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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 298

  • Charles Bessière (1924-1986), écrivain

    Tout commence par une visite au cimetière du hameau de Maquens à la recherche d'une sépulture que je n'ai finalement pas trouvée... Un portrait et un nom buriné sur une plaque portant la mention "écrivain" m'arrêtent. Comment ? Un romancier inconnu des Carcassonnais, voilà qui m'intéresse ! Je me mets alors en quête de retrouver sa famille et par chance, il s'agit de celle d'un ancien professeur de musique de la ville. Grâce à son épouse Madame Simone Grassiette (1er prix du Conservatoire de Paris), j'ai pu obtenir des éléments biographiques sur

    Charles Bessière

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    Charles Bessière était né à Bègles (Gironde) en 1924. Après des études à l'Ecole des beaux-arts de Bordeaux, il obtient le Grand prix de Rome en gravure. Une fois les résultats promulgués, le nouveau lauréat emporte sous son pantalon - malgré l'interdiction - ses gravures au burin. Après avoir été pilote de course et même second d'une étape du Tour de France remportée par Hugo Koblet, Charles Bessière se lance dans dans l'écriture. Ses contes, nouvelles et poésie sont publiés.

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    "Du sang neuf en littérature" 

    En 1964, les éditions Grasset publient son ouvrage "La farce" (In-16 / 262 pages). La critique déclare : "Charles Bessière dans ce livre plein d'entrain a décrit ce monde fantastique et populaire de l'illusion d'aujourd'hui." Quand l'auteur apporte son manuscrit "Les marches du royaume" à Grasset celui-ci est reçu par Yves Berger, d'abord intéressé par le physique avantageux de l'auteur. En refusant ses avances, Bessière renverse la table et reprend son ouvrage.

    Quelques autres livres de l'auteur

    Les marches du royaume

    La chose

    La toison d'or

    Dans le monde des lettres, Charles Bessière pouvait compter sur l'amitié de l'Académicien François Nourrissier et du critique Daniel Domergue. Il est décédé en 1986 à l'âge de 61 ans suite à une rupture d'anévrisme. Il est inhumé dans le cimetière du hameau de Maquens.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • "Les feux de Carcassonne" d'Henri Pringuet (1876-1946)

    On ne sait pratiquement rien du peintre Carcassonnais

    Henri Pringuet

    (1876-1946)

    sinon qu'il fut professeur de dessin au lycée de la ville et qu'il a décoré en partie de ses toiles l'hôtel de la Cité en 1927. C'est d'ailleurs assez regrettable d'avoir si peu d'éléments biographiques sur cet artiste. Au gré de nos recherches sur de vieux journaux du XIXe siècle, nous avons pu relever certains aspects de son parcours. Le patronyme Pringuet est originaire du nord de la France ; on le trouve uniquement à son époque dans l'Oise, la Somme et le Nord. On peut donc supposer que l'artiste a découvert notre ville au moment où il fut nommé comme professeur de dessin au lycée de Carcassonne, en remplacement de M. Pagnoux. Nous sommes au mois de mai 1894 ; il n'a alors que 18 ans. Peu à peu, le jeune homme prendra ses marques dans la salle autrefois occupée par l'illustre Jacques Gamelin. 

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    Les feux de Carcassonne / H. Pringuet

    Le tableau ci-dessus a été peint cinq ans plus tard en 1899, depuis les bords de l'Aude. Il s'agit sûrement du premier embrasement de la Cité tiré en 1898 lors du passage des Cadets de Gascogne - troupe itinérante d'intellectuels et d'artistes - à Carcassonne. Le courrier de l'Aude du 20 juin 1899 nous apprend son exposition dans la vitrine de Caseli, rue Courtejaire. Il devait s'agir d'un galériste local. Aujourd'hui, cette huile sur toile de 32,5 x 46 cm est en vente à la galerie Drylewicz à Paris. Si le musée des Beaux-arts de Carcassonne détient 5000 euros, il pourrait la rapatrier à la maison. On connaît déjà la chanson... on va nous dire que c'est un peintre mineur.

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    © Drylewicz

    En 1918, Henri Pringuet réalise pour le compte de la ville de Carcassonne le portrait de Léon-Auguste Sicard, qui a son décès avait légué 40 000 francs aux hospices. Ce tableau sera mis dans la salle des séances de la mairie avec l'ensemble des autres portraits des bienfaiteurs de la ville. Léon Sicard était rentier de son état et habitait 18, rue Victor Hugo. Cette information relayée par le Courrier de l'Aude du 26 février 1918 est d'importance, car en consultant le catalogue de l'exposition de portraits détenus par le musée des Beaux-arts, nous nous sommes aperçus que ce dernier détient au moins quatre toiles de bienfaiteurs des hospices de la ville. Elles sont toutes d'Henri Pringuet ; ceci peut laisser supposer que le professeur de dessin était le portraitiste officiel de la municipalité. La salle des séances dont il est question n'existe plus ; elle a été rasée au moment de la destruction de l'hôtel de ville dans les années 1930.

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    La femme au chapeau / H. Pringuet

    Cette huile sur toile a été vendue 2274 € en juin 2013 (Artnet)

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    © Patrice Cartier

    En 1927, Henri Pringuet réalisera une série de tableaux pour la décoration de l'Hôtel de la Cité. Ci-dessus, les exercices du Papegay (jeu local du XVe siècle). Ces oeuvres sont toujours bien visibles des clients de cet hôtel de prestige, mais le nom d'Henri Pringuet ne leur évoquera rien. Pas plus d'ailleurs qu'à certains décideurs locaux, si prompts d'ordinaire à enfoncer culturellement des portes ouvertes pour que la curiosité intellectuelle ne les étouffe pas. Pour la petite histoire, Henri Pringuet fut le professeur d'Yvonne Gisclard-Cau, dont le nom résonnera à l'oreille de nos édiles.

    Généalogie

    Henri Pringuet se marie en 1902 à Jeanne-Marie Cyprienne Escande, née à Escales (11).

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  • Nous sommes tous des assassins !

    Le célèbre réalisateur Carcassonnais André Cayatte - enfin, surtout connu en dehors de sa ville natale - est l'auteur d'un film sur la peine de mort qui défraya la chronique nationale en 1952.

    "Nous sommes tous des assassins" 

    Prix du jury

    au

    Festival de Cannes.

    Les rôles principaux sont tenus par le chanteur Mouloudji et l'acteur Raymond Pellegrin, ce dernier étant connu du grand public pour avoir prêté sa voix à Fantomas.

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    Le synopsis nous révèle l'histoire d'un ancien résistant qui après la Libération se transforme en meurtrier. Arrêté et condamné à mort, il se retrouve en cellule avec d'autres assassins. Son avocat cherchera à le sauver en mettant en cause la société, responsable - selon lui - d'être à l'origine du comportement meurtrier de son client.

    L'affaire André Tejerons

    Ce que la majorité des gens ignorent, c'est que ce film et plus largement la prise de position - courageuse pour l'époque - d'André Cayatte contre la peine de mort - lui ont été inspirés par un fait divers tragique ayant eu pour cadre Saint-Hilaire. Le 9 février 1924, André Tejerons condamné à mort pour meurtre est guillotiné dans la cour de la Maison d'arrêt de Carcassonne. Il s'agit de la dernière exécution capitale dans notre ville, avant l'abolition de la peine de mort en 1981.

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    Le 6 mai 1923, dans un champ en flamme à la sortie de Saint-Hilaire en direction de Ladern-sur-Lauquet, Basile Pistre - le propriétaire - découvre un corps carbonisé dans une meule de foin. Le Dr Piquemal de Limoux constate sur le cadavre non identifiable des traces de strangulation et son crâne défoncé. Les gendarmes enquêtent au village et arrêtent Jaime Ibanez. Ce dernier passe aux aveux ; il indique avoir participé à l'assassinat de Jose Torres sous les ordres de Tejerons. Accusé de la sorte, il se défend et nie en bloc les accusations de son comparse. Le mobile de cette machination préméditée serait le vol de l'argent de Torres avant son départ pour l'Espagne. 

    Ibanez et Tejerons sont renvoyés vers la Cour d'assise. Durant le procès, Tejerons n'aura de cesse de chercher à prouver son innocence grâce à des alibis plus que logiques. Un témoignage confirme ses dires, concernant sa présence sur les lieux et l'objet contondant du crime qui ne lui appartient pas. Qu'importe ! Le tribunal ne s'appuie que sur les dires d'Ibanez qui, cherchant à sauver sa peau, charge Tejerons de la responsabilité du meurtre. Le verdict de la Cour condamne Ibanez aux travaux forcés perpétuels et Tejerons, à la peine capitale. Me Riart, son avocat, se pourvoit en cassation contre l'arrêt de mort. Rejet, le 13 décembre 1923. Il ne reste plus que la grâce présidentielle que son avocat va tenter d'obtenir lors d'un voyage à Paris. Tejerons est confiant... jusqu'au matin du 8 février 1924.

    Le réveil du condamné

    (Le petit méridional / 9 février 1924)

    Vendredi matin, à 6 heures, le condamné fut réveillé par M. Couréjelongue, procureur de la République, entouré de MM. Galy, substitut ; Uzac, juge d'instruction, Aurifeuille fils, greffier en chef ; Journet, commis-greffier ; Grillères, secrétaire de parquet ; Me Riart et l'abbé Séverac, aumônier de la prison ; M. Suberville, comme interprète. 

    On lui apprend que son recours en grâce étant rejeté, le moment est venu, pour lui, de payer sa dette à la société. En espagnol, il s'écrie :

    "No me mate, no me mate !" (Ne me tuez pas)

    Son avocat, lui répond : "Courage et meurs en bon Aragonais."

    L'abbé Séverac lui demande s'il veut se confesser et assister à la messe. Il y consent. On lui offre un verre de rhum qu'il accepte, puis il fume des cigarettes. M. Deibler (le bourreau, ndlr) qui l'attendait au greffe de la maison d'arrêt procède à sa toilette. Au moment où il était en train de lui lier les mains derrière le dos, Tejeron dit : "Ne me faites pas mal !"

    La funèbre machine est dressée face à la grande porte de la maison cellulaire sur le trottoir, Rejeton paraît entre les aides qui le maintiennent et est suivi des membres du Parquet, de Me Riart et de l'abbé Séverac. A ce moment l'assassin n'est qu'une loque. Il n'exprime plus rien : ni regret, ni peur, ni repentir.

    On le pousse sous la bascule. Le couperet tombe. Justice est faite.

    L'origine du combat de Cayatte

    "L'abbé Séverac a assisté le fameux Tejerons lors de son exécution capitale. Très impressionnable, il n'a pas résisté à cette tragique émotion. Rapidement, on l'a vu dépérir et il est mort après de cruelles souffrances, victime du devoir généreusement accompli. (La semaine religieuse / 12 juillet 1924)

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    André Cayatte qui n'avait que 15 ans à l'époque des faits vivait à Carcassonne avec ses parents au-dessus de l'épicerie qu'ils tenaient dans la rue Denisse. L'abbé Séverac était un cousin de la famille et cette histoire a formellement traumatisé le jeune adolescent ; il s'est juré de lutter toute sa vie contre l'implacable machine judiciaire. On retrouve dans un grand nombre de ses films cette thématique, comme dans Mourir d'aimer avec Annie Girardot.

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    André Cayatte a été homologué pour faits de résistance après la Libération. Son dossier se trouve aux archives de la défense à Vincennes.

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    La maison natale de Cayatte, rue Denisse

    On attend toujours une plaque sur cette maison. 

    Sources

    Le petit méridionnal / 9 février 1924

    Les grandes affaires criminelles / Clément Cartier

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