustré de 19 aquarelles originales (dont 2 à pleine page) peintes sur chaque exemplaire. Un exemplaire de ce livre d’art estimé à 500€ s’est récemment vendu aux enchères à Bordeaux.

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    © Charlotte Julian

    Aquarelle de Claude Julian

    A Saint-Paul-de-Vence, à l’époque où le peintre Marc Chagall habite le village et où le couple Montand-Signoret vient s’y détendre, Claude Julian obtient le Premier grand prix de peinture dans la série Compositions. S’ensuit de nombreuses sollicitations afin que l’artiste catalan expose dans de célèbres galeries helvétiques.

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    © Charlotte Julian

    Toile de Claude Julian

    A Carcassonne où il vient s’établir dans les années 1970, il rencontre un vivier d’amateurs d’art investis dans la culture locale. Parmi ses grands admirateurs, nous citerons le docteur Emile Delteil. Le patron de la clinique du Bastion garde en son domaine du Majou près de Montréal d’Aude, une villégiature où Claude Julian est régulièrement invité. Le Dr Delteil comme tout collectionneur avisé sait dénicher les talents de demain ; ceux dont la cote sera promise à un bel avenir. Après la disparition du médecin, de nombreuses toiles de Julian iront garnir le salon de la maison du directeur, héritier de la clinique. Claude Julian avait également trouvé en Georges Glardon, célèbre galériste installé dans la rue Aimé Ramond, un soutien de poids et de nombreux acquéreurs parmi les plus fortunés de la ville. Etaient-ils tous poussés par leur enthousiasme, ou bien par un bon placement ? L’incompris c’est souvent l’artiste… Souvenons-nous d’Alain Clinard.

    Reportage sur Collioure en 2012 où figure Claude Julian à la fin

    Revenu dans son pays catalan, Claude Julian s’installe dans le village des peintres à Collioure, puis à Port-Vendres. C’est là qu’aujourd’hui, on peut le trouver face au port en train d’achever l’une de ses toiles. A 85 ans, l’artiste passionné vit ainsi dans un quasi anonymat. Toutefois, si son nom ne parle à personne là-bas, il n’est pas un touriste amateur d’art qui ne perçoit son extraordinaire talent. Hélas ! Comme le précise avec tristesse sa sœur Charlotte, "les experts ne s’intéressent pas à la peinture de mon frère parce que ses toiles ne sont pas sur internet." Espérons que cet article donnera une visibilité à l’oeuvre de cet extraordinaire coloriste.

    Je remercie vivement Charlotte Julian pour sa disponibilité et sa gentillesse. 

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  • Le peintre Raymond Moretti au Musée des Beaux-arts de Carcassonne

    Le 30 juin 1982, la ville de Carcassonne accueillit pendant tout l'été les œuvres du peintre Raymond Moretti à l'intérieur des nouvelles salles du Syndicat d'initiatives. A cette époque, le Musée des Beaux-arts n'occupait que le premier étage de ce bâtiment situé en face du square Gambetta.

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    Inauguration officielle par M. Ancely, maire de Carcassonne, en présence de l'artiste

    Né à Nice le 23 juillet 1931 d'un couple d'émigrés italiens ayant fui le fascisme, Raymond Moretti s'est initié très tôt au dessin et à la bande dessinée. A 16 ans, il illustre pour un éditeur d'art "l'art d'aimer" d'Ovide et "le bateau ivre" de Rimbaud. Un an plus tard, sur un drap de lit dérobé à sa mère, il dessine "Moïse brisant les tables de la loi". De sa collaboration avec Jean Cocteau naîtront une série de plâtres sur "l'âge du Verseau". Son œuvre maîtresse reste "le monstre", ainsi baptisé par Joseph Kessel. Cette pièce gigantesque fait appel à trois techniques : peinture, sculpture et cybernétique. D'abord installé aux Halles, cette œuvre d'art imposante se trouve aujourd'hui à La Défense. On lui doit également le dessin de la "Kallista" ; la montre la plus chère du monde. Créée à la demande de l'horloger Vacheron, ce bijou est sculpté dans un bloc d'or "Kallista", serti de 118 diamants d'un poids de 130 carats. Un profil féminin et un profil masculin, étroitement assemblés, ornent le dos du boitier sur un pavage de brillants. Plus de 6000 heures de travail...

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    La Kallista signée Moretti

    Très près de chez nous à Toulouse, on peut admirer 29 tableaux de Moretti dans la galerie des arcades du Capitole. Réalisées en 1997, elles illustrent l'histoire de la ville rose sur deux millénaires. Il serait trop long ici d'évoquer les nombreuses réalisations de ce peintre hors de pairs qui disparut à l'âge de 73 ans, le 2 juin 2005.

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    L'exposition Carcassonnaise permit d'admirer tout l'univers de Moretti : sa première tapisserie, son unique sculpture, son amour pour le jazz, son chemin initiatique, ses illuminations...

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    Sur la gauche, nous apercevons Raymond Chésa - conseiller général du canton centre - qui  sera maire de Carcassonne l'année suivante.

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    Monsieur Fernand Ancely et son épouse

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    Raymond Moretti en dédicace de ses lithographies

    Nous remercions M. Guy Anduze pour avoir mis l'ensemble de ses diapositives à notre disposition.

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  • Des lithographies d'André Cantié pressées par Georges Point dans une Trocante !!!

    Nous sommes ici pour rappeler le talent du peintre Carcassonnais André Cantié, qui aujourd’hui s’est évaporé de la mémoire culturelle de cette ville. Les toiles de cet artiste, exposées dans de nombreuses villes de part le monde, sortaient de son petit atelier du n°9, rue Paul Lacombe. Peut-être détenez-vous l’une ou la totalité des dessins que Cantié avait réalisés en 1983 sur les sites et les monuments de l’Aude. A tout seigneur tout honneur, puisque la première estampe devait être consacrée à la Cité médiévale et plus particulièrement à la Porte d’Aude. Dans les neuf autres dessins tirés en lithographies originales confiées aux presses marseillaises de Georges Point, figuraient notamment la tour Barberousse de Gruissan et les Châteaux de Lastours. Disciple de Jo Berto, le lithographe provençal décédé en février dernier à 85 ans, a travaillé avec les plus grands artistes contemporains : Picasso, Buffet, Zadkine, Lurçat, etc. Chez Point, on n’appuie pas sur le bouton d’une machine, on fait tout à la main, comme un artisan, sur une presse à bras où l’encrage peut être calculé, dosé avec minutie et délicatesse. Tout ceci en accord parfait et en présence de l’artiste qui, derrière le lithographe, dicte ses nuances, sa sensibilité et donne vie à l’image exacte des planches servant à l’impression qu’il exécute lui-même sur le zinc. De plus, le dessin au trait noir est rehaussé de matières bistres qui animent la sévérité du graphisme.

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    L’idée force de Cantié était de rassembler en dix volumes un résumé des richesses naturelles de l’Aude. Chacune des dix lithographies originales fut tirée à quatre-vingt épreuves numérotées de 1 à 80, plus dix épreuves d’artistes numérotées de 1 à X sur format 50x65 cm. Afin de soutenir le financement important de cette œuvre, André Cantié lança une souscription limitée à trente personnes qui bénéficièrent d’un prix global pour l’ensemble des dix lithographies. Le prix de l’ensemble des dix spécimens s’éleva à 1000 francs soit 100 francs l’unité. En dehors de la souscription les planches furent vendues 250 francs chacune.

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    Illustration dans le livre d'or de la ville de Carcassonne pour la venue de Lucette Michaux-Chevry, secrétaire d'état à la francophonie, le 26 mars 1988.

    Lorsque j’ai vu ces lithographies cet été dans une trocante de Carcassonne au milieu de magnifiques croutes d’artistes amateurs dont il vaut mieux taire le nom, mon sang n’a fait qu’un tour. Comment peut-on ignorer le talent de Cantié et laisser ainsi son œuvre se déprécier par ignorance ? André Cantié qui s’était lié d’amitié avec le maire Raymond Chésa, réalisa pour le compte de la mairie l’illustration du livre d’or ainsi que de nombreux dessins.

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    Toile d'André Cantié en vente actuellement sur Ebay.

    André Cantié est décédé en 1997 et repose au cimetière Saint-Vincent de Carcassonne.

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