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Patrimoine disparu - Page 48

  • Une affiche de la distillerie Sabatier vaut-elle de l'or?

    L'ancienne distillerie de Michel Sabatier située sur l'avenue du général Leclerc n'a pas encore livré tous ses secrets architecturaux et artistiques, comme nous l'avons découvert la semaine dernière. Nous allons nous intéresser aujourd'hui à une affiche publicitaire, dessinée pour vanter les bienfaits du produit phare de la distillerie: La liqueur de la Micheline.

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    Cette affiche a été réalisée pour l'Exposition universelle de Paris en 1900. La majestueuse Cité de Carcassonne veille sur le Palais de la Micheline et sur la distillerie de l'Or-Kina. Vous remarquerez dans cette mise-en-scène, qu'on a volontairement agrandi l'ensemble des bâtiments de l'usine afin de leur donner davantage d'importance. La distillerie est presque aussi imposante que l'antique cité médiévale. Et pour cause... Tout le génie publicitaire de La Micheline repose sur une légende probablement inventée par Sabatier lui-même, selon laquelle il aurait retrouvé dans une des tours de la Cité en 1856 (la tour de l'Inquisition) un vieux parchemin. Celui-ci revélait la recette d'un antique breuvage dont lui seul connaisait désormais le secret de fabrication. Pourquoi Micheline? Tout simplement parce que l'inventeur en aurait été Michelin Boato au IVe siècle.

    Une égérie de l'antiquité romaine, présente sur un plateau en or s'élevant au dessus de Carcassonne, les deux produits de la distillerie: La Micheline et l'Or-kina. Une femme à ses pieds en vénère le culte. N'oublions pas que Carcassonne dès le IIIe siècle était occupée par les romains. Sabatier triche sur l'origine ancestrale de son breuvage. Pour montrer qu'il a su traverser les âges, il n'hésite pas à se mettre en scène avec ses belles bacchantes, dans un costume théâtralisé de la comédie italienne du XVIe siècle. D'une main, il tient une coupe et de l'autre, un clairon de fanfare. Peut-être a t-il voulu également signifier ses origines limouxines, en référence au carnaval et à la Blanquette?

    Sabatier, le mécène et le bienfaiteur de la ville, souhaite ainsi symboliser l'emprise de son pouvoir économique sur Carcassonne. A la fin du XIXe siècle, début XXe siècle, les industriels mettaient leur argent dans l'essor culturel de leur ville. Sabatier a financé le premier embrasement de la Cité en 1898, la venue des Cadets de Gascogne, les orchestres et orphéons de Carcassonne, le théâtre de la Cité...etc. Une rue porte son nom, entre la rue Trivalle et l'avenue Leclerc.

    Léon-Louis Oury

    Cette affiche a été dessinée par Louis Oury (1846-1929) qui n'est autre, s'il vous plaît, que le décorateur des plafonds du Grand-Escalier de l'Opéra Garnier.

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    Nous pouvons aisément comparer le style utilisé par cet élève d'Isidore Pils avec celui de l'affiche de Sabatier. Le choix d'Oury n'est sans conteste, pas l'oeuvre du hasard. En effet, le patron de la distillerie était un féru d'opéra et s'y rendait régulièrement lors de ses séjours parisiens. Il avait même fondé avec son frère Jacques, une harmonie dans son usine.

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    Nous avons retrouvé la bannière de l'Harmonie de la Micheline.

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    Les employés de l'établissement formaient la phalange de musiciens de cet orchestre. Dès 1851, François Teysseyre avait créé la première école municipale de musique gratuite de Carcassonne.

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    Le Palais de la Micheline à ses heures de gloire

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • L'Eden-théâtre, un joyau du XIXe siècle

    Transformer un ancien théâtre du XIXe siècle qui reçut les plus belles vedettes de l'opéra et du Music-hall, en bureaux pour abriter les organisations syndicales. C'est où ? Mais à Carcassonne bien sûr ! Voilà un exemple qui démontre comment le politique a soigné et soigne encore ses intérêts électoraux, sur le dos de l'histoire, du patrimoine et de la culture. Au passage, je vous invite à observer les menuiseries en aluminium donnant sur le boulevard. Elles sont d'époque... Enfin, je veux dire de 1986. On pourrait au moins les changer, en harmonie avec les actuelles prescriptions de l'ABF. Quant à savoir si le façade est classée, c'est une réponse que je n'ai pas. Il faudrait y songer, non ?

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    "L'Eden-Théâtre" était en fait un Music-hall dont la construction remonte autour de 1910. Adossé à l'ancien rempart entourant la ville, son premier directeur était M. Duffaut qui dirigeait aussi le "Cinéma des familles". Ce lieu de spectacle avait une troupe d'artistes sédentaires dont les fers de lance étaient le comique Juguler, la fantaisiste Paulette Pastor et le chanteur Ruquet. L'affaire tourna jusqu'à la fin des années 1920 mais devant son manque de rentabilité, le directeur de l'époque M. Chatenet dut se rédoudre à transformer L'Eden en cinéma. Quelques années plus tard avec l'arrivée du cinéma parlant, l'établissement fut le dernier du genre à fermer ses portes. Les vieux carcassonnais parlaient de ce théâtre comme d'un petit bijou avec son balcon et ses tentures. Le rideau de scène avait été décoré par Louis Bugnard. Juste avant que, sous l'impulsion de Raymond Chésa, on ne le sauve de la destruction et on le transforme en "Maison des syndicats". En 1986 mon oeil d'adolescent curieux s'était glissé furtivement en son antre. Là tout n'était que désolation car pendant des années on avait laissé pourrir un lieu, qui aurait fait aujourd'hui le bonheur de jeunes artistes. Des syndicalistes dans un lieu de spectacle? Pourquoi pas, ils n'ont pas leur pareil parfois pour mettre en scène leurs manifestations...

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  • Les plaques émaillées Michelin à Carcassonne

    L'aventure des plaques en lave émaillées débute dès 1910 grâce à André Michelin. Ce dernier en prenant soin d'apposer le nom de son entreprise, offre gratuitement ses panneaux de signalisation aux municipalités françaises. Rapidement fleurissent "bornes d'angles", "poteaux", "murs" et "panneaux muraux" et en 1931 ses signaux sont officiellement homologués. Vous trouverez encore au détour d'un chemin ou d'une route, sur un mur, près d'un pont quelques vestiges que la DDE n'a pas encore relevés. A titre d'exemples: à la sortie de Villepinte en direction de Toulouse, sur le pont de Trèbes, sur la route de Conques après le carrefour de Bezons mais aussi à Carcassonne...

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    Cette plaque en lave émaillée a été apposée contre une maison à l'entrée de l'avenue Arthur Mullot, la veille de la déclaration de guerre en 1939. Sa jumelle lui fait face de l'autre côté de l'avenue. Chaque plaque Michelin a dans le coin inférieur droit, sa date de fabrication.

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    A l'entrée de l'avenue Arthur Mullot... la cité c'est par là.

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    Voici le seul panneau directionnel de la ville encore debout, celui date de 1965. Il est planté dans le bitume de la route minervoise, à la sortie de la ville, près de la Maison de retraite du canal. C'était l'époque où la 118 était encore un route nationale avant que l'état ne transfère son entretien au département. C'est le témoin d'un savoir faire, de l'histoire routière française... alors conservons-le, car avouez que c'est plus sympa que les nouvelles signalétiques.

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    Sur cette image prise du film "Le corniaud" de Gérard Oury, tourné à Carcassonne en 1964, on aperçoit un panneau directionnel comme celui de l'avenue A. Mullot. Ce dernier était visiblement posé contre le mur du cimetière de la cité près de la porte Narbonnaise. Sur la gauche, pas encore de route vers Montlegun, ni de parking et encore moins d'hôtel. Quant au panneau, il a disparu et seules des traces sur le mur peuvent encore témoigner de son emplacement... pour ceux qui le savent. Si quelqu'un le trouve au parc municipal, qu'il veuille bien se manifester ici.

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