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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 549

  • Gambetta: un effroyable jardin

    Il y a dans Carcassonne une esplanade qui fait l'unanimité contre elle à l'entrée de la ville, au coeur du parcours touristique vers la cité: Gambetta. Nous allons essayer de tracer le parcours de ce projet et d'en constater les dégats...

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    Il était une fois, un squaremagnifique qui faisait la fierté des habitants de Carcassonne.

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    Là, tout n'était qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

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    Malheureusement, les allemands firent détruire ce havre de paix en 1944 pour des raisons de défense.

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    La remise en état après la libération est confiée à M. Brice, architecte paysagiste, par délibération du conseil municipal en date du 25 juillet 1946. Le nouveau jardin fut ouvert le 10 juin 1948. Ensuite au début des années 70, on va installer une fontaine avec des jets d'eau et creuser des canaux, dans lesquels viendront se poser de beaux cygnes. Nous allions avec nos parents donner du pain à ces animaux et cela reste dans nos souvenirs. Dans ce nouveau square, il y avait aussi des statues (Paul Lacombe, Déodat de Séverac et Paul Sabatier) et des jeux pour les enfants.

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    La municipalité Chésa décide en 2001, la construction d'un parking souterrain sous le square. Personne alors, ne semble s'opposer à ce projet qui va mettre plusieurs années à se réaliser. Le jardin dans sa version 1970 est alors livré à la pioche des engins de chantier à partir de 2004. Il va rester dans cet état végétatif pendant deux ans, comme une verrue au centre d'un écrin historique. En 2008, la majorité municipale portée par Gérard Larrat décide de reprendre les travaux... Mais voilà... le projet d'architecte retenu par la ville, semble plaire aux élus en charge du dossier. Il s'agit de l'atelier REC. Voici sur son site la présentation de son travail et chacun appréciera... ou pas:

    L'aménagement urbain du square Gambetta joue sur deux plateaux : un urbain avec ses promenades et un plateau fonctionnel en sous-sol jouant le rôle de parking. Ce lieu a deux fonctions : celui de desserte du parking qui vient désengorger le réseau voirie, et parallèlement celui de pôle avec sa grande esplanade. Cette dernière fait partie intégrante de la ville grâce à un jeu de dalles, de carrés de pelouse qui amènent visuellement les passants d'un point à un autre de la place. De plus les objets viennent ponctuellement offrir des espaces semi-couverts et orienter physiquement les promeneurs tout en créant des événements sur l'esplanade. Ce projet offre enfin la particularité d’être minéral mais aussi végétal par l'importance des essences mises en place.

    http://www.architectesonline.com/architecte-rec-projet_264.html

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    Le projet est présenté dans le Magazine municipal d'informations "Carcassonne, ta ville" à l'automne 2006. L'image est très petite, mais en l'agrandissant on s'aperçoit de ce qu'allait devenir notre beau jardin. D'ailleurs, on parle d'aménagement de l'esplanade Gambetta. Cela y est, on vient unilatéralement de débaptiser le square, en faisant fi de l'histoire sentimentale des carcassonnais avec ce lieu. Fallait-il à cette époque s'en émouvoir, quand on sait qu'il n'existe qu'une minorité de carcassonnais pour défendre le patrimoine? Bref, pas de comité de défense pour le square!

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    Le chantier est énorme et coûtera la bagatelle de 12 millions d'euros (source: ville de Carcassonne). Sa livraison doit être prévue pour 2008, l'année des élections municipales. On a mis 6 ans pour débuter les travaux et seulement deux ans pour les achever. "Vite et bien, ne marchent jamais ensembles", comme disait ma grand-mère!...

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    Voici le résultat! Si je suis méchant, je dis que l'on a retenu le plus mauvais architecte. Savez-vous que pour masquer cet emplâtre de Trésorerie générale, hérité des années 1950, il était prévu l'élévation d'un mur d'eau. On a modifié le plan urbanistique de la ville, puisque on a coupé le tracé historique du boulevard Camille Pelletan à Jean Jaurès. Les véhicules de secours doivent désormais contourner le square pour rejoindre le boulevard. Autrefois, ils avaient un accès direct.

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     Quand on a fait les travaux de terrassement, les fouilles archéologiques ont été baclées et pourtant il y avait un ancien couvent sur ce lieu. Les rares éléments des fouilles, devaient intégrer des vitrines placées dans le parking. Vous les avez vues quelque part, vous? Trois ans après, voici ci-dessous un triste constat qui coûte et coûtera au contribuable carcassonnais...

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    Sur ces plaques, il y a des jets d'eau qui ne fonctionnent plus.

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    Les dalles sont régulièrement cassées sous le poids des camions (Magie de Noêl, spectacles du festival, marché du samedi...). "Y a calqun qué pagara", comme disait mon grand-père!

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    Les dalles se chevauchent et les personnes agées comme les enfants, peuvent tomber avec les conséquences que l'on connaît. Est-ce une faille technique ou un effet de style?

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    Le mobilier urbain est déjà rouillé, quatre ans après sa pose. Il comprend des bancs, des banquettes et des corbeilles à papier. L'ensemble de la gamme "Cléa" a été commandé et acheté chez une société toulousaine "Univers et Cité", basée à Castanet Tolosan. Les bancs pour à-peu-près 500 euros pièce (il y en a plus d'une vingtaine), sans compter les corbeilles.

    http://www.univers-et-cite.com/mobilier-urbain/reference/carcassonne

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    La ville prend l'électricité pour éclairer cette esplanade, en tirant un fil au dessus de la route. C'est très écolo et surtout très beau et efficace.

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    L'espace dans les virages est des plus restreint et il est périlleux d'y circuler. Il y a eu de nombreux accrochages à ces endroits, où le passage des camions est absolument impossible.

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    Enfin, le gazon qui n'est vert que l'hiver faute de drain suffisant, est la proie des véhicules des marchands ambulants. Ceux-ci passent dessus en laissant des ornières, les samedis pour le marché. En conclusion, je dirais que cette esplanade est une vaste gabegie dont nous payons et paierons la note longtemps.

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    La statue d'Héléna sculptée par Sudre en 1902 et qui se trouvait au fond du Square Chénier, a été posée en 2010 face à l'avenue du général Leclerc. D'ailleurs sait-on que la maquette en marbre se trouve au Musée des monnaies et médailles de Perpignan (photo ci-dessus)? Voilà une bien maigre consolation en regard des autres oeuvres d'art remisées au serres municipales et qui attendent depuis des lustres un lieu d'exposition.

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    Il faut bien tenter de redonner un peu de fraîcheur à ce square devenu par la force des choses, une esplanade soviétique. Actuellement, elle accueille les oeuvres éphémères de Marc Walter. Elles sont réalisées avec des branches issues de l'élagage des platanes de Carcassonne. Un projet pérenne, cette fois, est à l'étude dans les bureaux des services de l'urbanisme de la ville de Carcassonne.

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  • Où est passée l'urne des déportés carcassonnais ?

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    Prenez-le temps de bien regarder cette carte postale du square Gambetta tel qu'il était avant 2003. Bien, c'est fait? Au pied du monument à la résistance sculpté par René Iché en 1948, il y avait une urne en fonte. Celle-ci contenait de la terre ramenée par les déportés du camp de Buchenwald. Elle avait été déposée à cette endroit lors d'une cérémonie officielle, le 22 août 1948 (Lire: Léon Riba/ Historique sommaire et origines de propriété de la ville de Carcassonne/ 1948). Le symbole est donc très fort, mais l'oubli l'est hélas plus encore...

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    Une fois le square Gambetta rasé en 2006 et le parking souterrain inauguré en 2008, on a déplacé le monument qui se trouve aujourd'hui, place Davilla. Vous ne remarquez rien? Au pied... Oui, l'urne a disparue et n'a pas été remise en place. C'est l'observation que j'ai faite hier soir. La question est donc la suivante: Où est donc passée cette urne? J'ai alerté les élus et j'espère bien qu'une réponse va pouvoir m'être donnée rapidement. Allez, on croise les doigts ?

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  • François-Paul Alibert (1873-1953), poète et auteur dramatique

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    François Paul Alibert naît le 18 mars 1873 à Carcassonne et après des études au lycée de la ville, il devient à 17 ans employé de bureau à la mairie. Pendant ses loisirs, il se construit une sérieuse culture littéraire. Son don pour l'écriture se manifeste très tôt mais ce n'est qu'en 1907 qu'il publie son premier recueil de poèmes: "L'arbre qui saigne". La même année il fait une connaissance majeure, celle d'André Gide avec lequel il va se lier d'amitié jusqu'à sa mort. Gide organise chaque année un voyage pendant lequel avec Alibert ils partagent leur découvertes littéraires. Leur longue correspondance a été publiée aux "presses universitaires de Lyon" en 1982. L'oeuvre d'Alibert est constituée de 44 ouvrages dont deux à caractère érotique publiés très discrètement: "le fils de Loth" et "le supplice d'une queue". Ce dernier est paru incognito en 1931 sans nom d'auteur et ce n'est qu'en 1945 qu'on a pu l'attribuer à François Paul Alibert. Il s'agit d'un texte raffiné et sans grossièreté sur la liaison amoureuse de deux hommes: "un des trois ou quatre romans du désir" (Annie le Brun). Alibert a été considéré par ses contemporains de la même valeur que Paul Valéry, tant son style est proche de la forme classique. En 1930, il devient directeur du théâtre de la cité où il fait jouer ses pièces: Le cyclope (1932), La mort d'Orphée (1934). François Paul Alibert meurt à Carcassonne le 23 juin 1953. il est inhumé dans le cimetière du hameau de Grèzes-Herminis.

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    Un autographe de F-P Alibert à l'actrice Marcelle Romée

    (coll. Martial Andrieu)

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    Quelle maison d'édition prendrait aujourd'hui le risque d'une telle parution ?

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    Les correspondances entre Gide et Alibert

     

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    De ce balcon où je laisse,

     

    Par un minuit enchanteur,

     

    Vieillir la tendre paresse

     

    Qui s'alanguit sur mon coeur

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    Je vois, bientôt allégée

     

    De son extrême croissant,

     

    Toujours la lune orangée

     

    Prendre un chemin plus glissant.
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    Une essence volatile,

     

    Parmi l'éther vaporeux,

     

    A ses bords partout distille,

     

    Comme aux esprits bienheureux,
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    Qui va noyer les montagnes,

     

    L'ombre, et cette lune encor,

     

    Et leurs muettes campagnes,

     

    Sous un feu de perles d'or.
    -
    Puis, tandis que suspendue

     

    A molle inclinaison,

     

    Elle succombe, rendue

     

    A l'invisible horizon;
    -
     
    De la profondeur céleste

     

    Evanouie aux regards,

     

    Pour seul espace il ne reste,

     

    Perçantes de toutes parts,
    -
     
    Que ces étoiles brillantes

     

    Qui rendent au tremblement

     

    De leurs pointes scintillantes

     

    Humide le firmament

     _

    Et, telle une cruche pleine

     

    D'eau qui déborde et s'enfuit,

     

    Qu'une secrète fontaine

     

    Où l'intarissable nuit,
    -
     
    A sa rumeur passagère

     

    Sans commencr ni finir,

     

    Berce mon âme légère

     

    Sur un obscur souvenir.
     
    "Fontaines", extrait des Eglogues

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    La maison de F-P Alibert dans la rue Andrieu, à Carcassonne.

    Quelle tristesse d'ajouter Alibert à la longue liste des chers disparus de la vie artistique et littéraire de Carcassonne: Paul Lacombe, Jacques Ourtal, André Cayatte, Cécile Rives, Jacques Gamelin, Pierre Germain, Armand Raynaud, Ketty Dolbert, Georges Cotte, Michel Mir, Henri Tort-Nouguès, Ferdinand Alquié...etc. Qu'allons-nous léguer aux générations futures ?

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