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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 380

  • Michel Briguet (1918-1997), pianiste concertiste et musicologue

    Michel Briguet naît à Bordeaux le 23 août 1918 et fait ses études de piano au conservatoire de cette ville où il commence à donner des concerts.

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    Il est alors appelé sous les drapeaux comme sous-officier à la caserne Laperrine de Carcassonne le temps de son service militaire ; il a alors une vingtaine d'années. Comme tout militaire de son rang, il peut loger en dehors de la caserne et s'installe dans chambre située chez madame Sigé, rue Andrieu. Il a sans doute fait amener son piano puisqu'il donne quelques conseils à Isabelle Alay, une toute jeune pianiste qui enseignera plus tard cet instrument à de nombreux Carcassonnais. C'est dans la capitale audoise que Michel Briguet fait la connaissance de sa future épouse, Jeannine Mons qui habite cette ville avec sa famille. Pendant la guerre, il est réfugié en Creuse avec sa femme Jeanne et son fils Bernard.

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    A partir de 1949, Michel Briguet entame une longue collaboration avec les Jeunesses Musicales de France. Il présente plus de 2000 concerts, intervient à la radio, écrit des ouvrages pédagogiques.

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    Il organise des visites musicales dans les entreprises, les centres de loisirs, les villages... Partout où l'on peut faire connaître la musique classique. À ce sujet, le compositeur Carcassonnais Jacques Charpentier que j'ai interrogé se souvient parfaitement de Michel Briguet :

    "Cela devait être en 1958, quand je participais avec Michel Briguet dans le cadre des J.M.F à des concerts de piano à la ferme. Nous arrivions en train, mais le piano à queue avec l'accordeur était acheminé en camion ; c'est alors que nous donnions des concerts en milieu rural, dans des fermes pour exporter la musique classique."

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    C'est également un conférencier hors de pair qui vulgarise la musique et la rend familière aux oreilles des auditeurs les plus profanes.

    Et ce fut la révélation : il existait donc une musique capable de convaincre, de combler, de soulever ceux-là même qui en ignorent tout ! Michel Briguet n’allait pas par quatre chemins, il ne parlait que de musique mais il en parlait comme on parle des choses de la vie. Bref, il parlait d’évidence et il jouait de même. Avec lui, tout devenait si naturel, si profondément nécessaire ! Aujourd’hui, à quelque trente ans de distance, je salue en Michel Briguet un prédicateur, un musicien apôtre comme il y en a peu et qui met tout son talent à faire partager sa passion. Car on ne sait ce qu’il faut admirer le plus, de ses qualités d’interprète ou de son pouvoir de persuasion. Sans doute, dans tout le pays, sont-ils nombreux ceux qui, comme moi, lui doivent ce qui a donné sens et richesse à leur vie. (Maurice Fleuret - Directeur de la musique au Ministère de la Culture)

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    En sa qualité de pianiste concertiste, Michel Briguet vouait une admiration sans bornes à Frédéric Chopin dont il enregistrera sur disque plusieurs de ses Polonaises. Il apparaît même dans un film de Robert Bresson ayant pour titre "L'argent" en 1983, dans lequel il joue la "Fantaisie chromatique et fugue" de J.S Bach.

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    Olivier Messiaen et Michel Briguet

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    Michel Briguet et Marcel Landowski

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    Michel Briguet repose au cimetière Saint-Michel de Carcassonne dans le caveau de sa belle-famille avec son épouse. Il est décédé à Paris le 5 mai 1997.

    Sources

    Je remercie M. Christian Briguet (son fils) et ma tante Isabelle Alay.

    Wikipédia

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  • Le Saint-Suaire de Carcassonne a t-il enveloppé le corps du Christ ?

    Carcassonne est l'une des villes au monde à posséder depuis le XIIIe siècle, une relique en étoffe qui aurait servi à envelopper le corps de Jésus après sa mort. La plus connue d'entre elles, est bien entendu le suaire de Turin. Grâce au travail remarquable de Claude-Marie Robion et de Michelle Fournié, nous en savons davantage sur l'origine, le parcours et la nature de ce linceul.

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    Origines

    Selon le R.P Bouges et Alphonse Mahul, ce Saint-Suaire aurait été rapporté d'Orient par deux frères Augustins. La date de 1298 que donne le R.P Bouges correspond avec le départ des Occidentaux après la prise de Saint-Jean d'Acre. Elle coïncide également avec la construction à la fin du XIIIe siècle, de la nouvelle église des Augustins. La légende prétend que la relique aurait choisi elle-même Carcassonne puisque les frères ne trouvant pas le chemin de Toulouse où ils souhaitaient la déposer, la laissèrent dans la ville basse. A la fin du XIVe siècle, un nouvel oratoire aurait été bâti dans le couvent des Augustins pour le Saint-Suaire. Il concurrence celui de Cadouin, déposé à Toulouse.

    Le procès

    En 1403, les moines cisterciens de Cadouin intentent un procès pour récupérer le suaire de Carcassonne. Ils prétendent qu'il est une partie de celui de Cadouin, dérobé par les R.P Augustins et demandent la destruction de l'oratoire de Carcassonne et la restitution des émoluments. En fait, le suaire des Augustins concurrence directement celui conservé à Toulouse dans le collège Saint-Bernard. Les deux rapportent des offrandes grâce aux miracles qu'ils produisent et dûment constatés. Le 12 novembre 1403, le pape Benoît XIII remet le suaire comme possession des Augustins, avec défense aux abbés de Cadouin d'intervenir contre eux à l'avenir. Le jugement est signifié le 13 décembre 1403. Un jugement royal de Charles VI va dans le même sens, le 22 mars 1404.

    Les miracles

    Onze miracles début 1403 et quarante-sept fin à la fin de cette année, on été constatés d'official du diocèse d'après le procès. 

    "Le père Bouges en détaille quatre : celui d'Isabeau Albumen, trente ans, qui accablée de douleurs n'avait pu parler pendant quinze jours ; elle réussit à parler à la suite d'un voeu au suaire de Carcassonne ; ayant comparu devant l'official, elle dit croire que ce suaire était un de ceux qui enveloppèrent le corps du Christ. Elle en avait entendu parler par Flore, épouse de Pierre Brungerie qui avait été guérie d'une maladie aux yeux dont il a souffert pendant quinze ans. Jeanne Marini, elle, a été affectée d'une fluxion aux yeux pendant huit mois ; du miracle dont a bénéficié Paul Tussens, un chanoine de la cathédrale, et de sept autres miracles nous ne saurons rien. (Michelle Fournié)

    L'ensemble de ces miracles a fortifié le culte au suaire de Carcassonne. La confrérie fondée peu avant 1397 s'étend à la fin du Moyen-âge au Languedoc, Catalogne, Aragon, Royaume de Navarre, Royaume de Valence. Les ostentions attirent près de 10 000 pèlerins.

    Après une période de déclin aux XVIIe et XVIIIe siècles, le suaire est solennellement transporté à l’hôpital en 1791. Les ostensions, très rémunératrices, se poursuivent pendant tout le XIXe siècle. Confié à un notaire de la ville en 1795, le suaire est restitué à l’évêque en 1802 et réintègre la chapelle de l’hôpital en 1803. Au début du XXe siècle, il est transféré dans une chapelle de l’église Saint-Michel devenue cathédrale. Le culte s’interrompt de manière progressive et sans ordonnance épiscopale. 

    Les doutes

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    Le suaire de Carcassonne

    Après que l'on a finalement désigné le suaire de Cadouin comme étant un manteau médiéval fabriqué vers 1100 en Égypte pour un émir arabe, les doutes se lèvent au sein de l'évêché de l'Aude sur l'origine de celui de Carcassonne dans les années 1930. En 1970, le linceul est transféré dans le trésor de la cathédrale Saint-Michel. En 1991, une datation au carbone 14 réalisée par un laboratoire de l'université d'Oxford, révèle qu'il s'agit d'un tissu de la fin du XIIIe siècle. 

    Note du blog

     Comme pour les suaires de Cadouin ou de Turin, il n'y eut pas de miracle ; la science a parlé. Il n'en demeure pas moins que pour les deux derniers cités, la dévotion et la curiosité attirent encore des milliers de visiteurs. Ils sont exposés à la vue du public sinon comme des objets de culte, tout du moins comme des instruments de légende et d'histoires. À Carcassonne, c'est tout à fait différent. Le suaire est enfermé à double tour dans une commode de la sacristie de la cathédrale Saint-Michel. L'abbé refuserait systématiquement à toute personne de le voir, prétextant qu'il s'agit d'un objet de culte. Le carbone 14 a surtout révélé qu'il s'agissait d'un objet historique. D'après mes sources, ce linceul est la propriété de l'état puisqu'il se trouve dans la cathédrale.

    Pourquoi donc Carcassonne se priverait-elle de la manne touristique, qui pourrait découler de l'exposition dans une vitrine de ce tissu ? À Cadouin (Dordogne), c'est un fac-similé du suaire qui est exposé pour ne pas altérer l'original. Avec quelques oboles laissées à la discrétion des visiteurs, l'évêché pourrait même envisager de financer la restauration de l'église des Carmes. Voilà donc une suggestion que je laisse à votre jugement...

    Sources

    Le Saint suaire de Carcassonne au Moyen-âge / Michelle Fournié/ Bull. SESA. Tome 110. 2011

    Une relique dans la ville / Claude-Marie Robion/ Bull.SESA. Id

    sanctuaires.coldev.org

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  • Le voyage de Sa Majesté le Roy Louis XIV à Carcassonne en 1660

    En ce 300e anniversaire de la mort de Louis XIV qu'on ne célèbrera pas à Carcassonne - pas plus que l'on a célébré celui de Saint-Louis, alors même que cela aurait fait parler de notre ville en des termes bien plus élégants que les jeux du cirque de l'espace Jean Cau - nous allons évoquer le séjour du Roi soleil le premier jour de l'an de grâce 1660.

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    Le voyage en Languedoc

    Après la signature du traité des Pyrénées le 7 novembre 1659, le roi se rend le 8 novembre au Couvent des Augustins de Toulouse pour le Te Deum. Le lendemain, il reçoit en cette ville le duc Charles de Crécy porteur du traité de paix avec l'Espagne, ainsi que le texte du contrat de mariage avec l'infante Marie-Thérèse d'Autriche. Préparé à Saint-Jean-de-Luz, les documents officiels ont été signés par le cardinal Mazarin et Don Luis de Haro.

     Le  21 novembre, à l'occasion de la Présentation de la Vierge Marie, le Roi va faire ses Dévotions en l'église de St Etienne, puis le lendemain, à deux lieues de Toulouse à la rencontre du cardinal Mazarin qui arrive de St Jean de Luz. Le 24 novembre, Louis XIV accorde une audience aux Députés de la Cour des aides et de la Cour des comptes de Montpellier qui lui sont présentés par l'évêque d'Albi (Gaspard de Daillon de Lude).

    28 novembre: le Roi fait la revue de son régiment des gardes françaises et suisses et accorde ensuite une audience aux députés de Montauban. 30 novembre: le Roi reçoit le maréchal duc Antoine III de Gramont de Toulonjon, de retour de son ambassade à Madrid. Le 2 décembre 1659: A l'occasion de la fête de St FRançois Xavier, le Roi va entendre la messe en l'église professe des Jésuites.

    3 décembre: Le Roi assiste à la représentation d'une pièce intitulée "le siècle d'or captif mis en liberté par la paix, jouée par les écoliers de la maison professe des Jésuites de Toulouse. Toujours dans cette même ville, le Roi reçoit le 6 décembre des envoyés des villes de Mayence et de Cologne. 15 décembre: Le Roi accorde son audience de congé à l'ambassadeur de Venise, Francesco Giustiniani et reçoit les députés de Provence. 21 décembre: Le Roi fait faire l'exercice à ses mousquetaires dans le jardin de l'archevêché de Toulouse. 23 décembre: Le Roi reçoit le sieur Francesco Bellizani, résident du prince de Mantoue, Charles III de Gonzague, pour son audience de congé. Les 24 et 25 décembre: A Toulouse, le Roi commence par entendre les matines de Noël en l'église des Augustins déchaussés, puis assiste au même endroit aux trois messes. Le matin, il se rend à St-Etienne pour entendre celle qu'y célèbre l'archevêque pierre de Marca. L'après-midi, il y retourne pour la prédication du père Félix Cueillens, cordelier. Le 28 décembre: la famille royale quitte Toulouse et va coucher à Villefranche de Lauraguais. Le 29 décembre: La famille royale quitte Villefranche de Lauraguais et prend la route de Castelnaudary.

     À Carcassonne

    La famille royale arrive au soir du 30 décembre 1659. Elle est accueillie par François de Roux, juge-mage de Carcassonne et passe la nuit en son hôtel particulier. 

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    L'Hôtel Roux d'Alzonne (Collège André Chénier depuis 1922) dans lequel le Roi Louis XIV a dormi pendant ses deux jours à Carcassonne. Ne cherchez pas une plaque historique le rappelant c'est inutile... Juste en face se trouve la maison natale du poète révolutionnaire Carcassonnais Fabre d'Églantine ; même réflexion.

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    © AAVCC

    L'ancien Couvent des Augustins, construit en 1283 et rasé en 1792. S'y tinrent les  "États généraux du Languedoc" en 1569.

    "Pendant le temps que ce Prince demeura dans cette ville, il entra plusieurs fois dans l'église des Augustins. Un jour il y entendit la messe, fit les dévotions ; visita avec toute la Cour le Saint Suaire* , et passa ensuite dans le cloître, où il toucha environ quatre cens malades, auxquels il fit distribuer une aumône considérable, mais plus grande aux étrangers qu'aux François." (R.P Bouges / 1741)

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    © Google

    Dans la rue des Études, sur l'actuel emplacement de la résidence "Les Augustins" a été mis à jour lors de sa construction dans les années 1990, l'ancienne église rasée à la Révolution dans laquelle le roi entendit la messe.

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    Une plaque rappelle l'histoire du lieu 

     Le départ du Roi

    Le 2 janvier: Le Roi quitte Carcassonne pour Pouzols. Le 3 janvier: La famille couche à Béziers. Le 4 janvier: La famille royale couche à Mèze. Le 5 janvier: La famille royale arrive à Montpellier. Le 8 mars 1660: La famille Royale quitte Marseille et retourne à Aix. Le 12 mars, il se rend à Aix où il fait la revue de 600 hommes choisis dans le régiment des gardes pour l'accompagner à St Jean de Luz. puis il se dirige vers Lambesc puis Saon. Il couche à Arles le 18 mars. Le 19 il arrive à Avignon. Le 27 mars, il part pour Orange et revient à Avignon. Le 1er avril, il est à Nîmes et le lendemain à Montpellier.

    Le 7 avril il quitte Montpellier pour Pezenas. Le 8, il séjourne à Narbonne dans l'archevêché. Le 9 avril il entend la messe en la cathedrale St Just puis il quitte Narbonne pour Sigean. Le 10 il se rend à Perpignan. De perpignan le 14 avril, il repart à Sigean et Leucate. Le 15 avril, la famille royale repasse à Narbonne.

    Retour à Carcassonne

    Le 17 avril, le roi et son escorte repasse à Carcassonne.

     " Le dix-septième du même mois il passa une seconde fois à Carcassonne avec la Reine mère dans l'église des Augustins, d'où il partit pour se rendre à St-Jean de Luz." (R.P Bouges / 1741)

    Le 18 il quitte Carcassonne et va coucher à Castelnaudary où il retrouve le cardinal Mazarin arrivé le jour précedent. Le 19 il quitte Castelnaudary pour Villefranche de Lauraguais et va à Toulouse. Le 23 avril, il quitte Toulouse et couche à Auch le lendemain. Le 25 à Vic Faisanzac. Le 26 à Naugaro. Le 27, le roi arrive à Mont de Marsan et couche à Tartas. Le 30 avril, il arrive à Dax. Le 1er mai, il quitte Dax pour Bayonne. Le 8 mai, il se rend à St Jean de Luz.

    Le 27 mai 1660, c'est le mariage par procuration. Le 9 juin, Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche.

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    Mariage de Louis XIV à St-Jean de Luz

    Le 14 juin, il quitte St Jean de Luz pour Bayonne. Le 16, il quitte Bayonne pour Dax. Le 18 juin il se rend à Bazas (Tartas) et le 19 juin il couche à Mont de Marsan. Le 20 juin, le roi quitte Mont de Marsan pour arriver à Bordeaux le 23 juin. Le 27 juin, il quitte Bordeaux passe à Bourg et Blaye. Le 28 juin il quitte Blaye, passe par Etauliers et Brie et couche à Saint-Fort. Le 29 juin il arrive à Brouage. Le 30, il dîne au château d'Oléron et retourne coucher à Brouage. Le 1er juillet, il quitte Brouage pour Saint Jean d'Angély puis couche le 2 juillet à Melle. Le 3, il arrive à Lusignan. Le 4 juillet, il arrive à Poitiers pour se rendre à Richelieu. Le 7 il quitte Richelieu et finit son périple à Amboise. 

    * Carcassonne possède depuis le Moyen-âge un Saint suaire conservé par les Augustins. Ce linceul aurait servi, comme le suaire de Turin, a envelopper le corps du christ. Ce drap d'une dimension de 80 x 40 cm est actuellement dans une commode située dans la sacristie de la cathédrale Saint-Michel. 

    Source

    Histoire ecclésiastique et civile de la ville et du diocèse de Carcassonne

    R.P Bouges / M.DCC.XLI

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