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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 222

  • Le monument à Paul Sabatier, entre grandeur et décadence

    Afin de célébrer le centenaire de la naissance de l'illustre chimiste et Prix Nobel, natif de Carcassonne, un comité se constitua dans le but d'ériger un monument à sa gloire. Il fut placé sous le haut patronage du Président de la République René Coty et d'Albert Sarraut, membre de l'Institut de France. C'est grâce à une souscription publique lancée en 1955 et dont les fonds furent recueillis par le pharmacien Sarcos, place Carnot, que ce projet put être mené à son terme. Parmi les principaux souscripteurs, notons l'Union des Chambres syndicales de l'Industrie du Pétrole, le gouvernement de la République du Vénézuela, la municipalité de Carcassonne et l'ensemble des élèves et des admirateurs de Paul Sabatier.

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    © Martial Andrieu

    Inauguration du monument à Paul Sabatier au square Gambetta

    Ce monument - œuvre des sculpteurs Yvonne Gisclar-Cau et Paul Manaut, assistés par l'architecte M. Teppe - fut inauguré le 1er juin 1957 au Square Gambetta. C'est là qu'il trônait encore en 2003 avant la destruction de ce jardin pour y faire un parking souterrain. Après un dîner chez Auter, rue Courtejaire, l'inauguration eut lieu à 16 heures en présence de nombreuses notabilités : M. le Préfet Blanchard et son chez de cabinet M. Bourdon ; Jules Fil, maire de Carcassonne ; M. Desmons, adjoint au maire et président de la commission des Beaux-arts ; M. Julia, adjoint au maire ; les membres de la commission municipale ; M. Depaule, président du Comité organisateur et membre du Conseil d'Etat, Mlle Sabatier, Mme de Grammond et Mme Barlangue, filles de Paul Sabatier ; le sénateur Courrière ; M. Vidal, proviseur du lycée Paul Sabatier ; M. Descadeillas, prédisent de la Société des Arts et des Sciences ; le représentant de l'Université de Toulouse, etc.

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    M. Depaule retraça la vie et la carrière du chimiste, avant que M. Flanzy qui fut l'élève de Paul Sabatier et qui dirigeait l'Institut œnologique, ne prenne à son tour la parole. Pendant plus de quarante ans, le monument à Paul Sabatier contribua à l'embellissement du square Gambetta. En 2003, les ouvriers municipaux enlevèrent l'ensemble des statues et des monuments de ce jardin, afin de les remiser. Il fallait faire place nette pour l'exécution des travaux du parking. Le monument fut ensuite entreposé tel que vous le voyez sur la photo ci-dessous, aux serres municipales.

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    © La dépêche

    Ce n'est qu'au prix d'un article dans la presse et de quelques uns sur mon blog, que la municipalité de l'époque daigna porter assistance au pauvre Sabatier. Fallait-il encore lui trouver un centre d'hébergement... Finalement, le proviseur du lycée Sabatier M. Mercadal qui était également adjoint au maire - pas très chaud de prime abord pour accueillir le monument du savant - obtint de la région les crédits nécessaires à son installation.

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    C'est ainsi que depuis 2012, Paul Sabatier trône fièrement à l'entrée du lycée qui porte son nom à Carcassonne. 

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    © GARAE

    Fernand Courrière

    Fernand Courrière (1876-1960), Normalien de Cuxac-Cabardès, se souvient de Paul Sabatier. Il évoque son souvenir dans un journal de 1954 que nous retranscrivons ci-dessous.

    C’était en 1898, le dimanche après la foire de Cuxac tenue le 18 juin. J'étais alors instituteur adjoint à l'école de l'Ouest à Castelnaudary. Mon directeur était Émile Cantier, dont le père, instituteur en retraite, vivait avec sa sœur Madame Terral, receveuse des P.T à Cuxac-Cabardès. J'avais 21 ans, et je me disposais bientôt à me marier avec mademoiselle Marie Cals, la fille du boulanger qui était la camarade de mon père. Donc, aller à Cuxac, était ma première préoccupation, et toutes les occasions m’étaient bonnes.
    Mon père m'avait écrit : « Viens, si tu peux, dimanche prochain, puisque que tu ne peux être ici le jour de la foire. Tu verras un phénomène extraordinaire : la source du pâtu de Séguy au lieu d’eau, coule maintenant du pétrole, oui du pétrole ! ». Ma mère avais ajouté « Marie m'a dit de te dire que, si tu viens, tu déjeuneras au Four, avec eux, en famille ! » Figurez vous, aller déjeuner chez ma fiancée, et aller voir une curiosité naturelle, me font décider sans rémission d’être à Cuxac, coûte que coûte oui, ce dimanche. Je fais part à mon directeur, M. Cantier, de la venue de pétrole à la source Séguy ; ce fait curieux l’intéresse, déjà ! Et comme il aura l'occasion d'aller voir son vieux père et sa sœur, il décide de venir à Cuxac avec moi.
    Mais les communications entre Castelnaudary et Cuxac n'étaient ni rapides ni commodes. Par le train jusqu'à Carcassonne, par la patache de Carcassonne à Cuxac, et retour à Castelnaudary par c'est deux moyens réguliers, demandait deux jours ! Or, il fallait être rentré le lundi matin avant huit heures pour assurer le service de l’école, moi de ma classe ! Que faire ?
    Nous combinons d’aller à Cuxac à bicyclette, et d’en retourner de même. C'est pourquoi nous louons, l'un et l’autre chez Candelié, une bicyclette de caoutchoucs pleins, s'il vous plaît ; car, encore le pneu n'était pas inventé.
    Le samedi soir, après 16 heures, nous nous mettons en route sur Saissac, via Cuxac, où nous arrivons vers 20 heures après un voyage pénible, sur une voie qui n'est pas goudronnée, je vous l'assure. Chez moi on a dîné ; mais, maman a vite fait de me servir très largement de quoi me restaurer.
    Pendant que je mange, papa m'explique ce qui est survenu chez Séguy : « Oh ! c'est bien du pétrole, va ! Tiens, sens cette bouteille qui en est remplie… et puis, d'ailleurs, il brûle bien… la preuve c'est que la lampe que tu as sur la tête éclaire la cuisine avec ce pétrole, et celle de la salle en est aussi garnie, et tu vois sa belle flamme ! »
    Tout cela était évident ! Absolument vrai, surtout ainsi démontré et affirmé par mon père !… Et certifié en outre parler clients du café, nombreux ce soir-là, tous mes camarades et mes amis ! Et les raisonnements baroques parfois, les suppositions les plus saugrenues, s’émettaient. Même le diable faisait partie de certaines allégations ! Ah ! La superstition !…
    Figurez-vous ! Avec l'esprit avide d'apprendre, de savoir que j’avais – et que j'ai conservé, grâce à Dieu –si j'étais impatient d'aller sur les lieux, voir et me rendre compte ! Mais… il était trop tard !
    Le lendemain, je me lève un peu courbaturé et… après une apparition chez ma fiancée, je vais à la maison Séguy, chez Touénou, mon camarade, la Rosette sa mère, et la vieille Mion, sa grand-mère. Il pouvait être 10 heures. Je grimpe un peu les escaliers faits de pierre disjointes, et me voilà dans la cuisine. Personne… mais, je sens déjà une odeur de pétrole aromatique… or, le portillon qui donne sur le pâtu est ouvert… et j'entend parler… je m’avance… Mion et Rosette son là avec deux messieurs… Elles expliquent… Je me permets de pénétrer, car je suis un familier de la maison, et je puis me le permettre !


    Ces deux Messieurs, sont Théodore Sabatier que je connais bien et son frère Paul que j'avais eu vu à Cuxac. Rosette, me voyant, me dit : «Béni, Fernand, Béni bésé ça que le Drac nous a fait !!! » - mes amis lecteurs, vous avez entendu parler du DRAC, l'esprit malin auquel on croyait autrefois… La Rosette et la vieille Mion, croyaient ferme comme un roc que le pétrole avait pris la place de l’eau par suite d'un tour coquin du DRAC – je m’avance tout en saluant, et Théodore me tendant la main me dit : « c'est mon frère Paul – Paul me serre la main comme l'avait fait Théodore - je l'ai fait venir tout exprès de Toulouse, pour voir le phénomène de cette source et essayer de tirer ça au clair… cela m'intéresse pour mon jardin au-dessus, et qui semble en être le réservoir… tiens, continue Théodore, regarde Fernand… c'est extraordinaire, cela… et c'est bien du pétrole ! »
    Voilà devant nous, la vasque creusée à même la roche schisteuse dans laquelle sourdait la petite source d’eau cristalline, pure et toujours fraîche qui l’emplissait, jusqu’ici. Le trop-plein se déversaient dans une minuscule rigole qui le conduisait au caniveau dans lequel elle coulait vers l’aval mêlé au liquide des éviers d’amont.
    Mais aujourd'hui la vasque paraît pleine d'une espèce d'écume, de mousse blanchâtre comme une vaseline. Monsieur Théodore Sabatier avait une vieille cuiller en fer toute rouillée, qu'il tient à la main, écume cette mousse vers un bord… alors apparait un liquide ambré qui remplit la vasque. Il y trempe un doigt, me le tend au nez, et me réponds, ça sent le pétrole aromatique !…»
    Alors, monsieur Paul Sabatier sent encore une fois, le bout du doigt que son frère à trempé pour lui de nouveau dans le liquide jaune brun. Il saisit la cuiller, et la remplit lui-même, mais ayant soin de prendre en même temps un peu d'écume blanchâtre. Il sent… puis prenant une pensée de mousse il la renifle… la malaxe entre ses doigts… et se tourne vers son frère.
    Monsieur Paul Sabatier qui jusque-là, pensif, n'a pas ouvert la bouche, dit à Théodore, presque à voix basse en confidence : « Cette écume est onctueuse comme une graisse… Quant au liquide ambré, c'est une huile… Pour moi, ce phénomène est clair : c'est une résurgence naturelle de kérosène entraînant de l’ozokérite ! »
    Puis, comme emporté par ses pensées, il ajoute à plus haute voix : « Vois-tu, mon frère, la nature, dans ses laboratoires mystérieux, travaille infiniment mieux que nous, hommes. Elle sait dissocier, décomposer, fractionner la matière, recombiner les éléments… Mais… comment… par quels moyens… quels sont ses procédés ? Nous avons là des témoins… mais la question demeure entière à résoudre ! »
    Je n'avais alors que tout juste 21 ans, et à peine une toute petite moustache brune ornait ma lèvre supérieure. J'ai bien entendu : « Comme une graisse, c’est une huile…. » mais les autres deux mots que Paul Sabatier avait prononcés : « kérosène… ozokérite… » était pour moi du sanscrit ou de l’hébreu. J'étais bien content de voir, De constater cette curiosité : une source de pétrole à Cuxac ; de l'entendre certifier par deux professeurs de lycée : c’est tout !
    Je n'ai compris peu plus tard la signification de ce que disait Paul Sabatier. Mais je suis persuadé que psychologiquement parlant, Le phénomène de la source qui m'a frappé, à influé beaucoup, beaucoup sur mon évolution psychique. Il m'a conduit tout naturellement à l’étude passionnée de la géologie, de la technique, de la minéralogie, des pétroles. Il m'a fait devenir un pionnier de la découverte des trésors que la terre renferme !


    Paul Sabatier, lui, comprenait parfaitement et Théodore aussi. La meilleure preuve c'est que, conjointement, ils ont adressé au préfet de l’Aude, une déclaration d'invention de la source de pétrole de Cuxac-Cabardès ; et que, pour justifier leur fait, ils ont entrepris en juillet et août 1898, dans le jardin de Mme de Geoffroy, un puits de recherche pour capter. - Je raconterai cela plus tard.
    Eh ! bien, je suis convaincu que la visite de Paul Sabatier à Cuxac, et sa préoccupation avec son frère, de posséder le kérosène et l’ozokérite, l’on profondément frappé et influé sur sa vie jusqu'à l'épanouissement de son génie.
    J'entends comme si c'était hier les paroles de Paul Sabatier à son frère, en conclusion de ces méditations devant la vasque où il voyait du kérosène, c’est-à-dire du pétrole lampant naturel, et de l’ozokérite, une cire naturelle, les deux nés d'une mère commune qui s'appelle huiles brutes de pétrole naturelles !
    Oui, peut-être, c'est là le moment de départ de son étude passionnée du fractionnement, de la transformation des huiles brutes de pétrole, pour aboutir à la découverte de la catalyse, après 25 ans de travail acharné avec ses assistants et ses collaborateurs, dans son laboratoire de la faculté des sciences de l'université de Toulouse.
    Voilà un point inédit, je crois, de l'histoire de cet enfant de Carcassonne, sa vile natale, qui s'apprête à fêter le centenaire du grand savant Paul Sabatier.

    Sources

    L'Indépendant / 2 juin 1957

    L'Indépendant / 18 janvier 1955

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Madame Mars (1748-1837). Une Carcassonnaise à la Comédie française

    Nous allons évoquer le souvenir d'une comédienne dont, de toute évidence, les historiens locaux du XXe siècle n'ont jamais parlé. Après tout, peut-on raisonnablement leur reprocher de ne pas tout savoir ? Dommage, car cette Carcassonnaise fut la mère d'une très célèbre comédienne de la Comédie française. Il se dit même - on peut le croire - que Napoléon 1er apprécia beaucoup sa fille, jusque dans ses moindres contours...

    Mademoiselle Mars

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    Même si certains aventuriers de l'histoire osent prétendre sans preuves, que Madame Mars serait née à Marseille, nous faisons ici la démonstration qu'elle est bien née à Carcassonne. Ce n'est pas parce que l'on a l'accent méridional que cela justifie d'être natif de la Provence. Jeanne-Marguerite Salvetat naquit à Carcassonne le 19 février 1748 dans la paroisse Saint-Michel, de François Salvetat (Maître charron) et de Raymond Cucurous. D'après les relevés effectués par Bonnelevay en 1729 et transcrit par Mahul dans son cartulaire, nous pouvons situer la maison des Salvetat au numéro 2 dans le carron de Grandié (actuelle rue du Pont vieux).

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    A gauche de la boucherie Rabat

    Jeanne-Marguerite Salvetat s'était amourachée de Jacques-Marie Boutet, un célèbre comédien de passage à Carcassonne et contre l'avis de sa famille, elle s'était enfuit avec lui. Pour échapper aux recherches lancées à son encontre, elle prit le pseudonyme de Mars. La petite Carcassonnaise à la beauté sans égales, fit ses débuts à la Comédie française au mois de mai 1778 dans le rôle de Mérope. S'il est admis qu'elle n'eut que sa beauté pour défendre un piètre talent, il faut considérer plutôt son accent méridional très prononcé, comme la source principale de cette critique. Jouer le grand répertoire de la Comédie française avec la voix rocailleuse de Carcassonne, n'était pas du goût du public parisien. Elle ne put d'ailleurs pas se présenter pour cette raison à la cour de Versailles. Madame fut congédiée du Français trois ans plus tard, en 1782. 

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    © Piasa

    Buste de Jacques-Marie Boutet

    Le 9 février 1779, elle met au monde rue St-Nicaise à Paris, Anne-Françoise Hippolyte Boutet, la fille de Monvel connue plus tard sous le nom de Mademoiselle Mars. L'acte de baptême stipule qu'elle est l'épouse de Jacques-Marie Boutet, bourgeois de Paris. Or, ils ne sont pas mariés. Pourquoi Monvel a t-il travesti sa profession de comédien ? L'acte pourrait être considéré comme faux, mais à la marge un jugement du 1er décembre 1847, ordonne la rectification de l'acte de baptême de Mlle Mars.

    "Le nom de Mars me vient de ma mère. Ma mère habitait Carcassonne, était de bonne famille, et très belle. S'étant laissé enlever, elle entra au théâtre, où, pour dérouter sa famille, qui poursuivait son ravisseur, on lui donna plutôt qu'elle ne le prit le nom de Mars. Ce nom se perdit dans les coulisses, et voici à quelle occasion il me fut rendu à titre d'héritage. Une tireuse de carte que j'allai consulter un soir en compagnie de Talma, m'annonça un immense succès et un grand nombre de conquêtes ; la prédiction fut ébruitée et désormais Mars devint mon "nom de guerre." (Souvenirs anecdotiques de Mlle Mars / Elisa Aclocque)

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    Mademoiselle Mars en 1823

    Jacques-Marie Boutet qui avait promis à Jeanne-Marguerite Salvetat de l'épouser, partit pour la Suède à l'invitation du roi Gustave III. Loin des yeux, loin du cœur... Dans les premiers temps de son absence, il lui écrivit souvent puis de moins en moins. Après un éloignement de six années, Monvel revint de Suède. Là-bas, il s'était marié avec Mlle de Cléricourt. De cette union, Joséphine était née ; tout ceci mit en fureur Jeanne-Marguerite ce qui ne sembla pas ébranler Monvel. D'après les mémoires de Mlle Mars, sa mère "s'emportait, elle était fort vive, une tête de Carcassonne ! Reproches incessants, soupçons jaloux, menaces viriles..." Hippolyte Boutet (Mlle Mars) sera élevée par Valville, un comédien qui avait sa mère pour maîtresse. C'est lui qui lui apprendra la comédie.

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    Baptiste aîné et Mlle Mars

    Mademoiselle Mars fut la plus parfaite des comédiennes de sa génération. Inimitable dans les rôles d'ingénues, excellente dans les pièces de Marivaux, elle s'acquit une grande réputation dans les rôles d'Elvire (Tartuffe) et de Célimène (Misanthrope). Il ne nous appartient pas ici de retracer sa biographie ; ce serait bien trop long. Elle mourra le 20 mars 1847 au N° 13 de la rue Lavoisier à Paris, à cause d'avoir voulu toujours rester jeune. C'était une obsession chez elle...

    "Mlle Mars a toujours évité de paraître sur la scène de Carcassonne. Fille de Monvel et d'une Carcassonnaise, elle remplaça le nom de famille de sa mère, qui était Salvetat, par celui qui devait populariser plus tard la grande comédienne. On peut supposer qu'il ne lui convenait pas d'appeler l'attention et les propos du public sur l'irrégularité de son origine. Ceux qui n'ignoraient pas ces circonstances ont dû remarquer dans "La comédienne", dont le rôle principal fut écrit et établi au théâtre par Mlle Mars, ce vers que le poète mis dans la bouche de la soubrette "Madame, en voyageant me prit à Carcassonne." (Jacques-Alphonse Mahul)

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    Caveau de Mlle Mars au Père Lachaise

    Jeanne-Marguerite Salvetat (Madame Mars), native de Carcassonne, vécu jusqu'à l'âge de 90 ans à Versailles aux côtés de sa fille aînée. Elle mourut en janvier 1837 et fut inhumée au cimetière d'Auteuil. Seule sa fille, Mademoiselle Mars, passa à la postérité.

    Sources

    Souvenirs anecdotiques de Mlle Mars / Elisa Aclocque / 2015

    Mémoires de Mlle Mars / 1849

    ADA / Registre de l'Etat-Civil 

    Cartulaire de Mahul / Plans de la Ville basse

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  • À chacun de porter sa croix....

    Durant les premiers mois de l'année 2013, Madame Vialade - qui s'occupe avec une dévotion toute particulière de l'entretien bénévole de l'église de Villalbe - avait retrouvé parterre le bras de la croix du XVIe siècle. Celle-ci orne l'intérieur de l'église paroissiale depuis 1978, date à laquelle elle fut découverte dans la boulangerie de ses parents. Ils en firent don à la commune - ce qui explique sa présence dans ce lieu de culte - et elle fut ensuite inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. 

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    © Martial Andrieu

    Roselyne Vialade devant la croix restaurée 

    Durant l'été 2013, je m'aperçus que la croix avait été camouflée sous un drap et que le bras avait disparu. Il ne s'agissait pas d'un acte malveillant ; l'usure du temps avait fait son œuvre. Roselyne que je connais depuis ma tendre enfance, m'expliqua qu'elle avait pris soin d'amener le bras chez elle. Je lui conseillais d'alerter les services de la mairie, mais préféra se tourner vers les Monuments historiques grâce au concours d'une amie dont la fille est guide à la Cité. De mon côté, je prévenais le service du patrimoine de la mairie et la conseillère municipale de l'époque, Monique Joseph. L'affaire prit plusieurs mois avant qu'elle ne suscite l'émoi des locataires de l'Hôtel de Rolland. Tant et si bien que je sollicitais à de nombreuses reprises la municipalité sur ce dossier, sans résultats malgré des articles sur mon blog. 

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    © Martial Andrieu

    De temps en temps, je prenais des nouvelles du côté de Roselyne Vialade afin de savoir si les choses bougeaient. Ne voyant rien venir, j'alertais Marie-Chantal Ferriol - Conservatrice des objets d'art sacré du département. Elle se déplaça avec la conseillère municipale à Villalbe et constata les dommages. Il fallait que la ville établisse deux devis de réparation auprès d'entreprises spécialisées et les envoyer à la DRAC (Direction des Affaires Culturelles) à Montpellier. La somme que la municipalité devait débourser s'élevait autour de 2000 €. Même pas le cachet de la secrétaire de Johnny Hallyday pour le festival... L'affaire dura quatre ans ! Entre temps, la mairie changea et Monique Joseph fut remplacée par Annie Barthès. Quand le service du patrimoine de la ville - qui se résume à une seule secrétaire (Nelly Bourcelot) - eut enfin ses deux devis, le temps ayant passé, une des entreprises n'exerçait plus. Il fallut tout recommencer... 

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    © Martial Andrieu

    La croix restaurée, côté face

    Au mois de mai 2016, le dossier passa au bureau municipal. Le 28 septembre 2016, le conseil municipal effectua une demande subventions auprès de l'état. Après quoi, M. Amigues - Conservateur des antiquités et objets d'art de la DRAC - valida cette restauration. C'est l'entreprise Carcassonnaise Coq et Torrès qui obtint ce marché. 

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    © Martial Andrieu

    Il y a quinze jours, j'étais à Villalbe. Au cours d'une discussion avec Roselyne Vialade, je lui demandais où en était la restauration de la croix. Elle me répondit avec une naïveté propre aux gens honnêtes : "Mais elle est restaurée !". Faudrait-il que je remercie Madame Barthès et le service du patrimoine de m'avoir tenu au courant ? Sans lanceur d'alerte, point de restauration et surtout point d'autosatisfaction dans la presse locale. Comme à chaque fois, ils répondront qu'il faut se satisfaire de l'objectif qui est atteint : Quatre ans ! Tant pis, si c'est au détriment d'un peu d'éducation et de savoir vivre...

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