Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinéma - Page 5

  • Les mémoires posthumes d'un Carcassonnais (3)

    Jean Ouliac (1904-1984) occupa une place importante dans l'univers musical de Carcassonne. Il fut violoniste émérite dans l'orchestre du théâtre municipal et percussionniste dans l'harmonie municipale. Au sein de l'école de musique, il transmit avec excellence à de jeunes instrumentistes la pratique du violon. Cet homme, que je n'ai pas eu l'honneur de connaître, est tel qu'il me fut décrit. Nous avons retrouvé une interview de lui, dans laquelle il évoque ses souvenirs de musicien dans les cinémas de la ville.

    Jean Ouliac Violoniste.jpg

    © Droits réservés

    Jean Ouliac à Carcassonne

     J'ai commencé à jouer dans un cinéma vers l'année 1923. J'avais par conséquent dix-neuf ans et ça a duré jusqu'à mon service militaire donc un peu plus d'un an. Le cinéma dans lequel je jouais s'appelait "Idéal Cinéma". Il était sous la direction d'un mouvement catholique, et se trouvait à l'emplacement de l'actuel Rex (Evêché, NDLR). Nous étions là quelques amis ; autant que je puisse me rappeler, il y avait Georges Anisset comme pianiste, Boudoux comme violoniste avec moi, Charles Adroit comme violoncelliste, Fort comme trompettiste, Joseph Rieupoulh et Gouzy comme clarinettiste. Nous étions placés dans ce que l'on appelle la fosse d'orchestre, c'est-à-dire au bas de l'écran. Et notre rôle était de créer une ambiance musicale pendant toute le temps que durait la projection.

    Ce cinéma donnait surtout des films américains : des westerns, et bien des fois, nous ne nous intéressions même pas aux films qui étaient projetés. Il nous est arrivé de faire les trois séances de cinéma en ignorant tout des films qui passaient. Souvent il arrivait ceci : le vacarme dans la salle devenait tel qu'il nous était impossible de jouer. Alors, à ce moment là, instinctivement on s'arrêtait et on regardait ce qui se passait sur l'écran. ET bien, la scène était toujours la même. Un grand gaillard, un garçon superbe se retroussait les manches, sautait sur son cheval, et se mettait à la poursuite de bandits ou de malfaiteurs quelconques. Et, tant que la poursuite ne s'était pas achevée (elle s'achevait généralement dans un café qui était saccagé) il nous était impossible de jouer.

    Jean Ouliac .jpg

    © Droits réservés

    Au début on se contentait de jouer des morceaux pendant la projection pour créer un fond sonore. Puis au bout de sept à huit mois, on a fait ce que l'on appelait l'adaptation musicale ; c'était pour nous musiciens un véritable exercice de style. En arrivant au cinéma, nous trouvions sur nos pupitres une pile de partitions musicales. Nous attaquions la première avec le départ du film. Au signal, une lampe rouge s'allumant en haut et à gauche de nos pupitres, il fallait arrêter là le mouvement, prendre la partition suivante, et la jouer jusqu'au prochain signal. Cette rupture impliquait donc un changement de tonalité, de mouvement, de rythme, de nuance, de tout ce que vous voudrez ! Il fallait changer ! Et c'était plus ou moins heureux. je me souviens à ce sujet, d'une de ces ruptures : la scène représentait un cortège de mariage qui sortait d'une église, on jouait alors "La marche Nuptiale" de Mendelssohn. Puis le cortège arrivait sur une place publique où il y avait une foire ; il fallait changer !... pour jouer "Carnaval Parisien" de Popy.

    On jouait des compositions de Popy et quelquefois même des choses plus anciennes telles que des chansons de Mayol, de Dalbret, de Georgius, de Dranem. Au début, c'est nous qui choisissions ce qu'on allait jouer, et c'était un peu n'importe quoi. Quand il y a eu l'adaptation musicale c'est la direction de la salle qui indiquait les thèmes à interpréter. Mais la direction détenait ces indications d'une autre source. Je crois qu'elle recevait ça face au film.

    ouliac

    Le film qui m'a le plus intéressé c'est Ben Hur (1925, NDLR). C'était réellement le triomphe du cinéma muet. Mais le reste, alors, vous savez !... Sauf les films comme La passion ou Le Miracle de Sainte-Cécile... A ce moment, il y a eu Le Miracle de Lourdes. Ce film a d'ailleurs été terriblement contesté par les autorités religieuses de l'époque. Le cardinal Archevêque de Paris a même dit : " Il représente les efforts maladroits d'une société qui a perdu son sens chrétien, et qui cherche maladroitement à la retrouver".

    On peut considérer le cinéma des années vingt comme du spectacle populaire. Il faut dire que son prix relativement bas était accessible à toutes les bourses. Il y avait trois catégories de places : les plus chères étaient à 2 francs, ensuite il y en avait à 1,50 francs et je ne me souviens plus exactement mais les autres n'atteignaient pas 1 franc. Le samedi soir, le public n'était pas nombreux, mais il était calme. Le dimanche après-midi le public était plus important, il était surtout composé d'enfants, et de petites bonnes à qui on donnait l'après-midi du dimanche - c'était à peu près le seul jour de sortie. Lors de ces séances, nous étions régulièrement interrompus par le vacarme que produisait ce jeune public. Le dimanche soir, l'assemblée était variée, moins nombreuse qu'en matinée, elle était surtout composée d'adultes, d'enfants accompagnés de familles.

    3073721032.jpg

    © Ministère de la culture

    L'ancien "Idéal Cinéma" devenu ensuite le "Rex", rue de la liberté

    On donnait "La martyre de Sainte-Cécile". La jeune fille était enfermée dans sa salle de bains, où le préfet Amalquius avait décidé de la faire mourir, étouffée par la vapeur d'eau ; ce qui est maladroit pour faire mourir une jeune fille de dix-neuf ans. Au bout de trois jours, le préfet s'énerva et envoya un soldat pour décapiter la jeune fille. Au moment où le soldat allait accomplir sa sinistre besogne - l'image ne montrait pas le glaive tomber sur le cou de la jeune fille - il y eut dans la salle une femme qui poussa un cri de frayeur tel qu'on dut interrompre la séance pour réconforter la dame. Les westerns et les films d'action, notamment, étaient contrôlés quant à leur moralité. Quelques années plus tard, on a créé la côte de l'office catholique ; une note attribuée au film projeté, était affichée à la porte des églises.

    Il fallait une capacité musicale suffisante pour jouer des morceaux de difficulté moyenne, sans répétition, une certaine habitude, une certaine sûreté. Il fallait tout jouer à première vue. Dans les milieux musicaux, les musiciens de cinéma étaient considérés comme des gens expérimentés. Dans le cinéma où j'ai joué ; à cause de son caractère particulier, on peut dire que bien souvent nous n'avons pas été payés du tout. Notre travail à l'Idéal Cinéma était bénévole.

    Au "Cinéma des Familles"*, il y avait Arthur Lenfant, un pianiste remarquable qui a assuré seul toute la période 1914-1918, où un grand nombre de musiciens avaient pris part au conflit. Ce n'est que la guerre terminée, lors de la démobilisation que ces gens ont reformé des orchestres, ou grossi des embryons d'orchestres. M. Lenfant a été remplacé par M. de Norris, pianiste également, qui a joué un certain temps en compagnie d'une jeune violoniste : sa fille, je crois. Dans les années 1920, on lui adjoint deux autres violonistes : les demoiselles Bourdil. Ensuite, c'est devenu le genre de formation que j'ai connu. Pour des motifs publicitaires, on parlait d'orchestre symphonique et même d'orchestre classique. Mais la plupart du temps, le quatuor n'était pas complet. C'était bien entendu des arguments commerciaux.

    Chaque cinéma avait une sorte de personnalité. L'Idéal c'était le cinéma catholique. Le "Cinéma des Familles", lui, c'était le cinéma Duffaut, le cinéma de Monsieur Duffaut. Ce qui était un gage de la qualité d'un certain spectacle.

    * Le cinéma des Familles se trouvait sur l'emplacement de la clinique St-Vincent, à l'angle des boulevards Jean Jaurès et Omer Sarraut. 

    Sources

    Merci à I. Debien pour ce document

    _____________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Henry Dupuy-Mazuel (1885-1962), directeur du "Monde Illustré" et maire de Verdun-en -Lauragais

    3293832216_2.jpg

    Henry Dupuy-Mazuel est né à Perpignan le 17 mai 1885 et décédé à Nice, le 24 avril 1962. Il fréquente en 1900 le collège de Castelnaudary, puis prépare l'Ecole navale. Attiré finalement par le journalisme, il abandonne ses études et débute à "Je sais tout", collabore à "Fémina" et fait sa carrière au "Monde illustré" dont il devient le rédacteur en chef puis le directeur. Officier de la légion d'honneur et Croix de guerre, il est élu maire de Verdun en Lauragais (Aude) du 10 décembre 1919 au 18 mai 1929.

    1927246989_2.jpg

    Outre ses pièces de théâtre: Alerte (3 actes, théâtre François Coppée), Match de boxe (3 actes, théâtre des variétés), L'intrus (1 acte, théâtre des variétés) en 1912; Les anges gardiens (4 actes, théâtre Marigny) en 1913; Molière (4 actes, théâtre de l'Odéon). Henry Dupuy-Mazuel est surtout connu pour deux de ces romans à succès qui seront portés à l'écran: Le joueur d'échec et Le miracle des loups. Le premier nommé sera l'oeuvre de Raymond Bernard en 1927. A partir du second ont été réalisés deux films tournés à Carcassonne; l'un en 1924 (Raymond Bernard) et l'autre en 1961 (André Hunebelle).

    939207750.jpg

    L'adaptation du roman est confiée à A.P Antoine et il s'agit du premier film historique muet. La mise en scène est assurée par Raymond Bernard et la musique, composée par Henri Rabaud (Auteur de l'opéra, Marouf savetier du Caire). Les principaux acteurs sont Vanni Marcoux, Charles Dullin et Yvonne Sergyl. Le film a nécessité de nombreux figurants dont un régiment d'infanterie de Carcassonne et des habitants de la ville. Sur cette photo, on voit M. Céréza (habitant de la cité) devant le chateau comtal. Le miracle des loups fut projeté en avant première à l'Opéra Garnier en présence de Gaston Doumergue, alors Président de la République. Puis, au Capitole de Toulouse dont l'orchestre était dirigé par M. Combaux. Il y a une trentaine d'années, le film projeté à nouveau en hommage à Henri Rabaud à l'Opéra Garnier. Aujourd'hui, le film a été restauré et numérisé et l'on peut le voir à la BNF. On attend, une projection dans le théâtre de la cité avec l'orchestre du Capitole.

    177931766.jpg

    Le miracle des loups dans son adaptation faite par Jean Halain en 1961 et réalisé par André Hunebelle, ne plut pas du tout à Dupuy-Mazuel. Celui-ci considéra que l'on avait soustrait d'une manière fantaisiste la substance de son roman. Le film fut tourné à Carcassonne, au lac de St-Ferréol et sur le vieux pont de Rieux en val avec Jean Marais, Jean-Louis Barrault et Rosanna Schiafinno.

    3099318758.jpg

    Autre contribution au cinéma, mais cette fois comme scénariste: Le tournoi dans la cité. Ce film dont la bobine originale a été perdue dans l'incendie de la cinémathèque de Paris dans les années 1960, a été tourné pendant les fêtes du bimillénaire de la cité en juillet-août 1928. Il a été reconstitué depuis et est projeté parfois à la cinémathèque. Le scénario s'attira la réprobation des historiens locaux en raison d'un prétendu tournoi pour la visite de Charles IX et de Catherine de Médicis en 1545. Un fait imaginaire, mais qui fit polémique.

    3251197572.jpg

    Henry Dupuy-Mazuel a beaucoup apporté au département de l'Aude en qualité d'élu, mais aussi de romancier et scénariste. Il était propriétaire du château de Ferrals sur la commune de Saint-Papoul et avait succédé aux barons de Roquelaure et à leur héritier M. de Virien, ami intime de Lamartine.

    Je remercie vivement Monsieur Armand de Pradier d'Agrain (petit-fils d'Henry Dupuy-Mazuel) pour son aimable collaboration à cet hommage.

    ______________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2017

  • L'arrivée du cinématographe à Carcassonne.

    Le cinématographe inventé par les frères Lumières en 1895 arrive dans notre ville au début du XXe siècle. Les cafetiers carcassonnais organisent des projections sur leurs terrasses en tendant un drap blanc entre deux arbres ou piliers. Ils se procurent appareils, films et opérateurs bénévoles. Tout ceci ne se réalise pas sans un certain intérêt; celui, bien entendu, d'attirer la clientèle dans leurs établissements. Les consommations sont obligatoires et les orgeats-menthe ou le Mazas tournent à plein régime. Les moins fortunés ou les malins ont trouvé une astuce pour ne pas s'acquitter du moindre centime. Ils portent leurs chaises et se placent derrière l'écran; munis d'un miroir, ils lisent les sous-titres qu'ils reçoivent à l'envers! Plusieurs cafés font ainsi des projections: Le Terminus, le café du musée (trésorie générale), le Grand café Not (place Carnot), le café Maymou (café de la terrasse), le café Canis (l'Aiglon), le Helder (café des platanes) et le Grand café glacier (maison de retraite Montmorency).

    img478.jpg

    Sur cette carte postale, nous voyons à droite les deux piliers avec le drap enroulé servant d'écran de projection.

    img476.jpg

    La toute première salle de cinéma apparue à Carcassonne, fut semble t-il le "Cinéma Variétés et des familles" vers 1914. A l'intérieur, des fauteuils à claquette ont remplacé les bancs, un bar à limonade et à bières, un orchestre pour accompagner les différentes scènes du muet. Les instrumentistes improvisateurs étaient membres de sociétés musicales de la ville: Mandoul, Reverdy, Taillefer, Soubrières... Les jets de tartes à la crèmes lors de films comiques, étaient matérialisés par un coup de symbales donné par Roucairos. Cette salle se trouvait sur l'actuel emplacement de l'ancienne clinique Saint-Vincent (boulevard Jean Jaurès). Le terrain avait été acheté à la famille Ouliac en 1884. Émile Duffaut, pionnier du cinéma dans notre ville, était le propriétaire de ce Cinéma des familles. Jean Ouliac nous parle de cet établissement:

    "Au début le confort était plutôt précaire. Je me souviens qu'un jour, il y eut une interruption de la projection, au cours de laquelle un membre du personnel monta sur un banc pour proclamer: "Voilà le caillou qu'on vient de lancer sur la tête d'une demoiselle. Le premier qui lancera quelque chose trouvera un pain de bouffes, le pied dans le cul et à la porte. (textuel)" Le principal film à épisodes fut "Les mystères de New-York" qui fit la renommée de l'actrice Pearl White. Je l'ai suivi entièrement. Il y eut 23 épisodes, c'est à dire qu'il fallait aller au cinéma chaque semaine, pendant 23 semaines consécutives. En dehors de cela, M. Duffaut donnait des soirées avec des fantaisistes ou des chanteurs. C'est ainsi que j'ai pu entendre Dalbret, Dranem qui trouvait encore le moyen de chanter. Je connaissais bien l'opérateur. C'était Angel Longan. Il s'exprimait en bon français avec un fort accent espagnol. C'est à lui que je dois de savoir comment fonctionnaient les appareils de projection de l'époque. Ils étaient mus à la main à l'aide d'une manivelle et un obturateur tournant, escamotait les changements d'images successifs. On pouvait ainsi, faire varier la vitesse de déroulement des films. Il arrivait, alors, qu'une course d'automobiles, ressemble à un cortège funèbre ou que le Président de la République ait l'air de disputer un marathon. M. Duffaut disparut un jour et avec lui, le "Cinéma des familles".

    eden.jpg

    M. Duffaut prit également la direction de l'Eden qu'il transforma en cinéma-théâtre. Ce fut une salle de "Mouisic-all" comme le disait les carcassonnais, dans laquelle se produisirent Maillol, Damia, Mistinguet, Josephine Baker, Maurice Chevalier, Tony Poncet... Écoutons le récit que nous en donne Jean Ouliac:

    " Il est évident  que je n'ai pas fréquenté L'Eden-théâtre dans mes années d'enfance, mais il m'a été donné d'assister à de nombreuses représentations entre 1921 et 1924. Le directeur était alors M. Arnaurec. La troupe de Music-Hall était sédentaire et je me souviens du comique Juguler, spécialiste de l'arrivée des retardataires, dont mes parents se sont souvenus toute leur vie; parce qu'un soir, il leur avait souhaité la bienvenue à sa façon. Il y avait aussi une fantaisiste, Paulette Pastor, et un certain Ruquet qui apportait à son nom la qualité de chnateur à voix, ce qui exaspérait un professeur de chant de l'époque. Mlle Jeanne Bonnet disait: "Mais, il n'y a pas de chanteurs sans voix". L'activité du music-hall ne dura pas longtemps après 1924. Le nouveau directeur, M. Chatenet, me disait: "Un mauvais comique me prend à peu près, la moitié de la recette. Dans ces conditions, ce n'est plus possible. Effectivement, M. Chatenet transforma son affaire en cinéma qui restera le dernier à projeter du muet à Carcassonne."

    bolero.jpg

    Vers 1912, un cinéma ambulant Bonnet s'installa sur la place d'armes, face à la caserne. Écoutons, là encore M. Ouliac:

    "J'ai assisté à quelques unes de ses séances. Il essaya, à sa façon, de réaliser le cinéma parlant, ou plus exactement, le cinéma chantant. Le dispositif n'est pas compliqué: on faisait tourner un disque sur un phonographe. Il n'y avait donc pas d'amplification pendant la projection du film muet. Vous pouvez comprendre ce que cela donnait comme qualité de son et, surtout, comme synchronisation."

    Bonnet s'installa définitivement à Carcassonne. Ce fut le "Cinéma Bonnet" devenu vite le "Modern cinéma", puis le Vox et enfin, le Boléro (voir photo ci-dessus) à côté du garage Métropole. M. Duffaut racheta le "Modern cinéma" et il y eut comme directeurs M. Salès puis Gaston Deumié.

    The_Jazz_Singer.gif

    Après l'expulsion des religieux du Couvent des Carmes en 1880, un pensionnat s'installa dans l'actuel Évêché. L'incendie survenu dans la première décennie du XXe siècle à cet endroit fut d'une voilence inouie. Les flammes pénétrèrent dans l'église des Carmes par la porte de la sacristie. Le bâtiment du pensionnat revint à la paroisse St-Vincent. Il abrita une société de gymnastique, le catéchisme mais surtout une vesta salle de concert. C'est là qu'on entendit les oeuvres jouées par la Société des concerts symphoniques dirigée par Michel Mir. Ensuite, le cinéma muet remplaça le cinématographe; la salle servit au cinéma catholique jusqu'au mois d'août 1914. Pendant la guerre, on y entreposa des sacs de grains. En 1918, une association d'éducation populaire fit modifier la salle; le cinéma catholique devint L'idéal cinéma. La composition de l'orchestre pour accompagner les films fut confiée à Jean Ouliac. Parmi les musiciens, on notait la présence de Georges Anisset, Charles Adroit, Joseph Rieupoulh. L'idéal cinéma dura le temps du muet, mais avec l'arrivée du parlant, il devint alors Le Rex. Le directeur était M. Esquirol, habitant Castelnaudary.  

    colisée.jpg

    Le Colisée fut construit en même temps que le Grand Hôtel Terminus, c'est à dire en 1914. L'intention de l'architecte était que les clients puissent se rendre au café ou au cinéma, sans quitter l'hôtel. François Fargues, professeur de musique et compositeur carcassonnais, occupa la fonction de directeur. L'orchestre du Colisée se constitua en Consortium des musiciens, avec MM. Mir, Coyot, Sabatier, Jordy, Pouzols, Taillefer, Guiraud...

    colisée.jpg

    La grande salle du Colisée, de style Art-Nouveau

    En 1927, Gaston Deumier ouvrit un nouveau cinéma dans la rue Antoine Marty: L'Odéum. La façade est de style Art-Déco et mériterait un classement, comme c'est le cas pour d'autres architectures de cette époque comme l'ancienne mairie ou le théâtre municipal. Le parlant arriva à Carcassonne et deux grandes firmes se partagèrent le gâteau: La Western Electric et La Gaumont. L'Odéum opta pour la première et le Rex, pour la Tobis. Les premiers films parlant à Carcassonne furent La chanson de Paris, Le collier de la reine et Le chanteur de jazz avec Al Johnson (voir affiche).

    odéum.jpg

    L'Odéum quand il était encore un cinéma...

    Sources 

    Marcel-Yves Toulzet/ Midi-Libre/ 26 août 1984

    Souvenirs posthumes de Jean Ouliac

    Cet article a nécessité trois heures de travail

    ___________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2017