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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 225

  • Le premier Centre International de Bowling de Carcassonne

    Les Américains n'ont rien inventé ! Ils ont simplement adapté et modernisé le jeu de quilles... En 1951, la société A.M.F sortait le premier "requilleur" automatique, le célèbre "Pinspotter" qui allait être à la base de l'expansion du bowling dans le monde. Le bowling est un jeu simple : il s'agit de renverser dix quilles disposées en triangle, en faisant rouler une boule spéciale, sur une piste de 20 mètres de long. Chaque partie comprend dix jeux au cours desquels on dispose de deux boules pour renverser les quilles. Si l'on ajoute que la boule poète entre 5 et 7 kilos, et qu'un joueur effectue de 12 à 21 lancers, on comprend que le bowling soit aussi un véritable sport. En France, l'A.M.F avait installé ses premiers centres de bowling en 1960, à Biarritz et à Paris. En dépit d'un accueil très favorable de la part du grand public, le marché ne s'est développé que tardivement. A partir de 1968, les implantations se sont succédé et en 1975, on comptait près de 809 centres en France. Carcassonne ouvrait le sien le 27 décembre 1975, au n°7 du boulevard Omer Sarraut.

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    Le centre international de bowling en 1979

    Le gérant de Sud-moto Pierre Chapus (29 ans) et son frère Bernard (31 ans), décident de réaliser le premier bowling de Carcassonne en 1975. D'une surface de 700 m2, il s'installe dans les anciens locaux du supermarché Coop. Un investissement important d'un million cinq cent mille francs.

    "Nous prévoyons l'inauguration pour la Noël. Nous ne savons pas si nous réussirons, car nous rencontrons déjà des difficultés dans l'exécution. L'entrepreneur pour le terrassement (il faut construire des piliers est tombé sur les anciens remparts de Carcassonne. Ceci dit, il va essayer de trouver rapidement une solution..."

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    Pierre Chapus

    L'établissement qui ouvrira de 10h à 2 h du matin (3h le week-end) possédera huit pistes avec marquage électronique des points, une salle de jeux de 250 m2 avec flippers et billards, un bar avec snack de 150 places, un vestiaire. Il emploiera dix personnes : une caissière, un manager, trois serveuses, un mécanicien, un électro-mécanicien et les deux directeurs.

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    À cette époque, la partie coûtait 7 francs et la location des chaussures 1,50 francs. Sachant qu'elle pouvait durer jusqu'à 3/4 d'heure. En dehors de ces activités de loisirs, les patrons organisèrent des concours, un club de bowling et des compétitions nationales. Seul problème, les places de parking largement déficitaires pour accueillir les clients du samedi soir.

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    Le bowling de Carcassonne disparut au début des années 1980 dans un immense incendie. Après avoir créé la discothèque le Xénon, Jean-Jacques Duffaut fera construire un bowling sur l'actuelle zone du Pont rouge. Aujourd'hui, le boulevard Omer Sarraut est mort le samedi soir. Avant l'ouverture du Cap' cinéma, l'ensemble des cafés (La Rotonde) et des restaurants (L'escalier) de désemplissait pas. On aurait voulu tuer le centre ville que l'on ne s'y serait pas mieux pris.

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  • Qu'est venu faire le cinéaste américain Otto Preminger à la Cité en 1965 ?

    Qu'à bien pu venir faire à Carcassonne, le réalisateur américain Otto Preminger en 1965 ? On sait qu'il logea à l'hôtel de la Cité, mais est-ce suffisant pour en faire tout un article ? Nous avons donc poussé plus en avant les recherches, car cette pointure du cinéma d'Hollywood n'était venu faire du tourisme. A cette époque, si les stars et autres personnalités internationales se déplaçaient à la Cité c'est surtout qu'elles y avaient un intérêt professionnel. Une visite officielle, un congrès, un tournage ou bien l'exceptionnel retentissement d'un festival d'Art dramatique dont Jean Deschamps était la tête pensante.

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    © Allan Warren

    Nous avons trouvé dans les mémoires du scénariste Nelson Gidding, une partie des raisons de la venue de Preminger à Carcassonne. Depuis longtemps déjà, ce dernier avait sollicité Gidding afin qu'il lui écrive un film. Un jour, le scénariste lui fit connaître un roman de l'écrivain français Vercors : "You shall know them" (Les animaux dénaturés). A l'époque, il était construit comme une pièce de théâtre. Après avoir acheté et lu le livre, les deux américains décident de venir à Carcassonne. 

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    Vercors et Otto Preminger à l'hôtel de la Cité en 1963

    Le cinéaste américain qui parlait le français couramment, assiste le 15 juillet 1965 à la représentation de "Zoo", adaptation du roman "Les animaux dénaturés" de Vercors. Ayant eu connaissance de la présence de l'auteur à cette création mondiale pour le Festival d'Art dramatique de Carcassonne, Preminger vient discuter de l'achat des droits pour le cinéma. La pièce créée dans la capitale audoise en 1963 sera reprise en février 1964 à Paris (TNP) et à travers l'Europe, obtenant à chaque fois un grand succès. Preminger envisagea à la fin de l'année 1964 d'adapter Zoo pour Broadway. Ce projet sera abandonné, mais l'année suivante une seconde version de la pièce est jouée à nouveau à Carcassonne, et Preminger vint discuter des droits.

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    La pièce sera traduite en plusieurs langues

    Le jeudi 15 juillet 1965, Zoo est interprétée avec une distribution théâtrale prestigieuse : Jean Deschamps, Jean-François Rémi, Claude Piéplu, Françoise Bertin, André Rousselet, etc. On considère que la seconde version est encore meilleure que la première et la critique nationale se montre dithyrambique.

    "Cette pièce de Vercors est amusante, profonde, passionnante. Elle est stimulante, à la fois sceptique et généreuse et d'un ton insolite. La mise en scène de Jean Deschamps remarquable. Et la distribution digne des plus grands éloges." (Le figaro / J-J Gautier)

    "L'évènement de la saison théâtrale." (Carrefour / Christian Mégret)

    "C'est un franc succès, certains diront un triomphe. C'est à Jean Deschamps que cette adaptation doit - de l'aveu même de Vercors - beaucoup de son astuce et de son efficacité." (Le monde / Claude Sarraute)

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    Plaque sous le Pont des Arts à Paris

    Jean Brüller avait pris Vercors pour nom de résistant ; il le garda comme pseudonyme. Il refusa la légion d'honneur pour protester contre la torture durant la guerre d'Algérie. Il est décédé en 1991.

    Sources

    I was a monster movie maker / Tom Weaver / 2001

    Programme Festival Art dramatique / 1965

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  • Le compositeur Jacques Charpentier est décédé hier matin à l'âge de 83 ans

    C'est avec une grande émotion que j'ai appris hier, le décès du compositeur et organiste Jacques Charpentier. Il s'était fixé à Carcassonne depuis les années 1960, après plusieurs collaborations musicales avec son ami Jean Deschamps, dans le cadre du Festival d'Art dramatique de la Cité. Il avait notamment composé la musique pour la pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre "Les mouches". Inutile que je revienne sur la carrière de Jacques Charpentier, pour laquelle nous avons consacré de nombreux articles sur ce blog. Disons que cet homme affable et abordable faisait honneur à ceux avec lesquels, il s'abandonnait à parler de musique. J'en fus et à ce titre, les moments hélas trop courts que j'ai passés avec lui, furent en tous points délicieux. Sa préface dans mon ouvrage biographique de Paul Lacombe, restera à jamais d'une inestimable valeur. Que dire de plus quand un homme, qui fut la tête pensante et créatrice de la musique nationale au sein du ministère Malraux, accepte de préfacer votre ouvrage ?

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    © DDM

    Jacques Charpentier voulait que l'on joue sa musique et qu'elle soit reconnue avant sa mort. A plusieurs reprises, il me confia ses craintes ; il faisait un parallèle avec le devenir de celle de Paul Lacombe. Que son unique opéra "Béatrice de Plannisolas" sur un livret en occitan de René Nelli, n'ait été jamais représenté à Carcassonne, le tourmentait. En 2013, il s'empressa de m'annoncer l'attribution d'un Diapason d'or pour l'exécution de ses Etudes karnatiques par un pianiste Allemand. Il était en droit d'attendre quelque chose de la part des municipalités de Carcassonne sur le plan culturel, mais n'avait plus guère d'illusions.

     Un jour, je dis à Chésa que je connaissais très bien.

    - Pourquoi donc, fais-tu un Festival pareil ?

    - Pourquoi, me répondit-il, tu n'aimes pas ?

    - Ce n'est pas un Festival, ça ! 

    - Tu comprends, ça fait venir du monde.

     - Dans ce cas, je te conseille de le remplacer par un festival de la pornographie. Tu en auras encore davantage.

    Chésa est allé bouder dans son coin...

    Les inflexions programmatiques du Festival le rendaient furieux : "Ah ! Si Deschamps voyait ça". Le pire c'est quand sur un coup marketing, la mairie annonçait en 2015 les 10 ans du Festival de Carcassonne. Lui, plus que tout autre, savait que Jean Deschamps était à l'origine du Festival qui débuta dans les années 60. D'abord, ce n'est pas un Festival, disait-il. Car, il n'y a pas de thématique et on ne peut pas se prévaloir de ce titre.

    "J'habite rue Denisse à deux pas de la place Carnot, me disait-il. En été, je suis obligé de fermer mes fenêtres pour ne pas entendre le bruit assourdissant des sonorisations. J'aime la musique populaire, mais en France elle n'existe plus."

    Il n'était pas tendre non plus avec la politique culturelle du gouvernement Hollande. "Ils sont en train de détruire tout ce que l'on avait mis en place avec Malraux : Les centres culturels, les conservatoires, les orchestres nationaux, les Jeunesses musicales de France, etc." 

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    On n'était pas ami avec Jacques Charpentier, c'est lui qui voulait que vous le soyez. Cela fait une sacré différence dans ce pays où les gens se disent l'ami de quelqu'un, alors qu'ils ne le connaissent que depuis 5 minutes. Carcassonne a perdu un homme de grande valeur qu'elle n'a pas su utiliser, comme d'ailleurs beaucoup de talents et de belles choses qu'elle possède. Soyez assurés qu'ils seront tous présents mercredi 21 juin à 16 h à la cathédrale St-Michel pour ses obsèques. Après tout, ce serait bien là la moindre des choses, non ?

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