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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 222

  • Filouteries, cocasseries et coups bas politiques à Carcassonne dans les années 1990...

    La fin des années 1980 venait de voir le maire Raymond Chésa réélu au 1er tour des municipales. Le Parti Socialiste déjà divisé en mars 1983 avait laissé filé la gestion de la ville entre les mains d'une alliance RPR-UDF. Au moment de la revanche, il n'avait sûrement pas rangé tous les couteaux au vestiaire. Tant et si bien qu'en mars 1989, quelques uns parmi ses porte-flingues devaient se charger - en toute discrétion - de savonner la planche d'un chirurgien, dont le PS local avait fait son candidat. Le Dr Roger Bertrand, honnête homme très apprécié de sa profession, était envoyé au casse-pipe contre Raymond de la Trivalle. Quelques jours avant le premier tour, un sondage réalisé par Publimétrie pour La dépêche, donnait  Liste RPR-UDF Chésa (47%), Liste PS-PC Bertrand (40%), Liste FN Alaux (6%) et Liste Ecologiste Doucet (7%). Le second tour, indiquait une victoire de Chésa à 54% contre 46 %. 

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    Au soir du premier tour de scrutin, la liste sortante de Chésa remportait l'élection dès le premier tour avec plus de 50% des voix. Jamais une liste de droite n'avait battu la gauche à Carcassonne avec autant de marge. Si ! En mars 1983, mais cela devait être un accident, pensait-on rue Fédou, à cause de la présence de trois listes de gauche sur fond de rivalités internes. Les barons du Ps local avaient envoyé le Dr Bertrand à la charge, sachant pertinemment qu'il ne bénéficierait pas du total soutien de son camp. Aujourd'hui, on sait que le socialiste Raymond Courrière - Président du Conseil général de l'Aude - ne voulait pas de Roger Bertrand à la mairie. L'électron libre incorruptible avait largement ouvert sa liste à des personnes de la société civile et composé un programme largement tourné vers la culture et le tourisme. Si Bertrand gagnait, le PS gagnait. Si Bertrand perdait, le responsable se serait lui. La dépêche du midi - organe officieux du Ps dans l'Aude - titrait le lendemain : 37,7% de fièvre pour le Dr Roger Bertrand.

     

    Don Camillo contre Pépone

    Au mois de novembre 1991, l'abbé Jean Cazaux entame une grève de la faim afin de protester contre la construction en face de l'entrée de l'église St-Vincent, d'un immeuble HLM. L'affaire s'emballe avec la constitution d'un comité de défense, la pétition signée à l'intérieur de l'église et la veillée nocturne des soutiens de l'abbé pour empêcher les travaux. 

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    Le journal télévisé de Tf1 en fait sa une, le maire se déplace au chevet du curé qui n'entend pas céder tant que le projet ne sera pas enterré. Il a même fait son testament... Cette histoire ira de procédure en procédures avec l'avocat Jean-Marie Bourland ; elle durera jusqu'en 1993 puisque l'association utilisera tous les recours possibles en justice.

     

    Raymond des villes et Raymond des Champs

    Lors des élections cantonales de 1992, la majorité présidentielle de François Mitterand est en grande difficulté à cause du financement occulte du Parti Socialiste. C'est l'affaire URBA... Cette année-là, le Conseil général de l'Aude va passer de un à six représentants de la droite. Dans l'histoire du département cela n'est jamais arrivé, encore aujourd'hui le PS possède la totalité des sièges. Souvenez-vous des municipales de 1989, dans lesquelles Chésa aurait obtenu un coup de main de Courrière. En mars 1992, l'ancien secrétaire d'état de Mitterrand est en ballotage plutôt défavorable dans son canton d'Alzonne. Au second tour, il n'est pas exclu qu'il soit battu par Jean Diviez, alors maire de Pezens. Si cela se produisait, il perdrait également sa présidence du Conseil général. Raymond Chésa va lui donner un coup de main... Il prend son téléphone et appelle les sœurs du couvent de Montolieu en leur demandant de voter Courrière. Chésa réussit à les convaincre, non sans quelques réticences ; une seule se serait abstenue. Tant que Courrière fut le président du Conseil général de l'Aude, il y eut un accord oral entre les deux hommes politiquement opposés. "Tu ne m'emmerdes pas au département, je te laisse tranquille à la mairie." Courrière et Chésa, chefs locaux de leurs partis respectifs, purent ainsi décider des candidats qui allaient s'affronter. Peut-être pendant une parti de pêche, au cours de laquelle ces deux meilleurs ennemis avaient l'habitude de participer.

     

    Remue ménage au conseil municipal

    Le 2 avril 1992, le conseil municipal examine l'inscription de la dette Orta au budget de la ville. Jusque-là, le maire avait toujours dit que les Carcassonnais ne paieraient pas un centime. Avec 20 milliards de nouveaux francs, on aurait pu construire des choses à Carcassonne depuis 1992. C'est alors que neuf élus de sa majorité vont se ranger dans le camp de l'opposition, afin de protester contre une gestion de la ville, qu'ils estiment autoritaire de la part du maire. Parmi eux, on peut citer Jacques Albarel, Nicole Bertrou, Charles Domas, Sauveur Jordan, Michel Sampiétro, Didier Jocteur-Monrozier, etc. Certains sont adjoints et malgré les injonctions du maire, refusent de démissionner. Coup de théâtre ! Raymond Chésa annonce le 4 avril 1992 qu'il décide de démissionner de son poste de maire, tout en restant conseiller municipal. De fait, les adjoints sont également démissionnaires. C'est la loi ; il les force ainsi à s'y soumettre. De nouvelles élections auront lieu au sein du conseil municipal et se termineront par un coup de poker gagnant de Chésa. Avec 24 voix de majorité contre 19, il est réélu. Les adjoints félons redeviennent conseillers municipaux mais dans l'opposition, où ils siègeront pendant trois ans. 

     

    Jean-François Daraud Président

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    © L'indépendant

    Au mois d'avril 1995, Jean-François Daraud alias M. Scoumoune, annonce à la télévision régionale qu'il est candidat à l'élection présidentielle sous l'étiquette du Parti d'en rire. Très sérieusement, celui qui vient d'être candidat en 2017 aux législatives dans l'Aude sous la bannière du FN, prétend avoir recueilli 440 signatures. Son programme sera accès sur les handicapé et le monde rural.

    "Ce qui fait un petit mal c'est cette désertification. Tous les gens vont s'entasser un petit peu dans les villes. Et le second axe de ma campagne c'est la défense des handicapés. Parce que la plus grande exclusion qui existe en France, c'est ni avec les Blacks, ni avec les musulmans, que bien heureusement je précise pour qu'il n'y ait pas d'amalgame, on rencontre à tous les coins de rues, tandis que les handicapés, rien n'est fait pour eux. Ils ne peuvent aller dans les toilettes, ni les cinémas. Il représentent 10% de la population." (FR3 Auvergne / 1995)

     

    Chésa contre le meilleur ami de l'homme

     Le 21 décembre 1992, la ville de Carcassonne prend un arrêté interdisant les chiens mêmes tenus en laisse dans le centre-ville entre 9h et 19h. Les contrevenants s'exposeront à une amende de 75 francs (80 €) dressée par la police municipale. Le journal de Jean-Pierre Perrault sur Tf1 y consacre un reportage. Le maire explique que c'est le seul moyen pour lutter contre les déjections canines.

     

    Pas de rue pour Mitterrand

    Un mois et demi après le décès de l'ancien Président de la République, l'opposition socialiste au conseil municipal propose l'attribution d'un espace public au nom de François Mitterrand. Le maire qui n'a pas l'intention d'abonder dans leur sens, fait voter à bulletin secret. La majorité municipale vote contre et le projet est rejeté. Contacté par la télévision l'adjoint Alfred Rispoli déclare que c'était prématuré. Celle-ci termine son reportage en rappelant que dès 1944, le conseil municipal donnait une place au général de Gaulle et qu'il existait un rond-point Pompidou. Il faudra attendre l'élection de Jean-Claude Pérez en 2009 pour qu'un espace public porte le nom de François Mitterand. Soit 13 ans après sa mort, cette fois plus de prématurée...

     

    Benetton pas à l'affiche

    En 1993, la marque de vêtements fait scandale avec des publicités assez provocantes. Le maire Raymond Chésa prend un arrêté afin d'interdire les affiches Benetton sur l'ensemble de la commune. Le magasin de la place Carnot indique que cette publicité n'est pas prévue à Carcassonne. Raymond Chésa trouve choquant de présenter les habits d'un soldat des Nations Unies maculé de sang. L'affaire a défrayé la chronique nationale et alimenta le journal de Tf1.

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  • Les vestiges des premières fortifications de la Cité mis au jour

    Passons la porte Narbonnaise et pénétrons dans la rue Cros-Mayrevieille. En tournant de suite à droite en direction du Syndicat d'initiative, on traverse une porte en bois avec en point de mire la tour du Tréseau. Si l'on regarde la base du rempart édifié sous Philippe III dit le Hardi, on remarque les vestiges d'un fortification plus ancienne. Saviez-vous que jusqu'au mois de janvier 1969, cette partie était totalement recouverte de terre et inconnue des archéologues ? 

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    L'administration des monuments historiques procéda au dégagement de ces murs antiques, enfouis dans la terre arable d'un jardin potager. Dans ce volume impressionnant de terre anciennement rapporté, aucun objet antique a été découvert. Jusqu'ici la surface du sol laissait apercevoir des vestiges de maçonnerie que l'on supposait appartenir à la fortification prétendue Wisigothe.

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    Le chantier en 1969 dégagea un puits et la base d'un mur

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    Nous savons qu'en l'an 413, Athaulf, roi des Wisigoths, dans sa marche glorieuse vers Toulouse, s'empara du castellum romain de Carcassonne et incendia les maisons. C'est devant ces murs que plusieurs siècles plus tard, les croisés de Simon de Montfort vinrent mettre le siège. 

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    Le vieux rempart vient se souder intérieurement au flanc de la tour du moulin du connétable. Il s'agit d'un vestige des murailles que l'on a tronquées au XIIIe siècle pour en utiliser les matériaux. Il en reste deux tours et les tronçons de courtines.

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  • Le fils d'un ancien ministre du Sénégal, aujourd'hui buraliste dans le rue de Verdun

    Trois dates importantes marquent à jamais l'histoire du Sénégal depuis l'indépendance. Le 19 août 1960 (éclatement de la Fédération du Mali stoppant le rêve d'une riposte concertée contre la balkanisation de l'ex-A.O.F ; le 17 décembre 1952 (crise interne divisant l'Union Progressiste Sénégalaise d'obédience socialiste et aboutissant à la condamnation de Mamadou Dia, alors Président du Conseil, et de quatre de ses ministres ; le 27 mars 1974 (libération des condamnés) : Mamadou Dia, Ibrahim Sarr et Valdiodio N'Diaye.

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    Valdiodio N'Diaye

    Ancien ministre des finances du gouvernement sénégalais et brillant avocat, Valdiodio N'diaye (1923-1984) s'était marié avec une Carcassonnaise, elle-même fille d'un ancien conseiller général socialiste de l'Aude (M. Onrozat). De leur union naîtront quatre enfants : Amina, Karim, Guedel et Guibril. Ce dernier, plus connu des Carcassonnais sous le diminutif de Bibi, n'est autre que le sympathique buraliste de la rue de Verdun.

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     © L'Indépendant

    En 1962, on justifia l'incarcération des anciens ministres par une tentative de coup d'état contre le président Léopold Senghor. Ce n'est qu'à l'issue de 4117 jours de prison (11 ans) que Valdiodio N'Diaye recouvrait enfin la liberté, était expulsé et retrouvait sa famille à Carcassonne. La version de M. N''Diaye diffère de celle rapportée par le pouvoir. Selon lui, son arrestation fut la résultante d'une manœuvre politique née de l'éclatement de l'Union progressiste sénégalaise, parti unique au pouvoir. Voulant se séparer du président du Conseil de l'époque, M. Dia, et sachant qu'ils seraient minoritaires devant le conseil national, certains députés le firent mettre en état d'arrestation en compagnie des membres de son gouvernement après un vote à l'Assemblée nationale. Selon l'analysée de documents officiels et de lettres rendus publiques, M. N'Diaye fut en fait l'innocente victime d'une espèce de complot. L'ancien ministre des finances évita un bain de sang lors de la tentative de Révolution du 17 décembre 1962.

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    Valdiodio N'Diaye et le général de Gaulle en 1958

    Francis Vals - député de l'Aude - écrivit au président Senghor qu'il était paradoxal d'accuser Valdiodio N'Diaye de complicité de coup de force, alors que son action avait eu pour effet de désarmer les forces antagonistes des deux camps afin de les renvoyer dans leur casernement.

    L'intervention de personnalités comme Jean-Paul Sartre, François Mitterrand ou le pape Jean XXIII ne réussira pas à faire libérer les anciens ministres incarcérés. Valdiodio N'Diaye eut comme avocats pour assurer sa défense Abdoulaye Wade (Président du Sénégal de 2000 à 2012) et Robert Badinter. 

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    Ne faut-il pas plutôt considérer que l'arrestation de Mamadou Dia et de ses ministres est due à un désir de liberté économique nuisant aux intérêts français en Afrique de l'ouest ? A l'issue d'un discours portant sur ce sujet, Senghor demandera aux députés de voter une motion de censure contre le gouvernement Dia. C'est pour empêcher cette manœuvre que celui-ci fera évacuer le parlement.

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    Valdiodio N'Diaye passa onze années dans le centre pénitentiaire de Kédougou. Philosophe comme savent l'être les musulmans, il rappela à la presse locale un verset du Coran : "Dieu est avec les patients", avant d'ajouter "C'est la foi religieuse qui nous a soutenu, cette foi religieuse qui apprend aux musulmans à être patients et selon laquelle les épreuves sont nécessaires à l'homme". La réputation humaniste de l'ancien président Léopold Senghor serait tout à fait discutable, en raison des faits ci-dessous relatés.

    Au lendemain de l'arrestation de son époux, Mme N'Diaye, hospitalisée, et ses quatre enfants furent expulsés du Sénégal illégalement et manu-militari dans la nuit de noël 1962, en petite tenue, sans qu'ils aient eu le temps de faire leurs valises. L'un des enfants ne put prendre l'avion qu'une semaine plus tard pour la simple et bonne raison que les autorités n'avaient fait établir que quatre billets. Mme N'Diaye n'eut droit qu'à une heure de visite par mois au camp de Kedougou, situé à 650 km de Dakar. Alors domiciliée à Carcassonne où elle était intendante au Collège de Varsovie, son épouse paya près de 500 000 anciens francs pour se rendre à plusieurs reprises au chevet de Valdiodio. Le Président Léopold Sédar Senghor refusa le droit au détenu N'Diaye de voir ses enfants jusqu'en 1970. Huit ans pendant lesquels il ne vit pas ses enfants grandir.

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    La famille N'Diaye à Carcassonne en 1974 après la libération

    Parmi ses vrais amis, Valdiodio N'Diaye put compter sur Francis Vals, l'abbé Gau et sur le général de Gaulle. Pendant qu'il était encore détenu, ses enfants pratiquèrent le rugby à XIII. Les trois garçons deviendront même des espoirs du ballon ovale.

    "Je vais devoir me recycler, moi qui n'ai pratiqué que le football... Bien sûr, je suis au comble de la joie. J'ai retrouvé non seulement ma famille, mais encore le soleil de Carcassonne que j'affectionne particulièrement ; c'est important lorsque l'on a vécu comme moi plus de onze ans sous la canicule."

    Après son retour, Valdiodio N'Diaye reprendra son cabinet d'avocat à Dakar. Sa ville natale est jumelée avec Narbonne, où Francis Vals fut maire jusqu'en 1971. Décédé en 1984, Valdiodio N'Diaye repose à Kaolak ; le grand lycée de cette ville porte son nom. Quant à son fils Bibi, par sa gentillesse et son civisme, il représente l'héritage des valeurs morales de son illustre père à Carcassonne.

    https://www.youtube.com/watch?v=CB-MmEa1kIs

    Sources

    La dépêche du midi / Jacques Arino / 1974

    Notes et synthèses / Martial Andrieu

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