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Seconde guerre mondiale - Page 69

  • Juin 1944: Un homme sauve la Cité de la destruction

    Depuis novembre 1942, les allemands sont à Carcassonne. Ils occupent les diverses administrations, casernes et autres belles demeures qu'ils ont réquisitionnées. L'armée allemande prend possession de la Cité, chasse les habitants et fait murer la porte d'Aude. Seuls les personnels travaillant pour la Wehrmacht sont autorisés après avoir présenté un laisser-passer, à pénétrer dans la forteresse médiévale. L'hôtel de la cité se transforme en quartier général, baptisé Kommandantur par l'ennemi. Pendant les deux années d'occupation, les allemands vont réaliser des fouilles et découvriront une salle basse voûtée sous la place Marcou. On y accède par un escalier ; ce lieu obscur est un vestige de l'ancienne église St-Sernin qui fut rasée à la Révolution. Une autre galerie ruinée part des fossés du Château comtal vers la place Marcou et l'épaisseur des remblais sous le pont de pierre du château est de trois mètres. 

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    © ADA 11

    Un jour avant le débarquement des troupes alliées en Normandie, un homme est inquiet du sort qui pourrait être réservé à la Cité médiévale. Les allemands ont stockés une très grande quantité d'armes et de munitions à l'intérieur du site; bien assez pour faire tout sauter. On retrouvera dans le puits du château en octobre 1944 la valeur en chargement de quatre voitures de munitions: cartouches, mines anti-chars, bandes de mitrailleuses, grenades, explosifs... Tout cela jeté par l'occupant à son départ. Combien d'anciens carcassonnais n'avons-nous pas entendu dire que les allemands voulaient faire sauter la Cité? Il est incontestable qu'ils en avaient les moyens! Mais surtout... l'armée allemande et ses munitions représentant une cible idéale pour les bombardiers alliés, la Cité se retrouvait ainsi menacée de destruction.

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    © ADA 11

    Le 5 juin 1944, Maurice Mordagne va sauver la Cité. Cet homme érudit, auteur de plusieurs ouvrage sur le folklore et les fêtes languedociennes, est un membre éminent de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. Là où personne ne semblait réagir à ce scénario catastrophe, il rédige un texte qu'il adresse à ces collègues. Nous avons retrouvé ce texte manuscrit que nous vous livrons ci-dessous in-extenso:

    Mes chers collègues,

    M'occupant depuis longtemps de la défense de nos monuments historiques régionaux (mes campagnes de presse l'ont prouvé), je me suis toujours intéressé à notre antique Cité dont je suis depuis le début du siècle, la restauration. J'étais avec Déodat de Sèverac (NDLR: Compositeur de musique), Lucien Trenet et Gastilleur, des tout premiers à propager l'idée de la création de son théâtre de plein air. Lors du Bi-millénaire, Septimanie (NDLR: magazine artsitique régional) me confia une étude sur les fastueuses fêtes qui se déroulèrent sous l'impulsion de Maurice Sarraut et Léon Bailly dans les remparts médiévaux. Aux Beaux-arts, à Paris, j'ai souvent entretenu les hauts-fonctionnaires de cette maison de la nécessité d'entreprendre telle ou telle fouille, telle ou telle restauration, tel ou tel dégagement. Mais jamais, je n'aurais pensé que ces murs pourraient servir à faire une guerre moderne; tout au plus pouvaient-ils servir à opérer des reconstitutions historiques telle que l'arrivée de Charlemagne et de ses paladins.

    Aussi au début de mai ai-je attiré l'attention du Palais-Royal sur les incidents récents qui se sont déroulés à la Cité depuis l'évacuation de la population; et je ne vous cache pas de l'émotion qui s'est emparée de l'administration en apprenant cette nouvelle. Dans le dossier de l'affaire actuelle figurent les rapports des architectes des Beaux-arts MM. Nodet et Bourrely, les voeux récents de la Société des Amis de la Cité et de celle de des Arts et Sciences, un dépêche du préfet de l'Aude, une trace du voyage spécial d'alerte de M. Bourrely à Paris et c'est tout. Le maire de Carcassonne (NDLR: Jourdanne, nommé par Vichy en 1941) a été muet et n'a pas alerté, comme c'était son devoir, le gouvernement et cependant l'affaire est du domaine gouvernemental exclusivement. Tandis que avant l'occupation de la Cité, les Beaux-arts seuls auraient pu agir. Le prince de Metternich, protecteur austro-allemand des nos édifices classés, ne peut agir efficacement contre sa propre armée; il n'a une action efficace que si celle-ci n'occupe pas. C'eût été facile pour lui d'agir avant l'occupation de la Cité, comme il l'a fait pour le château du colonel de Choulot au camp d'Avard. A celui-ci qui avait devancé l'exécution d'une menace de destruction partielle, Metternich répondit: " Vous avez bien fait de venir avant l'exécution des ordres allemands, car les français viennent en général quand le mal est décidé ou fait". Néanmoins les Beaux-arts ont saisi le Prince d'un rapport, celui-ci a envoyé à Carcassonne le Colonel docteur Mobomius le 25 mai 1944 et M. Bourrely l'aaccompagné à la Cité: l'affaire en est là...

    Je vous engage vivement à décider une action immédiate auprès du gouvernement qui peut utilement causer  avec l'État-major de la Wehrmacht. Metternich, dont la famille habite Paris depuis plus d'un siècle, qui n'est allemand que depuis l'Anschluss, donne des ordres exécutés à la lettre quand il est suffisamment informé et à temps. Si vous vous substituez à la ville défaillante et à un préfet timoré, nous avons des chances d'être entendus: il n'y a pas d'autre solution pour provoquer l'évacuation de la Cité et éviter ainsi des bombardements anglo-américains possibles si on maintient le dépôt de munitions du Château-Comtal. Je vous propose, mes chers collègues, de porter moi-même vos voeux ainsi que ceux des sociétés savantes de la ville à l'officier français qui fait la liaison entre le gouvernement de la commission d'armistice à Wiesbaden.

    Maurice Mordagne donne le compte-rendu

    Le débat qui suivit cet exposé fut assez animé et l'on décida de me remettre, les divers voeux identiques en faveur de la Cité et émanant des Amis de la Cité, du Syndicat d'initiative, des Arts et Sciences et des Études scientifiques.

    Ces voeux furent remis à Paris entre le 15 et le 18 juin (1944) à l'hôtel de la maréchale Foch où se trouvait la liaison militaire avec Wiesbaden. Le colonel français me recevant ignorait totalement que la Cité avait été occupée par les allemands et il ajouta: "Jamais le gouvernement n'en a été informé, vous êtes le premier à m'en avoir avisé, car tous les documents pour Wiesbaden passent par mes mains, et rien de semblalble n'y est jamais passé. Le débarquement est commencé, notre influence sur ces messieurs est des plus faible; ils sont nerveux et si vous étiez venus il y a sept mois, nous aurions enlevé l'affaire. Mais, malgré tout, vos voeux sont partis ce soir même par l'avion spécial et demain, la commission d'armistice en sera saisie."

    Depuis lors, il a été impossible de savoir à Wiesbaden ce qu'était devenue cette affaire, car il y eut rapidement un gros désordre et il est actuellement fort difficile de savoir, même au Quai d'Orsay, comment a été liquidée la célèbre commission, et où sont passés ses membres. Sont-ils rentrés, se sont-ils enfuis, opnt-ils été tués? Le mystère complet plane sur cette fin... Quant à notre citadelle, elle est sauvée, c'est l'essentiel.

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  • Massacre du Quai Riquet (20 août 1944): des visages sur des noms oubliés

    Peut-être est-il inutile de rappeler que le 20 août 1944, l'armée allemande en déroute à fait exécuter 21 otages (sans compter Noël Ramond, fusillé devant son domicile) sous le pont de chemin de fer du Quai Riquet.

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    Petit à petit notre travail consiste à tenter de retrouver les visages de ces pauvres malheureux dont la faute, fut de se trouver là au mauvais moment. Après Noël Ramond, nous vous proposons de rendre hommage à Roger Carreras et à Raymond Chassaing.

    Roger Carreras

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    Roger Carreras avait 21 ans, ce triste 20 août 1944. Il était né à Mazamet le 26 octobre 1923 de Carreras Diego et de Pérez Juliano Joséfa. Il habitait le quartier de Grazailles dans la Villa Anne-Élisabeth et exerçait la profession de mineur de fond.

    Raymond Chassaing

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    Raymond Chassaing avait 23 ans, ce triste 20 août 1944. Il était né le 2 novembre 1921 à Clermont-Dessous (Lot et Garonne) de Victorien Chassaing et de Valérie Cambon. Il habitait 19 route de Toulouse où il exerçait la profession de Chargeur PTT.

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    La plaque aux martyrs du Quai Riquet à l'entrée du pont de chemin de fer, en direction de la rue Buffon.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Un aviateur dans la crypte de la basilique St-Nazaire...

    Notre ami Philippe Decaux, patron du bar le Sénéchal, m'a conté une petite histoire... Une année, il fait la connaissance à la cité d'un touriste américain qui cherche à se rendre à la basilique. Jusque là rien de bien étonnant. Sauf que cet homme est un aviateur de l'armée américaine qui va lui raconter une bien belle histoire... Nous sommes en 1944 et la cité est occupée par l'armée allemande, quand un soldat US, Sully H. de Fontaine, parachuté début février à Dijon se présente au curé Pierre Pont. Ce dernier va alors le cacher dans la crypte de la basilique sous le choeur, le temps qu'il puisse s'enfuir.

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    La crypte sous le choeur de la basilque St-Nazaire

    Il réussira quelque jours après à rejoindre Pamiers, grâce à des passeurs. Ce touriste est donc bien Sully H. de Fontaine qui 50 ans après retournait à Carcassonne.

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    Les deux hommes se sont liés d'amitié et en 2001, le Colonel Sully H. de Fontaine reçut la médaille de la ville de Carcassonne.

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