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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 358

  • La folle épopée du jazz au temps des zazous Carcassonnais...

    Le Hot-Club de jazz de Carcassonne est né grâce à l'intervention en 1940 de Jean Osmont auprès de Hugues Panassié, le Président fondateur du Hot-Club de France. En 1943, un premier orchestre se constitua au sein du club de la ville et fit ses gammes, clandestinement. 

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    Le quintette du Hot club de Carcassonne en 1943 est constitué par Dominique Orlanducci (guitare), René Miquel (clarinette), Pierre Palau (Batterie), Big Boyer (Contrebasse) et Jean Osmont (trompette). D'autres, comme Jean Pidoux ou Cazaux, vinrent rejoindre ce quitte historique jouant à la barbe de l'occupant. Cette formation fut plusieurs fois primée au consours Pleyel, grâce au concours de Pierre Louise (Père du célèbre organiste Eddy Louiss). Eh! oui, Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne, comme bon nombre d'artistes et d'intellectuels. Voilà ce qui explique bien des choses... Le Hot club était hébergé par M. Miailhe, patron du Café des colonies, qui prenait des risques. L'occupant n'appréciant guère cette musique de "Nègres", il fallut prendre des précautions.

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    L'accès à la cave clandestine du Café des colonies en 1943

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    A la libération, tout alla nettement mieux et le Hot-Club sortit de la clandestinité. Le 8 janvier 1946, les activités de l'association nommée Hot-Club de Carcassonne devinrent officielles et le siège s'établit au premier étage du café des Colonies. Pendant une dizaine d'années, pas une cave ou un cabinet n'échappa aux concerts, jam-sessions ou conférences sur le jazz. En 1948, il défile même lors d'une parade sur les boulevards avec Jean Pidoux, André Malacan, Claude Alay...

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    Présentation du magazine Swing Time à l'Hôtel Terminus

    Les nouveaux membres du Hot-Club répètent leurs standards dans la maison du Dr Buscail, route Minervoise. C'est aujourd'hui la demeure de Pascal Dupont, directeur du Festival de Carcassonne. On peut citer : Claude Alay, Orlanducci, Loulou Boyer, Jubillard, Buisan, Grente, Canavy... Ces jeunes pousses sans formation musicale reçurent l'aide précieuse de Jean Ormont, leur aîné. Dès lors, pendant plus de dix ans, la ville devint un pôle majeur dans l'univers du swing. Les cabarets ouvrirent leurs portes aussi bien aux jeunes jazzmen locaux qu'aux pointures venues d'ailleurs comme Rex Stewart, Marcel Zanini, Ted Ameline, Jacques Hélian...

    Le Congo

    En 1945, le café Lagarde dans la rue de l'Aigle d'or est acheté par MM. Rigail et Bouysset. Ils le baptisent du nom de la colonie dans laquelle ils ont fait fortune. Le Congo se décore dans le style de la Revue Nègre des Années folles et compte 130 places.

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    Les membres du Hot-Club avec Jenny Alpha en 1948

    Baptiste Reilles alias Mac-Kac s'occupe de l'animation musicale ; excellent batteur, pionnier du rock-and-roll en France, il attira de grandes vedettes en ce lieu.

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    © Jazz classique / Avril 2006

    Mac Kac devant le Congo en 1945

    Le petit Saint-Germain Carcassonnais reçoit Bill Coleman, Guy Lafitte, Mezz Mezzrow, Michel Warlop... Les musiciens du Hot-Club Carcassonnais y tenaient leurs jam-sessions tous les mercredis ; on y dansait jusqu'à une heure du matin.

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    Sur cette photo au Congo de Carcassonne en 1949, de gauche à droite: James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maïoli, Jean Osmont, patron du Congo, Raymond Buisan et Marcel Zanini.

     Au début des années 1950, Jean Osmont devint président d'honneur et laissa les rênes de l'exécutif à Fernand Grente, André Malacan, Claude Alay et Raymond Buisan. ce nouveau bureau oeuvra pour une meilleure connaissance du jazz et fut à l'origine de la création des Hot-Clubs de Castelnaudary, Lézignan-Corbières et Limoux.

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    Une soirée au Congo avec Jean Pidoux (clarinette) et André Malacan (trompette)

    Au début de 1952, les musiciens du Hot-Club disposaient d'une cave tous les mardis au café des Américains jusqu'à une heure du matin. L'association comptait 70 membres et organisa la venue de grandes vedettes américaines : Bill Coleman, Kam Davenport, Nelson Williams, Ernie Royal...

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    La nuit du jazz du 19 mars 1953 au Congo fut un véritable succès mais, l'engouement décroissant peu à peu, le Hot-Club faute de repreneur fut dissous le 2 février 1954.

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    L'ancien cabaret "Le Congo" en 2015

    J'ai fait don des archives du Hot-Club de Carcassonne, confiées par mon oncle Claude Alay, aux Archives départementales de l'Aude. Elles sont consultables dans la série 2J

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La maison d'Henri II de Montmorency, 125 rue Trivalle.

    Il est dans notre bonne ville de Carcassonne - vieille de plus de deux mille ans d'histoire - une maison remarquable datant du XVIe siècle. On l'appelle la maison de Montmorency puisqu'une tradition orale prétend que Henri II de Montmorency (1595-1632) en fut le propriétaire. Aucun texte ne l'attestant, il est plus probable qu'il y fut logé lors de son passage à Carcassonne.

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    Henri II de Montmorency

    Musée du Louvre

    Le gouverneur du Languedoc eut un destin tragique puisqu'ayant comploté contre Richelieu avec Gaston d'Orléans, il passa sur le billot à Toulouse en 1632 après avoir été arrêté à Castelnaudary. Une plaque posée sur les pavés de la cour de l'Hôtel de ville de Toulouse (Capitole), rappelle l'emplacement de l'exécution d'Henri II de Montmorency.

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    Place Henri IV

    Capitole de Toulouse

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    La maison, sous l'Ancien-Régime, passa entre les mains de plusieurs bourgeois et marchands drapiers. On voyait encore il y a quelques années, l'inscription suivante sur une dalle de la façade extérieure :

    Lo camin gran de la Trivallo, 1687"

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    Au début du XXe siècle, le rez-de-chaussée était occupé par l'épicerie Ric. Simone Ric, épouse Pujol, vendit ensuite la maison par lots aux familles Bourdil, Galibert, Garcès et Sabatier. En 1973, le bâtiment - avant sa cession au Ministère de l'Urbanisme du Logement et des Transports - était la possession de 27 personnes différentes. Simone Ric vendit sa dernière part à l'état, le 18 décembre 1974. Le bec de gaz et la fontaine à droite, ont disparu depuis.

    Description

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    © Ministère de la culture

    La façade avant 1937

    L'immeuble à trois étages possède une façade en pan de bois à colombage et des fenêtres à meneaux. Le Rez-de-chaussée est en pierre de taille. Dans la cour, une tourelle avec un escalier permet d'accéder aux étages supérieurs. À l'intérieur, on peut admirer plafonds, menuiseries et cheminées.

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    © Ministère de la culture

    Une lente agonie

    Malgré un classement comme Monument historique le 28 mai 1942, grâce à Charles Bourely - Architecte des Bâtiments de France - la maison est dans un pitoyable état au début des années 1960. L'Association des Amis de la Ville et de la Cité par la voix de Simone Cahen-Salvador, sa présidente, s'émeut du sort de la vieille bâtisse en 1961. Elle cherche d'abord à s'assurer du soutien de personnalités. Les chambres de commerce et d'agriculture acceptent de financer les études de rénovation au moyen d'une subvention ; elle ne sera jamais allouée. En 1967, Me Pech de Laclause propose que le bâtiment accueille un musée du folklore et des traditions occitanes. Peine perdue...

    Au bout du compte, les Bâtiments de France voulurent s'y installer. Alors même que l'état s'était désintéressé de son sort, la maison passa entre ses mains en 1973. Un crédit d'impôt de 500 000 francs est attribué pour les premiers travaux, à l'issu des études vers 1975. Des travaux qui s'amenuisent ensuite, pour cesser complètement quelques années après, dans l'indifférence générale. 

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    Voici le triste spectacle auquel les Carcassonnais assistèrent pendant plus de quinze ans. Les échafaudages restèrent en place ; on se demanda si le bâtiment ne finirait pas entièrement ruiné. Une délibération du Conseil municipal en date du 10 décembre 1985 décide du rachat par la ville de Carcassonne à l'état, de la maison Montmorency pour le franc symbolique. Cinq ans plus tard, la municipalité Chésa vendait à Roland Alvaro - ancien élu de cette même municipalité - la bâtisse pour le franc symbolique. Un cadeau un peu empoisonné pour le nouveau propriétaire qui, pour la restaurer, dut s'entendre avec les agents du Ministère de la culture. 

    La restauration

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    Aspect de la façade en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

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    © JL Bonnet

    La façade intérieure côté nord, en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

    Cette maison appartient encore aujourd'hui à Roland Alvaro. Il n'y a semble t-il pas de projet à vocation culturelle, qu'elle pourrait abriter prochainement. En 2011, elle a même accueilli une bodéga, le temps de la Féria de Carcassonne. Il est probable que M. Alvaro souhaite la vendre, sachant qu'il ne récupèrera jamais les sommes qu'il a englouties pour la restauration de la maison du sieur Montmorency.

    Sources

    La Trivalle / Dr Vivès / 2004

    Ministère de la culture

    Midi-Libre / 8 avril 1984

    AAVC

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Que devient la maison et l'héritage de René Nelli ?

    En 1889, l'architecte et sculpteur Isidore Nelli (1810-1900) né à Tarbes, fait construire sa maison au numéro 24 de la rue du Palais à Carcassonne.

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    Son père est Étienne Nelli, lui-même sculpteur et originaire de Firenze (Italie), dont la famille s'était installée dans les Haute-Pyrennées au XVIIIe siècle, attirée par les carrières de pierre et de marbre de la région.

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    Étienne Nelli (1792-1859)

    Cimetière de Tarbes

    Isidore réalise la décoration des Palais de justice de Tarbes et de Carcassonne ; entre 1878 et 1889, il est Entrepreneur général de la Basilique du Rosaire à Lourdes. Il participera à des nombreux travaux de restauration à la Cité sous la direction d'Eugène Viollet-le-duc.

    Isidore a deux frères :

    Joseph Nelli (1824-1965) travailla à la restauration de la façade du Louvre à Paris et réalisa de nombreux bustes dans Tarbes dont quatre au Palais de justice. Henri Nelli (1834-1903), sculpteur et élève d'Edmond Desca.

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    Henri Nelli

    Le fils d'Isidore et neveu des deux autres frères, s'appelle Léon Nelli (1860-1934). Il découvrira lors de fouilles dans la grotte d'Espélugues près de Lourdes, un cheval sculpté du Paléolithique supérieur ; il est exposé au musée de Sant-Germain-en-Laye avec de nombreux autres objets préhistoriques légués par l'inventeur. En plus de sa qualité de sculpteur et d'aquarelliste, Léon Nelli détenait un ensemble considérable de manuscrits et de livres. Ce fonds acheté en 1933 est consultable - dans la sous-série 5J - aux Archives départementales de l'Aude.

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    © Charles Camberoque

     René Nelli (1906-1982), fils de Léon et petit-fils d'Isidore sera le philosophe, poète et historien du catharisme que l'on connaît aujourd'hui. Il s'installe dans cette maison de la rue du Palais avec son épouse Suzanne qui y vivra jusqu'à son décès le 24 août 2007. Le Conseil général de l'Aude hérite alors de la maison et de l'ensemble des objets ; l'oeuvre intellectuelle serait dévolue à Jean Guilaine et Anne Brenon. Le fonds est-il allé au Centre d'Études Cathares - subventionné par le Conseil général de l'Aude - qui portait le nom de l'illustre historien ? Faute de moyens pour assurer sa survie en raison d'un passif de 120 000 euros, il fermera par décision judiciaire, le 11 janvier 2011. Cinq personnes seront licenciées...

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    ©DDM

    Salon de la maison de René Nelli

    Le Conseil général de l'Aude a en sa possession depuis 2008, un véritable trésor spirituel. C'est-à-dire d'inestimables meubles, objets, tableaux de maîtres dont un Max Ernst et l'ensemble de la collection livresque sur l'étude du catharisme. Ajoutons à cela, des textes inédits et non publiés signés du poète Joë Bousquet. La maison a été estimée au prix des Domaines entre 400 000 et 600 000 euros ; les biens à l'intérieur, à 151150 euros. Cette maison devait devenir un musée dédié au catharisme sous trois ans minimum, d'après les dires de Marcel Rainaud, Président du Conseil général en 2008. Force est de constater que depuis cette date, il ne s'est pas fait grand chose en ce lieu. 

    rené nelli

    © Chroniques de Carcassonne

    Fin décembre 2012, le Conseil général rachète pour 131780 euros le fonds et les archives du Centre d'Études Cathares. Sans l'intervention de plusieurs hérauts, l'ensemble de la collection serait partie à l'université de Cambridge. Faut-il comprendre que le département a racheté un fonds qu'il avait subventionné pendant plusieurs années ; ceci pour éviter sa dispersion par vente aux enchères, suite à la liquidation du C.E.C ? Une nouvelle association a vu le jour sous le titre d'Association d'Études du Catharisme René Nelli. Elle occupe des locaux dans la Maison des mémoires, rue de Verdun.

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    La mosaïque au centre de l'habitation avec les initiales d'Isidore Nelli

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    La façade intérieure de la maison

    Sources

    La dépêche / 19 janvier 2008

    L'indépendant / 29 janvier 2013

    Les bustes de Tarbes

    patrimoines-lourdes-gavarnie.fr

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