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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 25

  • L'ancienne pompe à incendie de la ville a été restaurée par des élèves de l'AFPA

    À la caserne des sapeurs pompiers de Carcassonne, a été réceptionnée avant-hier l’ancienne pompe à incendie de la ville, restaurée par les élèves du centre AFPA sous l’autorité de leur professeur, Lionnel Andrieu. Confiée par l'Amicale des Sapeurs pompiers depuis novembre dernier aux soins de l'atelier menuiserie, cette machine a retrouvé tout son éclat.

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    La pompe avant la restauration 

    Il a fallu retrouver les gestes ancestraux de nos charrons. Les deux roues de la charrette supportant la pompe ne pouvant pas être réparées, il a fallu en fabriquer de nouvelles à l'identique. Voilà donc tout un savoir-faire que l'on croyait disparu, à nouveau au service d'une belle cause. Celle-ci allie préservation du patrimoine et intérêts pédagogique dans le cadre de la formation professionnelle. Sans la volonté de l'Amicale et sa mise en relation avec l'AFPA, ce projet n'aurait sans doute pas abouti de cette manière.

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    Sollicité afin de retrouver l'histoire de cette pompe dont on ne savait rien, je me suis plongé dans les délibérations des conseils municipaux de Carcassonne. Le travail d'enquête m'a permis de confirmer que la ville de Carcassonne avait acquis cette machine en 1864 pour la somme de 2500 francs à la Maison Darasse, Quai Conti à Paris.

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    Il s'agit d'un modèle n°2, aspirante et refoulante à guides curseurs. Corps de 110 mm d'une contenance de 120 litres, lançant l'eau à 33 mètres. Débit de 280 litres à la minute en donnant 120 coups de piston à la minute. Quatre hommes à chaque extrémité du levier était nécessaires pour l'actionner. Un sapeur dirigeait la lance fixée au bout de deux rallonges de huit mètres de tuyau de cuir clouté.

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    Le modèle vendu chez Darasse à Paris.

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    Le capitaine des Sapeurs pompiers de Carcassonne, Lionnel Andrieu et ses élèves autour de la pompe à incendie. À cette occasion, j'ai été invité à présenter oralement le fruit de mes recherches. Un verre de l'amitié clôtura cet évènement dans les locaux de la caserne.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023

  • In memoriam Jean Cazaux (1935-2023)

    L’abbé Jean Cazaux nous a quittés samedi matin. Je m’incline devant la mémoire d’un grand Carcassonnais. Oserai-je dire le dernier ? Si j’ai connu physiquement ce grand érudit sur le tard, sa personne m’était familière depuis l’année où il entreprit une grève de la faim. C’est-à-dire, je pense, au début des années 1990. Opposé au maire de l’époque sur la construction de logements en face du porche de l’église Saint-Vincent, les pires calomnies avaient été alors proférées à l’encontre du curé. À Carcassonne, les médisants par bonté s’en donnaient à choeur joie poussés par les édiles. La réputation de l’abbé, ébranlée par de petits esprits vertueux devant le rosé du matin, avait été qualifiée de gauchiste. Pensez-donc, on ne peut être curé et cultiver des amitiés avec le communiste Henry Garino ou Mgr Gaillot. Les incultes oubliaient sans doute que l’abbé Cazaux descendait d’une vieille famille aristocrate. Qu’il entretenait une relation épistolaire avec l’académicien Jean d’Ormesson. À Carcassonne, l’étroitesse de l’esprit de certains ressemble à celle des rues de la Bastide Saint-Louis.

    On promettait d’aller se plaindre à Mgr Jacques Despierre. Afin de faire cesser céans l’embarras de cette privation de nourriture, le maire diffusait que le gréviste dînait en cachette la nuit dans sa sacristie. C’était ici la moindre des accusations. La rumeur publique répandait que le curé desservant Saint-Vincent, exposait ses attributs génitaux sur une plage de la Méditerranée. Cazaux au bûcher ! Il fallait le frapper d’hérésie. 

    Ainsi que je l’ai exposé en préambule, je n’ai eu le privilège de rencontrer l’abbé Cazaux que sur le tard. C’était précisément il y a quatre ans. Nos conversations furent d’abord téléphoniques. Elles durèrent parfois plus de deux heures, durant lesquelles j’appris énormément de choses touchant à l’histoire de Carcassonne. Jean Cazaux faisait partie de ces instruits qui jamais ne vous donnent l’impression d’en savoir moins qu’eux. Et pourtant, quelle science ! En venant vers moi, l’ancien curé de Saint-Vincent nourrissait deux espoirs. Le premier, c’est que l’on dépose une plaque sur la façade où avait séjourné Louis Aragon, en compagnie d’Elsa Triolet à Carcassonne en été 1940. Je lui promis de lui fournir tous les renseignements pour cela. « Ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas », était la philosophie de Jean Cazaux. Le second, que je publie sur mon blog le testament de Joë Bousquet qu’il détenait. Il voulait que l’on puisse tordre le cou aux rumeurs. J’ai donc diffusé ici le testament de son aïeul dont j’ai conservé une copie. Au sujet de Joe Bousquet, peut-être me faudra t-il noter désormais tout ce que l’abbé me confia. Vous connaissez l’histoire de la Maison des mémoires, me dit-il ? Pas précisément, lui répondis-je. Eh ! Bien, c’est Courrière qui l’a acquise pour le compte du Conseil général car Chésa n’en voulait pas. Quand avec Madame Patau, la soeur de Joë Bousquet, nous sommes allés la lui proposer, il a eu cette réponse : « Cent cinquante mille francs pour une chambre, c’est bien cher. »

    Lorsque je vins chez lui à Saint-Roch près de Villemoustaussou, je ne repartis pas les mains vides. L’abbé m’avait conservé les archives, mémoires manuscrites du chanoine Gabriel Sarraute. Là encore, un grand érudit Carcassonnais en histoire de l’art. Il souhaitait que ce moi qui en soit le dépositaire. « A qui voulez-vous que je les donne ? Ça n’intéresse personne à Carcassonne. » Je lui promis de les lire et de les copier — ce que je fis — avant de les déposer aux Archives départementales de l’Aude. Ce fut fait auprès de M. Claude-Marie Robion en insistant pour que le nom de Jean Cazaux soit enregistré comme le dépositaire. Je pourrais également évoquer nos nombreux échanges sur l’église de Villalbe dont il alla, sur mes conseils, visiter les tableaux de Roumens et de Jalabert. Je pourrais relater ses souvenirs sur la Seconde guerre mondiale. Une anecdote qui me marqua ; celle d’une famille juive errante que se parents recueillirent à Saint-Roch. L’abbé n’avait à cette époque qu’une dizaine d’année. Il se souvenait que l’évêché de Carcassonne était maréchaliste, sous le ministère de Jean Pays. 

    L’abbé Jean Cazaux détestait ce qu’était devenu Carcassonne du point de vue culturel. Autant  dire qu’il se montrait très critique envers les édiles de la ville depuis Raymond Chésa jusqu’à aujourd’hui. Nous savons que beaucoup parmi eux prendront des postures ou verseront même une larme en sa mémoire. Or, de son vivant, il se plaignait fortement de ne pas être entendu. Il s’inquiétait de ce que deviendrait son patrimoine intellectuel sachant que les Carcassonnais n’en avaient que faire. Ou, plutôt, n’en aurait que savoir en faire.

    La parole la plus forte que j’ai entendu de ce curé est celle-ci. « Je suis ami avec Garino, vous le savez. Je ne suis pas communiste pour autant. Quand je m’interroge, je vois ce qu’ils font pour venir en aide aux indigents, aux migrants. Je me dis que ce serait bien incapable de le faire, car peut-être trop bourgeois pour ça. Finalement, la parole de l’évangile ce sont eux qui l’ont alors que la plupart disent ne pas croire en Dieu. »

    Voilà l’abbé Cazaux tel que je l’ai connu. Homme d’une forte personnalité, il n’était absolument pas dupe vis-à-vis de ceux qui l’entouraient. Certains avec un intérêt trop pressant, en recherche d’une caution morale ou intellectuelle. Malgré la maladie, il demeura éclairé jusqu’au dernier souffle : « Je ne sais toujours pas si Dieu existe. » Maintenant, il le sait. Nous, nous l’ignorons encore.

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  • L'évêque de Carcassonne bénit l'Hypermarché Leclerc de ROCADEST

    Carcassonne n'en finit plus de faire parler sur la toile. Parfois, d'une manière cocasse, à l'image de l'article du journal Le Parisien - Aujourd'hui en France. Ce dernier relève dans ses colonnes un fait qui semble avoir ému jusqu'à la curie épiscopale. Dans un élan de charité chrétienne, Mgr Vincent, le nouvel évêque du diocèse de Carcassonne, a accepté la sollicitation toute particulière de M. Boissonade, directeur du nouvel hypermarché Leclerc situé à ROCADEST. À la nuit tombante, au moment où le rideau de cette cathédrale consumériste se baisse, Mgr Vincent a procédé à la bénédiction des lieux. Bien que ceci se soit fait en toute discrétion, l'évêché de Carcassonne n'a pas manqué de le faire savoir par les moyens de communication les plus modernes. Cette pratique n'a rien d'extraordinaire en elle. Monsieur Boissonnade a parfaitement le droit à titre privé en accord avec sa sensibilité spirituelle de faire bénir son entreprise. Faut-il encore qu'il soit très apprécié du diocèse pour obtenir la visite de l'évêque. N'importe quel curé aurait fait l'affaire. Depuis le Moyen-âge, les commerçants ont toujours cherché à protéger leurs échoppes. Dans la Bastide-Saint-Louis, il demeure des statues de la vierge dans les façades de vieux magasins. Citons, justement "A la vierge" tenu autrefois par la famille Gastilleur, dans la rue de Verdun. Ou bien encore, le Bazar Combéléran transformé en Monoprix, rue Clémenceau. En vérité, ce n'est pas la sollicitation de M. Boissonade qui interroge. Elle n'enfreint en rien la loi sur la laïcité. C'est plutôt que la bénédiction ait été faite dans le centre commercial le plus décrié de Carcassonne : ROCADEST. Celui qui est accusé de siphonner les commerces du centre-ville. Il n'est pas. certain que l'action de l'évêque soit de nature à ramener les brebis égarées vers la bergerie. On pourrait avec coquinerie réclamer que Mgr Valentin en fît de même pour la Bastide-Saint-Louis.

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    Le Christ chasse les marchands du Temple.

    « Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons. Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs. »

    (Matthieu, XXI, 12-13)

    Si dans l'article du Parisien, M. Boissonade se vante d'être le mécène des bâtiments religieux en restauration, nous rappelons que l'église des Carmes se trouve précisément dans la Bastide. Celle-ci bénéficie actuellement de fonds privés pour sa réhabilitation. Faute de clientèle pour les magasins désormais vidés de leur enseigne, il n'y aura bientôt plus grand monde pour acheter les cierges des Carmes. Pas plus d'ailleurs qu'à Saint-Michel ou à Saint-Vincent. A moins qu'il ne faille bientôt aller les acheter à l'hypermarché Leclerc dans lequel une chapelle sacralisée permettrait d'aller prier. Ah ! La concurrence déloyale n'a pas fini de hanter la Bastide-Saint-Louis...

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    Le Parisien / 23 mars 2023

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