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Portraits de carcassonnais - Page 57

  • Michel Massé (1869-1937), bienfaiteur de la ville

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    Michel Massé (à droite) fut de ses hommes que la mémoire sélective de la ville a oubliée. Peut-être étaient-ils trop nombreux dans son genre pour que l'on leur attribuât a titre posthume la place qu'ils méritaient. Cordonnier et chausseur de son état, Michel Massé tenait un magasin dans la rue de la gare, en face de l'actuel Monoprix depuis 1897. A sa mort, l'emplacement fut occupé par les chaussures André.

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    Il occupe la fonction de Conseiller municipal sous la mandature d'Albert Tomey depuis 1929. Michel Massé est sur cette photo, le troisième au second rang à partir de la droite. A cette époque, c'est un cumulard. Non pas dans le sens d'aujourd'hui, où nos élus empilent les fonctions électives rémunérées comme d'autres les pièces de Légo. Il s'investit dans les associations caritatives, sociales et humanistes.

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    Voici ses états de service:

    Délégué cantonal des société de Secours mutuels (1932-1936)

    Commissaire aux comptes de l'Union mutualiste

    Membre du conseil d'administration du Sou des écoles laïques (1903-1937)

    Membre du conseil d'administration des bains douches (1919-1937)

    Membre du conseil d'administration de la Goutte de lait (1924-1937)

    Membre du comité de patronage des habitations à bon marché

    Président de l'Union des mobilisés des vieilles classes

    Distinctions honorifiques

    Officier de l'instruction publique

    Chevalier du mérite agricole

    Médaille d'or de la mutualité

    Médaille de bronze de la prévoyance sociale

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    Michel Massé mourra sans avoir pu obtenir la Légion d'honneur faute de temps...

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014

  • Lettre autographe de Maurice Sarraut, sénateur de l'Aude

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    Maurice Sarraut (1869-1943) fut d'abord un homme politique, membre du Parti Radical Socialiste, élu comme sénateur de l'Aude entre 1913 et 1932. Il démissionnera pour devenir le propriétaire du quotiden La Dépêche. Après l'armistice de 1940, il approuve le gouvernement de Vichy et soutien Pétain. Ce n'est qu'en 1943 qu'il prendra ses distances avec Laval; au moment de la création de la Milice. Il sera assassiné le 2 décembre 1943 par des Miliciens. Il repose au cimetière Saint-Vincent de Carcassonne.

    Lettre du 2 septembre 1894

    Mon cher Alboize,

    Je suis désolé et vexé à la fois du facheux effet produit sur l'organisme délicat de mon bon ami Édouard par le climat de Carcassonne, ma seconde patrie. J'imagine que sa maladie n'offre aucun caractère de gravité et je souhaite de mon tout coeur que la mer répare promptement la santé ébranlée de notre cher gamin. Oserai-je vous demander, en grâce, de ne pas dire, à votre retour ici, que Carcassonne l'ût rendu malade?

    Je me suis imposé la tâche ardue de réhabiliter, dans l'esprit de ceux qui m'entourent, notre ville d'origine; Nadaud (1) l'a ridiculisée. Mais le ridicule, ce n'est rien. Quantité de gens– voire du meileur monde– s'en accomodent au point de le considérer comme une des conditions nécessaires de l'existence. mais cumuler le ridicule et l'odieux, c'est vraiment trop; que voulez-vous répondre aux malveillants qui nous diront: "Carcassonne est non seulement la ville la plus bête de France, mais encore la plus pernicieuse. On y attrape les fièvres, la jaunisse, etc..." Hélas! nous ne pourrons que rougir– silencieusement!

    Épargnez-nous ce nouvel avatar.

    Je regretterai infiniment de ne pas vous voir, à mon arrivée à Carcassonne: Je me proposais de passer, en votre agréable compagnie, quelques bonnes heures dans l'atelier de Laugé (2). Enfin! l'important est qu'Édouard guérisse vite. Nous aurons tout le temps de causer impressionisme cet hiver à Paris.

    Je vois Raynaud assez souvent; il m'a fait l'amitié de donner le service le service de l'artiste, pas la 2e représentation de Sereno Torelli, à la Comédie Française. Vous voyez que, même pendant votre absence, je trouve le moyen d'être votre obligé!

    Présentez, je vous prie, à madame Alboize mes respectueuses amitiés et embrassez mon ami Édouard– j'y tiens– L'air salin le remettra vite, sans doute.

    Croyez-moi votre bien dévoué, Maurice Sarraut.

    Le bonjour à Laugé et à notre ennemi intime A. Rouquet (3)

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    (1) Gustave Nadaud (1820-1893), auteur de la chanson "Carcassonne" dans laquelle est tirée la célèbre phrase "Il ne faut pas mourir, sans avoir vu Carcassonne". Cette chanson sera reprise par Georges Brassens

    (2) Achille Laugé (1861-1944), peintre pointilliste né à Arzens (Aude). Un musée est consacré à ces oeuvres à Limoux.

    (3) Achille Rouquet (1851-1928), félibre, graveur et fondateur de "La revue méridionale". On lui doit le premier embrasement de la Cité de Carcassonne.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Ginette Bastien, professeur de danse

    La première école de danse a été fondée à Carcassonne par Madeleine Chausson, en 1940. Elle dispensait ses cours près de la place Davilla.

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    Ginette Bastien, qui fut d'abord son élève, puis son assistante, passe très jeune le premier degré (classée 1ère, mention très bien), puis l'année suivante le second degré de son professorat (classée 1ère de France en mouvements Popard et interprétation musicale). Aussitôt, la regrettée Irène Popard lui propose une magnifique situation à Lyon. Mais Ginette Bastien décline cette offre et abandonne même ses études de piano au Conservatoire de Toulouse pour se consacrer entièrement à l'enseignement de la danse dans son Languedoc natal. Elle rachète alors le fonds de Madeleine Chausson, et Irène Popard lui écrit: "Je sais que tu as tous les atouts nécessaires pour tenir dignement la succursale de Carcassonne". Effectivement, le succès est rapide et les locaux deviennent insuffisants. Ginette Bastien inaugure alors en 1949 sa nouvelle école, admirablement située, et qui par son cachet, ses vastes proportions, son confort, était certainement une des plus belles. Cette salle se trouvait à l'intérieur de la chapelle de la rue de Verdun qui sert aujourd'hui de lieu d'exposition.

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    Entre temps, avec beaucoup de dévouement, elle prépare et présente avec succès à l'examen: Hélène Fruhauf-Fatoux, Josiane Pintavy-Fraysse, Janine Robert-Astric, Janette Pidoux-Pujol, Cécile Pailhès-Tailhan. Puis elle forme ses aides-monitrices et monitrices particulières: Janette Empociello, Paulette Guiguet, Simone Puel, Françoise Tailhades, Janette Gibert, Phiphi Saunié et son professeur-adjoint: Christiane Sylvestre. Ainsi, sous son impulsion, de nouvelles écoles de danse s'établissent à Béziers, Narbonne, Limoux, Quillan, Castelnaudary, Lézignan et Montauban. Elle fonde aussi le cours municipal de danse de Carcassonne. Ginette Bastien ne cessera de se perfectionner et ira travailler avec les meilleurs maîtres de son époque à Paris: Saulnier (acrobate), Jacques Besse (Champion du monde de claquettes), Odette Courtiade (Danse libre), Madeleine Lafon (Danseuse étoile de l'Opéra), Janine Solane (danse classique), Les soeurs Foatelli (Danse religieuse), Nana de Herrera (Danse espagnole), Andrée Joly (Education rythmique) et Malkowsky (Gymnastique synthétique).

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    A la fin de sa carrière, elle fonda sa propre compagnie.

    Fabienne Dupuy (Cie Kissipik) témoigne:

    "Ma rencontre avec Ginette Bastein en 1983 a été déterminante, elle a effet modifié le sens et les valeurs que je donnais à cet art; le but généreux que s'est fixée cette chorégraphe, est de considérer que sa mission est "mettre, à la portée des masses, l'art le plus luxueux et le plus inaccessible."

    Voici donc une carcassonnaise de valeur bien oubliée... C'était le fille de Charles Lespinasse (1885-1959), grand résistant déporté à Buchenwald. Une avenue porte son nom à Carcassonne.

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