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Patrimoine en danger - Page 26

  • Magie de Noël: le cauchemar du patrimoine?

    La majorité des carcassonnais s'extasie à juste titre, devant la beauté et le caractère festif de la Magie de noël, initiée par l'équipe municipale de Gérard Larrat et reprise par celle de Jean-Claude Pérez. Cet évènement a le mérite d'offrir à toute la ville des habits de lumière pendant trois semaines et aux commerçants, des clients potentiels en cette période de fête.

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    Voilà pour la carte postale!

    (Crédit photo: La dépêche)

    Hélas et trois fois hélas!!! Si l'évènement en lui-même est fort bien maîtrisé par le pôle culturel de la ville tant d'un point de vue de l'organisation que de la communication, il se contrefiche en revanche des dégâts produits sur le patrimoine par les équipes techniques. Depuis près de 10 ans, les fontaines, dalles et autres colonnes sont mises à mal par les camions, engins de levage, tubes en acier... Nous vous proposons cet état des lieux édifiant

    La place Carnot

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    En 2007, le Pôle culturel trouvant que le Neptune qui orne la fontaine de la place Carnot n'est pas assez immaculé, va faire procéder à son nettoyage par les services techniques municipaux. La blancheur altérée par des années de pollution jure, selon eux, avec celle reluisante de la patinoire installée à ses pieds. Les professionnels du spectacle vont ainsi unilatéralement décider de faire passer au Kärcher, le marbre blanc de Neptune. Prévenus trop tard, les plaintes des services de l'architecte en chef des Bâtiments de France seront vaines. Les dégâts sur le marbre sont désormais irrémédiables!

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    Au dessous de Neptune, se trouve le bassin de la fontaine en marbre de Caunes-Minervois. Depuis des années, on ne compte plus les rasfistolages pour colmater les fuites ou les trous, mais la Magie de noël a accéléré le processus de dégradation.

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    Voici un exemple qui démontre la fragilité du marbre, détérioré par la structure qui s'appuie dessus pour soutenir la patinoire. Les engins de montage n'y sont sûrement pas étranger, non plus.

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    Les réparations se font à Carcassonne au ciment, avec la pose d'un emplâtre par des services qui sont très loin d'en avoir les compétences. Combien de temps, nous amoureux de ce patrimoine pourrons-nous supporter pareille infâmie?

    Le square Chénier

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    L'ancien Jardin des plantes transformé en glacis immonde par R. Chésa en 1986, sert aujourd'hui de lieu de spectacle pour le festival et la Magie de Noël. Au centre de celui-ci, trône l'imposante colonne en marbre de Caunes-Minervois. Elle était destinée au Petit Trianon de Versailles, mais se trouve aujourd'hui dans un état de grande saleté. On y fait même des graffitis dessus! Sur ce square, plus rien ne tient debout et a été cassé depuis l'instauration des fêtes initiées en 2005.

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    Les camions sont montés sur les dalles sans aucunes précautions.

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    Les deux belles fontaines de part et d'autres du square ne sont plus mises en eau. Au contraire, on y installe à l'intérieur des enceintes et du matériel pendant les fêtes. Faut-il parler de l'épreuve que subit les parties engazonnées pendant la Féria du mois d'août?

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    Le pire c'est que ce qui est cassé n'est pas remplacé. Après tout, ne le vaut-il pas mieux? Le patrimoine de Carcassonne mérite un autre traîtement que celui qu'on lui inflige depuis 20 ans! Bien sûr qu'il faut de la gaîté, de la fête, de la joie. Mais tout ceci doit se faire dans le respect du bien commun. Si seulement mon article pouvait changer les choses...

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • La chapelle Ozanam, profanation de la tolérance par l'obscurantisme!

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    Discours d'inauguration de Maurice Masseron en 1963

     Au nom du conseil d'administration de la Société Carcassonnaise de Logements Populaires, j'ai l'honneur et la joie, Excellence, de vous remettre la chapelle Saint-Vincent de Paul.

    C'est en effet sous le vocable de ce grand saint que nous aimerions placer cette chapelle. Pourquoi?

    • Parce que la Société carcassonnaise de Logements Populaires a son fondement dans l'élargissement de l'action des conférences de St-Vincent de Paul.
    • Parce que cette chapelle est construite sur la Cité Ozanam, et qui parle de Frédéric Ozanam pense aussitôt à St-Vincent de Paul

    Ce n'est pas par hasard que les fondateurs de notre société ont appelé du nom d'Ozanam ce quartier de notre ville. Ils nous ont donné l'exemple d'une charité réaliste, efficace et nous essayons, sur leur lancée, de continuer l'action qu'ils ont entreprise, il y a quelques dizaines d'années, en construisant 30 logements à l'Olivette. La crise du logement ne se posant pas avec l'acuité qu'elle revêt de nos jours, notre société, après être longtemps restée en sommeil, s'est éveillée aux problèmes de l'heure.

    Construire rapidement de nombreux logements  est une tâche compliquée surtout lorsqu'on ne veut pas perdre de vue le côté humain. Les âmes des hommes et des familles ne peuvent s'épanouir que dans un cadre fait à l'échelle humaine qui tient compte de leurs exigences morales, spirituelles, culturelles et matérielles.

    Mais les rigieurs financières permettent difficilement de les satisfaire toutes. Nous avons essayé, malgré tout, en limitant la densité, en réduisant au minimum le nombre d'immeubles collectifs, en faisant une expérience d'isolation phonique des planchers, en construisant cette chapelle.

    Aux difficultés communes à tous les organismes constructifs, s'est ajoutée celle de la dénomination de chaque groupe de logements. A la froideur d'un numéro ou d'une lettre nous avons préféré substituer le nom d'un saint et là, nous avons dû faire un choix.

    Ne pensez pas, Excellence, que ce choix nous a placé devant un cas de conscience, en raison même de l'élimination qu'il suppose, de tel ou tel saint aux mérites bien établis; non plus, d'ailleurs, la crainte de rendre jaloux le serviteur de Dieu éliminé. Mais il nous a fallu trouver douze saints ayant chacun une attitude familière permettant une identification facile. Et Saint-Roch nous a pardonné d'avoir pensé immédiatement à son chien.

    Toutefois, après la pose des bas-reliefs, tout n'est pas fini. Au contraire, tout reste à faire, tout commence. Les effigies des saints, elles-mêmes, ne sont garantes de rien. Les statues des dignes serviteurs de Dieu, que nous avons choisis, ne doivent pas être des masques, mais les signes ardents de charité chrétienne toujours plus poussée.

    La charité chrétienne n'a jamais fini de se renouveller. Elle ne se traduit pas une fois, ou quelque fois, dans la vie par une action, ou plusieurs actions, mêmes héroïques. Elle s'exprime constamment, à travers les actes les plus simples, les plus humbles de la vie de tous les jours. Et comment mieux que par le soucis constant des autres, peut-on, dans une Cité comme la nôtre, pratiquer cette charité?

    Ainsi, Excellence, je remets la chapelle St-Vincent de Paul, c'est à dire un local abritant le seigneur, où les chrétiens se rassemblent pour prier.

    Là non plus, Excellence, tout n'est pas fini. Vous venez donner le départ de la construction de la chapelle. Le coeur du seigneur qui contient tous les hommes ne peut pas être comprimé par eux aux dimensions d'un tabernacle, même si ce tabernacle est situé dans un édifice aux lignes modernes, originales, harmonieuses. Permettez-moi de profiter de cette occasion pour féliciter tous ceux qui ont pris part à la construction de cette chapelle, de l'architecte au manoeuvre, en passant par l'entrepreneur et l'ouvrier.

    Le coeur du seigneur ne se loge pas ailleurs que dans le coeur des hommes, de tous les hommes. Comme l'église de Dieu, qui ne se construit que par le ralliement à l'amour de tous les coeurs des hommes, la chapelle de la Cité Ozanam n'aura sa vraie dimension que lorsqu'elle aura atteint celle de la Cité tout entière.

    L'âme de chacun constitue une pierre que chacun voudra apporter. Ce n'est qu'à cette condition que le seigneur sera logé.

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    La sacristie et les objets du culte, victimes d'un incendie criminel, dimanche dernier.

    Cet acte infâme porte atteinte à la liberté de toutes les croyances. Peu importe qui l'a perpétré; c'est une attaque de l'obscurantisme contre l'esprit de tolérance de ceux qui vivent leurs religions dans le respect de notre état laïc. Celui-ci garanti à tous les mêmes droits en supprimant la religion dans l'état et, de fait, une religion d'état.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • La statue de Notre Dame de la consolation, rue Trivalle

    A l'entrée de la rue Trivalle, en face de l'ancienne manufacture Farge se trouve la statue de Notre-Dame de la consolation depuis le 3 mai 1861. Enfin presque... En juin 2000, la statue est enlevée afin de procéder à la réhabilitation du Pont-vieux et de ses canalisations de gaz. Le dernier platane qui la soulageait des rayons du soleil est lui aussi emporté par cet élan rénovateur. La statue va être restaurée pendant toute la durée des travaux, c'est à dire près de trois années. Ces travaux ont mis à jour de nouveaux arches du pont qui s'étendait au delà de ce que nous l'observions jusque là. Vous verrez à cet endroit que les pierres de tailles sont récentes.

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    Aspect de Notre-Dame avant la restauration. Malgré l'âge de ce cliché, jusqu'en 1999 la statue avait encore ces quatre piliers avec la grille formant enclos. C'était un espace fleuri et ainsi un peu protégé.

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    Carte manuscrite du Chanoine Verguet

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    Poème du chanoine Verguet à N-D de la Consolation

    Les habitants du quartier lui vouaient une grande dévotion. C'était la protectrice des charretiers. Pendant 20 ans, Mme Valette entretint les lieux. Son gendre, Pierre Combes procéda à de menus travaux d'entretien jusqu' en 1999. Une espèce de tirelire était fixé sur le portillon, elle permettait de faire don en monnaie pour son l'entretien.

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    Le 11 mai 2003, la statue restaurée était inaugurée par l'abbé Vaqué et Raymond Chésa. On peut regretter l'absence de la grille et de l'espace fleuri qui l'entourait. Ceci explique peut-être pourquoi aujourd'hui après 14 ans, des vandales lui ont déjà cassé plusieurs doigts. Il est encore temps de protéger cet espace et de le fleurir, afin qu'il ne soit pas la cible des destructeurs du patrimoine. Il est vrai que la lapidation des statues, au delà du symbole, fait moins mal que celles des femmes au Moyen-Orient... Craignons cependant que les symboles, ne soient que le reflet d'une réalité à peine voilée; celle de l'avilissement de la femme.

    Mise à jour

    13 septembre 2017

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