Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 383

  • Quand Jöe Bousquet tenta de sauver la Cité de la destruction

    Une folle rumeur circula après la Libération de Carcassonne selon laquelle les Allemands auraient miné la Cité en 1944 dans le but de la faire exploser au moment de leur départ. Depuis novembre 1942, la vieille dame de pierre servait de Quartier général à l'État-major allemand. Nous n'avons jamais pu vérifier encore dans les archives si Carcassonne était en passe de brûler comme Paris, en revanche plusieurs démarches ont été menées par divers érudits pour éviter cette possible destruction. L'article ci-dessous vous renseignera davantage.

    juin-1944-un-homme-sauve-la-cite-de-la-destruction-186527.html

    La Wehrmacht n'avait-elle pas rasé Varsovie, Lidice et tant d'autres villes à l'est de l'Europe sans aucun respect pour l'histoire des civilisations ? En cela, voyez que le nouveau nazisme nommé "Daesh" n'a rien inventé. De l'idéologie fanatique du nazisme du XXe siècle, nous passons aux fanatismes religieux en ce début du XXIe siècle.

    bousquet.jpg

    © Maison des mémoires / Centre J. Bousquet

    Le poète Jöe Bousquet écrit un lettre, adressée au préfet de l'Aude le 3 avril 1944, dans laquelle il lui demande de sauver la Cité médiévale. Ce courrier, je l'ai découvert dans un dossier aux Archives départementales de l'Aude.

    Au nom de mes compatriotes et amis je sollicite, Monsieur le Préfet, de votre haute bienveillance des démarches immédiates en vue d'obtenir que Carcassonne soit déclarée ville ouverte.

    La ville la plus ancienne de France et la seule dont la restauration ait constitué un fait mondial est le patrimoine commun de tous les grands pays belligérants. les archéologues et historiens allemands n'ont que l'exemple de notre Cité pour étayer leurs thèmes sur la construction wisigothe et leurs études sur ce point ont devancé et éclairé les nôtres. Les Anglais ont porté un grand intérêt à toutes les commémorations dont la Cité a été l'objet. Les Américains ont pris eux mêmes des initiatives dans ce sens et leur presse a célébré le bi-millénaire de Carcassonne.

    Toutes ces grandes nations se sont montrées déjà accessibles à des demandes comme la nôtre et il nous appartient de solliciter sans hésitation la grâce d'une ville si digne de l'obtenir. Elle est la seule qu'il suffise de nommer pour que la requête paraisse naturelle - et opportune, quand l'occupant, qui n'a à connaître que son devoir militaire, s'apprête à restituer à son rôle historique la ville qui était entrée vivante dans l'histoire. Mais comme tous les belligérants qui savent notre cas hors de pair, ils n'attendent peut-être que notre initiative pour laisser à Carcassonne son caractère éternel et respecter en elle un trésor européen.

    Joë Bousquet

    Commandeur de la Légion d'honneur

    Médaillé militaire

    Croix de guerre.

    _________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Taratata fête la musique à Carcassonne en juin 1993

    Nous étions tous... à un détail près : plusieurs heures de queue devant le Syndicat d'Initiatives pour obtenir le fameux sésame et seulement quelques invitations disponibles pour les jeunes Carcassonnais, non privilégiés. Des élus qui passent devant tout le monde et ressortent avec des invitations pour leurs amis et leurs familles, pendant que d'autres attendent et ne récoltent que des miettes, cela ne se fait pas. Si à Carcassonne... Eh ! oui, les temps n'ont pas changé depuis. Mis à part cette fâcheuse polémique, le ciel était bleu au-dessus de Carcassonne en ce début d'été 1993 et promettait d'offrir aux 2500 chanceux ayant pris place dans le Grand théâtre de la Cité, un moment inoubliable.

    taratata logo.jpg

    Pour la première fois, la fête de la musique diffusée sur France 2 s'exportait en province. Nagui, qui dit-on avait une amourette du côté de Caunes-Minervois, connaissait un peu Carcassonne et avait choisi sa Cité avec ses vieilles rues ; elle représentait l'âme des villages de France. En dehors du théâtre des lieux comme la place Marcou ou le parvis de la Basilique St-Nazaire furent utilisés. Afin de ne pas monopoliser longtemps l'espace des cafetiers, le passage musical de six vedettes avait été enregistré le samedi 19 juin.

    TARATATA 93-001.jpg

    Les Pow-Wow et Nagui sur la place St-Nazaire.

    Nagui arriva sur place par avion le mercredi 16 juin et ses invités arrivèrent la veille du direct pour la répétition générale, soit le dimanche 20 juin. Parmi eux : Claude Nougaro, Liane Foly, The Christian's, Stéphane Eicher, Véronique Samson, Pauline Ester, Laurent Voulzy, Julien Clerc, Patrica Kaas, Mauranne, Patrick Bruel... 32 artistes et 52 musiciens.

    nagui.jpg

    ©  La dépêche / Bérangère Robinet

    C'est également le dimanche qu'eurent lieu les prises de vues pour le générique auquel participa la société Vision-sud de Carcassonne. Un hélicoptère filma la Cité et son théâtre ; Nagui voulait mettre en valeur ses vieilles pierres. De ce point de vue,  ce fut impressionnant à la télévision.

    Cité taratata.jpg

    Le jeune public dut se mettre en place dans le Grand théâtre deux heures avant le direct. Interdiction de se lever même pour aller aux toilettes. L'ambiance n'en était pas moins surchauffée ; Alvaro, le chauffeur de salle de Taratata, eut beaucoup de mal à apprivoiser ce public qui ne cessait de crier "Car-cas-son-ne" en l'accompagnant de claquements de mains. 

    TARATATA 93-015 copie.jpg

    Gérard Pullicino en véritable chef-d'orchestre de la réalisation pilotait 280 techniciens, 12 caméras et une louma (grue articulée) alimentés par 350.000 watts en son et 40.000 watts en lumière.

    hille.jpg

    La cantine de toute l'équipe de Taratata a été assurée pendant une semaine par le traiteur Carcassonnais Pierre Hille. Ici, devant sa paella géante.

    Eicher BaV.jpg

    En marge de Taratata, Stéphane Eicher improvisa un concert gratuit accompagné par des musiciens Carcassonnais, au Bar à vins du regretté Philippe Calvet. L'artiste suisse devait ensuite acheter une maison dans la Montagne-noire et enregistrer son album "Carcassonne" dans l'Hôtel de la Cité.

    Au final, une superbe publicité pour Carcassonne avec 7,4 points d'audience (3 724 980 téléspectateurs) et 20 % de part de marché. Nagui reviendra l'année suivante en juin 1994.

    Sources

    La dépêche

    Merci à A. Machelidon pour ses photos

    __________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • L'épuration sauvage à la Libération de Carcassonne

    On pourrait toujours rabâcher la belle histoire qui arrange trop souvent la conscience des biens pensants ; celle qui enjolive la vérité sur certains héros tardifs d'hier érigés à la Libération en procureurs de l'épuration expéditive. Assassiner, voler ou tondre ne constitue pas un acte héroïque, loin s'en faut... Lorsqu'on a le temps et la chance de se plonger dans la vraie histoire que l'on trouve dans les dossiers d'archives, on trouvera le discernement nécessaire pour mettre un terme aux idées reçues. Vous savez bien, celles contenues dans certains manuels d'histoire où à la fin les gentils sont très gentils et les méchants, très méchants. Quand on mesure l'étendue de l'âme humaine peut-on sincèrement croire que certains de ces hommes se sont ainsi rangés d'un côté, sans intérêts ni prédation. Laissons donc aller notre esprit critique en évitant autant que possible les préjugés des sentences populaires. Elles n'ont fait que trop de mal en maculant l'intégrité des libérateurs par des actes d'une cruauté sans nom. 

    Si la vraie Résistance au sein des Comités d'épuration a mis en place des Cours de justice dans le respect du droit, afin de décider du sort des collaborateurs et miliciens, il en est qui se revendiquant d'elle ont déshonoré la cause qu'elle défendait. En son sein, des hommes ont assassiné sans jugement à la prison de Carcassonne, torturé et volé dans le canton de Limoux, assassiné le capitaine "Charpentier" parce qu'il avait découvert le vol d'argent parachuté, tondu de pauvres femmes...etc. Le pire c'est que ces misérables ont bénéficié de la loi d'amnistie de 1954 et de l'appui des réseaux politiques auxquels ils appartenaient dans les maquis. Tout cela entachant les valeurs de Résistance, il a fallu sauver ces mécréants.

    Les Carcassonnais, comme ailleurs, se sont acharnés sur des femmes déconsidérées pour avoir couché avec des "bôches". On appelle cela la collaboration horizontale... L'actrice Arletty en fut le symbole d'après-guerre : "Mon coeur est Français, mais mon cul est international" dira t-elle à ses juges. Certaines les ont aimé tout simplement et des enfants sont nés de ces relations, d'autres leur ont soutiré des infos pour la Résistance, encore d'autres se sont révélées indicatrices de la Gestapo.

    L'épuration sauvage

    Peu de temps après le départ des Allemands, des pseudo-résistants vont se livrer dans Carcassonne à des pratiques en dehors des règles de droit. Outre les forfaits contre les miliciens et collabos, les femmes ne vont pas être épargnées par cette répression. Toutes celles- enfin presque - qui seront reconnues sans jugement, sans preuves et le plus souvent sur la rumeur, pour avoir eu des relations avec l'occupant, seront molestées et tondues.

    20150812_182816.jpg

    C'est dans cette maison bourgeoise, située en haut de la rue de la liberté qu'elles seront livrées à la honte publique et promenées à travers la ville.

    ES-11.jpg

    © secretintelligenceservice

    Les officiers de la Kommandantur 734 de Carcassonne comme le colonel Bodo Gieche ou Frank Raith ont eu chacun des maîtresses françaises avec lesquelles ils ont habité en ville. Pour ce dernier, ce fut 27 rue du 4 septembre. Parmi les horreurs de la guerre, notons l'histoire de cet enfant abandonné à l'écluse du Fresquel au Pont rouge chez Mme X, pendant que ses parents Franz Dierkes et sa maître Élisabeth Sinitzine fuyaient Carcassonne en août 44. D'après le C.N.R.S, on recense 100.000 enfants nés de liaisons entre françaises et soldats allemands. 

    Il n'est pas question d'exonérer les responsabilités de certaines de ces femmes qui ont vraiment collaboré et dénoncé des patriotes. La plupart ont échappé à l'épuration sauvage en fuyant avec leurs amants. D'autres l'ont subi ou ont été jugées par la Cour de justice. L'épuration sauvage a eu raison d'une jeune femme Carcassonnaise tondue sur la rumeur ; elle était vierge... Elle s'est suicidée quelques jours après.

    ____________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015