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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 538

  • Maison de la Gestapo: La destruction est ajournée par décision municipale

    Fort des documents produits par ce blog sur l'existence de cette maison comme lieu de torture de la Gestapo entre 1942 et 1944 et sur le possible charnier qu'elle pourrait abriter, le maire de Carcassonne demande à titre conservatoire la non destruction du bâtiment. La ville de Carcassonne veut s'entourer de toutes les garanties avant de rendre sa décision définitive. "Musique et patrimoine" est heureux d'avoir oeuvré pour la réhabilitation de la dignité de tous ces résistants, guerilleros espagnols et civils torturés en ce lieu. Il appartient désormais aux politiques d'agir de la façon la plus juste au regard de l'histoire de notre pays, de ses martyrs, de ses héros anonymes. Pour un Jean Moulin que l'on connaît, combien de combattants de l'ombre assassinés resteront à jamais les oubliés de cette triste période de haine? Il appartient à chacun d'entre-nous de la nouvelle génération, de s'élever afin de défendre la mémoire de ceux qui ne le peuvent plus. Si la France en cette période difficile se détourne de ce qui a lavé son déshonneur au lendemain de 1940, alors notre pays n'aura rien retenu 70 après. Regardons notre histoire droit dans les yeux, même s'il est à craindre que la révélation de certains épisodes ne les brûle encore à quelques uns...

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    La dépêche, aujourd'hui

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    L'indépendant, aujourd'hui

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Gualdo, l'amuseur de la Trivalle

    J'étais bien trop petit pour avoir connu Gualdo mais j'en ai toujours entendu parlé autour de moi comme si: "longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu leurs chansons courent encore dans les rues..." Et quelle chanson, puisqu'il s'agit de l'hymne de tout un quartier fier autrefois de sa diversité sociale et ethnique! Oui, "Aquela Trivala" a été écrite et chantée par Gualdo sur l'air de "Beaux soirs d'Espagne". Ne pouvait-il pas en être autrement quand on sait que notre héros était né aux pays des castagnettes et du Xérès ?

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    Ubaldo Moyano dit Gualdo, était né en 1914 à La Séco dans la province de Valladolid. A l'âge de dix ans, il débarque de son Espagne natale avec ses parents au pied de la cité à la Trivalle. Le quartier est constitué essentiellement de pauvres hères qui travaillent la vigne. Certes des français, mais aussi des espagnols qui sont venus chercher meilleure fortune dans notre pays et des Gitans qui vivent du chiffon. Toute cette misère cosmopolite génère une fraternité, bien éloignée de l'opulence égoiste dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Là, point de racisme ! Les "Baraquets" (espagnols) que l'on surnomme ainsi en raison de leur goût prononcé pour le haricot plat, baragouinent un langage mêlé d'espagnol, de catalan et d'occitan. Les Gitans, quant à eux, habitent à l'entrée de la rue de la Gaffe et possèdent leur langue et une façon bien particulière de vivre en société. Le soir, les communautés animent le café Roldan pendant que les plus anciens restent devant leurs portes à bavarder. Parmi tous ces gens, un homme sort de l'ordinaire, c'est Gualdo ! Il a un sens inné de la farce, de la fête et de la mise en scène.
    Il travaille d'abord comme maçon mais une grave maladie lui interdit à l'avenir tout travail pénible. Il se tourne alors vers la cordonnerie qu'il apprend chez Martin au 8 de la rue Trivalle. Grâce à ça, il va suivre tous les match de l'ASC car il sera sollicité pour réparer les crampons des rugbymen qui en feront leur mascotte.
    Gualdo va devenir au fil des ans l'amuseur public, une espèce de clown dont le but sera de donner de la joie autour de lui. Il a quitté notre monde à l'âge de 63 ans et est inhumé au cimetière La Conte de Carcassonne. Seuls ceux qui l'ont cotoyé, pourront mieux que moi vous le décrire.
     
    Source
     
    Gualdo, le troubadour de la Trivalle / R. Gougaud
     
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  • Lettre ouverte d'Annie Bonet à Jean-Claude Pérez

    "J’ai été scandalisée d’apprendre que vos services ont délivré un permis de construire, entraînant la démolition de la maison qui a abrité le siège de la Gestapo, entre 1942 et 1944. Cette décision m’a profondément choquée. Carcassonnaise et fille de républicains espagnols, j’ai œuvré au sein de l’Association F.R.E.39 (dissoute en 2008) à l’érection d’un Mémorial aux réfugiés républicains espagnols civils décédés à Carcassonne au moment de la Retirada. Ce Mémorial a été inauguré en février 2004 au cimetière La Conte. Vous comprendrez donc mon intérêt lorsque j’ai su que des résistants français et d’autres nationalités, dont des espagnols, ayant pris l’engagement de combattre l‘occupant nazi ont souffert dans leur chair en ce sinistre lieu. Je me suis intéressée à cette histoire et c’est ainsi que j’ai appris qu’à la libération, Carcassonne a été l’une des rares villes en France à faire un grand procès de la collaboration. Il s’agit du procès Bach, célébré aux Assises de Carcassonne du 26 au 28 juillet 1945 (voir archives du « Midi Libre » des 27, 28 et 30 juillet 1945), dont les actes judiciaires renferment les dépositions de 27 témoins, nombre d’entre eux, torturés dans cette maison de la Gestapo, au 67 route de Toulouse. Il est regrettable que ces archives détaillées, classées « sensibles », ne puissent être connues du grand public aujourd’hui. Lorsque ce sera le cas, Monsieur le député-maire, il serait ennuyeux pour vous d’avoir des regrets. Comment peut-on effacer de la sorte la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui ont été torturés dans ces lieux et envoyés ensuite dans les camps de la mort, dont très peu ont pu revenir. Dans le contexte que nous connaissons de résurgence de l’extrême droite, nous avons tous un devoir de mémoire envers celles et ceux qui ont combattu le fascisme au péril de leur vie et ont permis que nous vivions aujourd’hui dans une société démocratique. Je considère comme un affront fait aux valeurs de notre République, toute atteinte à un symbole permettant de remémorer notre passé pour les nouvelles générations. Monsieur le député-maire, je vous serai reconnaissante si vous pouviez faire annuler de manière définitive cette décision honteuse, permettant ainsi la préservation de ce lieu, afin que la mémoire de nos résistants ne soit pas bafouée. Dans l’attente, je vous prie de croire, Monsieur le député-maire, en l’assurance de mes sincères salutations."

    Annie Bonet