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Seconde guerre mondiale - Page 73

  • Maison de la Gestapo: Le procès d'Oskar Schiffner

    Le 18 mars 1953 se tient au Tribunal militaire de Bordeaux, le procès d'Oskar Schiffner, redoutable agent du SD (organe de la Gestapo) de Carcassonne. Ce n'est donc que dix ans après la libération que s'ouvre l'instruction à charge contre ce criminel nazi, accusé d'avoir torturé et assassiné des résistants audois. Ce délai ne plaide pas en faveur de l'accusation; la défense, assurée par Maître de Caunes et son frère, va tenter de l'utiliser afin d'enfumer un peu le dossier. Seuls les faits directement imputables à Schiffner seront jugés, pas deux de l'ensemble des services de la Gestapo carcassonnaise.

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    Oskar Schiffner (1909-?) né à Hof en Allemagne

    Le groupe des maquisards espagnols

    Michel Karner

    Ce monteur-ajusteur de Carcassonne, membre de la Résistance, s'avance à la barre. Il est de nationalité allemande, malgré ses séjours en Espagne et en France. Le 20 janvier 1944, il fut arrêté dans les rues de Carcassonne par la Feldgendarmerie avec deux autres compagnons de lutte. Amenés à la caserne Laperrine, ils furent sauvagement maltraités avec un traitement spécial pour Karner. Ce témoin raconte:

    J'étais porteur de tracts. On m'a demandé aussitôt de les traduire en allemand. Arrivé au mot "Boche", qui figurait sur une phrase, je fus prié d'en donner le sens exact. J'ai alors déclaré que je ne le savais pas exactement, mais que dans le jargon espagnol cette appellation correspondait à celle de "fou". Inutile de dire comment cette réponse fut accueillie. J'eus la mâchoire cassée, une clavicule fracturée. Je crachais encore le sang, un an après mon retour de déportation. Schiffner a certes participé à mon arrestation, mais il n'était pas là quand je fus maltraité à la caserne Laperrine. Personnellement, il n'est donc pas responsable. Mais j'estime qu'il l'est pour beaucoup dans les mauvais traitements qui me furent infligés par ses compatriotes.

    Michel Karner évoque également le souvenir de son compagnon de résistance, Louis Blazy, commissaire spécial, déporté et exécuté par les allemands au moment de la débâcle.

    Si des déportations ont eu lieu, ajoute Schiffner, je les ignorais. Elles ont nécessairement été le résultat d'ordres supérieurs qui ne me furent pas communiqués à moi, petit fonctionnaire de police.

    Thomas Martin

    Il reconnaît parfaitement Schiffner qui dit-il, était présent lors de son interrogatoire, route de Toulouse.

    J'étais saoulé de coups. Je ne puis savoir qui me frappais (à la caserne Laperrine, NDLR). Mais au siège de la Gestapo, où je n'eus droit qu'à des bourrades, Schiffner m'interrogeait et m'envoya quelques coups.

    L'accusé déclare alors ne pas reconnaître les témoins et assure ne pas les avoir interrogés. Thomas Martin, avant de se retirer, rend hommage à la mémoire de M. Pavi, Ingénieur des Ponts et Chaussées, pour son exemple émouvant de patriotisme.

    Miguel Amantegui

    Cet homme faisait partie d'un groupe de guérilleros espagnols arrêtés le 25 mai 1944, avec notamment Escuriola et Almagro (morts en déportation). Schiffner nie! Il était selon lui en permission en Allemagne. Les archives de Hof ayant été bombardées, nulle preuve ne pourra être apportée. Ces affirmations seront démenties par Jean Pech, inspecteur de police, qui réussit à enlever Jean Pijuan des mains de la Gestapo.

    Appartenant à la police française, j'ai pu obtenir que Schiffner me remettre ce patriote, qui avait le dos marqué par la flagellation qu'on venait de lui infliger. Je n'ai pas assisté à la scène mais j'ai vu Schiffner sortir de la maison (Rte de Toulouse. NDLR) d'où les cris s'échappaient. Il avait un nerf de bœuf à la main.

    On lit alors la déposition du témoin qui, actuellement à Cuba ne pouvait pas se déplacer à l'audience.

    J'ai été tellement battu que je crachais le sang (Route de Toulouse, NDLR). Quand je m'évanouissais, ces brutes me lançaient des seaux d'eau froide sur le corps. Après quoi Eckfelner et Schiffner me roulèrent à coup de pied dans l'escalier.

    Miralès

    Ne pouvant pas se déplacer, il a fourni un certificat médical. On lit sa déposition dans laquelle il affirme avoir été pendu par les pieds. L'accusé affirme à nouveau qu'il était en Allemagne auprès de sa mère malade. La défense, elle, tente de démontrer qu'il était impossible de pendre quelqu'un par les pieds dans les locaux de la Gestapo, route de Toulouse.

    Le maquis de Villebazy

    Auguste Pons, habitant Belpech, affirme avoir été arrêté le 23 juillet 1944 par Oskar Schiffner et René Bach. Il reconnaît l'accusé et raconte se souffrances.

    Il m'a pendu par les pieds pendant une bonne demi-heure et, pour me faire parler, il me plantait des aiguilles dans les reins. Je fus certes libéré le 19 août 1944, lors du départ des Allemands, mais j'étais tellement abîmé que l'on m'a fait bénéficier d'une pension.

    Schiffner se défend et calomnie:

    Ce monsieur ne dit pas la vérité. Il s'est rendu de son plein gré aux troupes allemandes et, quand nous l'avons interrogé, il n'a fait aucune difficulté pour nous donner les noms des chefs de la résistance de la région.

    Jamais je n'ai fait une chose pareille, rétorque Auguste Pons scandalisé. On avait un pauvre blessé que le chef m'avait confié, après m'avoir dit "Sauve qui peut". Je n'étais que cuistot mais je n'ai rien dit.

    Je vous assure que ces aveux ont été spontanés, renchérit Schiffner

    Le commissaire du gouvernement rappelle à l'ordre la défense qui soutient un accusé qui diffame un témoin

    L'exécution d'Edmond Agnel

    Le maire de Trassanel fut exécuté par les nazis lors du massacre des troupes résistantes de ce maquis, le 22 avril 1944. La présence de l'accusé est mise en cause dans cette triste expédition. La défense présente alors de soi-disant documents provenant du chancelier Adenauer, innocentant l'accusé. L'audition du commissaire de police Cortez qui a interrogé Bach sur cette affaire lors de son procès, n'apporte rien de nouveau.

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    René Bach à son procès en 1945

    Bach ayant déclaré qu'il avait agi sur ordre de son supérieur. Laurent Durand, entrepreneur de maçonnerie à Villeneuve-Minervois, était responsable du maquis de Fournes où il fut arrêté. Il déclare:

    Agnel participait au ravitaillement du maquis. Mais il n'avait pas d'armes chez lui lorsqu'il a été arrêté. Il a vu la corde sur l'arbre pour le pendre. Elle cassa au premier essai et Agnel s'écria: "Je ne suis pas mort" (Agnel a été exécuté par balles ensuite. NDLR)

    Le président s'adressa alors à lui: Reconnaissez-vous l'accusé ici présent comme ayant participé aux faits?"

    Oui, je le reconnais. C'est un des trois hommes qui dirigeait l'opération... Pour moi, c'est l'assassin.

    L'arrivée de la veuve d'Edmond Agnel, en larmes à la barre et demandant justice, jeta l'émoi dans la salle du tribunal.

    Fournes

    Juliette Busqué, dont le fils a été arrêté et ne revint pas des camps de la mort témoigna. Pour elle, pas de doute, c'est bien Schiffner qui a arrêté son enfant. Mlle Magniet, dont le frère subit le même sort:

    Je le reconnais et lui aussi, dit-elle en le fixant du regard

    Tout à tour Théophile Rieussec et Alfred Cosinie sont formels

    Le maquis de Rodier

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    Lors de cette triste journée du 23 mai 1944, Auguste, le fils de Marius Cathala âgé de 19 ans fut exécuté par les Allemands et la ferme incendiée. Il témoigne:

    Ils sont venus me demander où était le maquis. Ils ont ordonné à mon fils de les conduire au Rodier. C'était une ferme abandonnée au milieu du bois.

    Julien Boulbes, ancien maire de Monjardin, puis M. Rovira racontent. Ce dernier explique comment son camarade Ballester a été assassiné au cours de l'expédition par Bach et Schiffner. L'accusé aurait donné le coup de grâce.

    Baudrigue

    Les résistants détenus de la prison de Carcassonne dont Ramond, Bringer et Roquefort furent amenés au château de Baudrigue sur la commune de Roullens. Là, les Allemands les firent sauter sur le dépôt de munitions. On ne retrouva presque rien de leurs corps. L'accusation met en évidence la seule responsabilité de Schiffner, puisque son chef Eckfelner était parti de Carcassonne.

    L'audition du Dr Delteil

    Le Dr Delteil arrive dans le prétoire alors qu'il purge une peine de prison à Carcassonne pour escroquerie à la sécurité sociale. Il déclare à ce sujet:

    Je paie actuellement par de la prison, une fâcheuse erreur comptable de ma secrétaire. C'est normal car un chef est responsable des fautes de ses employés. C'est la rançon du "galon"

    Le commissaire du gouvernement demande au témoin comment fut fait, le 19 août 1944, le choix des hommes qui furent conduits au Baudrigue (Malgré son arrestation en même temps que les autres résistants, seul le Dr Delteil fut libéré et échappa à la mort. NDLR).

    Bach m'a dit que quand Eckfelner était parti, il avait laissé l'ordre à Schiffner de faire fusiller "l'échelon trois" qui comprenait ceux qui avait été pris les armes à la main ou dans une action contre les Allemands. Ramond, ajoute t-il, a été condamné par Schlutter. 

    Quel a été le rôle de Schiffner dans votre libération?

    Si je n'étais pas condamné à mort, comme me la dit Sclutter, Schiffner n'a rien fait. Si vraiment j'étais condamné à mort, Schiffner a joué un rôle. Il avait été touché par une amie de ma femme. Le 29 août, vers une heure et demi, il est arrivé à la prison pour nous rendre nos papiers. Il nous a confirmé que nous allions être libérés. Je lui ai dit: "Où sont les autres?" Il m'a répondu en français: "Ils sont partis ce matin". Comme il avait été gentil avec ma femme et lui avait permis de venir me voir, je lui ai dit: "Où allez vous?" Il m'a répondu, je ne sais pas. Je lui ai demandé ma carte de visite et je lui ai dit, si vous ne pouvez pas passer venez chez moi, je vous ferai remettre aux autorités militaires régulières.

    Donc Schiffner était le chef de la Gestapo ce jour-là?

    Oui

    Les parents d'Aimé Ramond

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    Aimé Ramond

    La mère et le père de l'officier de police exécuté sur le dépôt de munitions de Baudrigue s'avance. Elle porte le deuil de son fils et tient dans sa main tremblante une mallette qu'elle a peine à ouvrir. Elle sort un pantalon et un veston déchiqueté qu'elle pose sur la rampe. D'une petite boîte pieusement gardée elle exhibe des morceaux d'os d'une omoplate, deux ou trois molaires encore collées à la mâchoire. Tout ce qui a été retrouvé de son fils sur les lieux du crime. D'un doigt vengeur, elle désigne le monstre, le fixe droit dans les yeux et d'une voix brisée, coupée de sanglots, s'écrie:

    C'est lui qui a arrêté mon fils, je le sais. Je demande justice. Il ne mérite pas le pardon.

    Le verdict

    Oskar Schiffner est condamné le 23 mars 1953 à la peine de Travaux forcés à perpétuité. Le décret de 1960 remplacera les peines de travaux forcés en réclusion à perpétuité. Nous ne savons pas quand ce criminel nazi a été libéré, ni ce qu'il est advenu de lui.

    Source:

    Midi-Libre, L'indépendant, Sud-Ouest

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  • Marcellin Horus (1908-1999), héros de la libération et maire de Villesèquelande

     "A Marcellin, un camarade inconnu que j'ai admiré avant de savoir tout ce qu'il méritait"

    (Joë Bousquet)

    Après son succès au  certificat d' étude, la famille HORUS étant très pauvre, Marcellin travailla à la forge de son père. Ce métier de forgeron, il l' exercera pendant prés de 40 années. Les conditions miséreuses de sa famille (ses sœurs allaient travailler la vigne pieds nus) ainsi que les injustices, les inégalités et l'analphabétisme qui régnaient en ce début de siècle, marquèrent profondément cet adolescent à l'esprit déjà vif et courageux. Cet ainsi que, par pure réflexion personnelle et aussi par ce qu'il était autodidacte, Marcellin forgea ses idées et sa vision de voir naître une condition humaine meilleure et plus juste.Il comprit bien vite que sans combat rien ne bougerait. Naquit ainsi l'homme politique.

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    Louisette, Annie et Marcellin en 1940

    Après son service militaire dans le 56ème régiment d'artillerie le 15 octobre 1929 où il affinera son métier de forgeron, il réintégrera la cellule familiale pour reprendre l' activité de son père et subvenir aux besoins de la famille HORUS. Le jeune artisan qu'il est, va reprendre le droit fil de ses idéaux et tenter de les faire triompher au niveau local.

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    Marcellin Horus, le forgeron

    Malgré les difficultés rencontrées pour constituer une liste complète, en raison des pressions exercées à cette époque là par les gros propriétaires terriens du village sur les ouvriers qui souhaitaient rentrer dans sa liste, il parviendra cependant à se présenter sous étiquette socialiste (S.F.I.O.) devant les électeurs de Villesèquelande avec deux autres jeunes (Henri CAMPOURCY et Pierre COUDERC)  également bardés de motivation.

    Seul Mr DEFOSSE faisant fi de son obédience royaliste et gros possédant de ce qui constituait l'ensemble des terres des familles DEDIES et PULLES confondues, avait signifié à Marcellin son intention de continuer à le faire travailler, en raison précisément de la qualité de son travail.L'histoire remerciera plus tard cet homme bon de sa noble attitude.)

    Bien que battue au 2ème tour du 12 mai 1935,  cette liste obtiendra néanmoins un nombre substantiel de suffrages au grand étonnement de la rumeur locale. Comme il pouvait s'y attendre, la sanction sera immédiate et Marcellin sera privé de plus de 75% de son gagne pain. Pour faire face à cette nouvelle situation il ira travailler en sous-traitance à Carcassonne et ailleurs.  Bien que battue au 2ème tour du 12 mai 1935,cette liste obtiendra néanmoins un nombre substantiel de suffrages au grand étonnement de la rumeur locale. Comme il pouvait s'y attendre, la sanction sera immédiate et Marcellin sera privé de plus de 75% de son gagne pain. Pour faire face à cette nouvelle situation il ira travailler en sous-traitance à Carcassonne et ailleurs. 

    Juste avant la guerre, le 21 janvier 1938, Marcellin mettra fin à son célibat pour épouser celle qui depuis longtemps déjà avait pour lui les yeux de "Chimène". Louise BRUNEL fille de Pierre BRUNEL et Clara CAZEMAJOU. De cette union avec Louise (Louisette), naîtra trois enfants :Annie, Marcel et Michèle.

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    Jusqu'à quand ?

    En 1939, la deuxième guerre mondiale éclate. Marcellin est envoyé sur le front en Belgique le 13 septembre de la même année où il est affecté au troisième régiment d'artillerie. Refoulé par l' armée allemande, il vivra la grande débâcle et sera blessé à la jambe par un éclat d'obus.

    Il est démobilisé le 14 juillet et s'engage, dés la fin de l'année 1940 dans la résistance Française  au côté du député Henri GOUT, du professeur Albert PICOLO, Joseph DUFFOUR, BONNEMAISON, l' imprimeur CARBOU, DEMONS, Georges GUILLE, etc.… pour former le mouvement Combat.

    En raison des moyens extrêmement faibles, en ce début d'occupation, les premières missions consisteront à regrouper dans toutes les villes et villages les hommes et les femmes décidés à relever la tête, et en l'émission d' une  propagande anti–nazi, avec diffusion clandestine, la nuit, de journaux et tracts pour saper le moral des soldats ennemis.

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     En 1942, PICOLO et GOUT sont arrêtés par la milice. D'autres seront mis en résidence surveillée. Marcellin échappe à la "charrette", et sous l' impulsion de Louise, son épouse, il adhérera au M.U.R.  (Mouvement Uni de la Résistance) au côté de DUFFOUR, MARTY, CARBOU, etc….

    Mais après l'arrestation à Castelnaudary des principaux dirigeants de ce mouvement tels: DUFFOUR, BONNET, MAUNIER, MARTY, BRAS, etc…(qui ne sont plus revenus d' Allemagne), ce réseau est décapité. Marcellin (c'est son seul nom de guerre) échappera une nouvelle fois à cette rafle. Il adhérera alors à l' A.S. (Armée Secrète) secteur D par l' intermédiaire de Paul BARDOUX de Montolieu et NIZET (alias capitaine LEOPOLD) et va contribuer à la formation du maquis de Montolieu. Il créera ainsi le groupe F.F.I. "MARCELLIN", dans lequel viendront se joindre: Henri CAMPOURCY, Clément JALABERT, Paul CATUFFE, Elie PONS, Julien et Joseph BRUNEL.

    Ces noms qui font la gloire de notre région ne doivent pas être oubliés. Ceux qui ont connu les heures sombres de l' occupation, avec sont lot de dénonciations tortures et déportations …savent    qu' il fallait une grosse dose de courage pour rentrer dans la clandestinité.

    Ces hommes signèrent d' ailleurs un acte solennel d'engagement qui les mettait en demeure de servir la résistance même au péril de leur vie. Ces documents figurent dans les archives de la résistance de l' Aude et sont portés sur le livre d' état major des armées.

    Marcellin montera parallèlement les groupes satellites de Bram avec entre autres, Ernest LEOTARD et Adolphe FOURCADE, celui de Pezens avec EMBRY et COMBES de Moussoulens.

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    Le groupe FFI "Marcellin"

    Les missions accomplies par le groupe Marcellin sont nombreuses: 

    - Acheminement de ballots de tracts et journaux clandestins.

    - Transfert d' armes et explosifs pour alimenter les maquis de la "Montagne Noire" et celui du « maquis de Picaussel »

    - Transfert de troupes d' un maquis à l' autre.

    - Sabotages de voies de chemin de fer, de pylônes, et attaque de convois Allemands.

    - Coups de main, tel que l'enlèvement le 3 juillet 1944 d' un dépôt de 2500 litres d' essence et d' un camion Berliet tout neuf à la ferme de "Lorte" à Bram, etc…. 

    Le groupe Marcellin sera par ailleurs, homologué "unité combattante" par l'état major de l'armée (Éditions méthodique, page 277, de Charles LEVOUZELLE).

    Le groupe MARCELLIN, libérera Villesèquelande le 20 août 1944.

    A l'heure des comptes Marcellin est désigné membre exécutif du Comité de libération. Les collaborateurs et mouchards sont arrêtés. Certains sont exécutés. Marcellin est cependant effrayé et indisposé de voir les excès de zèle de certains partisans de la dernière heure, plus enclins à régler leur compte personnel qu'à punir les miliciens et collaborateurs notoires. Il va donc autant qu'il le peut jouer la modération et éviter ainsi à certains le peloton d' exécution. Un du village sera ainsi épargné par la sentence suprême. A "Romieu", Marcellin ira d'autorité le sortir du dernier rang. Le père de ce jeune et sa famille l'en remercieront à tout jamais.

    Marcellin sera maire de Villesèquelande le 28 septembre 1944 jusqu'au 12 mars 1983

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    Marcellin Horus à la gauche de François Mitterrand

    Il sera ensuite élu Conseiller Général du canton d'Alzonne en 1945  après une campagne particulièrement agitée pendant laquelle, lors d' une réunion publique en mairie de Montolieu, il osera porter contradiction à son adversaire de droite issu des grandes écoles et autrement plus "professionnel" que lui.

    Jean GUEHENNO, académicien, qui était présent  ce jour là dans la salle, conquis par la pertinence des propos de ce contradicteur sans titre, lui rendra un hommage appuyé et lui dédiera peu de temps après son livre "Journal des années noires" des éditions Gallimard.

    Mais, refusant de cosigner un texte public présenté alors par ses alliés communistes, visant à dénoncer l'entrée de la France dans l'Organisation du traité de l'Atlantique au côté des Américains, il se verra privé de leurs suffrages et sera battu en 1949 au renouvellement de son mandat par son opposant de droite.

    Au 1er congrès du Parti socialiste après la libération, s'estimant trop peu instruit, il refuseral'investiture à la candidature à la députation que lui donne son parti. Malgré l'ovation unanime et les exhortations réitérées des milliers de militants présents ce jour là, il déclinera le siège de député qui lui était quasiment acquis. Il appellera à la tribune son ami et camarade Georges GUILLE brillant instituteur de son état et demandera au congrès de le désigner à sa place.

    Georges GUILLE sera bien entendu largement élu député de la première circonscription de Carcassonne et deviendra peu de temps après secrétaire d' état de la quatrième république.   

    Marcellin n'en continuera pas moins d'assumer ses nombreux mandats de mairede Villesèquelandeet justifier par son action inlassable, la confiance sans cesse renouvelée par ses électeurs.

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    Distinctions

    Insigne F.F.I. (Force Française de l' Intérieur), délivré par le conseil national de la résistance le 16 septembre 1944

    Médaille de la résistance française délivrée le 6 septembre 1945.

    Croix du combattant volontaire de la Résistance française le 28 septembre 1961

    Croix du mérite confédéral de l' artisanat français  le 28 septembre 1954.           

     Plaquette du témoignage de la reconnaissance française pour services rendus à la patrie au cours de la guerre 1939-1945. Délivrée par Monsieur le ministre des anciens combattants DUVILLARD le 20 novembre 1970.

    Médaille d' honneur départementale et communale le 20 mai 1974.

    Médaille vermeil pour le même honorariat le 18 janvier 1982

    Médaille d' honneur de l' union fédérale des anciens combattants et victimes de guerre le 16 mai 1982.

    Lieutenant de réserve par décret du 26 mai 1945.

    Chevalier dans l'ordre de la légion d' honneur le 7 janvier 1982 de par Monsieur le ministre des anciens combattants Jean LAURAIN, venu en personne lui remettre cette distinction.

    Conseils de lecture

    "Guerre d' escarmouche dans le midi noir" tiré du livre "Une page de la résistance" de l' écrivainJoë Bousquet édité le 5 février 1945.

    "Le corps franc de la montagne noire"

     "L'écho de la Résistance" édité par la confédération des C.V.R.

    "Deux du maquis" de Maurice JOUFFREAU, éditions Chantal

     "Résistance Audoise" (4 tomes) préfacée par le colonel MAURY chef du maquis de Picaussel, éditions imprimerie nouvelle de Quillan.

    "Journal des années noires" de Jean GUEHENNO de l' Académie Française, éditions Gallimard.

     

    Tous mes remerciements à Aude Horus pour sa communication

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  • Cela aurait pu arriver dans un village de l'Aude!

    L'histoire dont je vais vous parler aujourd'hui s'est passée en France, loin de l'Aude. Cette tragédie, cette barbarie, ce crime contre l'humanité aurait très bien pu se passer à 20 km de Carcassonne à Conques sur Orbiel ou à St-Hilaire. Le destin a choisi le paisible bourg d'Oradour sur Glane à côté de Limoges dans la Haute-Vienne. C'était il y a exactement 69 ans, le 10 juin 1944...

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    Tout est tranquille en ce début d'après-midi du 10 juin, quand le village est soudainement traversé par les chenillards d'une division allemande. On pense qu'elle ne va faire que passer car ici on n'a jamais vu de "bôches" depuis le début de la guerre. Elle s'arrête en haut du bourg et ceux que l'on prenait jusque là pour des soldats de la Wehrmacht, sont bel et bien des Waffen SS. Il s'agit de la division Das Reich, commandée par le général Hans Lammerding. Bien sûr les habitants ignorent que ces assassins remontent vers le nord et qu'à Tulle ils viennent de pendre 120 hommes aux lampadaires de la ville. Alors, quand ils ordonnent à toute la population du bourg de se rendre sur le champ de foire afin de vérifier les identités, personne ne soupçonne ce qui va arriver. On convoque le maire à qui l'on dit qu'il y a des armes cachées dans le village et que l'on va procéder à des vérifications. C'est un prétexte car Oradour n'est pas connu pour être un repère de maquisards. Les hommes sont ensuite séparés des femmes et des enfants. Les premiers sont conduits par groupe de six dans des granges; les autres entassés dans la petite église paroissiale. A 16 heures, sous les balles des mitraillettes, les hommes sont abattus et leurs corps recouverts de foin auquel on met le feu. A 17 heures, les femmes et les enfants (le plus jeune avait quelques semaines) dans l'église après une tentative d'asphyxie sont massacrés à la mitraillette. Seule une femme réussira à s'échapper par un vitrail au dessus de l'autel.

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    Personne ne devait être témoin de la scène et ceux qui se sont aventurés dans le bourg ont été immédiatement abattus. Leur forfait accompli, les SS pillèrent et firent ripaille. Ensuite, il mirent le feu à l'ensemble des habitations et à l'église. Ce n'est que plusieurs jours après, que les secours purent intervenir dans ce village de l'apocalypse, après l'autorisation de Vichy. Seul l'évêque de Limoges Mgr Rastouil que l'on avait mis en prison puis libéré, pour ne pas avoir voulu célébrer à la demande du gouvernement une messe pour la mémoire du milicien Henriot, protesta auprès des autorités. Ni l’État Français, ni la Milice française ne protesta auprès de l'occupant. Mgr Rastouil avait également protégé à Limoges le Rabbin Bischeim. C'est un homme qui fit honneur à son ministère et dont il faut honorer la mémoire! 

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    Au total 642 personnes périrent dans les flammes d'Oradour dont de nombreux enfants qui étaient en classe ce jour là. Parmi eux, un seul a réussi à s'échapper (Roger Godfrain). Il faudra attendre 1953 et le procés de Bordeaux pour espérer punir les coupables. Or, seuls les alsaciens incorporés de force dans la SS se retrouveront sur le banc des accusés. Parmi eux, un seul s'y était volontairement engagé. Ils furent condamnés à la prison, mais l'affaire devint rapidement politique en opposant l'Alsace et le Limousin. La mémoire des 642 victimes fut alors sacrifiée sur l'autel de la réconciliation nationale et la peine des condamnés fut commuée.

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    Le général SS Lammerding échappa à un procès grâce aux anglais et aux allemands qui refusèrent de le livrer. Il n'était pourtant pas caché car il avait repris ses activités d'ingénieur. Il mourra dans son lit à Dusseldorf en 1971.

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    Le 26 mai 1983, le nazi Heinz Barth impliqué dans le massacre d'Oradour se présente à son procès. Il touchait jusque là une pension de "victime de guerre"... En voyant deux rescapés du massacre venu témoigner, il dira qu'il lui parassait comme impensable qu'il y ait pu avoir des survivants. Il ne devait pas y en voir. Quant à sa responsabilité: "j'ai obéi aux ordres". Aucun regrets, ni remords... pour avoir tué 247 enfants!
    Il sera condamné à la prison à vie mais en raison de son âge, il sera libéré quelques temps après. Il est mort le 6 août 2007 à 86 ans.
     
    Oradour sur Glane en 2013
     

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    L'église du village dans laquelle périrent près de 400 femmes et enfants

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    Le crucifix

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    L'intérieur de l'église

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    Impacts de balles dans l'église

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    La rue principale du bourg

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    Ce qu'il reste de l'école des filles

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    Le bureau de poste

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    La boulangerie

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    Le champ de foire sur lequel les hommes furent séparés des femmes et des enfants. La voiture Peugeot 202 du Dr Désourteaux, maire d'Oradour sur Glane.

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    Dans le cimetière...

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    Le mémorial élevé aux 642 victimes d'Oradour

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    Les restes de victimes innocentes. Seules dix sur 642 seront identifiées

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    Les noms des 642 victimes dont la plus jeune n'avait que quelques jours

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    A l'intérieur du mémorial

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    Landau de nouveau né criblé de balles et jouets d'enfants

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    L'église du nouveau village, construit dans les années 50, juste à côté des ruines de vieil Oradour sur Glane.

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