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Patrimoine disparu - Page 33

  • Sur les traces de l'ancienne métairie de la Reille...

    La métairie de la Reille - dont la plus ancienne mention dans un compoix remonte à 1660 - n'a pas échappé à la destruction comme le domaine de Salvaza, la commanderie templière de Saint-Jean de Brucafel et bientôt le domaine de Moureau... L'ensemble de ce patrimoine agricole et viticole a été progressivement abandonné dans la seconde moitié du XXe siècle, squatté, saccagé, incendié et acheté à l'état de ruine par des promoteurs immobiliers. C'est  à chaque fois le même processus qui débouche en lieu et place, sur la construction de logements résidentiels ou sociaux. Il est bien dommage que notre région, si fière de son passé viticole, laisse massacrer tout ce qui a fait sa richesse. Il semblerait qu'aucune personne ait levé le petit doigt pour tenter de défendre ou du moins, faire connaître ces endroits, avant qu'ils ne disparaissent du paysage. 

    Un peu d'histoire

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    Carte de Cassini

    (Milieu XVIIIe siècle)

     Situé au sud-ouest de la paroisse de Gougens à Carcassonne, cette métairie porte le nom d'un soc triangulaire servant au labour appelé reille. La famille Combettes qui en est propriétaire au XVIIIe siècle la cède ensuite à M. Teisseire, avant qu'elle ne soit vendue aux frères Castel en 1820. (L'ancienne paroisse de Gouges / Abbé Sabarthès)

    Jean-Pierre et Antoine Castel sont propriétaires du domaine de Paret-Longue et d'un hôtel particulier, 71 rue de Verdun. Eugène en hérite pour moitié et Théodore reçoit la métairie de la Reille, à la mort de leurs oncles. En 1903, c'est à Louis Castel que Théodore lègue le domaine ; il se fait désormais appeler Castel de la Reille. Ceci afin de se distinguer, dit-il, des nombreux homonymes sur Carcassonne. (Michel Cau / Bull SESA / 2014)

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    © Lestrade

    Le domaine de la Reille en 1908

     Les terrains du domaine seront vendues petit à petit par la famille Castel après la seconde guerre mondiale. Dans les années 50, la coopérative "Les castors" fait l'acquisition d'une partie des terres afin de construire des pavillons. Le quartier gardera ce nom.

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    © IGN

    En 2003, le domaine de la Reille est toujours debout malgré son état de déshérence. Il sera bientôt livré à la pioche des engins de chantier. En 2007, une résidence sécurisée sortira de terre et accueillera les premiers locataires, mettant ainsi fin à plusieurs siècles d'histoire. Il est peu probable que les nouveaux résidents soient renseignés sur l'existence de ce domaine.

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    © Google maps

    De l'ancien domaine, il ne reste aujourd'hui que les sapins qui l'entouraient. La résidence se trouve chemin du vieux canal, car proche de l'ancien tracé du Canal du midi, à une époque où il ne passait pas dans Carcassonne.  Juste à côté du collège Charles Cros dans le quartier de la Reille... bien sûr.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La Villa Roy : une source de fraîcheur oubliée des Carcassonnais

    A la belle époque, le quartier des Capucins possédait une espèce de guinguette avec une source d'eau fraîche très prisée des riverains. Ce lieu de détente, compris entre Patte d'oie et les terrains Delteil se nommait Villa Roy ; il était la propriété de François Cuxac.

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    Si l'activité commerciale a disparu depuis bien longtemps, les bâtiments ont été conservés et transformés en maison d'habitation.

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    Au pied de la grotte se trouvait une source d'eau fraîche qui faisait la réputation de ce lieu en période estivale, au moment où la chaleur devenait étouffante. Les témoignages contenus dans l'excellent travail de Madame Suzanne Bezombes révèlent l'importance de ce lieu même après la disparition de la guinguette.

    "Aux environs des années 1940, tout juste avant la deuxième guerre, tous les gens du quartier, et il y avait beaucoup de familles nombreuses, venaient prendre l'eau à la source de Villaroy qui coulait toujours, fraîche, limpide et bonne à boir. Munis de seaux, de brocs, de cruches, dès 11 heures du matin, la queue se formait et arrivait, vu le nombre de personnes, jusqu'au portail d'entrée. Nous entrions dans la propriété par l'allée centrale bordée de grands pins. Puis nous arrivions par un sentier étraoit et en pente dans une clairière où était là une statue représentant une jeune fille.

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    Ce lieu était très ombragé, frais et humide où il faisait bon se reposer un moment en écoutant le bruit léger de la source. Un petit chemin bordé de buis amenait à une terrasse avec une murette de pierre où trônait la statue. En continuant quelques mètres nous descendions alors vers la source, un endroit très humide et ombragé. Elle coulait à gros débit et était parsemée de cresson. L'été, les habitants du quartier allaient chercher l'eau fraîche pour boire et aussi faire tremper la salade et mettre le beurre au frais."

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    © Marie-Elise Gardel

    On croyait cette source depuis bien longtemps tarie, car le domaine et la fontaine s'étaient enfoui dans la végétation. Il faudra toute la célérité et les recherches de plusieurs historiens pour révéler à nouveau la source et ses origines. Selon Henri Alaux, elle appartenait aux frères Jacobins et était amenée par une conduite en poterie enterrée sous les fossés de la bastide Saint-Louis jusqu'à leur jardin potager. Cette canalisation a été dérivée au moment de la construction de la porte des Jacobins en 1779, vers les deux fontaines qui se situaient de part et d'autres de l'entrée. Il n'en reste qu'une aujourd'hui qui coule avec l'eau de la Villa Roy.

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    La fontaine du portail des Jacobins

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    L'eau arrive par une canalisation en poterie provenant du talus situé sur un terrain communal, circule dans le jardin en terrasses et s'écoule en contrebas dans le terrain communal.

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    Le bassin à la Belle époque était alimenté par la source. Il n'existe plus et se trouvait sur le terrain Delteil que la commune a acquis en 2012 afin de contruire une maison de quartier et un gymnase.

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    Les terrains Delteil sur lesquels la maison de quartier est en cours d'édification. Dans la présentation de l'équipe municipale précédente, il était prévu un jardin avec une mise en valeur de la source de la Villa Roy. Il semble que ce projet ait été abandonné par l'actuelle municipalité.

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    Le chantier vu depuis Patte d'oie

    © Claude Boyer

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    Un visuel conçu par les architectes Crégut et Duport

    Source

    Suzanne Bezombes/ Contribution à l'histoire de Carcassonne : recherches récentes sur la fontaine de la villa Roy et lieu-dit La patte d'oie / Bull. Sesa. CVII. 2007

    Henri Alaux / Quartiers et faubourgs au fil du temps / 2002

    L'Indépendant

    Photos

    Collection Martial Andrieu

    M-E Gardel

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  • Il y a 20 ans : La transformation de la place Carnot

    L'ancienne Place aux herbes, ainsi dénommée en 1852, prend le 13 juillet 1894, le nom du Président de la République Sadi Carnot (1837-1894), assassiné par l'anarchiste Caserio. La nouvelle dénomination ne change pas les habitudes des Carcassonnais qui longtemps continueront à employer son ancien nom ; sûrement en raison du marché qui s'y tient trois fois par semaine.

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    La place Carnot en 1900

    Dans les années 1960, l'accès aux crédits à la consommation favorise grandement l'expansion automobile  à l'ensemble des ménages Carcassonnais. On va donc se garer sur la place Carnot qui en dehors des jours de marché servira de parking ; la ville, afin de réglementer le stationnement posera des horodateurs vers la fin des années 70.

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    La place Carnot en 1969

    Notons qu'à cette époque, il n'y avait que deux cafés : Chez Félix et Le grand café Not. Ce dernier fermera et laissera place successivement à l'EDF, le supermarché Carbasse, puis aujourd'hui au Crédit Agricole. Tant et si bien qu'avant 1995, il n'y a toujours que deux cafés : Chez Félix et Le Longchamp. Cette place est entourée de platanes centenaires, dont certains sont usés par le temps. On pouvait s'amuser même à se cacher dans le tronc de l'un d'entre-eux... Quant au revêtement du sol, le goudron était défoncé et bosselé en plusieurs endroits. On ne peut pas dire que la place offrait toutes les garanties esthétiques, mais c'était la mémoire des Carcassonnais.

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    Après avoir consulté les commerçants sur l'opportunité de construire un parking souterrain sous la place, le maire Raymond Chésa abandonne ce projet en tenant compte des avis négatifs. Certains archéologues et historiens locaux le regrettent, car cela aurait permis de connaître l'histoire de la ville basse incendiée par le Prince noir en 1355, puis reconstruite en Bastide par St-Louis. La municipalité vote néanmoins la rénovation totale de la place Carnot, qui intervient au second semestre 1994. Si vous cherchez la date d'une inauguration sous la mandature de R. Chésa, cela tombe très souvent la veille d'élections. Aussi, ces travaux seront-ils achevés avant mars 1995, date des élections municipales.

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    L'ensemble des platanes centenaires est déraciné puis replanté sur le parking du terrain de football de la plaine Mayrevielle. Ils y sont toujours...Il est donc fait place nette dans l'attente de poser un nouveau revêtement et de planter de nouveaux platanes. Je n'ai pas le souvenir de fouilles archéologiques à cet endroit ; c'est fort dommage...

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    L'enlèvement des platanes

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    La dalle en ciment est prête à accueillir le revêtement et l'emplacement des nouveaux platanes, précisément alignés comme l'étaient leurs prédécesseurs.

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    Les futurs centenaires sont plantés autour de la place Carnot. Il faudra attendre un peu pour qu'ils fassent de l'ombre. Une des objections impatientes du Carcassonnais...

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    Le revêtement intérieur est posé en pavés et dalles provenant de la carrière de Roquetaillade, située dans la Haute-vallée de l'Aude. Les abords de la place sont ornés de marches en marbre incarnat de Caunes-Minervois. Cette réalisation a été rendue possible grâce aux préconisations de l'architecte des Bâtiments de France adoptées par la ville de Carcassonne, avant l'arrêté du 3 octobre 1997 plaçant la Bastide St-Louis en secteur sauvegardé. On parle très souvent de cette année-là pour ce qui concerne le classement UNESCO de la Cité médiévale, mais peu en ce qui concerne la Bastide en secteur sauvegardé.

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    © Chroniques de Carcassonne

    Une plaque en marbre rappelle la réfection de la place

    LA PLACE CARNOT
    Au coeur de la Bastide Saint-Louis, créée par le roi de France au XIIe siecle.
    La place aux herbes actuellement place Carnot était au Moyen Age entourée de maisons à colombages et de couverts.
    Elle subit la chevauchée dévastatrice du Prince Noir en 1355 et les ravages d'un incendie le lendemain de la visite du roi Louis XIII en 1622.
    Le XVIIIe siécle la dota d'une monumentale fontaine dite "de Neptune" en marbre blanc de Carare due aux ciseaux des sculpteurs Barata et fils.
    Au cours de la période révolutionnaire, sur la place de la Liberté fut non seulement proclamée la constitution mais aussi dréssé l'echafaud.
    La monarchie embellit le côté ouest de la place par l'édification d'ube belle facade de style Louis Philippe.

    En cette fin du XXe siécle, la place, lieu convivial très animé les jours de marché, espace historique devait faire l'objet d'importants travaux de rénovation. C'est cette tache que la ville de Carcassonne et son maire Raymond CHESA ont menée à bonne fin en l'an de grâce 1995 

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    Aujourd'hui, la place Carnot garde son identité à l'intérieur de la Bastide. Elle propose toujours un marché aux fruits et légumes, les mardis, jeudis et samedis matin. Depuis 1995, on se bat pour ouvrir un café autour de la place et pour installer sa terrasse. Ce lieu revitalisé génère une activité commerciale que ne démentira certainement pas les cafetiers profitant de cette manne économique.

    Crédit photos

    Alain Machelidon

    Alexia Zwicker

    Chroniques de Carcassonne

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