Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Patrimoine en danger - Page 33

  • Une écluse du Canal du midi enfouie sous la végétation

    Cachée sous d'épais feuillages et endormie depuis exactement deux siècles dans un champ situé en contre bas de la rocade longeant les jardins de la Reille, se trouve l'ancienne écluse de Villaudy. A l'origine, pour des raisons d'ordre topographique l'ouvrage de Riquet ne prévoyait pas de passer dans Carcassonne. Le coût demandé par le maître d'oeuvre aux consuls étant de 100000 livres, ces derniers refusèrent et le canal passa en dehors de la ville.

    2119876763.jpg

    Le tracé (en noir sur la carte de Cassini) était alors le suivant: Derrière le centre Leclerc, il passait ensuite par l'ancienne discothèque "le privé" (ancien port de Foucaud) où l'on peut voir la chapelle Saint-Louis du Canal. Il longeait la rocade et passait sur l'aqueduc de l'Arnouze pour rejoindre le port du Fresquel.

    4275447553.jpg

    La construction de l'écluse de Villaudy a été confiée à Jean-Pierre et Jean-Antoine Chavardès, le 21 septembre 1677 pour 16061 livres. Elle était double; les deux sas avaient une longueur de 47 toises (20 mètres environ). A proximité, s'élevait le logement du garde. En 1788, les travaux pour faire entrer le canal du midi dans Carcassonne débutèrent jusqu'à l'inauguration le 31 mai 1810.

    585480861_2.jpg

    Dès lors, l'ancien tracé devint obsolète; les bâtiments furent mis en fermage puis vendus dans la seconde moitié du XIXe siècle. Un grand nombre d'entre eux furent détruits et les écluses enfouies sous les terres cultivables.

    272821174.jpg

    C'est à peu tout ce qui reste de l'ancien tracé du canal du midi, avant qu'il ne passe dans Carcassonne en 1810. Pourquoi? Tout simplement (comme d'habitude dans cette ville), la construction de la rocade et de la zone du Pont-rouge dans les années 1990 , a sans aucun respect pour le site, détruit les vestiges du canal de 1681. Les restes de l'écluse de Villaudy mériteraient d'être dégagés, mais sont sur le domaine privé. La question qui mériterait une réponse serait: " Les vestiges de l'ancien tracé du canal du midi, sont-ils classés au patrimoine mondial de l'Unesco?" Si tel n'est pas le cas, il y a fort à parier à la vue de l'extension rapide de cette zone commerciale, que l'écluse de Villaudy sera un jour détruite sans crier gare. Quoiqu'il en soit, voilà un joyau de notre passé bien mal entretenu et dont beaucoup ignorent l'existence. 

    3024525017.jpg

    Sur la borne du Pont d'Iéna est gravée l'année 1808. Elle matérialise le nouveau tracé du Canal du midi avec son passage dans Carcassonne. L'ancien tracé sera abandonné

    La construction de la rocade entre la zone du Pont rouge et la route de Toulouse avait dans les années 1990 définitivement défoncé les traces du canal primitif. Tout ceci s'était réalisé sans concertation avec les historiens locaux et, sans autre forme de procés, la pioche des engins de terrassement avait fait leur oeuvre. Selon l'adage qui fait le succès de ce blog: "En parler c'est bien, le montrer c'est mieux!",nous nous sommes mis en quête d'éventuels documents photographiques. Là, il faut louer la chance mais surtout le talent de ces enseignements qui lors de PAE (Projets d'action éducative) ont réalisé par le passé avec leurs élèves diverses études à vocation historique. C'est le cas de Noël Pagé qui vient de nous fournir ce travail de janvier 1986 et les photos qui l'illustre. Ainsi, avons-nous désormais une idée précise de l'état du terrain avant les travaux de la rocade.

    3713595022.jpg

    Après être sorti du collège de Grazailles, il fallait descendre et suivre un chemin de terre menant à l'ancien hameau de Gougens (aujourd'hui à côté des archives départementales de l'Aude). A côté, il fallait emprunter le petit chemin goudronné qui menait au Fresquel. Avant de l'atteindre, il fallait tourner à droite et en bas de la colline sur laquelle sont édifiés maintenant les bureaux du Conseil général....

    83398740.jpg

    Une vigne étroite avait été plantée sur l'emplacement de l'ancien canal du midi, entre la colline et un chemin goudronné. Au même endroit aujourd'hui, on aperçoit le Conseil général de l'Aude. Quant aux vestiges du Canal, seul un panneau touristique pourrait au moins indiquer son emplacement. L'ancienne écluse de Villaudy se trouve enfouie sous la végétation quelque part en contre bas de l'autre côté de la rocade, près du Fresquel. Nous avisons les aventuriers qu'elle est sur une propriété privée.

    1400721718.jpg

    Les vestiges de l'écluse

     

    Photos

    Jacques Blanco

    Noël Pagé

    Martial Andrieu

    Sources

    Luce et Francis Teisseire

    ___________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Une croix discoïdale retrouvée à Villalbe

    Le plus ancien des compoix du hameau de Villalbe disponible aux archives départementales de l'Aude, date de 1714. Très précis pour l'époque, ce plan nous apprend beaucoup de choses sur la configuration de Villalbe haute au début du XVIIIe siècle. Cependant, le dessin d'une croix de forme discoïdale au bout du chemin de la procession des rogations (actuelle petite côte du foyer), a attiré ma curiosité. Ce type de croix ne matérialise pas une sépulture mais le passage d'une procession. On en trouve une de similaire du XIIIe siècle à Fanjeaux. Les rogations précédaient de trois jours, l'ascension. Les fidèles observaient alors un jeûne et les prêtres bénissaient les cultures. Je me suis mis alors à rechercher cette croix, car peut-être pensais-je qu'elle était encore là... enfouie. J'ai trouvé sur le talus à gauche bordant le chemin qui monte au foyer, sortant du sol et cachée par une sapinette, un vestige en granit. J'ai creusé pour trouver sa base et j'ai découvert son socle. Je vous laisse aprécier mes conclusions...

    2030369617.jpg

    Le compoix de 1714 du hameau de Villalbe

    915945555.JPG

    Le chemin de la procession des rogations et au bout, la croix.

    425765085.JPG

    Le dessin de la croix de forme discoïdale

    264895520.jpg

    Le vestige en granit trouvé sur le talus. On remarque à gauche le bras avec une courbure. Sa partie jumelle a droite, a été cassée.

    877806900.jpg

    Le socle après avoir été dégagé de la terre et des feuilles qui le recouvrait

    232835314.jpg

    La partie inférieure de la croix reconstituée selon mon hypothèse

    452588807.jpg

    La croix discoïdale du XIIIe siècle de Fanjeaux (Aude). Celle de Villalbe devait être plus petite. Selon les anciens du hameau, elle était encore là au moment de la construction du foyer de Villalbe. Ce seraient les engins de chantier qui l'auraient en partie détruite.
    ______________________________________
     
    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013
  • La vierge au sourire

    73092377.jpg

    Le musée lapidaire dans la cité de Carcassonne possède "La vierge à l'oiseau" dite "Vierge du sourire". Il s'agit d'une statue en marbre blanc du XIVe siècle provenant du couvent des soeurs de Saint-Vincent de Paul qui se trouvait dans la cité médiévale. Pour être plus précis, c'est l'actuel Hôtel du Donjon. Cet objet d'art issu de notre patrimoine, aurait pu s'envoler sous d'autres cieux si lors d'une vente aux enchères publique d'un collectionneur, Pierre Embry* n'avait alerté le Préfet de l'Aude. Le jour de la vente, la statue fut acquise dans un premier temps par un antiquaire parisien mais Pierre Embry, fut autorisé au nom de l'état d'exercer son droite de préemption. Ainsi, la vierge revint-elle à Carcassonne, dans le musée du château comtal où elle demeure à présent. Cette statue en marbre blanc de 92cm de haut, représente la vierge portant l'enfant Jesus sur le bras gauche. celui-ci tient à la main par l'aile un oiseau. De sa main droite, la vierge relève le pan de son manteau. elle regarde l'enfant d'un sourire attendri où perce toute sa sollicitude maternelle. La vierge est couronnée. Les plis du manteau et de la robe sont larges et élégants, la tête est d'une grande finesse et l'expression de la physionomie est des plus gracieuses. La couronne de la vierge a été restaurée et la tête de l'enfant, n'est pas celle d'origine.

    Historique par Henri Sivade

    Cette belle statue, nous l'avons vue, il y a 50 ans, chez les frères des écoles chrétiennes de la cité, établis dans l'ancien monastère des religieuses de Rieunette, où elle est restée jusque vers 1891, c'est à dire jusqu'au jour où la suppression des frères comme religieux enseignants arriva. En effet, ces derniers appelés par l'évêque de Bezons (1733) furent d'abord installés dans une des dépendances de l'Evêché où il habitait encore lui-même, celui qu'il fit bâtir plus tard à la ville basse (Préfecture), n'étant pas encore construit. Après le départ des religieuses de Rieunette, les locaux qu'elles avaient abandonnées furent acquis par le chanoine Rey, de la cité qui les passa ensuite par vente au sieur Tallavignes, dit le gouverneur de Caunes. Durant la révolution, la municipalité de la cité fut quelque temps installée dans ce local. En 1803, M. Buffet-Delmas, chanoine y fonda le petit séminaire du Diocèse. En 1820, les bâtiments, ou plutôt une de leurs parties furent acquis par la ville, des héritiers de Tallavignes. C'est sur cette partie que la ville Bâtit, à destination de l'école des garçons, les locaux qui regardent le Septentrion. Plus tard, M. Etienne Crouzet, chanoine honoraire, étant devenu curé de Saint-Nazaire en 1821, fit l'acquisition de l'autre partie des locaux de l'anciennes abbaye de Rieunette pour y loger l'école des frères. Ces derniers furent appelés à la cité en 1823 ou 1824. L'acquisition de M. Crouzet portait notamment sur l'emplacement occupé jadis par l'église de l'abbaye et qui est la cour de l'école communale de garçons longeant la rue du Plô. Au fond de cette cour, sans doute à l'endroit où se trouvait le sanctuaire, existait une niche. C'était là qu'était apparemment la vierge, patronne du monastère. Plus tard, probablement lors de l'acquisition faite par les Tallavignes, cette statue fut placée dans une niche-placard pour la soustraire sans doute aux profanations de l'époque révolutionnaire et aux mutilations qu'elle aurait subie dans la cour. Cette niche-placard était située dans ce qui devint plus tard la grande classe et où, aux fêtes principales de la vierge, toutes les classes étaient réunies pour des exercices religieux en commun. Cela se passait encore ainsi en 1880.

    Source

    Le syndicat d'initiative de Carcassonne / A.Raucoules

    *Pierre Embry était conservateur des antiquités et objets d'art de l'Aude, de la Bibliothèque et du musée lapidaire. Il était également secrétaire des Amis de la ville et de la cité.

    _____________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013