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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 132

  • Mise au point sur l'Ecole normale d'instituteurs

    Vous avez été nombreux hier à réagir sur le blog et sur les réseaux sociaux au sujet du projet de démolition de l’Ecole normale d’instituteurs que nous avons évoqué. Un grand nombre de personnes m’ont sollicité afin de lancer une pétition pour demander l’abandon de cette idée et la préservation du bâtiment avec son monument aux morts. Dans cette affaire, je me considère comme un lanceur d’alerte et chacun connaît le traitement que l’on réserve à ceux qui osent par leur courage informer leurs semblables. Il appartient à ceux qui veulent s’opposer à cette éventuelle destruction d’interroger les élus du Conseil départemental, puis éventuellement de constituer un comité de défense, si les gages qui sont donnés ne vont pas dans le sens souhaité.

    Pour ce qui me concerne, je ne serai pas comme par le passé le Don Quichotte du patrimoine Carcassonnais. Il y a dans cette ville des historiens, des sociétés savantes, des amicales d’anciens enseignants, etc. Ils ont toute légitimité pour agir s’ils le décident. Le feront-ils ou préfèreront-ils rentrer au chaud dans les alcôves de leurs bibliothèques ? .J’ai fait preuve de témérité autrefois et mes actions solitaires pour l’intérêt général ont eu pour effet de brimer ma carrière professionnelle dans l’Aude et des récompenses honorifiques pour lesquelles certains hauts responsables ont fait barrage. Je n’en dirai pas davantage ; chacun comprendra. Aussi, vous ne m'en voudrez pas de m'en tenir au cadre historique et informatif de ce blog.

    Bien à vous tous,

    Martial Andrieu

  • Ne détruisez pas l'Ecole normale d'instituteurs, avenue H. Gout !!!

    D'après des informations que nous avons reçues, le Conseil départemental aurait pour projet de céder l'ancienne Ecole normale d'instituteurs dont il est le propriétaire, au bailleur social Habitat Audois pour l'euro symbolique. La transaction ainsi conclue aurait pour objet la destruction des bâtiments du XIXe siècle donnant sur l'avenue Henri Gout, afin d'édifier des logements H.L.M et un foyer de jeunes travailleurs. Nous souhaitons vous alerter une nouvelle fois sur la disparition d'une partie du patrimoine historique bâti de notre ville, plutôt que sur sa rénovation. Après l'affreuse verrue qu'Habitat Audois est en train d'édifier sur l'ancienne villa de la Gestapo de la route de Toulouse, c'est une autre avenue qui est dans le viseur du bailleur social aux constructions cubiques. La disparition de ce bâtiment témoin de l'architecture publique de la Troisième République entraînerait également celle du "Monument aux instituteurs, morts pour la patrie". Ce dernier se trouve au centre de la cour entouré par des platanes centenaires.

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    Nous avons réalisé une étude historique, jamais produite à ce jour, sur l'Ecole normale d'instituteurs de Carcassonne et son Monument aux morts. Nous vous proposons d'en prendre connaissance ci-dessous.

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    L'Ecole normale de garçons vers 1910

    Après la construction de l’Ecole normale d’institutrices en bordure de la route de Narbonne, dont le projet dessiné par l’architecte départemental Jules Desmarest avait vu le jour en 1882, le Conseil général de l’Aude envisagea d’édifier une nouvelle Ecole normale de garçons. Le bâtiment  qu’elle occupait était insuffisant et ne répondait plus aux besoins de son temps. En vendant l’immeuble avec le jardin d’expériences qui, en raison de son éloignement, ne présentait plus aucun intérêt, on pourrait acquérir un vaste emplacement sur la route de Limoux.

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    Lors d’une séance du Conseil général en novembre 1886, il fut décidé la construction d’une Ecole normale d’instituteurs sur le terrain Campourcy, situé derrière l’octroi des Quatre chemins. C’est à cet endroit que quelques années plus tôt, la ville de Carcassonne avait pensé à faire bâtir le futur Lycée impérial, avant de finalement se rétracter en raison de l’insalubrité du terrain. D’une surface de 12000 m2 au prix de 2,75 francs le m2, ce lieu présentait sans doute toutes les garanties pour que l’administration départementale votât en août 1886 un emprunt de 371000 francs auprès du Crédit foncier, remboursable sur trente ans. 

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    Promotion 1918-1919

    Jules, Gabriel, Joseph Desmarest, architecte départemental, né le 30 octobre 1833 à Paris fut chargé de dresser les plans et d’organiser l’adjudication des travaux aux entreprises candidates. On doit à Desmarest, l’aménagement des jardins de la préfecture (1891), la construction de la Maison d’arrêt (1904) et de l’asile de Bouttes-Gach, pour ne citer que ces exemples. Sur le plan associatif, l’architecte départemental occupait les fonctions d’archiviste au sein de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne.

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    La route de Montréal, actuelle avenue H. Gout

    La nouvelle Ecole normale d’instituteurs sur l’actuelle avenue Henri Gout entra en fonction dès la rentrée scolaire de 1889, à partir du début du mois d’octobre. Elle fermera en 1969 avant que l’Inspection académique n’y soit hébergée gratuitement par le Conseil général en 1972. Soucieux de ses deniers, ce dernier finira par imposer à l’état un loyer mensuel de 16 000 euros (190 000 euros annuels) en 2010. Le contrat de location se terminant en décembre 2013, l’état se dit prêt à cette époque à acheter le bâtiment. La rénovation et les travaux de mise aux normes s’élevaient en 2013 à près de 2 millions d’euros. Aujourd’hui, ce site inoccupé est toujours la propriété du Conseil départemental.

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    "Le monument aux instituteurs, morts pour la patrie"

    Au centre de l’Ecole normale de garçons se trouve le Monument aux instituteurs de l’Aude, morts pour la patrie ». Il est l’œuvre du sculpteur Paul Ducuing (1867-1949) et de l’architecte Guillaume Vidal. On doit sa réalisation à une souscription publique lancée par un comité présidé par M. Aribaud. Cette pyramide de quatre de mètres de hauteur est constituée de marbre des Pyrénées sur lequel s’appuie un livre en bronze de 95 cm de haut sur 1,10 mètre de large. Sur la façade principale figurent les noms des maîtres tués au champ d’honneur, dont 23 élèves qui ont quitté l’école de 1914 à 1918 pour servir la Nation. A gauche, un bas-relief en bronze montre l’instituteur  en chaire faisant sa leçon aux élèves assis sur les bancs de sa classe. A droite, un autre bas-relief montre l’instituteur en uniforme militaire. Il quitte la classe pour aller rejoindre le régiment que l’on voit, par la fenêtre ouverte, défiler au pied des tours de la Cité, qui découpe sa silhouette sur le ciel. Les élèves suivent du regard l’instituteur vers son destin tragique.

    Ce monument exceptionnel par son symbole et sa qualité artistique fut dévoilé le 14 juillet 1923 au cours d’une cérémonie présidée par Albert Sarraut, ministre des colonies. Assistaient également à cet événement, MM. Renard (Préfet de l’Aude), Maurice Sarraut (Sénateur de l’Aude), Milhet et Castel (députés de l’Aude), Guichard (Directeur de l’Ecole Normale), etc.

    121 noms sont gravés sur le bronze dont 110 pour la Grande guerre et 11 pour la Seconde guerre mondiale. L’Ecole normale servira d’hôpital temporaire lors des deux conflits mondiaux et d’observatoire météorologique.

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    Sur la façade, les armes des quatre villes du département de l'Aude

    Carcassonne, Narbonne, Limoux et Castelnaudary

    Sources

    La Fraternité / 21 juin 1884

    Etat-Civil / Archives de l’Aude

    Délibérations Conseil général / 1886

    Le courrier de l’Aude / 2 septembre 1886

    La lanterne / 15 juillet 1923

    La démocratie / 23 juillet 1923

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Lucien Maury (1915-1988), chef du maquis de Picaussel

    Lucien, Jean, Alexandre Maury naît à Foix dans l’Ariège le 5 janvier 1915. Appelé sous les drapeaux comme tous les jeunes hommes de sa classe d’âge, il sort avec le grade de sergent en 1936 puis poursuit son instruction à l’Ecole des Officiers de réserve à Hyères. Pendant la campagne de France appelée également « la drôle de guerre », Maury alors chef de section de mitrailleuses au 22e Bataillon de Chausseurs Alpins Maury est fait prisonniers à Vitteaux (Côte d’Or) par les troupes allemandes, le 18 juin 1940. Il s’évade du camp d’Abbeville avant d’être démobilisé le 28 août 1940. Après l’armistice, Lucien Maury prend ses fonctions d’instituteur public le 4 septembre 1940 à Saint-Louis de Parahou dans l’Aude, puis à Puivert. Par l’intermédiaire de Raoul de Volontat, instituteur à Quillan et chef de l’Armée Secrète pour la Haute-Vallée de l’Aude, il se range derrière la lutte contre l’occupant à partir du 1er avril 1943. 

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    © La Maitron

    Raoul de Volontat

    (1911-1944)

    Maury organise un service de passage clandestin vers l’Espagne sous le commandement de l’enseigne de vaisseau Le Merlet d’aviateurs de la Royal Air Force, de réfractaires du S.T.O, d’officiers français. Entre le 1er avril 1943 et janvier 1944, il participe à l’opération d’évasion de la prison de Castres d’officiers Belges et Yougoslaves du service de renseignements Belge : capitaine Boulargue dit « Boule » et commandant Doyen. Réception d’un poste radio en liaison avec Alger depuis Puivert. Réception de 30 containers par parachutages et de 4 radios. Le centre d’émission était installé dans une grotte à 1km du hameau de Lescale.

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    © ADA 11

    Emplacement du PC du maquis de Picaussel

    C’est près de ce petit village au milieu de la forêt de Puivert qu’est créé le maquis de Picaussel, dont Maury devient le chef nommé par Jean Bringer le 6 juin 1944. Picaussel regroupe tous les corps francs du secteur sous la bannière M.U.R, F.F.I, A.S, C.F.L. En sa qualité de chef de maquis, Lucien Maury parvient à repousser l’attaque allemande des 6 et 7 août 1944 ; opération au cours de laquelle le hameau de Lescale est incendié par les Allemands. Les hommes de Picaussel participent également à l’anéantissement d’un convoi ennemi à Puyvalador, à la libération de Quillan et de Carcassonne.

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    © ADA 11

    Lucien Maury et Marius Olive à Puivert en 1944

    Les exploits de Lucien Maury en tant que chef de maquis lui vaudront une citation à l’ordre de l’armée, signée par Charles de Gaulle le 1er octobre 1945 :

    "Officier de grande valeur. Organisateur de premier ordre. A réussi à créer avec des moyens très limités, le maquis de Picaussel, le plus important de son département. S’est tout particulièrement distingué à la tête de son unité le 6 août 1944 à Picaussel, lors de l’attaque de son camp par des forces ennemies très supérieures en nombre et en armement. A fait preuve de réelles qualités d’audace et d’énergie en réussissant le décrochage de sa troupe sans laisser un seul homme aux mains de l’ennemi."

    Si le département de l’Aude fut débarrassé des nazis le 25 août 1944, la résistance n’en avait pas fini avec eux. Elle se mit en quête de les pourchasser jusqu’en Allemagne. Le 15 septembre 1944, Maury prend le commandement du 1er bataillon du 81e Régiment d’Infanterie et avec ses hommes, part de Carcassonne en direction de l’Est de la France. Cet épisode lui vaudra deux nouvelles citations, l’une à l’ordre du régiment (13 février 1945) et l’autre, à l’ordre de la division (14 mai 1945). 

    "Stagiaire au 3e bataillon, a fait preuve de réelles qualités de sang-froid, de coup d’œil et de courage personnel au cours de l’engagement du bataillon au nord de Mulhouse les 21,22 et 23 janvier, en particulier le dernier jour où il a rempli dans des conditions difficiles, plusieurs missions de liaisons délicates et périlleuses auprès des compagnies engagées."

     « A fait preuve d’un courage remarquable en assurant plusieurs liaisons importantes sous un tir extrêmement violent au cours des journées des 11 et 12 avril 1945 devant Rastatt. Le 12 avril 1945 au soir, lors de l’attaque de la fabrique, point d’appui important de la défense ennemie, a entraîné par son exemple le premier échelon de l’attaque contribuant ainsi à la reddition de la garnison allemande. »

    Lucien Maury passe le commandement le 23 mars 1945 de son bataillon à du Crest de Villeneuve. Il devient lieutenant d’active le 1er juin 1945 et poursuit une carrière dans l’armée. En Indochine, il passera deux ans en captivité. En Algérie, il sera commandant en second du 14e Régiment de Chasseurs Parachutistes.

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    Dix ans avant sa mort, Lucien Maury rédige les deux tomes de La résistance audoise. Ce livre qui paraîtra en 1980 mériterait une réédition, tant ses témoignages sont précieux. L’ancien chef du maquis de Picaussel qui s’était marié avec Francine Payès le 26 mars 1942, mourra en 1988 et sera inhumé à Quillan. Sa valeur morale, son courage et son patriotisme devraient être montrés en exemple. Hélas, il nous a été impossible de trouver une quelconque biographie sur internet. Fort heureusement, les archives de la défense de Vincennes ont conservé une riche documentation sur Lucien Maury. Nous y avons puisé l’ensemble des renseignements publié dans cet article.

    Chevalier puis Commandeur de la Légion d’honneur

    Croix de guerre avec une palme et trois étoiles

    Médaille de la Résistance

    Silver Star (U.S.A)

    Source

    Service historique de la défense / Vincennes

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