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Patrimoine en danger - Page 28

  • Le pavillon Tivoli

    Sur le boulevard Omer Sarraut arrêtez-vous en face du Pavillon Tivoli et admirez sa belle architecture. De lui, nous ne savons que trop peu de choses, même si certains s'aventurent à le décrire comme l'ancien pavillon de chasse d'un roi de France. La pavillon tire son nom du faubourg du Tivoli sur lequel il est implanté depuis au moins le XVIIIe siècle, selon certains. L'historien Claude Marquié penche plutôt pour le XIXe siècle. Essayons de dresser un état des lieux de ce petit joyaux carcassonnais...

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    La cour du pavillon vue du boulevard

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    La frise sous les balustres du premier étage

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    Adossé à l'hôtel Terminus, un balcon avec ses ferrures et toujours la même frise au dessus. Ce balcon a un jumeau qui se trouve à l'autre extrémité formant le corps du bâtiment.

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    Je vous livre hélas un exemple de cette ville où l'on a, pendant des lustres, fait n'importe quoi. Comment a t-on pu laisser construire ce cube en béton qui abrite aujourd'hui un magasin de jeux videos? C'est vrai qu'il fait très XVIIIe siècle, non? Cette verrue immonde casse toute la perspective du bâtiment et nous attendons fermement sa destruction prochaine.

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    Allez ouste, du balais!

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  • La route minervoise, la belle ombragée (4)

    Le 11 juillet dernier, nous donnions à notre ami Jacques Blanco un devoir pour ses vacances afin qu'il ne perde pas la main et qu'il ne s'ennuie pas pendant cette période de farniente. Le seul indice que nous mettions à sa disposition était une vieille facture d'une usine de javel située dans Carcassonne. Il y a peu nous avons reçu le fruit de ses recherches et nous avons été surpris par sa célérité. Voilà un homme de terrain pourvu d'un sens d'investigation sans pareille...

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    L'usine d'eau de javel de St Jean se trouvait dans une partie des anciens bâtiments des moulins de St Jean, propriété de la famille Duchan/brochard. Ils furent construits après 1810 sur le nouveau tracé du Fresquel, sur sa rive droite. Dans les années 1950-1960, l'usine comptait 6 à 7 employés dirigés par M. Bengy. Le contremaître était M. Chiffre (habitant de Fournes-Cabardès). L'ensemble des bâtiment appartenaient à Maître Haener, avocat de son état.

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    Des anciens bâtiments industriels, il ne reste presque plus que des masures vouées à la destruction. C'est dire si les photographies prises par J. Blanco avec l'aimable autorisation de MM. Brochard et Crouzet, actuels propriétaires, sont précieuses. Nous apercevons, s'élevant vers le ciel, la vieille cheminée de l'usine.

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    Cerné par une végétation abondante, l'escalier d'accès aux bureaux

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    Pièce d'enroulage de l'usine de javel

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    État de l'intérieur des bâtiments, en partie écroulés

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    Les cuves et le matériel sont figés depuis l'arrêt de l'usine en 1980

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    Les bouteilles vides d'un litre sont toujours en attente de remplissage. Elle servaient également de contenant à un mélange de teepol et d'eau appelé "Buldor", surnom donné à Yvan Cazajou le commercial de la société. Les bouteilles de "Buldor" contenaient des objets en plastique (petits plongeurs) comme "Bonux" pour la joie des enfants.

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    Bonbonnes de cinq litres d'eau de javel

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    A proximité de l'usine, M. Haener s'était fait construire ce chalet de type 1920-1930

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    Comme nous l'indique J.Blanco, l'usine s'est construite autour de l'ancienne minoterie de St-Jean. Elle est actuellement la propriété de la ville de Carcassonne. Il faudrait peut-être la prévenir, non? Nous sommes très heureux sur ce blog de pouvoir faire connaître ce patrimoine industriel qui mériterait une étude plus approfondie.

    Ce travail aurait mérité un 20/20 si nous avions pu recueillir de vieilles photographies des lieux. En l'état actuel, nous lui donnons 18/20 et les félicitations du jury. A n'en pas douter,  J. Blanco va se mettre en quête pour obtenir ses deux points perdus. N'est-ce pas?

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  • La salle des fêtes de l'Or-Kina Sabatier vaut-elle de l'or?

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    L'ancien Palais de la Micheline érigé à la fin du XIXe siècle dans le pur style Art-nouveau en bordure de la route de Narbonne, n'a pas encore révélé tous ses secrets. Nous savons qu'il a été construit pour accueillir les bureaux de la distillerie Sabatier et les fêtes données par son propriétaire dans la salle du premier étage. La structure métallique supportant le toit sur le devant de la bâtisse, est constituée par des centaines de rivets tout comme les constructions de Gustave Eiffel.

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    Le Palais de la Micheline au début du XXe siècle

    Le nouveau propriétaire, sur les conseils de l'Architecte des Bâtiments de France, a entrepris de renover à l'identique cette partie. L'anciennne toiture a été déposée; l'artisan qui est en charge de la remise en état semble convaincu qu'elle n'était pas d'origine. Depuis de nombreuses années, la terre et les fientes de pigeons s'étaient accumulées dans les gouttières rendant impossible l'évacuation des eaux pluviales. Il est prévu de la remplacer par une structure en acier, harmonieuse et dans le style de l'époque 1900. Contrairement à ce que j'ai pu entendre comme potins, le propriétaire veut redonner l'éclat d'autrefois à cet ensemble unique de l'Art-nouveau dans Carcassonne.

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    La salle des fêtes du Palais de la Micheline

    Absolument unique à Carcassonne, la salle des fêtes est une merveille des arts décoratifs de la fin du XIXe siècle. Ce qui m'a tout de suite interpellé c'est de connaître le nom du décorateur. Là, tout de suite, Alfons Mucha m'est venu à l'esprit en observant les peintures et le style des statues. Je ne me permettrais pas de l'affirmer, mais il faudrait dépêcher un expert sur place pour authentifier. Il me semble totalement illusoire d'effectuer une recherche aux archives du département.

    Pourquoi Alfons Mucha?

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    Alfons Maria Mucha (1860-1939), est un affichiste et peintre Tchèque. Dès 1887, il s'établit à Paris et participe à l'Exposition Universelle de 1889. Son style est reconnaissable entre tous. Il réalise vers 1894 des affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt, à partir de modèles qu'il croque dans son atelier.

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    Alfons Mucha a décoré en 1901, la bijouterie Fouquet. Démontée, elle est actuellement visible au musée Carnavalet à Paris.

    Quels liens avec Michel Sabatier?

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    Le fondateur de la distillerie était aussi un mécène à l'avant-garde de l'art. Il l'a utilisé pour vanter ses produits sous toutes ses formes: Harmonie de la Micheline, affiches, éventails, partitions de musique, disques en cire... Sabatier a participé aux Expositions universelles et ses liqueurs y ont été plusieurs fois primées. Nous savons également à travers les collections qu'il a fait appel aux meilleurs publicitaires pour réaliser les affiches de ses breuvages. La distillerie de l'Or-Kina était connue jusqu'à Paris et l'on retrouvait ses productions à la terrasse des cafés. Sabatier aurait très bien pu faire appel à Mucha entre 1889 et 1900 pour décorer son palais. Au delà de toutes ses suppositions, c'est la comparaison du style de Mucha avec la décoration de la salle qui doit nous éveiller.

    Comparaisons de styles

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    Mucha dessinait ses affiches à partir de modèles dont il nous a légué des photographies.

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    Affiche Mucha

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    Statue dans la salle des fêtes de l'Or-Kina

    L'orientalisme était à la mode à la fin du XIXe siècle. On le retrouve également en musiquedans divers opéras français comme Les pêcheurs de perles (G. Bizet) ou Lakmé (Léo Delibes), dont l'action se situe à Ceylan. On distingue chez Mucha ces femmes aux positions lassives vêtues de grands drapés, entourées de fleurs plus ou moins exotiques.

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    Eléments décoratifs du style Mucha, ces courbes bien pleines symbolisant les mèches des cheveux de ses modèles.

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    Si ce n'est pas Mucha, le décorateur s'en est fortement inspiré à Carcassonne

    La comparaison mise à mal

    La comparaison s'arrête là car pour le reste de la salle, il n'y a rien d'autre qui puisse nous ramener à Mucha.

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    Le buste de Michel Sabatier. La lyre symbolise sa passion pour la musique à travers l'harmonie qu'il avait créée avec son frère Jacques au sein de son établissement. Ce dernier jouait du violoncelle dans l'orchestre des Concerts symphoniques, dirigés par Michel Mir. Un autre industriel en était le président; il s'agissait de Philippe Lauth, patron d'une brasserie sur le boulevard Omer Sarraut.

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    Sur le piédestal... Ici, la date de la sculpture avec le nom du patron représenté en lion prêt à tout dévorer.

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    Dans un cadre une angelot disperse des pétales de fleurs sous le regard de Michel Sabatier, représenté d'une manière théâtrale. Ceci évoque sûrement les nombreuses oeuvres de mécénat du patron en direction des fêtes culturelles de Carcassonne.

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    Au plafond, 1885 avec les initiales entrelacées de Michel Sabatier pourraient commémorer l'année de fondation de l'entreprise.

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    Dans le recoin d'une pièce annexe, on aperçoit deux angelots tenant Euterpe avec sa lyre. Il s'agit de la muse de la musique. Sur la partie supérieure, Michel Sabatier apparaît sous les traîts d'un masque  de la comedia dell'arte.

    Dans cette salle des fêtes, c'est toute la vie industrielle de Michel Sabatier qui est symbolisée. Une ode à l'art sous toutes ses formes. Un endroit unique qui vaut de l'or et que l'on devrait faire expertiser par des historiens de l'art en vue de son classement à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Enfin, si Carcassonne s'y interesse... car je crains qu'une Bodega n'y soit installée pendant la prochaine Féria. Ce ne serait vraiment pas en adéquation avec un tel lieu !

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