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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 386

  • La Cité a t-elle échappé au pire ?

    Au cours de son premier mandat à la tête de la ville de Carcassonne, le maire Raymond Chésa n'a qu'une idée : le développement économique et touristique de la capitale audoise. Il  a entrepris dès les premiers mois de sa mandature toute une série de transformations urbaines à l'intérieur du centre-ville, dont les plus marquantes sont la semi-piétonnisation et la création de deux parkings souterrains. Désireux de s'attaquer en même temps à l'épineux problème de la circulation des véhicules à l'intérieur de la Cité médiévale, il demande aux services techniques de la ville de mettre en musique un projet qui lui trotte dans la tête depuis longtemps. Après l'échec de l'escroquerie Orta, le maire qui espère toujours récupérer  les milliards de la société Espace International de Séjour, va tenter de lancer Carcassonne dans un projet pharaonique autant que polémique. 

    Le projet

    Présenté une première fois sur le bureau des Monuments historiques où il y resta plusieurs mois, la "Pénétrante Saint-Nazaire" allait ressortir des cartons en 1988 à la faveur d'une demande complémentaire d'informations adressée à la ville.

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    Il s'agit du creusement d'une voie souterraine d'accès à l'intérieur de la Cité pour les véhicules des habitants, de secours, des hôtels, de livraisons. Ses dimensions : 4,5 mètres de large pour 3,5 mètres de hauteur. Elle partirait du chemin des Ourtets, passerait sous les lices à partir de la tour Cautières et ressortirait juste en face de l'entrée du Grand Théâtre de la Cité. Selon la ville, l'entrée ne serait visible qu'à l'extérieur du site et indique qu'une fois l'accord obtenu, le tunnel sera achevé en trois mois. C'était sans doute faire peu de cas de fouilles risquant d'immobiliser le chantier pendant de longs mois...

    Quatre ans après...

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    Le projet revient à nouveau dans l'actualité au coeur de l'été encore plus fort, encore plus démesuré. Outre la construction du tunnel, il prévoit la transformation deux parkings aux abords de l'entrée de la Cité en souterrains. L'espace ainsi dégagé en surface pourra être utilisé pour diverses manifestations. À l'intérieur du site historique, les anciennes écoles seront entièrement rasées afin de laisser place à un parking souterrain de 350 places. Au-dessus, des commerces, une salle de congrès, un hôtel (2 étoiles),  des appartements résidentiels, un office du tourisme... Il est prévu la démolition de maisons (aujourd'hui, restaurant Balthazar) afin d'agrandir la place du Plô. Il faut un second lieu d'animations à la place Marcou, entièrement saturée.

    Le financement

    Le maire indique que tout sera à la charge d'investisseurs privés. La ville se contentera de vendre les terrains, les promoteurs réaliseront les projet. Cela va modifier l'aspect des rues de la Cité et dégager des financements pour la rénovation des façades. "Nous ferons la chasse aux débordements des terrasses et aux enseignes intempestives", indique t-il par ailleurs. "Plus d'authenticité, plus de médiévalité" n'a t-il même pas peur d'affirmer au final. Un concours sera lancé prochainement...

    Qu'a dit l'état ?

    Par la voix de M. Pierre Mistral, conservateur de la Cité, il n'est pas tout à fait opposé au projet mais indique que l'entrée du tunnel devra s'éloigner des tours et être la moins visible possible. "Toutes les modifications envisagées passeront à la moulinette des commissions". M. Mistral ne voit pas d'objections à ce qu'on détruise les écoles, car Violet-le-duc a bien rasé les anciennes maisons des lices pour des raisons d'esthétique. Même son de cloche du côté de François Pellissier, l'architecte des bâtiments de France.

    Le Conseil municipal

    A l'automne 1992, ce projet est une première fois débattu en séance où l'opposition municipale par la voix d'Henri Garino montre les dents : "Vous voulez privatiser la Cité !" Chésa répond qu'il ne s'agit en l'état que de lancer un concours. 

    Note du blog

    Ce projet ne sera jamais réalisé, malgré les avis plutôt favorable des commerçants de la Cité (MM. Solanille, Pueyo...). Si l'école de la Cité n'a rien de remarquable du point de vue architectural, qu'allait-on bâtir d'encore moins remarquable en lieu en place ? Il n'y a qu'à regarder ce qui a été construit durant la période au fond de la rue du grand puits, en dépit des règles d'esthétisme, pour s'en faire une idée précise... Plus grave encore, l'UNESCO, cinq années plus tard, n'aurait jamais accepté de classer la Cité comme patrimoine mondial. 

     Sources

    L'indépendant / Mars 1988

    La dépêche / 1992

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  • "Joë Bousquet ou le mouvement paradoxal", téléfilm tourné à Carcassonne en 1977

    Joë Bousquet ou le mouvement paradoxal

    est un téléfilm réalisé par

    Jean-Claude Morin

    et tourné dans Carcassonne pendant l'hiver 1977. Il sera diffusé le 11 mars de la même année sur FR3.

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    Ce court métrage de 13 minutes retrace à travers des documents d'archives et des scènes filmées dans Carcassonne, la vie résistante du poète audois. Il évoque la période de l'occupation durant laquelle, la chambre de Joë Bousquet servit de boite à lettre pour la résistance locale et de cache pour les intellectuels juifs ayant fui Paris. Madame Pataud, la soeur du poète, égréna tout au long du tournage une série d'anecdotes à ce sujet. Par exemple, comment Simone Veil transita par la chambre de Bousquet pour échapper à la répression des nazis. Le réalisateur aurait pu se contenter d'un documentaire en interrogeant René Nelli, Mme Pataud ou Gaston Bonheur, mais aidé par son épouse (Marie-France Briselance, historienne de l'art et productrice de télévision) il a effectué un véritable travail de recherche.

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    Ceci malgré quelques inexactitudes historiques, comme le Palais de justice de Carcassonne transformé en Kommandantur. Cette dernière occupait en vérité, l'Hôtel Terminus et l'Hôtel de la Cité.

    Synopsis

    Il se nourrit d'un épisode historique bien réel au cours duquel Bousquet réussit à prévenir les officiers et sous-officiers de l'armée française qu'ils allaient être arrêtés par les allemands. Dans le film, une résistante (L'actrice Mme Joly) subtilise la liste des anciens officiers et sous-officiers de l'armée française à l'intérieur de la Kommandantur ; ils allaient être déportés. Elle la rapporte à J. Bousquet qui prévient les chefs du maquis. Les allemands seront étonnés du faible nombre de ces haut-gradés en résidence à Carcassonne...

    Le tournage

    Filmé aux abords du Palais de justice et à l'intérieur de la maison de Joë Bousquet, ce téléfilm a été perturbé par la grève des comédiens. La grue nécessaire aux prises de vues fut remplacée par un camion-grue prêté par les services techniques de la mairie. Le réalisateur dut également se contenter de quatre feldwebel en tenue vert-de-gris, dont le peu de ressemblance avec les soldats de race aryenne de la Wehrmacht ne manqua pas de faire parler les curieux. Autres anachronismes, les mitraillettes n'étaient pas raccords avec celles utilisées par l'armée allemande.

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    Le bâtonnier Clément Cartier en bien mauvaise compagnie... en 1977.

    La maison de J. Bousquet

    En visionnant ce téléfilm, on revoit la demeure du poète audois dans son jus d'autrefois avant sa rénovation en Maison des mémoires.

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    MAISON-DES-MEMOIRES---CENTRE-JOE-BOUSQUET-1.jpg

    Vous pouvez visionner ce téléfilm sur le site de l'INA

    https://www.youtube.com/watch?v=i8gLj1EwHWk 

    Crédit photos

    Audimage

    (Avec l'aimable autorisation de P. Cartier)

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  • Le tortionnaire de la Villa de la Gestapo est inhumé dans Carcassonne.

    On lui aurait donné le bon Dieu sans confession avec sa gueule d'ange de premier communiant et pourtant...

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    © ADA 11

    C'est bien le diable qui se dissimulait derrière René Bach, agent du SD (Gestapo) de Carcassonne du 20 avril 1943 au 18 août 1944 après avoir proposé ses services comme interprète à la Kommandantur dès le 1er novembre 1943. Du haut de ses 23 ans, l'alsacien de Voellerdingen (Bas-Rhin) - Eh ! oui, il était français - a su se rendre utile et même faire preuve de zèle. Pour 3000 francs mensuels, plus quelques extras dérobés à ses victimes, il est passé en peu de temps, maître en coups de matraques et nerfs de boeufs.

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    La villa du 67 route de Toulouse

    Affuté aux pires techniques d'interrogatoires comme celles de la baignoire ou des brûlures sur les doigts, simulant l'exécution par pendaison ou arme à feu, la villa de la route de Toulouse fut le théâtre de ses méfaits. Ne croyez pas qu'il n'en fut pas moins efficace sur le terrain, comme à Trassanel où à Belcaire. 

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    © Pablo Iglesias

    Le 28 juillet 1945, la majorité des jurés (Yvonne Marcillac, Pierre Carbonne, Albert Sirven, Jacques Riffaud) de la cour d'assise de l'Aude répondent Oui à l'ensemble des 97 questions mettant en cause l'accusé pour vols, coups et blessures, meurtres et tentatives de meurtre, crimes de trahison. En foi de quoi, la cour le condamne à la peine de mort ; ceci après l'audition des témoins et victimes de l'agent du SD :

    Reine Bayle (Belcaire), Pierre Vacquier (Camurac), Roger Malet, Joseph Dieuzer (Carcassonne), Claire Comminges épouse Bringuier (Carcassonne), Antoine Rodriguez (Bram), Miguel Amantegui (Carcassonne), Jean Lopez (Carcassonne), Vincent Miralles, Marieront Antoine (Narbonne), Laurent Durand (Villeneuve-Minervois), Dr Camus (Narbonne), Henri Tournié (Carcassonne), Joseph Audirac (Quillan), Louis Ferral (Le bousquet), Louis Bousquet (Le Bousquet), Baptiste Seguy, Antoine Mortez (Le Bousquet), Gaetan Tristan (Le Bousquet), Jean Pijoan (Roullens), Francisco Rovira (Carcassonne), Mercedes Nunez (Carcassonne), André Verdier (Carcassonne), Pierre Tabouil (Mas Saintes-Puelles) et Robert Molinier (Castelnaudary).

    Un Pourvoi est adressé par son avocat. Il est rejeté le 14 août 1945

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    © Google maps

    C'est ici sur le champ de tir de Romieu, à la sortie de Carcassonne en direction de Bram, qu'est conduit René Bach au matin du 6 septembre 1945. 

    Procès Verbal d'exécution

    L'an mil neuf cent quarante cinq et le six septembre à 6 heures sur l'invitation de Monsieur le Procureur de la République de Carcassonne, nous Darles, Juges d'instruction à Carcassonne, assisté de Marty, notre greffier, et en présence de M. Moulais, substitut de M. le Procureur de la République. Nous sommes transportés à la Maison d'arrêt de Carcassonne, ou en notre présence le condamné Bach, 24 ans, interprète à Carcassonne, 8 rue P. Curie a été livré à l'Officier commandant le peloton chargé de mettre à exécution l'arrêt de la cour de justice de l'Aude du 28 juillet 1945. Le condamné a été conduit au terrain de Romieu près Carcassonne où l'exécution a eu lieu par fusillade à 7 heur

    Bach est ensuite inhumé en toute discrétion dans Carcassonne, où il repose depuis 70 ans. La concession a été acquise par sa famille, ainsi que la pierre tombale. Au milieu de ce lieu de repos éternel figurent également les martyrs du Quai Riquet, des résistants, des miliciens fusillés à la Libération. Finalement René Bach n'avait-il pas raison lorsqu'il déclara à son procès ?

    "Toutes les affaires ont été faites parce que les Français se sont dénoncés entre eux"

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    René Bach

    Décédé

    Le 6 septembre 1945

    à l'âge de 24 ans

    P.D.P.L*

    Concession

    à

    perpétuité

    * Priez Dieu Pour Lui

    Après la destruction de la villa de la Gestapo en janvier dernier c'est finalement le seul témoin historique qui la relie à elle. Tout cela a bien existé et nous ne souhaitons pas que cela puisse être un jour remis en cause. Nous savons que d'autres peuvent être d'un avis différent ; peut-être craignent-ils qu'elle ne devienne un lieu de dévotion à la gloire du nazisme. Nous respectons leur conscience, tout en assumant la nôtre.

    Sources

    Archives de l'Aude

    Midi-Libre / Juillet 1945

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