Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 383

  • Le mystère est levé sur le cadavre de la tombe 17...

    Le 12 août 2014, j'évoquais l'histoire de la disparition du cadavre d'un responsable de la Résistance, retrouvé calciné le 6 septembre 1944 en bordure de la route menant au Mas-des-cours. Il s'agissait de Noël Blanc, alias Charpentier, envoyé par Londres pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent destinée aux maquis, après un parachutage. Il est indispensable que vous relisiez cet article en lien ci-dessous afin de comprendre ce qui va suivre :

    ou-est-donc-passe-le-cadavre-de-la-tombe-17-196446.html

    Depuis ce temps, je me suis rendu aux archives départementales de l'Aude où j'ai tenté de retrouver certains dossiers jusque-là classifiés. J'ai découvert les dépositions des témoins ayant découvert le cadavre, quelques rapports de police, les lettres du préfet et les sanctions prononcées contre un de ses agents. Voilà un puzzle, qui reconstitué, va nous éclairer sur cette ténébreuse affaire...

    ponceau.jpg

    C'est là... sous ce ponceau situé à 800 mètres de la ferme de Cassagnac en direction de Fajac-en-val qu'a été découvert le cadavre de Charpentier.

    La découverte du cadavre

    Le 7 septembre 1944, Jean Labadie et Henri Mas, Maréchaux-des-logis chef, rédigent un rapport dans lequel ils indiquent avoir été prévenus par le Président de la Commission de Libération de Palaja, de la découverte du cadavre d'un homme sous un ponceau de la route départementale 42, à proximité de la ferme Montgrand, en direction du Mas-des-cours. Ce sont deux hommes qui, partis pour chercher des champignons, ont fait la macabre découverte en voulant cacher leurs bicyclettes sous ce ponceau. Il était impossible d'apercevoir le corps depuis la route ; l'entrée du petit pont était obstruée par quelques ronces. 

    Constatations sur la victime

    Le corps était allongé de tout son long, la face tournée vers le haut et les mains crispées repliées vers le milieu du corps. Après avoir été arrosé d'un liquide inflammable, le ou les assassins ont mis le feu au cadavre qui a été entièrement brûlé. Une quinzaine d'allumettes ont été allumées et jetées près du corps. La victime était habillée d'un costume bleu marine avec rayures blanches, une chemise gris-bleu à manchettes, nu-tête, les chaussures complètement détruites par le feu. On a retrouvé des boutons de manchettes qui ont été déposées comme pièces à conviction. La victime a été tuée à l'aide d'une arme à feu et transportée ensuite en ce lieu désert, puis incendiée avec un liquide inflammable. Aucune douille n'a été retrouvée à proximité ou dans les environs. Aucune pièce d'identité n'a pu être trouvée sur lui.

    Les témoins  

    M. Ricard Joseph, Président de la Commission de Libération de Palaja, déclare à 17h :

    "Aujourd'hui, six septembre 1944, vers 12h45, j'ai été avisé par les nommés Plantier et Roquefort, tous deux de Carcassonne, que le cadavre d'un homme, se trouvait sous un ponceau de la route départementale N°42 de Palaja à Fajac-en-val, à 3,5 km au sud-est de Palaja. Je vous ai avisé aussitôt et j'ai mandé d'urgence un docteur en médecine. Je ne me suis pas rendu sur les lieux avant votre arrivée. Je ne connais pas cet homme comme étant de la région. Dans ma commune aucune disparition ne m'a été signalée. Durant ces derniers jours, je n'ai remarqué aucun véhicule suspect passer à Palaja. Cette route avant la rentrée des F.F.I à Carcassonne, était peu fréquentée ; il n'en est pas de même actuellement."

    Laganthe Élie, 73 ans ; André Besse, 38 ans et Rios Narcisse, 46 ans ;  demeurant respectivement à la ferme Montgrand (située à 500 mètres) et à la ferme Cassagnac (située à 800 mètres), n'ont rien entendu et n'ont rien vu de suspect.

    Pierre Roquefort, 38 ans, chauffeur domicilié à Carcassonne et son camarade Plantier Étienne, 46 ans, mécanicien à Carcassonne ont déclaré avoir découvert le corps en allant aux champignons, le 6 septembre 1944. En voulant cacher leurs vélos, ils ont vu un homme étendu sous le ponceau au petit matin. Avec l'obscurité, ils n'ont d'abord pas vu qu'il s'agissait d'un cadavre, mais plutôt un individu en train de dormir ou encore un "bôche". Après leur cueillette, ils sont retournés à midi voir si l'homme y était toujours. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il se sont aperçu avec le jour, qu'il s'agissait d'un homme carbonisé.

    Certificat médical

    Le Dr Henri Piétréra, médecin assermenté a constaté que la victime avait tué par une balle de révolver ayant pénétré dans l'espace inter-uno vertébrale gauche et est sortie en avant au-dessus de la clavicule gauche. Le corps a été brûlé après la mort.

    L'enquête

    Elle mènera à la clinique du Bastion de Carcassonne, après la réouverture de l'enquête suite au décès suspect du Dr Cannac dans cette même clinique. Il semble évident qu'une partie de la Résistance ait occis Charpentier. Mais qui ? L'infirmière Thérèse Paillet s'accuse du meurtre ; elle indique que Charpentier l'avait menacé de ses avances et qu'elle a agi par légitime défense. Puis, elle se rétracte... Elle accuse le Dr Cannac d'être l'assassin car il fallait l'éliminer, c'était un traître. Thèse également soutenue par une partie des Résistants mais démontée par l'autre partie. Qui croire ? Facile de faire porter la responsabilité sur un   défunt ; le Dr Cannac venu se suicider (chose étrange) depuis Antibes - où il s'était réfugié après la guerre - le lendemain dans la clinique Delteil. Tout ceci va créer un véritable émoi dans la presse locale et la presse nationale ; détective et Paris-Match font leur gros titre.

    On étouffe l'affaire ?

    J'ai retrouvé une lettre du Préfet de l'Aude datée du 28 novembre 1952. Elle adressée au Ministre :

    "Cette affaire est de nature à avoir des répercutions considérables dans mon département et peut-être même sur le plan national, en faisant hâter le procès du ou des assassins de Charpentier (Blanc) et de mettre en cause un certain nombre de personnes considérées comme honorables."

    Des documents disparaissent

    Parmi les policiers Carcassonnais épurés (ils sont nombreux), J'en ai trouvé un qui a été sanctionné pour avoir participé aux activités pro-allemandes et pour avoir faire disparaître des documents très importants du dossier d'enquête de l'affaire Charpentier. Tiens donc... 

    On sait où est Charpentier

    Ce cadavre inhumé à Saint-Michel dans la tombe 17, puis placé dans le caveau des martyrs de la Résistance, avant d'être envoyé à Chäteauneuf (Vosges) à la demande de la veuve, n'a jamais été celui de Charpentier. On a subtilisé le corps à la morgue, afin qu'aucune nouvelle autopsie ne puisse être pratiquée, tout en plaçant deux individus inconnus dans le cercueil. Plus de corps, beaucoup moins de chances de résoudre l'énigme du crime... Mais alors, où est passé le corps de Charpentier ? Nous avons trouvé la réponse manuscrite au bas d'un document confidentiel de la police, en date du 24 décembre 1953. Nous sommes à cette époque en plein procès de l'affaire Delteil, Cannac, Charpentier...

    corps.jpg

    "On ne le retrouvera pas. Il est enterré avec le corps de miliciens"

    Au début du mois de septembre 1944, certains miliciens Carcassonnais (n'ayant pas pu fuir) ont été fusillés à la caserne Laperrine. Qui a pu placer le corps de Charpentier avec celui des Miliciens ? J'ai mon idée... L'implication de certains Résistants à faire disparaître un responsable venu enquêter sur le vol d'argent parachuté, me semble se faire plus nette.  Qu'entend le Préfet par "personnes considérées comme honorables" ? Qui a t-on voulu protéger ?... Je vous invite à regarder les élections d'après-guerre, vous verrez des amitiés de circonstance faire alliance en dépit d'idéologies politiques à priori opposées. Carcassonne conserve encore ses secrets...

    Sources

    Archives de l'Aude

    ____________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La Cité a t-elle échappé au pire ?

    Au cours de son premier mandat à la tête de la ville de Carcassonne, le maire Raymond Chésa n'a qu'une idée : le développement économique et touristique de la capitale audoise. Il  a entrepris dès les premiers mois de sa mandature toute une série de transformations urbaines à l'intérieur du centre-ville, dont les plus marquantes sont la semi-piétonnisation et la création de deux parkings souterrains. Désireux de s'attaquer en même temps à l'épineux problème de la circulation des véhicules à l'intérieur de la Cité médiévale, il demande aux services techniques de la ville de mettre en musique un projet qui lui trotte dans la tête depuis longtemps. Après l'échec de l'escroquerie Orta, le maire qui espère toujours récupérer  les milliards de la société Espace International de Séjour, va tenter de lancer Carcassonne dans un projet pharaonique autant que polémique. 

    Le projet

    Présenté une première fois sur le bureau des Monuments historiques où il y resta plusieurs mois, la "Pénétrante Saint-Nazaire" allait ressortir des cartons en 1988 à la faveur d'une demande complémentaire d'informations adressée à la ville.

    tunnel.jpg

    Il s'agit du creusement d'une voie souterraine d'accès à l'intérieur de la Cité pour les véhicules des habitants, de secours, des hôtels, de livraisons. Ses dimensions : 4,5 mètres de large pour 3,5 mètres de hauteur. Elle partirait du chemin des Ourtets, passerait sous les lices à partir de la tour Cautières et ressortirait juste en face de l'entrée du Grand Théâtre de la Cité. Selon la ville, l'entrée ne serait visible qu'à l'extérieur du site et indique qu'une fois l'accord obtenu, le tunnel sera achevé en trois mois. C'était sans doute faire peu de cas de fouilles risquant d'immobiliser le chantier pendant de longs mois...

    Quatre ans après...

    Tunnel 2.jpg

    Le projet revient à nouveau dans l'actualité au coeur de l'été encore plus fort, encore plus démesuré. Outre la construction du tunnel, il prévoit la transformation deux parkings aux abords de l'entrée de la Cité en souterrains. L'espace ainsi dégagé en surface pourra être utilisé pour diverses manifestations. À l'intérieur du site historique, les anciennes écoles seront entièrement rasées afin de laisser place à un parking souterrain de 350 places. Au-dessus, des commerces, une salle de congrès, un hôtel (2 étoiles),  des appartements résidentiels, un office du tourisme... Il est prévu la démolition de maisons (aujourd'hui, restaurant Balthazar) afin d'agrandir la place du Plô. Il faut un second lieu d'animations à la place Marcou, entièrement saturée.

    Le financement

    Le maire indique que tout sera à la charge d'investisseurs privés. La ville se contentera de vendre les terrains, les promoteurs réaliseront les projet. Cela va modifier l'aspect des rues de la Cité et dégager des financements pour la rénovation des façades. "Nous ferons la chasse aux débordements des terrasses et aux enseignes intempestives", indique t-il par ailleurs. "Plus d'authenticité, plus de médiévalité" n'a t-il même pas peur d'affirmer au final. Un concours sera lancé prochainement...

    Qu'a dit l'état ?

    Par la voix de M. Pierre Mistral, conservateur de la Cité, il n'est pas tout à fait opposé au projet mais indique que l'entrée du tunnel devra s'éloigner des tours et être la moins visible possible. "Toutes les modifications envisagées passeront à la moulinette des commissions". M. Mistral ne voit pas d'objections à ce qu'on détruise les écoles, car Violet-le-duc a bien rasé les anciennes maisons des lices pour des raisons d'esthétique. Même son de cloche du côté de François Pellissier, l'architecte des bâtiments de France.

    Le Conseil municipal

    A l'automne 1992, ce projet est une première fois débattu en séance où l'opposition municipale par la voix d'Henri Garino montre les dents : "Vous voulez privatiser la Cité !" Chésa répond qu'il ne s'agit en l'état que de lancer un concours. 

    Note du blog

    Ce projet ne sera jamais réalisé, malgré les avis plutôt favorable des commerçants de la Cité (MM. Solanille, Pueyo...). Si l'école de la Cité n'a rien de remarquable du point de vue architectural, qu'allait-on bâtir d'encore moins remarquable en lieu en place ? Il n'y a qu'à regarder ce qui a été construit durant la période au fond de la rue du grand puits, en dépit des règles d'esthétisme, pour s'en faire une idée précise... Plus grave encore, l'UNESCO, cinq années plus tard, n'aurait jamais accepté de classer la Cité comme patrimoine mondial. 

     Sources

    L'indépendant / Mars 1988

    La dépêche / 1992

    _________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • "Joë Bousquet ou le mouvement paradoxal", téléfilm tourné à Carcassonne en 1977

    Joë Bousquet ou le mouvement paradoxal

    est un téléfilm réalisé par

    Jean-Claude Morin

    et tourné dans Carcassonne pendant l'hiver 1977. Il sera diffusé le 11 mars de la même année sur FR3.

    Mouvement-paradoxal-4 copie.jpg

    Ce court métrage de 13 minutes retrace à travers des documents d'archives et des scènes filmées dans Carcassonne, la vie résistante du poète audois. Il évoque la période de l'occupation durant laquelle, la chambre de Joë Bousquet servit de boite à lettre pour la résistance locale et de cache pour les intellectuels juifs ayant fui Paris. Madame Pataud, la soeur du poète, égréna tout au long du tournage une série d'anecdotes à ce sujet. Par exemple, comment Simone Veil transita par la chambre de Bousquet pour échapper à la répression des nazis. Le réalisateur aurait pu se contenter d'un documentaire en interrogeant René Nelli, Mme Pataud ou Gaston Bonheur, mais aidé par son épouse (Marie-France Briselance, historienne de l'art et productrice de télévision) il a effectué un véritable travail de recherche.

    Mouvement paradoxal-1 copie.jpg

    Ceci malgré quelques inexactitudes historiques, comme le Palais de justice de Carcassonne transformé en Kommandantur. Cette dernière occupait en vérité, l'Hôtel Terminus et l'Hôtel de la Cité.

    Synopsis

    Il se nourrit d'un épisode historique bien réel au cours duquel Bousquet réussit à prévenir les officiers et sous-officiers de l'armée française qu'ils allaient être arrêtés par les allemands. Dans le film, une résistante (L'actrice Mme Joly) subtilise la liste des anciens officiers et sous-officiers de l'armée française à l'intérieur de la Kommandantur ; ils allaient être déportés. Elle la rapporte à J. Bousquet qui prévient les chefs du maquis. Les allemands seront étonnés du faible nombre de ces haut-gradés en résidence à Carcassonne...

    Le tournage

    Filmé aux abords du Palais de justice et à l'intérieur de la maison de Joë Bousquet, ce téléfilm a été perturbé par la grève des comédiens. La grue nécessaire aux prises de vues fut remplacée par un camion-grue prêté par les services techniques de la mairie. Le réalisateur dut également se contenter de quatre feldwebel en tenue vert-de-gris, dont le peu de ressemblance avec les soldats de race aryenne de la Wehrmacht ne manqua pas de faire parler les curieux. Autres anachronismes, les mitraillettes n'étaient pas raccords avec celles utilisées par l'armée allemande.

    Cartier-allemands copie.jpg

    Le bâtonnier Clément Cartier en bien mauvaise compagnie... en 1977.

    La maison de J. Bousquet

    En visionnant ce téléfilm, on revoit la demeure du poète audois dans son jus d'autrefois avant sa rénovation en Maison des mémoires.

    Capture d’écran 2015-08-15 à 12.14.40.png

    MAISON-DES-MEMOIRES---CENTRE-JOE-BOUSQUET-1.jpg

    Vous pouvez visionner ce téléfilm sur le site de l'INA

    https://www.youtube.com/watch?v=i8gLj1EwHWk 

    Crédit photos

    Audimage

    (Avec l'aimable autorisation de P. Cartier)

    ____________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015