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Patrimoine en danger - Page 23

  • Le bastion Montmorency, en vente pour l'euro symbolique!

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    Le groupe Korian propriétaire de l'ancienne clinique du Dr Delteil — actuelle maison de retraite — aurait cherché depuis des années à céder l'ancien bastion Montmorency, à la ville de Carcassonne. Selon nos informations, la proposition pour l'euro symbolique aurait été faite à la majorité municipale avant 2009. Celle-ci aurait tout bonnement décliné l'offre pour des raisons que nous ignorons. Mettons tout ceci par précautions au conditionnel. Il n'en demeure pas moins que cette idée est loin d'être farfelue, puisque la directrice de la maison de retraite ne dément pas vouloir céder ce monument historique de Carcassonne. L'information que j'ai largement diffusée hier sur les réseaux sociaux, comme à mon habitude quand il s'agit de mobiliser les troupes, s'est propagée comme une traînée de poudre.

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    Le bastion montmorency est l'un des bastions qui, situés au quatre points cardinaux, protégeaient la Bastide St-Louis au XVIe siècle. Il n'en reste que trois: Le Jardin du calvaire (bd Marcou), le bastion St-Martial (Bd Sarraut) et le bastion Montmorency (Bd Roumens); le dernier a été rasé et se trouvait sur l'emplacement de l'ancienne clinique St-Vincent (Bd Jean Jaurès). La ville était alors entourée de remparts dont on peut imaginer la hauteur quand on se place au pied d'un des bastions. Ils furent rasés à la fin du XVIIIe siècle, les fossés comblés et remplacés par les boulevards que nous connaissons aujourd'hui.

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    Dans la rue de la liberté, inséré entre deux bâtiments et bien mal mis en valeur, se trouve l'unique vestige des remparts médiévaux.

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    Le bastion Montmorency à la vue imprenable sur la Cité a appartenu au milieu du XXe siècle au Dr Delteil qui y a implanté une clinique. C'est à cet endroit que fut arrêté par la Gestapo en 1944, le chef de la résistance audoise Jean Bringer. C'est à cet endroit que peu de temps après la fin de la seconde-guerre mondiale fut empoisonné et occis le Dr Cannac (ancien résistant), qui devait en savoir trop sur certaines pratiques peu avouables de son hôte. C'est un lieu chargé d'histoires...

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    J'ai voulu en savoir davantage sur les intentions de l'actuel propriétaire; j'ai donc interrogé la directrice de la maison de retraite. Une personne charmante et ayant un réel attrait pour le patrimoine. De son propre aveu, le groupe Korian n'a pas pour vocation de conserver un tel monument à sa charge. À sa demande, elle a fait intervenir les services du patrimoine et de la Maison de l'habitat. La semaine dernière une délégation conduite par Marie-France Pauly s'est donc rendue sur place. L'intention de la directrice était de faire procéder au débroussaillage du jardin, mais d'une manière adequate pour ne pas dénaturer, ni fragiliser le site.

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    Tout comme le Jardin du calvaire, ce bastion possède des essences d'arbres remarquables: Pin parasols, eucalyptus... La directrice voudrait les faire répertorier. Je lui ai donc proposé de contacter la DIREN (Direction Régionale de l'Environnement) qui pourra faire classer le site, comme elle le fit avec le Calvaire. La plupart de ces arbres ont été plantés par le Dr Delteil.

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    Émile Delteil avait comme marotte de collectionner les oeuvres d'art et autres curiosités. Ainsi dans le parc, on peut trouver des pierres ou des blasons en réemploi, provenant de d'anciens châteaux ou de belles demeures.

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    Au milieu du parc, la maison du docteur, aujourd'hui, ne sert plus à grand chose.

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    L'ancienne fontaine de Carcassonne appelée "le dauphin" vient d'être achetée par l'Association des Amis de la Ville et de la Cité", après de longues et fructueuses négociations avec le groupe Korian. Elle va bientôt retrouver un emplacement dans Carcassonne, peut-être dans la cour du Musée des Beaux-arts. Nous voyons ici, toutes les bonnes volontés affichées par cette société privée pour le patrimoine de la ville.

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    La ville de Carcassonne va t-elle répondre à l'offre de Korian? Il est pour l'heure trop tôt pour le dire. Toutefois, nous savons qu'Isabelle Chésa (Première adjointe en charge du patrimoine) et qu'Annie Barthès (Conseillère déléguée au patrimoine) ont demandé audience auprès de Korian pour la semaine prochaine. Voilà donc ce qui semble être de bons signaux. Ce qui sûr c'est que l'ancienne clinique du Dr Delteil n'a pas fini de livrer tous ses secrets...

    La plupart de ces photos proviennent du blog Chroniques de Carcassonne.

    http://chroniquesdecarcassonne.midiblogs.com/tag/bastion+montmorency

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  • Et si on rasait l'église de Carmes?

    Une récente enquête du journal "Le point" démontrait la fragilité du patrimoine religieux français lorsque celui-ci n'était pas classé à l'inventaire des monuments historiques. Les mairies ayant à leur charge l'entretien des églises, quand elles n'ont plus les moyens financier de les restaurer font souvent le choix de les raser. À leur place, on voit alors se bâtir un ensemble immobilier, un parc ou une friche. Carcassonne n'a pas attendu cette tendance puisqu'en 2002, elle a rayé de la carte son couvent des Capucins qui lui, n'était pas à l'état de ruine. Une simple affaire immobilière a eu raison d'un siècle et demi d'histoire dans ce quartier. Ce n'est pas hélas, l'association de défense constituée pour l'occasion qui a pu y changer quelque chose. Bien souvent, les gens protestent quand il est déjà trop tard, car la mobilisation implique un large mouvement d'opposants et les fers-de-lance se retrouvent souvent bien seuls. Ce qui arrange les élus, c'est de faire vite tourner le mouvement en contestation politicienne; ceci afin de le discréditer. Cela marche! Au début des années 1990, quand l'abbé Cazaux a voulu défendre le parvis de l'église St-Vincent contre un projet immobilier, on a dit qu'il était de gauche et contre la mairie. En 1992, quand le président de l'association de défense du quartier des Capucins protestait contre la destruction du couvent, on l'a accusé d'être communiste et contre la mairie. En 2013, lors de la pétition contre le mauvais entretien de la Cité que j'avais lancée, j'ai de suite voulu éviter toute récupération politique en plaçant dans la neutralité. Malgré cela, j'ai subi des pressions et des attaques venant de sympathisants de droite et de gauche. Je ne vous parlerai pas à fortiori de la défense de la Villa de la Gestapo...

    Donc, voyez-vous ce n'est pas simple et cela demande une sacrée dose de courage et de diplomatie. Tant et si bien, que depuis trop longtemps personne n'ose plus rien dire dans cette ville. Les gens ont peur! Ils ont peur de parler ouvertement, car la paupérisation est telle que les politiciens tiennent les administrés avec la solidarité sociale de la collectivité. C'est la promesse d'un emploi à la mairie, le placement d'une mère handicapée dans un établissement public, un secours au CIAS ou que sais-je encore. La liberté de parole a donc un prix, croyez-moi! Comment voulez-vous donc que dans cette nébuleuse ainsi établie par l'ensemble de la classe politique, on puisse s'élever contre la destruction d'un bâtiment historique? Le jeu n'en vaut pas la chandelle, à moins d'être un Don Quichotte des temps moderne, irresponsable et Kamikase.

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    Dans un avenir plus ou moins lointain, l'église des Carmes située dans la rue Clémenceau, pourrait être fort bien rasée. Elle n'est pas classée à l'inventaire des monuments historiques! Nous savons que l'édifice est dans un état tel, qu'il a été envisagé de le fermer par sécurité pour les visiteurs. Il y aurait également de nombreuses infiltrations d'eau de pluie et la venelle qui attend sa réouverture depuis trois ans à son côté droit, n'arrange rien. L'évêché pourrait alors se trouver dans l'impossibilité de financer de trop lourdes réparations, vendre le bâtiment à un promoteur et le détruire. Toutefois, ce qui empêche ce scénario catastrophe c'est que l'église des Carmes se trouve à l'intérieur du périmètre sauvegardé de la Bastide St-Louis. Dans le meilleur des cas, nous aurons une ruine fermée dans la rue la plus commerçante de la ville.

    Pourquoi l'église n'est pas protégée?

    L'église des Carmes appartenait au début du XXe siècle à un ordre religieux, qui a vendu une partie de l'édifice à un particulier. Nous le voyons sur la photo ci-dessus avec le magasin et l'appartement du premier étage dont les fenêtres sont du plus bel effet. La demande pour un classement, selon mes sources, avait été faite mais l'état à refusé l'inscription au titre des monuments historiques arguant que l'église n'était pas complète. C'est bien le cas, puisque l'appartement en question coupe une partie de la tribune de l'église. Il faudra donc beaucoup de prières, de cierges vendus et d'argent au tronc de Sainte-Rita pour qu'un miracle sauve un jour les Carmes.

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  • L'agonie de la statue de Jeanne d'arc

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    Une statue de Jeanne d'Arc est installée en 1914 dans l'embrasure accollée au vitrail de la chapelle du foyer du soldat. Celui-ci venait de remplacer à cet endroit les frères des écoles chrétiennes.

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    En 1972, d'importants travaux pour réaliser l'actuel lycée St-François firent descendre Jeanne d'Arc de son enfeu. La chapelle fut désacralisée et un plancher construit. Le gymnase occupe le bas et la salle informatique, le haut.

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    La statue de Jeanne d'Arc, sans son ancien socle sculpté, a été déplacée sur le square de l'armistice de 1918. C'est à dire sur le parvis de la cathédrale St-Michel où chacun peut l'admirer à son aise. Hélas, cette statue se trouve aujourd'hui dans un état bien inquiétant..

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    Le bronze de la statue est gravement attaqué en tout points

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    Inscription au pied de la sculpture

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    Sur le socle de la statue une plaque en marbre qu'il faudrait refaire porte le texte suivant:

    1940-1945

    Témoignage de reconnaissance au département de l'Aude des lorrains et des alsaciens explusés de leurs foyers en raison de leur attachement à la France.

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