Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 131

  • La statue d'Armand Barbès

    Au mois d’octobre 1883, le Comité pour l’érection de la statue de Barbès, présidé par Marcou, se réunissait afin d’étudier les diverses candidatures de sculpteurs. Parmi les grands noms se trouvaient Théophile Barrau, Bailly, Injalbert, Astruc, Beaux, Menier, Falguières et Millet. Marcou soutenait la candidature d’Aimé Millet car celui-ci avait bien connu Armand Barbès, mais les voix se portèrent vers Falguières qui, pour 25 000 francs, s’engageait à réaliser l’ouvrage. Le statuaire se mit au travail et acheva sa sculpture de trois mètres de hauteur en novembre 1885.

    Capture d’écran 2019-05-22 à 16.12.43.png

    Déjà des polémiques enflèrent dans la ville concernant le lieu où la statue devrait être exposée sur son piédestal. De prime abord on choisit le square Gambetta, mais ses partisans voyaient semble-t-il d’un mauvais œil que Barbès pût figurer dans un jardin portant son nom. C’est donc sur l’allée centrale du boulevard que l’on décida d’ériger la statue du « Bayard de la démocratie ». Autre polémique… L’affichage d’une gravure de Barbès réalisée par Falguières dans une vitrine du centre-ville, laissait perplexe ceux qui avaient opté pour Millet. Paraît-il que l’on ne reconnaissait pas Barbès sous la plume de ce lui qui devait le sculpter. Ainsi des craintes commençaient à se faire sentir quant à la bonne exécution de l’œuvre.

    Capture d’écran 2019-05-22 à 16.29.57.png

    Armand Barbès

    Le 24 avril 1886, le piédestal accueillait la statue du Républicain Barbès enfin achevée par Falguières. C’était sans compter sur l’action des réactionnaires et des cléricaux qui n’entendaient pas avoir le tribun révolutionnaire, comme voisin de la cathédrale Saint-Michel. Aussi, dans la nuit du 1er mai, le piédestal était recouvert d’encre noire, effaçant les trois dernières lettres du vénéré Barbès. Cet acte fut qualifié d’attentat par les journaux républicains locaux.

    Capture d’écran 2019-05-22 à 20.45.55.png

    La statue entourée d'une grille avec des bonnets phrygiens

    L’inauguration en grandes pompes de la statue eut lieu le 26 septembre 1886. A cette occasion, le gouvernement français ne dépêcha aucun de ses représentants. Il consentit à prêter le concours de la musique de l’Ecole d’artillerie de Castres et du 15e régiment de ligne ; le préfet de l’Aude ne prononça pas de discours. Le cortège formé de nombreuses personnes parmi lesquelles Marcou au bras de Madame Laurent Fages née Barbès, Marty (député) au bras de Madame Boudet née Fages, Louis Barbès, le frère d’Armand, Pierre Quignot, le compagnon de détention de Barbès et tant d’autres, s’élança depuis la mairie, la Grand rue (rue de Verdun), le boulevard du musée (Camille Pelletan) et le boulevard Barbès.

    Au pied de la statue, une estrade richement décorée avait été élevée de laquelle on entendit les nombreuses discours ponctués de vibrants vivats. On joua la Marseillaise et une œuvre du compositeur chaurien Pierre Germain. Tout se termina dans l’allégresse avec feu d’artifice, banquet et concerts. Le lendemain, ce joli monde se réunit à Villalier, au domaine de Fourtou près du tombeau du défenseur de la République et de la démocratie.

    042.jpg

    A la Libération, on remplaça la statue manquante par une Marianne

    La statue resta en place jusqu’en mars 1942, date où la municipalité nommée par le gouvernement de Vichy la fit fondre sur ordre des nazis. Son piédestal deviendra le rendez-vous de toutes les manifestation républicaines, comme celle du 14 juillet 1942 qui fut réprimée par le Service d’Ordre Légionnaire à la solde du maréchal Pétain.

    statue 2.jpg

     La statue érigée en 1952

    Il faudra attendre 1952 pour qu’une nouvelle statue soit érigée sur l’ancien piédestal. Elle sera fondue par Yvonne Gisclard-Cau et Paul Manaut car on avait conservé le moule d’origine. Tout ceci fut rendu possible grâce à une souscription publique menée par le Parti Communiste Français. A un détail près… le fusil au pied de Barbès n’a pas été refait.

    Statue Barbès

    Le tombeau de Barbès à Villalier

    Le piédestal de la statue de Barbès est un lieu de rassemblement lorsque la République est attaquée, comme lors des attentats du mois de novembre 2015. Qui dit République, dit démocratie... Barbès symbolise les combats pour la justice sociale et la liberté. Son crédo fut "Vivre libre ou mourir". Il reprend celui des sans-culottes de 1789 :

    "La liberté ou la mort"

    Sources

    La fraternité

    Le rappel de l'Aude

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    _________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • "La preuve par 4" à Carcassonne avec Michel Drucker en 1970

    L’émission « La preuve par 4 » présentée par Michel Drucker fit escale à Carcassonne. Diffusée sur la première chaîne de l’O.R.T.F entre le 25 juillet et le 26 septembre 1970, elle concurrençait Intervilles et ses vachettes lancées dans l’arène par Guy Lux, Léon Zitrone et Simone Garnier. 

    La preuve par 4.jpg

    L'équipe de Carcassonne

    Carcassonne faisait partie des seize villes françaises en compétition dont le but était de gagner une 4L mise en jeu par la Régie Renault. Il s'agissait de démontrer tout ce que l'on pouvait faire avec une Renault 4 et de mettre en exergue les qualités sportives de la jeunesse. La plupart des épreuves se déroulaient en direct, mais certaines pouvaient s'effectuer durant la semaine précédant l'émission. A l'issue de chaque émission, l'équipe ayant retenu le plus grand nombre de points était retenue pour la grande finale à Paris.Chaque membre de l'équipe victorieuse, à l'issue de la finale, devait recevoir une R 4.

    La présentation de l'équipe et de la voiture, l'épreuve de consommation (plus long parcours avec 5 litres d’essence), le plus gros volume transporté, des épreuves libres, faire rentrer dans la voiture le plus grand nombre de personnes, Le dépannage d'une voiture trafiquée par une candidate, le lieu le plus insolite : il s'agissait de placer la voiture dans le lieu le plus insolite, la course de lenteur sur un plateau basculant.

    Capture d’écran 2019-05-20 à 18.40.04.png

    L’équipe Carcassonnaise composée de Jackie Thomas, Jean Galoffre, Yvette Frettin, Michèle Danis et Michel Cazaban avait choisi comme thème libre : Quatre jeunes inventeurs du Moyen âge avaient volé le cochon de Dame Carcas. Sous la férule de Monsieur Clave, directeur de la M.J.C, le rapt du cochon s’était bien déroulé malgré la poursuite de cavaliers sensés les en empêcher ;  ces derniers, formés par le Centre hippique dirigé par Monsieur Labadie.

    La preuve par 4 - 1970.jpg

    Dominique Coquille

    Pour l’épreuve insolite, les Carcassonnais choisirent de placer la 4L sur le châtelet du pont-levis de la Cité médiévale. Ceci au moyen d’une grue. Tout ce joli monde se retrouva ensuite à Toulouse pour y affronter l’équipe de Revel pour le reste des épreuves. S’il avait été question de match de rugby à XIII, Carcassonne l’eut emporté haut la main, hélas… Revel fut bien plus habile pour loger le maximum de jeunes de plus de 16 ans dans l’habitacle de la Renault 4. Ainsi, s’acheva l’épopée estivale de « La preuve par 4 »…

    ______________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Deux nouvelles victimes de la libération de Carcassonne sorties de l'oubli

    Le 13 août 1944 à 17h20, douze P38 du 1er St Fighter Group divisés en trois escadres, décollent d’Aghione en Corse. Il y a le 27th en tête avec comme nom de code Petlog, à sa droite le 71th Cragmore et à gauche, le 94th dit Springcap. Les pilotes américains  portent les noms de : Major J. Harris, Flight Officier Kozerski, Lt Buttles, Lt Fairhurst, Lt Long, Lt Wagnecz, Lt Cake, Lt Jensen, Lt Pregmon, Lt Dale, Kirby et Mullins.

    Lockheed_P-38_Lightning_USAF.jpg

    Avion américain P38

    D’ordinaire, ces avions étaient chargés d’escorter les bombardiers lourds au-dessus de l’Europe occupée, mais entre juillet et août 1944 certains d’entre eux effectuèrent des missions d’attaques dans le sud de la France. Les objectifs visaient la neutralisation des infrastructures aériennes allemandes en vue du débarquement en Provence. De sa base, après avoir franchi la côté à Sète, l’escadrille arrive à Toulouse et mitraille avec succès une locomotive, un transformateur, un atelier des hangars à Blagnac et des casernements à Montaudran.

    media-14601.jpg

    First Fighter Group "Conquer or die"

    En passant au-dessus de Carcassonne, les P38 s’attaquèrent au dépôt des locomotives de la gare de l’Estagnol, l’ancien local de la manufacture Franco-Italienne de cloches de laine, transformée par les Allemands en dépôt de vivres et la sous-station électrique. D’autres bâtiment connurent des fortunes diverses comme le toit de la gare SNCF et plus sérieusement, celui du château de Gaja qui servait de camp d’entraînement à la Milice de l’Aude. Des hangars de l’aérodrome de Salvaza furent également visés. Il faudra près de deux heures aux pompiers pour venir à bout de l’incendie de la manufacture Franco-Italienne.

    img041.jpg

    Lieutenant-colonel Francis Harris, 94th squadron

    A 400 mètres d’altitude, les pilotes faisaient des passages d’Ouest en Est en mitraillant, avec à chaque fois des demi-tour vers le Païchérou et au-dessus de la Cité. En haut des Etablissement Lamourelle à l’Estagnol, la D.C.A Allemande (Flak) tentait de contrarier leur mission. Cette expédition aérienne ne se fit pas hélas sans victimes civiles et si l’histoire ne retint que les victimes du Quai Riquet, nous devons nous rappeler que deux Carcassonnais ont perdu la vie ce 13 août 1944 à 19 heures près du chemin de Serres. Deux autres furent blessés.

    img040.jpg

    Walter Pregmon et John Mullins, 94th squadron

    La pauvre Marguerite Bichko née à Castres le 23 février 1931, demeurant à la Villa Sainte-Hélène (Chemin de Serres) à Carcassonne n’avait que 13 ans. Sa mère, Madame Chabastelon Jeanne épouse Bichko raconte le tragique destin de sa fille : « Aujourd’hui, 13 août courant, vers 18h45, j’ai du sonner l’alerte. Avec mes deux enfants, je me suis rendue aussitôt dans une vigne située à 100 mètres de l’habitation. J’ai fait coucher mes enfants à plat ventre. J’en ai fait de même de mon côté à proximité de mes deux enfants. Les avions sont passés aussitôt à basse altitude en tirant des rafales avec leurs mitrailleuses. Ma fille Marguerite a été atteinte d’une balle dans le dos qui est ressortie par la poitrine. Ma fille m’a dit : « Maman, je suis blessée ». C’est tout ce qu’elle a dit, et elle est morte aussitôt. »

    Zéphirin Seguy, né le 26 août 1869 à Espezel (Aude) terminait d’arroser le jardin potager à Saint-Antoine (Chemin de Serres) lorsqu’une escadrille d’avions est passée à basse altitude en mitraillant. Atteint de plusieurs projectiles aux jambes, le malheureux est mort vers 22 heures à l’hôpital de la ville. Il habitait 47 rue Antoine Marty.

    Capture d’écran 2019-05-17 à 11.00.58.png

    © Artis

    La gare de l'Estagnol

    Monsieur Ramon Joseph né le 21 mars 1918 à Serres (Espagne) exerçant le métier de plâtrier dans le quartier des Capucins péchait au bord du canal lorsqu’il dut se cacher derrière un platane. Une balle de mitrailleuse lui occasionna une blessure au pied. Gomez Odette, née le 7 février 1932 à Carcassonne, écolière domiciliée rue A. Soumet, fut atteinte à la cuisse alors qu’elle se trouvait dans son jardin.

    Madame Geynes Anne-Marie, née Jaumes, domiciliée rue Dugommier fut légèrement blessée à la tempe gauche.

    Capture d’écran 2019-05-17 à 11.05.05.png

    Le chemin de Serres

    Ces victimes civiles collatérales sont tombées depuis bien longtemps dans l’oubli. Il nous semble qu’elles mériteraient une plaque du souvenir à l’instar de celle du Quai Riquet. Elles sont mortes pour la libération de Carcassonne.

    Sources

    Archives privées A. Raucoules

    Archives de l'Aude / 127W

    Archives des victimes civiles / Cæn

    ___________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019