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Seconde guerre mondiale - Page 75

  • 20 août 1944: Baudrigues, vision d'horreur

    Le 19 août 1944, les allemands évacuent Carcassonne après presque deux années d'occupation dans le département. A la prison se trouvent notamment des résistants et l'on s'inquiète du sort qui leur sera réservé, après que l'ennemi eût informé la Croix-rouge qu'elle n'aura pas à leur apporter le repas de midi. Il y a parmi eux Jean Bringer (fonctionnaire des eaux et forêts), Aimé Ramond (Officier de paix) et le Dr Delteil (Chirurgien et propriétaire de la clinique du Bastion). Le préfet envoie alors deux délégués charger de négocier un échange de prisonniers, mais le sous-chef de la Gestapo "Schiffner"déclare que seul le Dr Delteil sera libéré avec d'autres détenus sans préciser lesquels. Le chirurgien aurait été gracié pour avoir soigné des soldats allemands dans sa clinique. Vers 11 heures du matin, ceux qui vont être libérés voient monter dans un fourgon cellulaire de la prison, six hommes et deux femmes. Un autre homme, peut-être déjà mort ou agonisant, sur lequel on avait tiré pour avoir tenté de s'évader fait également partie du convoi. L'escorte sera vue à la sortie de la ville en direction de Limoux.

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    Ils se rendent en fait au domaine de Baudrigues situé sur la commune de Roullens, où ils ont entreposé des torpilles de 50 à 500 kilos et d'autres munitions. Intrigué par cette agitation peu coutumière, le régisseur Henri Cambon s'instruit auprès de l'adjudant-chef qui lui conseille de fuir car tout va sauter. A Villalbe, hameau de Carcassonne dont les champs jouxtent ceux du domaine, certains ouvriers agricoles ont aperçu des fils et se doutent de l'iminence d'une explosion. Alphonse, à peine âgé de 20 ans se propose d'aller les couper, mais ses amis du hameau l'en dissuaderont car les allemands pourraient exercer des représailles sur la population. Ils assisteront de loin à l'explosion(la première à 16h45 et la dernière à 16 heures) des neufs depôts sur seize que les "boches" avaient minés.

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    Le lendemain 20 août 1944 les dégâts sont considérables et c'est une vision d'épouvante. "Nous avons été parmi les premiers à Villalbe, à nous rendre sur place" souligne Alphonse. "Ce que nous avons vu dépasse tout ce que nous pouvions imaginer. Pendus aux branches des arbres encore debouts, des morceaux de boyaux et de cervelle. Il ne restait rien du parc." ajoute t-il.Trois corps pourront seulement être reconstitués grâce à certains éléments: Ramond, Bringer et un inconnu. Par exemple, madame Bringer reconnaîtra les restes de son mari à l'alliance d'un doigt. Au total ce sont neuf cadavres que l'ont dit avoir retrouvés dans le parc, sur la base du rapport de gendarmerie. Celui-là même prétend qu'un homme a été fusillé dans le dos et une femme de face. Cela sous-entendrait l'hypothèse qu'ils étaient déjà morts avant l'explosion, mais il est tout aussi possible qu'ils aient été attachés en vie sur le dépôt. On n'a pas pu retrouver une tête !

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    Selon Julien Allaux, les 7 personnes non identifiées sont: Maurice Sevajols (arrêté à Perpignan le 7 août 44 et transféré à Carcassonne dix jours après); Pierre Roquefort, Jean Hiot, Léon Juste et Gilbert Bertrand, tous les quatre rescapés du maquis de Trassanel. Les deux femmes restent inconnues, mais il semblerait qu'elles aient été de confession juive. Les recherches menées par M. Allaux en 1988 permettent de penser qu'il n'y a pas eu 9 mais 14 victimes à Baudrigues. En effet, comme Maurice Sevajols d'autres résistants arrêtés avec lui étaient détenus à Carcassonne. Au lendemain de la tuerie la gendarmerie retiendra neuf, mais le 5 mai 1945 le juge d'instruction accompagné d'un médecin a constaté que des débris humains avait été au cours des huit derniers mois, recueillis par le régisseur du domaine et déposé dans un cercueil. La liste des martyrs serait donc la suivante: Bringer Jean, Ramond Aimé, Roquefort Pierre, Hiot Jean, Juste Léon, Avignon René, Bronson Jacques (né le 16 février 1923 à St-Pé de Bigorre), Gros André, Sevajols Maurice, Torrent André, Bertrand Gilbert, Baills Simon et deux femmes inconnues.

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    Aimé Ramond fut inhumé le 27 août 1944 à Montgeard (H-G). Nous voyons ci-dessus l'hommage rendu par ses collègues avec la pose d'une stèle dans la clairière de Baudrigues.

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    Pour les obsèques de Jean Bringer, le 31 août 1944 toutes les administrations sont fermées. Le corps est exposé dans une chapelle sur la place Carnot, puis amené à la cathédrale Saint-Michel. Il sera inhumé au cimetière du même nom.

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    Chaque année lors de la commémoration de la libération de Carcassonne, une gerbe est déposée sur les lieux même du massacre.

    Sources

    Les martyrs de Baudrigue (Julien Allaux)

    Témoignages recueillis auprès de villalbois (signalés en rouge)

    Crédits photos

    Google

    Collection privée

      Midi-Libre

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • 1942-1944:Les lieux réquisitionnés par l'occupant allemand et ses alliés dans Carcassonne.

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    Le 27 novembre 1942, l'armée allemande arrive dans Carcassonne après avoir franchie la zone libre. Désormais, toute la France est occupée par l'ennemi en raison du débarquement des troupes de la France libre en Afrique du nord. Très vite, les troupes et l'administration allemande vont réquisitionner un grand nombre de bâtiments stratégiques et de belle architecture.

    Les sites militaires

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    La caserne Iéna

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    La caserne Laperrine

    Plusieurs témoignages de résistants et guérilleros espagnols, indiquent qu'ils y ont été interrogés et enfermés dans des cachots avant d'être déportés.

    Les bâtiments administratifs

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    Ecole normale des filles (route de Narbonne)

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    La Feldkomandantur (Bd Jean Jaurès)

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    Le lycée de jeunes filles

    Les hôtels

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    Hôtel de la Cité

    (siège de l'état major de la Werhmacht)

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    De grands banquets de fraternisation y ont été donnés

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    Le grand hôtel Terminus

    (La kommandantur)

    Les hôpitaux

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    L'Hôtel Dieu, rue de l'hospice.

    (Truppenzahnarzt)

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    Casernes de la Justice, route de Montréal

    (Infirmerie)

    C'est aujourd'hui le parc aux matériels de la ville de Carcassonne

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    L'ancien asile de Boutes Gach, route de Toulouse (rasé depuis)

    (Caserne de la Milice française)

    Les maisons bourgeoises

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    Le siège de la Milice française

    (18, place Carnot)

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    La maison de la Gestapo

    (67, route de Toulouse)

    Les agents du SD dont René Bach, étaient logés dans des villas réquisitionnées dans la rue Pierre Curie.

    Crédit photos

    ADA 11

    Collections privées

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    © Tous droits réservés/Musique et patrimoine/ 2013

     

  • Message de Pablo Iglesias Nunez, fils de résistante déportée

    Bonjour Monsieur Andrieu. Je suis espagnol et je pensais que nous-seuls, les Espagnols avions un problème d’amnésie collective. Les blessures de la Guerre d’Espagne ne sont pas refermées, mais je m’aperçois avec effroi que l’amnésie espagnole est contagieuse et atteint la société française et en particulier la société carcassonnaise. Que serions-nous devenus sans le courage et l’abnégation de ces femmes et de ces hommes, Français et étrangers, de diverses sensibilités, qui ont su combattre le fascisme international et ont défendu les idées de justice, de liberté et de tolérance. Ces idées sont celles qui permettent que tous, sans exclusions, puissions aujourd’hui nous exprimer librement.
    Je suis le fils de Mercedes Núñez, républicaine espagnole, engagée dans la Résistance à Carcassonne, arrêtée par la Gestapo et interrogée violemment par le sinistre René Bach au siège de la Gestapo, puis déportée à Ravensbrück. Je ne réclame pas vengeance. Simplement je veux crier haut et fort : Plus jamais ça !


    Nous devrons attendre encore des années (2045) pour que les Archives puissent nous éclairer sur ce qui se passait au siège de la Gestapo, route de Toulouse., car malheureusement, de nombreux documents classés sensibles de « haute trahison » au sujet de la collaboration ne sont toujours pas consultables publiquement aujourd’hui. En effet, les archives sensibles du procès Bach (tortionnaire de la Gestapo), qui s’est déroulé aux Assises de Carcassonne, fin juillet 1945, font l’objet de cette limitation.


    Les témoins directs de la barbarie sont sur le point de disparaître et la jeunesse a besoin de repères de mémoire pour comprendre le présent et construire le futur.
    Le contexte international actuel exige d’être vigilant. Comme disait le dramaturge allemand, Bertolt, Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».


    Le profit immobilier ne peut s’établir au détriment des valeurs républicaines et démocratiques.
    Merci Monsieur Andrieu pour votre courage et votre détermination. Je regrette vivement que l’on ne puisse pas compter avec le soutien efficace des organismes et associations censés faire de la mémoire un devoir prioritaire.


    Salutations cordiales.


    Pablo Iglesias Núñez