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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 534

  • Etude caractéristique du carcassonnais type

    En partant du postulat que l'on ne pouvait remettre en cause l'étude que vient de livrer l'INSEE sur Carcassonne et ses habitants, nous avons fait la notre sur le terrain avec des moyens statistiques bien plus élaborés et plus fiables.

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    Pour goûter un plaisir, faut le partager

    A travers un questionnaire s'inspirant de Proust, monsieur Caulet (prononcez Caoulet), 50 ans, demeurant 51 chemin de Lapeyre Haut, a bien voulu se soumettre à nos questions. Nous le voyons ci-dessus avec sa femme "la menino" et son copain "Chucopaskédéglaços", un grec en crise de foi financière, au Saillan.

    Questionnaire

    Votre principal défaut

    Je râle et je passe mon temps à critiquer

    Votre principale qualité

    J'aime faire la fête

    Votre rêve de bonheur

    Gagner au tiercé

    Votre occupation préférée

    L'apéro au Saillan tous les midis

    Votre livre de chevet

    Le Mag Evasion

    Votre musée préféré

    Le vide grenier de la Trivalle

    Votre musique préférée

    Aquella Trivalla chantée par Marti

    Votre peintre préféré

    Un copain qui travaille au black

    Votre animal préféré

    Le taureau de Miura

    Si vous êtiez un métier

    Le RSA: Rémunéré pour se saouler à l'apéro

    Si vous êtiez un diplôme

    Le BAC: Brevet d'aptitude à consommer

    Votre compositeur préféré

    Philippe Corti

    Votre héros de fiction préféré

    Monsieur Scoumoune

    Votre boisson préférée

    Le chardonnay

    Vos vacances idéales

    A Port la nouvelle

    Vos sports préférés

    La chasse et le rugby

    Votre dernier exploit

    1er aux 24 heures du Ricard

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Les rues débaptisées de la Bastide Saint-Louis

    Carcassonne ne déroge pas à une règle qui a vu au cours de l'histoire les rues des communes françaises changer de nom ou d'appellation. Ces arrêtés municipaux se sont toutefois espacés dans le temps en fonction d'évènements politiques nationaux ou locaux, des hommages rendus à un personnage illustre ou simplement à un bienfaiteur de la ville. S'il fallait retenir une date entre toutes les autres, c'est celle du 7 juillet 1883 qui devrait retenir notre attention. Pourquoi ? Tout simplement, c'est ce jour là que l'on procéda au plus grand nombre de changement de noms dans la Bastide de toute l'histoire de Carcassonne. Retenez le chiffre 12:

    Ancien nom Nouveau nom
    Bd du Calvaire Bd T. Marcou
    Rue du Calvaire Rue Littré
    Rue du Gd Séminaire Rue Victor Hugo
    Bd St-Michel Bd Barbès
    Rue J. de Beauharnais Rue de la Liberté
    Rue Lafayette Rue de la République
    Rue Saint-Michel Rue Voltaire
    Rue St-Vincent Rue du 4 septembre
    Rue Hôtel Dieu Rue de l'Hospice
    Square Ste-Cécile Square Gambetta
      Bd du Canal
    Rue Mage Grand'rue

    Nous voyons avec ces changements que la République a souhaité honorer ses défenseurs et mettre un terme aux symboles de la Monarchie et de l'Empire.

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    La nouvelle rue Voltaire avec à proximité la Cathédrale Saint-Michel, d'où l'ancien nom qu'elle portait. En face du porche de la Cathédrale, il y avait la rue de la Lune qui a été détruite en 1951 pour construire l'actuel jardin où sont inscrits les noms des Morts pour la France.

    Ancien nom Nouveau nom Date de l'Arrêté
    Rue des orfèvres Rue Courtejaire 19.01.1877
    Traverse de l'hôpital Rue des calquières 1849
    Rue des Halles Rue Chartran 15.05.1901
    Rue de la grille Rue Coste-Reboulh 7.11.1902
    Bd des Tilleuls Bd Roumens 5.06.1911
    Grand'rue Rue de Verdun 26.08.1916
    Bd du Musée Bd C. Pelletan 8.06.1920
    Rue de la gare Rue Clémenceau 8.06.1920
    Rue du Mail Rue J. Sauzède 8.06.1920
    Traverse (privé) Rue F. Mistral 1934
    Bd du Canal Bd de Varsovie 4.10.1939
    Rue de l'Hospice Rue G. Brassens 1983

    Sur le tableau ci-dessus sont mis à l'honneur un ancien maire (Sauzède), deux bienfaiteurs de la ville (Courtejaire et Coste-Reboulh), deux militaires (Chartran et Roumens), un félibre (Mistral), le Tigre de la Grande guerre (Clémenceau) et la bataille de Verdun.

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    Le boulevard des Tilleulsvu de l'angle de l'actuel café du Dôme. Les arbres ont disparu après avoir été abattu par la municipalité à la fin des années 1990. Il est vrai qu'il fallait créer des places de parking et donner de l'air à ceeux qui voulaient bronzer à cet endroit...

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    Le boulevard du Musée vu depuis la Caisse d'Epargne.

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    Aimé Ramond (1918-1944)

    Autre fait marquant dans la triste histoire de Carcassonne, celle de martyrs de la Résistance. Hélas, tous ne seront pas traités de la même manière... Ainsi, la ville oublia Christophe Roquefort qui fut exécuté avec Ramond et Bringer à Baudriques en août 1944. Le 8 octobre 1944, 4 rues porteront le nom de résistants audois.

    Rue de la Préfecture Rue Jean Bringer
    Rue de la mairie Rue A. Ramond
    Rue du port Rue Armagnac
    Rue neuve du Mail Rue M. Perrutel

    A noter que pendant le Régime de Vichy, l'Etat Français avait fait débaptiser en 1941 l'actuel Boulevard Jean Jaurès pour celui de Philippe Pétain. J'ai également oublié la place d'Armes devenue place du général de Gaulle en face de la caserne Laperrine.

    Sources

    Léon Riba, Carcassonne, ses places et ses rues, 11 août 1951 (non édité)

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  • Maison de la Gestapo: Témoignage de l'ancienne propriétaire

    Sans vraiment les chercher, les témoignages sur cette demeure ayant abrité la Gestapo pendant la seconde guerre mondiale m'arrivent au fur et à mesure. Ainsi, par exemple, j'ai été contacté cette semaine par un témoin direct de cette époque: il s'agit de l'ancienne propriétaire. Cette personne âgée de 93 ans a vécu à cet endroit pendant 73 ans; c'est donc un témoin capital. Afin de lui éviter une publicité qui pourrait ébranler sa tranquilité, je ne donnerai que l'initiale de son nom: (F).

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    La façade arrière de la maison de l'avenue Roosevelt

    "Mon père était issu d'une famille modeste et avait dû quitter l'école à 14 ans. C'est avec beaucoup de courage et de travail qu'il se lança dans le recyclage des chiffons. Il monta sa propre usine au début de l'allée d'Iéna, là où précisément se trouve actuellement une maison de retraite. Alors comprenez-vous, cette maison qu'il fit construire à la fin du XIXe siècle, c'était la fierté de sa réussite. Une charmante demeure dans le style Art-nouveau à l'orée de Carcassonne. Car, autrefois à cet endroit c'était encore la campagne, et pas comme aujourd'hui. Nous vivions ici heureux, ma famille et moi jusqu'à ce triste jour de mai 1943...

    Deux hommes vêtus d'un pardessus noir se sont présentés au seuil de la maison. L'un d'entre-eux était le chef de la Gestapo de Carcassonne (sûrement Eckfelner, NDLR). Nous venons requisitionner cette maison et vous avez 48 heures pour partir, nous dit-il. (Nous savons que les services de la Gestapo avaient l'habitude de s'installer dans ce type d'habitation, à l'écart de la ville, sans vis-vis et avec un grand terrain à l'arrière. Il n'est pas étonnant que celle-ci fut donc choisie.) Deux jours seulement pour tout déménager, c'est trop court! Non, répond-il, vous devez partir et abandonner tout sur place afin de rendre la maison habitable de suite. Nous avons demandé à loger dans la conciergerie, à quelques mètres. Cela nous a été refusé. Et pour cause... C'est à cet endroit qu'il placèrent leurs prisonniers pendant ou avant les interrogatoires.

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    La conciergerie, juste après le mur de clôture

    Nous avons pu sauver in-extremis, le piano à queue grâce à monsieur Daraud chez qui nous l'avions acheté, rue de la gare. Ce dernier eut l'amabilité d'affirmer qu'il n'était qu'en location et qu'il lui appartenait. C'est le seul meuble que nous pûmes emporter.

    Je me revois quittant la maison avec mon pauvre père qui avait perdu l'usage de la vue. Mon fils dans la poussette, venait juste de naître en septembre 1942. C'est le coeur déchiré qui nous partions vers l'inconnu, à la recherche d'un nouveau logement. Dans un premier temps, la Gestapo voulut nous installer dans la maison Combéléran, face au tribunal (aujourd'hui, la MSA). L'administration d'occupation nous le refusa, arguant qu'une telle demeure était trop belle pour y mettre des français. Finalement, elle fut attribuée à un haut gradé de la Werhmacht. Nous dûmes notre salut à madame Mestre qui préféra nous loger dans la rue Victor Hugo, car elle ne voulait pas d'Allemands chez elle.

    Nous avions été délogé par l'ennemi victorieux à qui, désormais, appartenait notre pays. La Gestapo nous octrayât, grande seigneuresse, un loyer pour la réquisition. Chaque mois, je me rendis à mon ancienne demeure, route de Toulouse, pour réclamer mon dû. Ils avaient électrifié le portail d'entrée. Il s'ouvre et là, de chaque côté se tenaient sur un banc deux soldats verts-de-gris, la mitraillette dirigée vers moi. A chaque fois, il prirent un malin plaisir à me faire longuement attendre avant de me recevoir. Les services de la Gestapo vivaient là, y mangeaient et y dormaient. A leur service, il y avaient des employés (cuisinières, femmes de ménage, domestiques...).

    A bout de quelques mois, nous avons décidé de ne plus aller chercher le loyer. Pourquoi? Les gens commençaient à nous accuser de collaboration avec les bôches. Faire ça, à mon père! Lui, qui avait été décoré de la Grande guerre.

    A la libération de Carcassonne (20 août 1944), les allemands ont fui. Ils ont tellement fait brûler de papiers dans les cheminées qu'elles ont éclatées. C'est un miracle qu'ils n'aient pas mis le feu à la maison. Lorsque nous sommes rentrés dans l'habitation avec les FFI, il y avait encore leur repas dans les assiettes, que dans la précipitation, ils n'avaient eu le temps de terminer. On nous a dit également, qu'ils avaient miné le parc".

     Que pensez-vous d'un éventuel charnier?

    Quand nous sommes revenus, les rosiers et les arbustes n'avaient pas été touchés. Nous avons pour ainsi dire retrouvé le parc tel quel. Il n'y a qu'un endroit au fond de la parcelle, proche de la voie ferrée, où ils auraient pu enterrer des corps. Pendant les 50 années qui suivirent, nous n'avons jamais travaillé ce coin du parc. Ailleurs, nous avons évité de biner profondément de peur de faire exploser des munitions enfouies, puisqu'on nous avait dit que le parc était miné. Ah! un souvenir me reviens... A la libération, nous avons été pris par une odeur pestidentielle venant du parc. Nous avons retrouvé de la viande en putréfaction. Vous savez, les allemands avaient tant à manger. Nous, nous crevions de faim!

    Conclusion

    Grâce à madame F, nous savons maintenant qu'en plus d'un charnier, sous le parc pourraient être enfouies des munitions. Que les résistants étaient tenus prisonniers dans la conciergerie de la maison. Que des carcassonnais ont travaillé de gré ou de force dans cette maison, au service de la Gestapo. Il doit y avoir, faute de témoins directs encore en vie, des descendants de ces employés qui détiennent des informations capitales sur les activités de la Gestapo dans cette maison. Qu'ils veuillent bien se faire connaître anonyment auprès de moi et me raconter ce qu'ils savent. Leurs noms seront protégés, car nous cherchons la vérité historique. Nous ne serons jamais des justiciers!

     

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