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Seconde guerre mondiale - Page 75

  • 1942-1944:Les lieux réquisitionnés par l'occupant allemand et ses alliés dans Carcassonne.

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    Le 27 novembre 1942, l'armée allemande arrive dans Carcassonne après avoir franchie la zone libre. Désormais, toute la France est occupée par l'ennemi en raison du débarquement des troupes de la France libre en Afrique du nord. Très vite, les troupes et l'administration allemande vont réquisitionner un grand nombre de bâtiments stratégiques et de belle architecture.

    Les sites militaires

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    La caserne Iéna

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    La caserne Laperrine

    Plusieurs témoignages de résistants et guérilleros espagnols, indiquent qu'ils y ont été interrogés et enfermés dans des cachots avant d'être déportés.

    Les bâtiments administratifs

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    Ecole normale des filles (route de Narbonne)

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    La Feldkomandantur (Bd Jean Jaurès)

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    Le lycée de jeunes filles

    Les hôtels

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    Hôtel de la Cité

    (siège de l'état major de la Werhmacht)

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    De grands banquets de fraternisation y ont été donnés

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    Le grand hôtel Terminus

    (La kommandantur)

    Les hôpitaux

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    L'Hôtel Dieu, rue de l'hospice.

    (Truppenzahnarzt)

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    Casernes de la Justice, route de Montréal

    (Infirmerie)

    C'est aujourd'hui le parc aux matériels de la ville de Carcassonne

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    L'ancien asile de Boutes Gach, route de Toulouse (rasé depuis)

    (Caserne de la Milice française)

    Les maisons bourgeoises

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    Le siège de la Milice française

    (18, place Carnot)

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    La maison de la Gestapo

    (67, route de Toulouse)

    Les agents du SD dont René Bach, étaient logés dans des villas réquisitionnées dans la rue Pierre Curie.

    Crédit photos

    ADA 11

    Collections privées

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  • Message de Pablo Iglesias Nunez, fils de résistante déportée

    Bonjour Monsieur Andrieu. Je suis espagnol et je pensais que nous-seuls, les Espagnols avions un problème d’amnésie collective. Les blessures de la Guerre d’Espagne ne sont pas refermées, mais je m’aperçois avec effroi que l’amnésie espagnole est contagieuse et atteint la société française et en particulier la société carcassonnaise. Que serions-nous devenus sans le courage et l’abnégation de ces femmes et de ces hommes, Français et étrangers, de diverses sensibilités, qui ont su combattre le fascisme international et ont défendu les idées de justice, de liberté et de tolérance. Ces idées sont celles qui permettent que tous, sans exclusions, puissions aujourd’hui nous exprimer librement.
    Je suis le fils de Mercedes Núñez, républicaine espagnole, engagée dans la Résistance à Carcassonne, arrêtée par la Gestapo et interrogée violemment par le sinistre René Bach au siège de la Gestapo, puis déportée à Ravensbrück. Je ne réclame pas vengeance. Simplement je veux crier haut et fort : Plus jamais ça !


    Nous devrons attendre encore des années (2045) pour que les Archives puissent nous éclairer sur ce qui se passait au siège de la Gestapo, route de Toulouse., car malheureusement, de nombreux documents classés sensibles de « haute trahison » au sujet de la collaboration ne sont toujours pas consultables publiquement aujourd’hui. En effet, les archives sensibles du procès Bach (tortionnaire de la Gestapo), qui s’est déroulé aux Assises de Carcassonne, fin juillet 1945, font l’objet de cette limitation.


    Les témoins directs de la barbarie sont sur le point de disparaître et la jeunesse a besoin de repères de mémoire pour comprendre le présent et construire le futur.
    Le contexte international actuel exige d’être vigilant. Comme disait le dramaturge allemand, Bertolt, Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».


    Le profit immobilier ne peut s’établir au détriment des valeurs républicaines et démocratiques.
    Merci Monsieur Andrieu pour votre courage et votre détermination. Je regrette vivement que l’on ne puisse pas compter avec le soutien efficace des organismes et associations censés faire de la mémoire un devoir prioritaire.


    Salutations cordiales.


    Pablo Iglesias Núñez

  • Mercedes Nunez Targa, torturée dans la maison de la Gestapo (av Roosevelt)

    Mercedes Nunez Targa, connue sous le faux nom de Paquita Colomer, est l'une des rares femmes de la résistance à avoir témoigné contre l'agent de la Gestapo René Bach lors de son procès le 27 juillet 1945. Née le 16 janvier 1911 à Barcelone dans une famille bourgeoise, elle va rompre avec les idées conservatrices de ses parents en défendant les valeurs de la République, proclamée le 14 avril 1931. En 1934, elle devient la secrétaire du poète et écrivain Pablo Néruda alors consul du Chili à Barcelone. Après avoir adhéré à de nombreuses associations féministes, progressistes ou sportives, elle s'engage aux JSU (Juventudes Socialistas Unificadas) puis au PSUC (Parti Socialiste Unifié de Catalogne). Le 18 juillet 1936, la République est remplacée par un coup d'état mené par Franco Bahamonde, c'est le début de la guerre civile espagnole. Fin janvier, le Parti communiste l'envoi en Galice à La Corogne. Placée sous surveillance, elle est arrêtée le 10 novembre 1939 puis envoyée dans la prison de femmes de Betanzos puis de la La Corogne. Enfin, le 6 mars 1940, elle se retrouve incarcérée à Madrid à la prison de Ventas. Tous les jours à l'aube, les prisonnières sont réveillées par les tirs des exécutions provenant du cimetière de l'Est. Elles peuvent connaître le nombre de fusillés en comptant les coups de grâce. Mercedes est condamnée à 12 ans de prison, mais à la suite d'une erreur administrative elle est mise en liberté surveillée le 21 janvier 1942. Elle s'évade et rejoint la France par les Pyrennées ne juillet 1942. Malheureusement, elle est dirigée vers l'ancien camp de concentration d'Argelès ou furent enfermés les espagnols pendant l'exode de 1939.

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    C'est à ce moment, profitant de circonstances opportunes, qu'elle rejoint la résistance française dans la 5e Brigade de guérilleros espagnols de l'Aude. Elle sera Agent de liaison sous le pseudonyme de Paquita Colomer et sera élevée au grade du Sergent FTPF (Franc-tireurs et partisans de France). Elle est inflitrée dans l'Etat-major de la Gestapo à Carcassonne et travaille dans leurs cuisines.

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    Mercedes alias Paquita réside au 20 de la rue Fabre d'Eglantine (quartier du Dôme). Cette maison est aussi le lieu de replis de l'Etat-major du maquis de Roullens. Le 25 mai 1944, Mercedes après avoir été dénoncée elle sera arrêtée avec 11 autres compagnons dont: Mascaro, Terrades, Mari Font, Miralles, Soriano, Juan Lopez... Amantegui réussira à s'échaper. Juste avant eux, René Bach venait d'assassiner Ballester entre Ajac et Limoux et le jeune Auguste Cathala au Bousquet. Mercedes est d'abord interrogée sans ménagement par Bach à la maison de la Gestapo, 67 route de Toulouse. Ensuite, elle sera envoyée au camp d'extermination de Ravensbrück après 11 jours dans un train à bestiaux, le 25 juin 1944. Elle y fera la connaissance de Geneviève Anthonioz-De gaulle, Lise London, Neus Catala...

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    Le camp est libéré le 14 avril 1945 par la 2e division d'Infanterie américaine, le jour où il était prévu qu'elle passa par la chambre à gaz en raison de la scarlatine et de la tuberculose qu'elle avait contractées. Elle arrive avec les déportés à l'hôtel Lutetia de Paris le 24 mai 1945, car Franco ne voulait pas de ces espagnols qu'il considérait comme apatrides. Hospitalisée à Bichat, elle apprend qu'à Carcassonne va se tenir le procès de son tortionnaire, le triste agent de la Gestapo René Bach. Malgré l'interdiction de voyager en raison de son état de de santé, elle se rend à Carcassonne en convoi sanitaire à l'ouverture du procès le 25 juillet 1945.

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    Quand elle arrive à la barre de la cour d'assise de l'Aude, Mercedes Nunez (Photo ci-dessus) a froid. Nous sommes pourtant en plein été et c'est une amie de combat, qui lui donnera une veste pour paraître décemment à ce procès. La salle est comble, les carcassonnais ont pris leur journée pour y assister. On dit même aux enfants: "Sois sage, sinon tu n'iras pas au procès". Mercedes racontera son calvaire et celui de ses compagnons d'arme avec la détermination d'une femme de convictions. Les 26 autres témoins en font de même. Parmi eux, un enfant de quinze ans que Bach a torturé pour tenter d'obtenir des aveux.

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    Le procès se tiendra du 25 au 30 juillet 1945 à Carcassonne. La cour était composée de: Edouard Rouvière (Président), François Pastour (Commissaire du gouvernement), Me Aimé Pagès (Avocat de la défense), Auguste Marty (Greffier). Les jurès: Yvonne Marcillac, Albert Sirven, Pierre Carbonne et Jacques Riffaud.

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    Le prévenu René Bach né le 11 juillet 1921 à Voellerdingen (Alsace) est seulement agé de 24 ans. Il demeure 8, avenue Pierre Curie à Carcassonne. Il s'est engagé comme traducteur dans la Gestapo de cette ville, le 1er novembre 1943. Le tribunal de Carcassonne retient contre lui près d'une centaine de chefs d'inculpation dont: La déportation des juifs de Salsigne, les meurtres de Ballester (à Ajac) et de Agnel (à Trassanel), l'assassinat d'Auguste Cathala et de Marinette Seguy (au Bousquet), sans compter les coups de matraques ou crosses, les brûlures au bout des doigts et autres brutalités. Au cours de l'audience, Bach commença à donner des noms de carcassonnais l'ayant aidé secrètement dans sa tache. Ce qui lui fit dire au Président: "Si je parlais, Carcassonne tremblerait". Finalement, il sera reconnu coupable et condamné à mort.

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    Amené sur le champ de tir de Romieu, il sera fusillé le 6 septembre 1945 à 6 heures par douze FFI.

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    Mercedes Nunez est décorée de la Légion d'honneur en 1959 puis de la Médaille militaire, de la Croix du combattant volontaire de la résistance, de la Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de résistance, de la Croix de guerre et de la Coix du Combattant. En 1980, elle écrit son témoignage dans un livre rédigé en catalan: "El carreto dels gossos" (la charette des chiens). Il est traduit en espagnol en décembre 2011 sous le titre: "Destinado al crematorio". D'ici à cet été, il paraîtra en français chez un éditeur espagnol, car aucune maison française n'a voulu s'en charger, sous le titre "La valeur de la mémoire". Mercedes Nunez Targa est décédée le 4 août 1986 à Vigo en Galice, où elle s'était retirée après la mort de Franco. Le 7 février 2009, la ville de Vigo a inauguré une rue à son nom. Carcassonne ne devrait-elle pas en faire de même, en souvenir de tous ces espagnols venus défendre la liberté sur le sol français ?

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