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Livres - Page 7

  • T.E Lawrence (Lawrence d'Arabie) photographia la Cité en 1908

    Thomas Edward Lawrence

    (1888-1935) 

    dit Lawrence d'Arabie, qui inspira le film du même nom réalisé en 1962 - porté à l'écran par l'acteur Peter O'Toole - photographia la Cité de Carcassonne en 1908. C'était bien avant que l'officier et écrivain britannique - auteur des Sept piliers de la sagesse - ne construise son mythe autour du soulèvement des rebelles arabes contre les Ottomans, qu'il a largement encouragé.

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    T. E Lawrence

    Né en 1888 au Pays de Galles, Lawrence fera ses études au Jesus College d'Oxford. C'est dans cet établissement qu'il se découvre une véritable passion pour l'histoire médiévale. En juillet 1908, à la fin de sa première année à l'université , il entreprend la plus longue balade à vélo de sa vie afin de découvrir en France les forteresses du Moyen-âge. Entre la mi-juillet et début Septembre , il aura effectué quelques 3800 km à travers la France. En moyenne, plus de 80 km par jour, tous les jours.

    Au mois d'août 1908, T. E Lawrence fait escale dans la Cité médiévale de Carcassonne restaurée par Viollet-le-duc. Il y trouve le modèle diachronique de la plus importante forteresse : "absolument indescriptible... de toutes les dates : époque romaine, Wisigothe, une splendide tour sarrasine, traces carolingiennes et toute la noblesse du bâtiment médiéval que je n'avais jamais vu, ou attendais de voir."

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    T.E Lawrence écrit à son ami C.F.C Beeson

    Carcassonne. I’m not going to describe that : ‘It's impossible, impious to attempt such a thing : go and see it, expecting to find the greatest thing of your life, and you’ll find one many times finer. How on earth has it remained unknown with its memories and its remains, when people flock to a St. Michel or the Tower of London? It is ten thousand times finer than these, or a hundred like them, rolled into one. I have 40 odd photos, which do it sad injustice, but nothing could do it anything else : and there are no guides, no fees, no tips, no beggars, hardly any trippers : 'this is a paradise of a place, unhappily there’s no hotel.

    Traduction

    Carcassonne . Je ne vais pas décrire cela : « C'est impossible, sacrilège de tenter une telle chose : allez voir, en attendant de trouver la plus grande chose de votre vie, et vous trouverez un grand nombre de fois plus fine. Comment diable est-elle restée inconnue avec ses souvenirs et ses restes, quand les gens affluent vers un Saint-Michel ou la Tour de Londres ? Elle est dix mille fois plus fine que ceux-ci, ou cent comme eux, en un. J'ai 40 photos bizarres, qui font triste injustice, mais rien ne pouvait être autrement : et il n'y a pas de guides, pas de tarifs, pas de conseils, pas de mendiants, presque aucun touriste : «Ce lieu est un paradis, malheureusement, il y a pas d'hôtel .

    Les photographies de Carcassonne prises par T.E Lawrence sont conservées au Liddle Hart Centre for Military Archives, Kings College of London

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    ©telstudies.org

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    ©telstudies.org

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    On pourra lire avec profit cette biographie en langue anglaise signée A. Sattin.

    La curiosité n'est pas un vilain défaut si on l'utilise avec sagesse... Que ceux qui m'ont caricaturé en vil polémiste ou archiviste de seconde zone passent pour des imbéciles !

    Sources

    The young Lawrence (A. Sattin)

    The letters of T.E Lawrence / J. Cape / 1938

    The authorized biography of Lawrence of Arabia

    A prince of our disorder / J.E Mack / 1998

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Ernest Hemingway sur les remparts de la Cité de Carcassonne

    En 1954, Ernest Hemingway - l'un des plus grands romanciers américains du XXe siècle - entreprend un voyage autour du monde à partir de New-York.

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    Ernest Hemingway en 1939

    Il est accompagné de son ami l'éditeur A.E Hotchner qui deviendra par la suite son biographe. Après être passés par l'Italie, Hemingway et Hotchner font une escale à Carcassonne le 6 mai 1954 ; ils doivent ensuite rallier l'Espagne afin d'assister à la féria de San Isidro de Madrid et rendre visite à Dominguin et Ava Gardner.

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    En 1966 - cinq ans après sa mort - A.E Hotchner nous révèle le passage à Carcassonne de l'auteur du "Vieil homme et la mer" dans la biographie qu'il lui consacre. Nous ignorons s'il existe une version en langue française.

    "The following day our route took us through Béziers to the walled city of Carcassonne in the shadow of the Pyrenees. In Béziers we stopped to ask directions (Adamo never forgave us) of an ancient gentleman who was sunning himself on the steps of the Cathédrale St. Nazaire. As we continued on the way, Ernest said; "Have you noticed that toothless people the world over, regardless of language, sound the same ?"

    In Carcassonne we stayed at the Hôtel de Cité, which is one of the most unique and beautiful hotels in Europe. It has a medieval atmosphere and all its rooms look upon the ramparts of the town. "Most of the wall and the towers of the city are faked", Ernest said, "but the restoration is so wonderful, who gives a damn ?

    When we went down to dinner, Ernest was surprised and pleased when an old New York friend came over to the table to greet him. Ernest invited him to dine with us ans over drinks...

    Traduction

    "Le lendemain, nous primes la route de Béziers à la ville fortifiée de Carcassonne dans l'ombre des Pyrénées. A Béziers nous nous sommes arrêtés pour demander notre chemin à un vieil homme qui lui-même à bronzé sur les marches de la Cathédrale Saint-Nazaire. Comme nous continuions la route, Ernest dit: «Avez-vous remarqué que les gens édentés dans le monde entier, indépendamment de la langue, on le même son?"
    A Carcassonne, nous avons séjourné à l'Hôtel de la Cité, qui est l'un des hôtels les plus uniques et les plus beaux en Europe. Il a une atmosphère médiévale et toutes ses chambres donnent sur les remparts de la ville. "La plupart des murs et des tours de la ville sont fausses", Ernest dit, "mais la restauration est si merveilleuse, qui s'en soucie ?
    Lorsque nous sommes descendus pour le dîner, Ernest a été surpris et heureux quand un vieil ami de New York est venu à la table pour le saluer. Ernest l'a invité à dîner avec nous autour d'un verre...

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    A.E Hotchner

    La biographie de A.E Horchner sur Hemingway fut adaptée à la Tv américaine. Après Madrid, Hemingway et Hotchner partirent pour Cuba ; l'année dernière sortait sur les écrans "Papa : Hemingway in Cuba". Le premier film américain tourné sur cette île depuis 60 ans...

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    On pourra également lire "Le jardin d'Eden" - oeuvre posthume d'Hemingway éditée chez Gallimard. Ce livre inachevé a été commencé en 1946 ; il ne sera édité qu'en 1986. 

    Nous sommes en France en 1946 ou 47, bref juste après la guerre qu’Hemingway a suivie comme correspondant de guerre. Le jeune écrivain David Bourne a rencontré, quelques semaines auparavant à Paris, une jeune femme qui s’appelle Catherine. Elle aussi est américaine et il l'épouse après dix jours. Ils partent vers le sud à Aigues-Mortes avant que de se fixer pour quelques jours au Grau-du Roi. Très vite il apparaît que Catherine a quelque chose qui ne va pas. Elle a des réactions parfois brutales pour des riens et semble tellement aimer son tout nouveau mari qu’elle veut à tout prix devenir lui, ou que lui devienne elle, c'est la question. Dans les gestes de l'amour, elle veut imposer que ce soit elle qui joue le rôle de l'homme ; elle ne se donne pas, c'est elle qui prend, même si David a quelques difficultés à s’y faire.

    Un page de ce livre est consacré à Carcassonne...

    Sources 

    Papa Hemingway / Hotchner / 1966

    Voyage avec E. Hemingway / G. Hily-Mane / 1999

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Quand Alphonse Allais parlait de Carcassonne...

    En se plongeant dans la lecture de l'oeuvre d'Alphonse Allais, nous avons découvert plusieurs passages consacrés à Carcassonne. Que ce soit dans ses souvenirs ou dans son imaginaire, il semble que l'univers de la capitale audoise ne soit pas étranger au prince de l'humour moderne.

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    Alphonse Allais

    (1854-1905)

    En 1883, Allais écrit dans la revue "Le Chat noir" qui fait la promotion du célèbre cabaret de Montmartre. On croise également dans ce journal la plume de Verlaine et de Richepin ; Allais en devient le directeur en 1886. Ainsi apprend-on qu'il est l'ami d'un certain Charles Cros (né à Fabrezan, dans l'Aude) dont il vient de découvrir l'invention : le phonographe. 

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    Le 1er octobre 1887, Alphonse Allais écrit dans le Chat noir, au sujet de son séjour à Carcassonne. La version ci-dessous a été modifiée et publiée dans le Gil Blas, en 1892 :

    "Je ne connais pas de spécialités bien notoires à Carcassonne, mais j'y ai rencontré une boue, laquelle aurait pu, très convenablement, figurer dans les sept plaies d'Egypte. Je ne me souviens pas d'avoir jamais contemplé, réunis, tant de boue et si peu de balayeurs. Quant aux balayeuses mécaniques, elles passaient dans un rêve. 

    Oh ! la belle boue ! Copieuse, gluante, d'un beau noir, elle était là depuis pas mal de temps. Nul doute qu'elle y soit encore. On m'a montré le monsieur payé pour l'enlevage des boues et ordures. Rien m'ôtera de l'idée que ce gentleman emploie sa subvention à acheter la fange des banlieues de Carcassonne pour l'étaler de nuit sur les artères de cette préfecture.

    Le même fonctionnaire est également chargé de l'entreprise des vidanges. Cette devise qu'il a adoptée est peinte sur toutes ses voitures : Omnia labore (Historique). J'ai pris ces deux mots latins pour encouragement, plein de tact, aux constipés de Carcassonne. (un bon sujet pour le prochain Salon de Jean-Paul Laurens)*

    Dans le florissant chef-lieu de l'Aude, deux grands spectacles m'étaient réservés : une tentative de décentralisation artistique au théâtre et une séance de boxe et chausson au Conseil général. La décentralisation artistique consistait en un opéra-comique d'un acte, lequel, j'en ai bien peur, n'enlèvera nul prestige à Paris. Je ne peux donner aux lecteurs une idée de la musique, à cause des difficultés typographiques et de la mise en page que cela entraînerait, mais qui m'empêche de faire partager à ces messieurs et dames la joie que j'éprouvai à l'audition du couplet suivant (un des meilleurs de l'oeuvre)

    L'amour est beau comme la soie

    Il est fin comme le satin.

    C'est à mesure qu'on l'emploie 

    Qu'on s'aperçoit qu'il est bon teint

    La séance du Conseil général fut plus gaie ; c'était un dimanche matin. M. Beverini, un Constans avant la lettre, sur un mot d'un M. Fondi de Niort, crut devoir distribuer à cet élu quelques gifles mêlées de beignes. Le petit malentendu entre M. Constans et M. Laur n'est qu'une pâle imitation de cette scène provinciale. Je n'avais jamais assisté à une séance du Conseil général. C'est très drôle, j'y reviendrai.

    Ne quittons pas Carcassonne, sans rendre un double et mérité hommage :

    1° A l'hospitalité si cordiale de quelques Carcassonnais amis du Gil Blas.

    2° A la beauté (exquise jusqu'à l'éperdition) de la jeune fille blonde du buffet de Carcassonne, laquelle semble encavée d'un Botticelli"

    * Allais fait ici un calembour sur le tableau de Laurens "Les emmurés de Carcassonne" (NDLR)

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    "Quelle mine d'observations, que le café-concert de province, pour un gaillard de ma trempe ! Le Palais-de-cristal de Marseille n'a plus de secrets pour moi, non plus que l'Eden de Cette. Quant aux Folies-Narbonnaises, c'est comme ma poche que je les connais, et j'ai passé hier une des meilleures soirées de ma vie à Carcassonne, mi-partie à l'Eldorado et à l'Alcazar.*

    Au point de vue de l'art pur, je n'irai pas dire que les établissements susnommés, dégottent le concert Lamoureux. Non. Le répertoire, notamment, y est plutôt inférieur, et si l'on excepte Jouy et deux ou trois autres, on se demande avec une stupeur mêlée d'effroi quels sont les sinistres garçons charcutiers qui perpétuent de telles littératures et les aides de bourreau qui les mettent en musique.

    * Alphonse Allais fit ici référence à deux cabarets Carcassonnais dans lesquels on donnait des revues, des concerts et des spectacles comiques. Nous avons effectué des recherches afin de retracer leur histoire et leurs emplacements.

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    A l'instar de Paris, notre ville possédait donc deux salles de café-concert : L'Eldorado et l'Alcazar. Sur le premier, nous n'avons trouvé que trop d'informations sinon qu'il fut comme le second, dirigé par la famille Feuillat - négociants en vins, rue de Belfort. L'Alcazar, lui, était scindé en deux établissements qui ouvraient en intermittence suivant la saison.

    L'Alcazar d'été

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    L'Alcazar d'été ouvrait ses portes à partir de la mi-juin jusqu'au début de l'automne. Il était situé à l'angle des rues d'Alsace et de Belfort, dans ce quartier du Palais fréquenté par la bourgeoisie Carcassonnaise. Il possédait un très beau jardin à l'intérieur duquel on entendait les aubades, interprétées par l'orchestre dirigé par Louis Baichère.

    L'Alcazar d'hiver

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    La grande salle de l'Alcazar d'hiver se trouvait 17, boulevard de la préfecture. M. Feuillat avait à coeur d'y  engager des artistes, considérés par la presse locale comme ayant fait les beaux jours des cabarets parisiens : comiques troupiers, chanteuses réalistes, danseuses exotiques, etc... Carcassonne étant une ville de garnison, il fallait émoustiller le militaire. Très souvent, les voisins se plaignaient de l'agitation et des nuisances sonores dans le quartier. Sans compter, les amendes infligées à la direction pour salle de jeu clandestine. Cette salle sert également pour les meetings politiques ; on y entendra le Dr Ferroul. Rien d'étonnant à cela puisque Jean Feuillat fait partie du conseil municipal, dirigé par le maire Antoine Durand.

    En 1901 - une fois le père Feuillat décédé - c'est sa veuve Anne Feuillat qui tint l'affaire avec un gérant nommé Sabot Philibert. Avant la Grande guerre, l'Alcazar d'hiver sera rasé. Sur son emplacement est construit le Modern-cinéma de M. Bonnet ; l'inauguration de la grande salle de projection de 900 places se déroule le 3 juin 1913. Le nom de ce cinéma passera ensuite entre d'autres mains en changeant de nom : La Vox puis Le Boléro. Aujourd'hui, c'est une entreprise de contrôle technique qui occupe les lieux.

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    En 1894, Alphonse Allais a 40 ans. Il se plaint d'avoir de moins en moins de chroniques publiées dans le Journal, dirigé par Fernand Xau. Au mois de mars, il demande à son ami Astre, tailleur à Carcassonne, d'écrire à Xau pour s'offusquer " de l'absence trop prolongée des délicieuses fantaisies de M. Alphonse Allais." Voilà une nouvelle preuve que l'écrivain et humoriste possédait des attaches dans notre ville. Dans Le bec en l'air tiré des Oeuvres anthumes - éditées en 1897 - La vaniteuse localité nous apprend que :

    "Le seul personnage vaguement notoire originaire de Bizemoy-sur-Loreille était un nommé Poncelet, qui fut gouverneur de Carcassonne sous Henri IV. Malheureusement, ce personnage ayant un beau jour livré la ville à l'armée belge (contre une petite somme d'argent), peut-être ne convenait-il pas de perpétuer la mémoire de ce gentleman dont, d'ailleurs, la femme avait eu une fâcheuse tendance à se mêler de ce qui ne la regardait pas."

    Nous espérons que les recherches de ce blog vous satisfont, autant que nous prenons du plaisir à vous les transmettre...

    Sources

    Alphonse Allais / Oeuvres anthumes / 1897

    Alphonse Allais / Oeuvres posthumes

    La presse locale

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