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Livres - Page 8

  • Mario Vargas Llosa (Prix Nobel de littérature) évoque Carcassonne dans un de ses romans

    Est-il utile que nous vous présentions le romancier péruvien

    Mario Vargas Llosa,

    tant ses écrits sont universellement reconnus de part le monde et traduits en plusieurs langues ? Le Prix Nobel de littérature 2010 qui soutint pendant de nombreuses années le régime Castriste cubain, glissa peu à peu du communisme vers le libéralisme à partir de 1968.

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    © Wikipédia

    Comme de nombreux artistes et intellectuels, il prit l'idéal révolutionnaire en pleine figure quand il se rendit compte des effets de l'effroyable dictature soviétique sur les masses populaires - notamment au moment du printemps de Prague. Cela me fait penser à tous ceux qui sont actuellement tentés de voir en Vladimir Poutine, un idéal patriotique contre la barbarie islamiste. Méfions-nous des postures, elles cachent très souvent des ambitions bien moins avouables. Confondre tourisme et immigration dans un pays contrôlé par la propagande d'état et où toute manifestation d'opposition se termine avec une balle entre les deux yeux - comme au bon vieux temps du camarade Staline - peut avoir des conséquences inattendues sur l'idéal recherché...

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    Dans notre article hier, nous avons évoqué le séjour de Flora Tristan - féministe et défenseuse des droits des ouvriers - en 1844 à Carcassonne. Mario Vargas Llosa - citoyen péruvien, comme le père de Flora - publie en 2003 un ouvrage en langue espagnole sur les rapports entre la féministe et le petit-fils qu'elle n'a jamais connu - le peintre Paul Gauguin. Ce roman sera traduit en français et publié aux éditions Gallimard, sous le titre "Le paradis - un peu plus loin. 

    El paraiso en la otra esquina

    Le 7 avril 1803 naît à Paris la militante féministe et ouvriériste Flora Tristan, fille d'un officier péruvien au service du Roi d'Espagne et d'une bourgeoise parisienne. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils, Paul Gauguin, meurt seul et presque aveugle dans sa case des îles Marquises. Le curieux rapport entre les deux dates, tout comme les liens de parenté entre le peintre et l'activiste politique, ne sont ici que le point de départ d'un récit qui met en scène leurs vies parallèles et leur destin commun. Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Flora et Paul - Florita l'Andalouse et Koké le Maori -, deux êtres libertaires, passionnés et profondément humains, mais hantés par une quête de l'absolu qui leur donne une dimension tragique. Ils iront jusqu'au bout de leurs rêves et ils paieront cher leur audace. Pourtant, leur chute semble aussi admirable que leur envol, car elle est porteuse d'espoir. Ce roman nous dit que le paradis qu'ils cherchaient se trouve toujours un peu plus loin, mais il le fait dans une langue qui nous le rend très proche : celle des grandes utopies politiques et artistiques qui ont marqué les temps modernes. (Source : Gallimard)

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    Timbre édité en 1984

    Le livre de Vargas LLosa reprend à son compte dans un style romancé, les aventures mouvementées de Flora Tristan à Carcassonne au sein du monde ouvrier. En voici quelques extraits...

    "Le soir même où Flora était arrivée à Carcassonne, elle eut une rencontre désagréable avec les fouriéristes locaux, qui M. Escudié à leur tête, avait organisé sa visite. Ils lui avaient retenu une chambre à l'hôtel Bonnet, au pied des remparts. Elle était déjà couchée quand les coups à la porte la réveillèrent. Le gérant de l'hôtel se confondait en excuses : des messieurs insistaient pour la voir. Il était très tard, qu'ils reviennent demain. Mais comme ils n'en démordaient pas, elle enfila une roche de chambre et sortit à leur rencontre. La douzaine de fouriéristes venus lui souhaiter la bienvenue était ivre. Elle eut un geste de dégoût. Ces bohèmes prétendaient-ils faire la Révolution en sablant le champagne, en s'imbibant de bière ? L'un d'eux qui, bafouillant et le regard vitreux, voulant à tout prix lui montrer les églises et les remparts médiévaux au clair de lune s'entendit répondre :

    - Que m'importent les vieilles pierres alors qu'il y a tant d'êtres qui ont des problèmes à résoudre ! Sachez que j'échangerais sans hésiter la plus belle église de la chrétienté contre un seul ouvrier intelligent. Ils la virent dans une telle colère qu'ils partirent.

    Tout au long de la semaine passée dans la ville, ces phalanstériens de Carcassonne - avocats, experts agricole, médecins, journalistes, pharmaciens, fonctionnaires, qui s'appelaient eux-mêmes les chevaliers - furent une source permanente de problèmes. Avides de pouvoir, ils projetaient une action armée dans tout le midi de la France.Ils disaient avoir gagné à leur cause beaucoup de militaires et de garnisons entières. Dès la première réunion, Flora les critiqua avec véhémence. Leur radicalisme, leur dit-elle, servait dans le meilleur des cas à remplacer au gouvernement des bourgeois par d'autres, sans modifier le système social, et, dans le pire des cas, il provoquerait une répression sanglante qui ruinerait le mouvement ouvrier naissant. L'important était la révolution sociale, non le pouvoir politique. Leurs plans de conspiration, leurs fantasmes de violence plongeait les travailleurs dans la confusion, les éloignaient de leurs objectifs, les faisaient s'épuiser dans une action subversive à caractère purement politique, où ils s'exposeraient à être décimés par l'armée, dans un sacrifice inutile pour la cause. Les chevaliers avaient de l'influence sur le milieu ouvrier, et ils assistèrent aux réunions de Flora avec les travailleurs des filatures et des fabriques de tissus. Leur présence intimidait les pauvres qui, devant ces bourgeois, osaient à peine émettre une opinion. Au lieu d'expliquer les buts de l'Union ouvrière tu devais t'exténuer, des heures durant, à porter la contradiction à ces politicards qui enflammaient les ouvriers avec leurs plans de soulèvement armé, en vue duquel, disaient-ils, ils avaient caché dans les lieux stratégiques quantité de fusils et de barils de poudre. La perspective de prendre le pouvoir par la force, excitait malheureusement beaucoup de travailleurs. [...]

    Tu étais pour l'amour, pour les idées, pour la persuasion, contre les balles et les échafauds. C'est pourquoi tu étais exaspérée par ces effrayants bourgeois de Carcassonne, pour qui tout se résoudrait en levant des régiments et en dressant la guillotine sur les places publiques. Que pouvait-on attend de gens aussi stupides ?"

    Mario Vargas Llosa a lu sans aucun doute les notes de voyages de Flora Tristan. Dans un style littéraire très intelligible, il a vulgarisé la pensée de la féministe en se l'appropriant. A tel point que l'on se demande si l'auteur ne parle pas à travers elle, en n'en retranscrivant qu'une image subjective. Là, est l'intérêt d'avoir lu les deux récits... Nous nous ne lancerons pas dans une étude comparée - ce n'est pas l'objet de ce blog - mais cela pourrait être un sujet intéressant à étudier.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine / 2016

  • Le voyage de Gustave Flaubert à Carcassonne en 1840

    L'auteur de Madame Bovary et de Salambô, s'est arrêté à Carcassonne en 1840. Il nous livre un récit très précis de ce qu'il a pu observer dans notre ville durant son passage, dans un carnet de voyage qui ne sera publié qu'en 1885.

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    Gustave Flaubert 

    À l'âge de dix-neuf ans, une fois son baccalauréat en poche, ces parents lui offrent un voyage dans le sud de la France. Parti de sa Normandie natale pour rejoindre la Corse, via Bordeaux, Bayonne, Irun, Bagnères-de-Luchon, Toulouse, le Languedoc, la Provence maritime avec Marseille et Toulon. La Bibliothèque historique de Paris possède depuis 1931, les 36 carnets manuscrits des notes de voyages de Gustave Flaubert.

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    © pmg éditions

    "C'est à Toulouse qu'on s'aperçoit vraiment que l'on a quitté la montagne et qu'on entre en plein midi. On se gorge de fruits rouge, de figues à la chair grasse. Le Languedoc est un pays de soulâs, de vie douce et facile ; à Carcassonne, à Narbonne sur tout la ligne de Toulouse à Marseille, ce sont de grandes prairies couvertes de raisins qui jonchent la terre. Ça et là des masses grises d'oliviers, comme des pompons de soie ; au fond, les montagnes de l'Hérault. L'air est chaud et le vent du sud fait sourire de bien-être. Les gens sont doux et polis. Pays ouvert et qui reçoit grassement l'étranger, le languedoc n'offre point de saillies bien tranchées ni dans les types, ni dans le costume, ni dans l'idiome. Tout le mid en effet y a passé et y a laissé quelque chose : Romains, Goths, Francs du nord aussi, dans la guerre des Albigeois, Espagnols à leur tour, tous y sont venus et y ont chassé tout élément national et primitif ; la nationalité s'est retirée plus haute et plus sombre dans les montagnes, ou plus acariâtre et violente dans la Provence. Quoique je n'aie rien retrouvé du Midi du Moyen-âge (à l'exception de quelques sculptures albigeoises à en juger par leur ressemblance avec les monuments persans à cause de la reproduction du cheval ailé et d'autres symboles ultra-caucasiques que n'a point employé le Nord), la différence n'en reste pas moins sensible entre les deux provinces. En arrivante Nîmes, par exemple, qui est pourtant encore du Languedoc, tout est changé et la population y est criarde et avide ; elle ressemble, je crois, à ce que devait être le bas peuple de Rome, les affranchis, les barbiers, les souteneurs, tous les valets de Plaute. Cela tient sans doute à ce que je les vus à l'ombre des arènes et dans un pays tout romain."

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    "Le lendemain de mon arrivée à Carcassonne, j'ai été sur la grande place. C'est là une vraie place du Midi, où il fait bon dormir à l'ombre pour faire la sieste. Elle est plantée de platanes qui y jettent de l'ombre, et la grande fontaine, au milieu ornée de Naïades tenant entre leurs cuisses des dauphins, répand tout alentour cette suave fraîcheur des eaux que les pores hument si bien."On y tenait le marché: dans des corbeilles de jonc étaient dressées des pyramides de fruits, raisins, figues, poires; le ciel était bleu, tout souriait, je sortais de table, j'étais heureux."

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    "En face de la ville moderne il y a la vieille, dont les pans de murs s'étendent en grandes lignes grises de l'autre côté du fleuve, comme une rue romaine. On y monte par une rampe qui suit la colline ; on passe les tours d'entrée et l'on se trouve dans les rues. Elles sont droites et petites, pleines de tas de fumier, resserrées entre de vieilles maisons la plupart abandonnées ; de temps en temps un petit jardin avec une vigne et un olivier s'élève entre des toits plats. Sur une place, il y a un grand puits roman dont le dedans est tout tapissé d'herbes ; personne n'y puise plus de l'eau, les plantes poussent au fond dans la source à moitié comblée. La ville est entourée d'un réseau de murs romains par la base, gothiques par la tête, on les répare, on les soutient du moins. Les portes aux mâchicoulis sont encore debout, mais je n'y ai trouvé ni soldat romain, ni archer latin, disparus également sous l'herbes des fossés. Si on regarde du côté de la campagne tout est radieux et illuminé de soleil et flambe de vie. La vieille ville est là, assise sur la colline, et regarde les champs étendus à ses pieds depuis longtemps, comme un vieux terme dans un jardin."

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    "L'église est gothique d'extérieur, romane à l'intérieur."Quand nous y sommes entrés, on moulait une vieille sculpture illisible où l'on ne voyait que confusément des cavaliers, une tour, un assaut. Qu'est devenu maintenant le déblaiment de la chapelle latérale ?

    Dans la cathédrale de la ville neuve, chapelle très remarquable par deux statues, l'une de saint Benoist et l'autre de saint Jean. C'était vendanges tout le long de la route jusqu'à Nîmes, aussi avons-nous vu des charrettes couvertes de baquets rougis, partout on cueillait la vigne dans les champs. Il était environ midi quand nous entrâmes à Narbonne."

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Marti découpe Carcassonne en Cartier au Païchérou, ce soir...

    L'évènement que le Tout-Carcassonne attend avec impatience ce sont les tapas et les paluches à serrer en période électorale au Païcherou, ce soir. Ah ? J'ai oublié quelque chose... Suis-je idiot, c'est l'excellent ouvrage mis en paroles par Claude Marti et mis en image par Patrice Cartier. Au milieu de ce concert de louanges méritées, il ne manquera plus que le son. Qui sait si le chanteur occitan ne posera pas au final des accords mistraliens sur les cordes de sa guitare ? Pour mettre tout ce monde d'accord, on pourra se marrer à entendre certains édiles chanter de bon coeur "Aquela Trivala" alors que leurs collègues du Sénat ont refusé de ratifier la Charte des langues régionales. Au pays de Carqueyrolles, tout est bon à manger, même ce qu'on a du mal à diriger d'habitude dans l'isoloir.

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    La couverture de ce livre est une vraie réussite technique. Patrice Cartier a d'abord entièrement restauré la photographie originale en noir et blanc ; le graphiste est intervenu afin de la coloriser dans le style des cartes postales des années 30. Quand vous avez vu la couverture, vous n'avez qu'une envie c'est d'ouvrir l'ouvrage avec curiosité.

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    Les pages intérieures constituées par un savant dosage entre l'écrit et son support iconographique, respirent l'intelligence et le bon goût. On chemine chronologiquement à travers une période de vingt années, grâce au récit romancé d'un personnage typique de notre beau pays occitan. À titre personnel, je suis très heureux d'avoir mis une vingtaine de photographies de ma collection personnelle à la disposition des auteurs. Elles ne pouvaient pas être mieux mises en valeur.

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    Donc, n'oubliez pas ! La présentation officielle de "Je t'écris de Carcassonne" c'est à la guinguette du Païchérou à 17h... Vous dégusterez des tapas cuisinées avec amour par Hélène Quintilla. Pour prolonger la soirée, vous pourrez même dîner avec les auteurs. Le repas ne sera pas gras, mais il est probable d'y voir quelques huiles.

    Réservation

    04 68 25 12 05

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