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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 361

  • Dans la terreur du Logis de l'Inquisition...

    A l'angle de la rue du Four St-Nazaire et de la porte d'Aude, se trouvait la Maison de l'Inquisition dans un quartier connu autrefois sous le nom d'Ilot de l'Inquisition. C'est là que la justice de Dieu jugeait les impies et les hérétiques.

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    Après quoi ils étaient condamnés au mur et placés dans une Meure à l'extérieur de la cité. Il y avait le mur strict où les prisonniers étaient reclus et enchaînés, puis le mur large (plus indulgent); dans les deux cas, les punis étaient nourris au pain et à l'eau.

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    Le logis de l'Inquisition

    Le 9 février 1544, les inquisiteurs céderont l'Ilot de l'Inquisition à plusieurs bénéficiaires de la cathédrale. Mgr de Grignan achète la maison aux frères prêcheurs le 19 mars 1704 sur acte de Me Larose, notaire. À sa mort le 1er mars 1722, elle passera entre les mains du Chanoine Murailhe. 

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    Ouvrage écrit par Antoine Sarraute et publié en 1914

    C'est en 1912 qu'Antoine Sarraute en fait l'acquisition et après bien des travaux de restauration, l'ouvre au public le 11 mars 1913. L'ancien logis est alors transformé en musée et meublé avec des objets provenant de son magasin d'antiquités, situé plus haut dans la rue.

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    De la mémoire de ce musée, il reste une série de cartes postales qui nous permettent de mesurer l'étendue de la richesse mobilière et historique de ce lieu. 

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    Jardin du musée

    Blason d'Henri II de Montmorency provenant du château de Leucate.

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    Le salon

    Les toiles peintes sont dues à l'initiative de Mgr de Grigan, évêque de Carcassonne.

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    Le parloir

    Teintures et plafond à la Française qui lors de la restauration étaient recouverte d'une épaisse couche de plâtre.

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    Mobilier de 1540 qui avait été prêté par A. Sarraute pour la représentation d'Hernani (Victor Hugo) au théâtre de la Cité.

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    Le siège de cette stalle du XVIe siècle se relève et est désigné sous le nom de Miséricorde.

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    Coffre de mariage du XVIe siècle. La serrure représente un homme d'un côté et une femme, de l'autre.

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    Coffre fort du XVIe siècle. Huit pênes sont actionnés simultanément par une même clé. La serrure est dissimulée sous une plaque à ressort.

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    Bahut de sacristie du XIIe siècle

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    Cuisine d'époque médiévale

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    Salle de torture

    Des fouilles pratiquées durant l'hiver 1912-1913 ont mis au jour un premier étage où se pratiquait la question et un sous-sol qui servait de cachot.

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    Banc de torture

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    Cachot des prévenus 

    Squelette d'homme de 2 mètres découvert le 15 avril 1913 au cours de fouilles.

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    © Roger Garcia

    Les frères Sarraute en 1990

    Le logis de l'Inquisition appartient encore aujourd'hui à la famille Sarraute. Il accueille des artistes plasticiens et leurs expositions. Qu'est devenu l'ensemble de ce mobilier inestimable ? Mystère...

    Cartes postales

    Collection M. Andrieu

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La folle épopée du jazz au temps des zazous Carcassonnais...

    Le Hot-Club de jazz de Carcassonne est né grâce à l'intervention en 1940 de Jean Osmont auprès de Hugues Panassié, le Président fondateur du Hot-Club de France. En 1943, un premier orchestre se constitua au sein du club de la ville et fit ses gammes, clandestinement. 

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    Le quintette du Hot club de Carcassonne en 1943 est constitué par Dominique Orlanducci (guitare), René Miquel (clarinette), Pierre Palau (Batterie), Big Boyer (Contrebasse) et Jean Osmont (trompette). D'autres, comme Jean Pidoux ou Cazaux, vinrent rejoindre ce quitte historique jouant à la barbe de l'occupant. Cette formation fut plusieurs fois primée au consours Pleyel, grâce au concours de Pierre Louise (Père du célèbre organiste Eddy Louiss). Eh! oui, Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne, comme bon nombre d'artistes et d'intellectuels. Voilà ce qui explique bien des choses... Le Hot club était hébergé par M. Miailhe, patron du Café des colonies, qui prenait des risques. L'occupant n'appréciant guère cette musique de "Nègres", il fallut prendre des précautions.

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    L'accès à la cave clandestine du Café des colonies en 1943

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    A la libération, tout alla nettement mieux et le Hot-Club sortit de la clandestinité. Le 8 janvier 1946, les activités de l'association nommée Hot-Club de Carcassonne devinrent officielles et le siège s'établit au premier étage du café des Colonies. Pendant une dizaine d'années, pas une cave ou un cabinet n'échappa aux concerts, jam-sessions ou conférences sur le jazz. En 1948, il défile même lors d'une parade sur les boulevards avec Jean Pidoux, André Malacan, Claude Alay...

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    Présentation du magazine Swing Time à l'Hôtel Terminus

    Les nouveaux membres du Hot-Club répètent leurs standards dans la maison du Dr Buscail, route Minervoise. C'est aujourd'hui la demeure de Pascal Dupont, directeur du Festival de Carcassonne. On peut citer : Claude Alay, Orlanducci, Loulou Boyer, Jubillard, Buisan, Grente, Canavy... Ces jeunes pousses sans formation musicale reçurent l'aide précieuse de Jean Ormont, leur aîné. Dès lors, pendant plus de dix ans, la ville devint un pôle majeur dans l'univers du swing. Les cabarets ouvrirent leurs portes aussi bien aux jeunes jazzmen locaux qu'aux pointures venues d'ailleurs comme Rex Stewart, Marcel Zanini, Ted Ameline, Jacques Hélian...

    Le Congo

    En 1945, le café Lagarde dans la rue de l'Aigle d'or est acheté par MM. Rigail et Bouysset. Ils le baptisent du nom de la colonie dans laquelle ils ont fait fortune. Le Congo se décore dans le style de la Revue Nègre des Années folles et compte 130 places.

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    Les membres du Hot-Club avec Jenny Alpha en 1948

    Baptiste Reilles alias Mac-Kac s'occupe de l'animation musicale ; excellent batteur, pionnier du rock-and-roll en France, il attira de grandes vedettes en ce lieu.

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    © Jazz classique / Avril 2006

    Mac Kac devant le Congo en 1945

    Le petit Saint-Germain Carcassonnais reçoit Bill Coleman, Guy Lafitte, Mezz Mezzrow, Michel Warlop... Les musiciens du Hot-Club Carcassonnais y tenaient leurs jam-sessions tous les mercredis ; on y dansait jusqu'à une heure du matin.

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    Sur cette photo au Congo de Carcassonne en 1949, de gauche à droite: James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maïoli, Jean Osmont, patron du Congo, Raymond Buisan et Marcel Zanini.

     Au début des années 1950, Jean Osmont devint président d'honneur et laissa les rênes de l'exécutif à Fernand Grente, André Malacan, Claude Alay et Raymond Buisan. ce nouveau bureau oeuvra pour une meilleure connaissance du jazz et fut à l'origine de la création des Hot-Clubs de Castelnaudary, Lézignan-Corbières et Limoux.

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    Une soirée au Congo avec Jean Pidoux (clarinette) et André Malacan (trompette)

    Au début de 1952, les musiciens du Hot-Club disposaient d'une cave tous les mardis au café des Américains jusqu'à une heure du matin. L'association comptait 70 membres et organisa la venue de grandes vedettes américaines : Bill Coleman, Kam Davenport, Nelson Williams, Ernie Royal...

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    La nuit du jazz du 19 mars 1953 au Congo fut un véritable succès mais, l'engouement décroissant peu à peu, le Hot-Club faute de repreneur fut dissous le 2 février 1954.

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    L'ancien cabaret "Le Congo" en 2015

    J'ai fait don des archives du Hot-Club de Carcassonne, confiées par mon oncle Claude Alay, aux Archives départementales de l'Aude. Elles sont consultables dans la série 2J

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La maison d'Henri II de Montmorency, 125 rue Trivalle.

    Il est dans notre bonne ville de Carcassonne - vieille de plus de deux mille ans d'histoire - une maison remarquable datant du XVIe siècle. On l'appelle la maison de Montmorency puisqu'une tradition orale prétend que Henri II de Montmorency (1595-1632) en fut le propriétaire. Aucun texte ne l'attestant, il est plus probable qu'il y fut logé lors de son passage à Carcassonne.

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    Henri II de Montmorency

    Musée du Louvre

    Le gouverneur du Languedoc eut un destin tragique puisqu'ayant comploté contre Richelieu avec Gaston d'Orléans, il passa sur le billot à Toulouse en 1632 après avoir été arrêté à Castelnaudary. Une plaque posée sur les pavés de la cour de l'Hôtel de ville de Toulouse (Capitole), rappelle l'emplacement de l'exécution d'Henri II de Montmorency.

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    Place Henri IV

    Capitole de Toulouse

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    La maison, sous l'Ancien-Régime, passa entre les mains de plusieurs bourgeois et marchands drapiers. On voyait encore il y a quelques années, l'inscription suivante sur une dalle de la façade extérieure :

    Lo camin gran de la Trivallo, 1687"

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    Au début du XXe siècle, le rez-de-chaussée était occupé par l'épicerie Ric. Simone Ric, épouse Pujol, vendit ensuite la maison par lots aux familles Bourdil, Galibert, Garcès et Sabatier. En 1973, le bâtiment - avant sa cession au Ministère de l'Urbanisme du Logement et des Transports - était la possession de 27 personnes différentes. Simone Ric vendit sa dernière part à l'état, le 18 décembre 1974. Le bec de gaz et la fontaine à droite, ont disparu depuis.

    Description

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    © Ministère de la culture

    La façade avant 1937

    L'immeuble à trois étages possède une façade en pan de bois à colombage et des fenêtres à meneaux. Le Rez-de-chaussée est en pierre de taille. Dans la cour, une tourelle avec un escalier permet d'accéder aux étages supérieurs. À l'intérieur, on peut admirer plafonds, menuiseries et cheminées.

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    © Ministère de la culture

    Une lente agonie

    Malgré un classement comme Monument historique le 28 mai 1942, grâce à Charles Bourely - Architecte des Bâtiments de France - la maison est dans un pitoyable état au début des années 1960. L'Association des Amis de la Ville et de la Cité par la voix de Simone Cahen-Salvador, sa présidente, s'émeut du sort de la vieille bâtisse en 1961. Elle cherche d'abord à s'assurer du soutien de personnalités. Les chambres de commerce et d'agriculture acceptent de financer les études de rénovation au moyen d'une subvention ; elle ne sera jamais allouée. En 1967, Me Pech de Laclause propose que le bâtiment accueille un musée du folklore et des traditions occitanes. Peine perdue...

    Au bout du compte, les Bâtiments de France voulurent s'y installer. Alors même que l'état s'était désintéressé de son sort, la maison passa entre ses mains en 1973. Un crédit d'impôt de 500 000 francs est attribué pour les premiers travaux, à l'issu des études vers 1975. Des travaux qui s'amenuisent ensuite, pour cesser complètement quelques années après, dans l'indifférence générale. 

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    Voici le triste spectacle auquel les Carcassonnais assistèrent pendant plus de quinze ans. Les échafaudages restèrent en place ; on se demanda si le bâtiment ne finirait pas entièrement ruiné. Une délibération du Conseil municipal en date du 10 décembre 1985 décide du rachat par la ville de Carcassonne à l'état, de la maison Montmorency pour le franc symbolique. Cinq ans plus tard, la municipalité Chésa vendait à Roland Alvaro - ancien élu de cette même municipalité - la bâtisse pour le franc symbolique. Un cadeau un peu empoisonné pour le nouveau propriétaire qui, pour la restaurer, dut s'entendre avec les agents du Ministère de la culture. 

    La restauration

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    Aspect de la façade en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

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    © JL Bonnet

    La façade intérieure côté nord, en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

    Cette maison appartient encore aujourd'hui à Roland Alvaro. Il n'y a semble t-il pas de projet à vocation culturelle, qu'elle pourrait abriter prochainement. En 2011, elle a même accueilli une bodéga, le temps de la Féria de Carcassonne. Il est probable que M. Alvaro souhaite la vendre, sachant qu'il ne récupèrera jamais les sommes qu'il a englouties pour la restauration de la maison du sieur Montmorency.

    Sources

    La Trivalle / Dr Vivès / 2004

    Ministère de la culture

    Midi-Libre / 8 avril 1984

    AAVC

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