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  • Georges Antoine (1926-1945), héros de la Libération de la France.

    Georges Antoine

    est né le 11 juin 1926

    à Carcassonne.

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    Il n'a que 17 ans lorsqu'il décide de rentrer dans le combat clandestin contre les Allemands. Un peu maladroitement... Il s'adressa d'abord à un Maquisard nommé "Lecointre" près de Montolieu qui lui indiqua comment rejoindre le maquis : "Tu diras que tu viens de la part de Marcellin Horus". Ainsi, Georges Antoine pu rejoindre le maquis de Montolieu. Le dit "Lecointre" l'avait aiguillé vers le chef Marcellin Horus, qui était comme lui de Villesèquelande. Lorsque ce dernier l'apprit, il convoqua immédiatement un Conseil de guerre qui se tint chez M. Fraisse à St-Martin-le-vieil en présence de Pigauche, Horus, Bardou, etc...

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    Avec ses camarades à Villesèquelande

    La crainte de M. Horus fut que Georges Antoine qui aurait été vu quelques temps avant arborant l'insigne de la Milice à la boutonnière, ne dénonçât le maquis aux Allemands. Georges Antoine prouvera tout au long de sa trop courte existence son grand courage au combat. Après la Libération de l'Aude, il continuera la lutte au sein de la 2e Unité du 81e régiment d'infanterie - dit des "sans-culottes" fondé à Carcassonne le 16 décembre 1944.

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    A Strasbourg en 1944

    Son neveu a été le témoin des activités de son oncle et des évènements pendant l'occupation à Villesèquelande. Nous avons décidé de les retranscrire ci-dessous avec son autorisation.

    "Je vivais chez ma grand-mère et son compagnon Émile Goza qui était ouvrier agricole chez Campourci. Mes parents venaient et vivaient également dans cette maison avec mon oncle Georges Antoine. Je n'ai pas le souvenir de l'arrivée des Allemands au village, j'étais trop jeune. Je sais qu'il s'étaient installés dans la propriété Campourci qui se trouve à l'entrée de Villesèquelande. Je pense qu'ils étaient venus dans ce village car le général Sarrail y avait des terres et une maison. Ils devaient se délecter de venir envahir le patrimoine de celui-ci, même s'il était déjà disparu ; la première bataille de la Marne avait démontré que l'armée l'armée de Sarrail avait tenu. Le temps s'écoulant les maquis ont vu le jour et la résistance a commencé à s'organiser ; mon oncle était de ceux-là. Il transportait mitraillettes, grenades et munitions pour les maquis. Tout ceci était enterré dans le jardin que cultivait Émile Goza en face du cimetière. Ceux qui devaient récupérer le matériel avait comme signe le bras de la pompe du puits vers le bas. Il s'avère que deux soldats allemands qui étaient rentrés à la maison - ils faisaient comme bon leur semblait - se trouvaient là un jour où mon oncle Georges rentrait avec un sac à dos dans lequel il y avait une mitraillette et cent cinquante cartouches. Ils ont questionné ma mère en disant : "Terroriste, terroriste !" . Elle répondit : "Laboureur". Georges est parti vers ce qu'on appelait "la passade" ; je l'ai suivi, il voulait monter la mitraillette pour tirer sur les Allemands. Mon père l'en a dissuadé parce que tout le village aurait été peut-être massacré, en représailles.

    Quand en août 1944, le débarquement est arrivé, deux Allemands étaient dans la cuisine à côté du poste à lampe et disaient : "Reich Kapout". Émile Goza leur dit alors en patois : "Fichez-moi le camp d'ici". Ces allemands pleuraient en disant : "Demain Perpignan". En ce qui concerne la Libération de Villesèquelande, aucun coup de feu ; les allemands sont partis comme ils étaient venus, mais moins fiers et belliqueux. Cependant, sur la route de Bram se trouvait un camion. Marcellin Horus tenait une mitraillette et avait peur que ce camion ne soit piégé. L'attente à longue distance se déroulait quant un garçon du village et mon père ont bondi sur le véhicule en disant qu'il n'y avait pas de danger. En effet, ce camion était la propriété du boucher de Bram qui s'était vu prendre son véhicule par les troupes allemandes. Le camion étant tombé en panne peu après, ils l'avaient tout simplement abandonné. 

    J'ai également le souvenir qu'un lundi de pâques allant faire l'omelette sur l'herbe au château d'Alzeau, se trouvait dans un petit champ en bordure de la route, un petit char allemand qui certainement en panne, avait été sabordé par la troupe. Les allemands qui venaient sans être invités chez Émile Goza nous donnaient à ma soeur et moi des bonbons. Nos parents nous interdisent ensuite de les manger, car on nous avait dit qu'ils étaient empoisonnés.

    Un soir, nous venions avec ma tante Marie-Rose, mon grand-père et peut-être aussi ma cousine Monique de Carcassonne à Villesèquelande à pied (9 km). Heureusement, j'étais dans une poussette. Au niveau du plateau d'Herminis, le maquis a fait sauter un pylône. J'ai le souvenir du bruit de la déflagration et de ma tante qui invectivait ceux qui l'avaient fait sauter. Un soldat allemand est alors arrivé un fusil à la main et s'en est pris au grand-père, avant que ce dernier ne réussisse à lui faire comprendre qu'il n'était pour rien dans cette explosion. J'ai appris que ce soldat était venu en courant du poste qui se trouvait avant le pont qui enjambe la voie ferrée Carcassonne - Quillan. Ce poste était au service des eaux en bordure de la route."

    Mort pour la France

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    © MemorialGenWeb

    Le monument aux morts de Villesèquelande

    Georges Antoine a été mortellement blessé dans le nettoyage de la forêt noire avec la 1ère armée du Rhin. Il appartenait à la 2e compagnie du 81e RI de Carcassonne, formé à Carcassonne. Ces 2216 hommes comprenaient les bataillons de Picaussel, Rodez, de l'Aveyron, Janvier, des volontaires de l'Hérault, Myriel et du 2e bataillon de marche de l'Aude. Son corps fut exhumé et placé au cimetière Saint-Michel lors d'une cérémonie le 28 octobre 1945, au cours de laquelle Marcellin Horus prononça le discours suivant :

    "C'est au nom du conseil municipal et de la section des anciens combattants de la commune de Villesèquelande où Georges Antoine a vécu pendant plusieurs années jusqu'au jour de sa mort glorieuse ;  que je viens saluer en m'inclinant respectueusement devant la dépouille de notre ami et camarade.

    Devant ce cercueil j'ai le devoir de lui apporter l'hommage de la patrie et la cordiale et affectueusement sympathie de ses concitoyens. Il était au milieu de nous avant  le déchaînement de la tourmente. Nous l'avons connu plein de jeunesse et de santé. Hélas, la guerre l'a pris bien jeune. La destiné cruelle n'a pas voulu qu'il revienne vivant parmi nous où l'attendait l'affection de toute sa famille.

    A l'âge de 17 ans, il prit avec courage le chemin de l'honneur et c'est dans le maquis de la Montagne noire qu'il commença à combattre pour la Libération du sol Français. Engagé volontaire au 81e RI, il continuait à servir et le 16 août 1945, je recevais la confirmation officielle et combien pénible de sa mort au champ d'honneur pour la France. A ce titre, il est digne de notre gratitude, de notre admiration profonde mais que ton sacrifice soit une leçon pour nous apprendre à maudire encore et toujours la guerre et les fauteurs de guerre.

    Dors en paix Georges Antoine ! Que cette terre qui t'a vu naître et sous laquelle tu vas reposer, soit légère et que la présence devant cette tombe de tous ceux qui ont voulu te dire un dernier adieu, soit en même temps une atténuation à la douleur des tiens, une preuve de nos sentiments d'estime et de reconnaissance."

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    Marcellin Horus (au centre) et ses compagnons d'arme

    Sources

    Aude Horus

    M. Jean-Pierre Antoine

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