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Patrimoine disparu - Page 31

  • Théophile Barrau (1848-1913), le sculpteur Carcassonnais oublié

    Théophile Barrau a rejoint depuis longtemps déjà, la longue liste des artistes dont le talent - consacré dans la France entière - est remisé à Carcassonne dans les tiroirs poussiéreux de la mémoire. C'est pourtant dans cette ville qu'il voit le jour le 3 octobre de l'an de grâce 1848, au numéro 20 de la rue Saint-Vincent (actuelle rue A. Tomey). Son père, Louis Achille Barrau exerce le métier de fonctionnaire et sa mère, Marie Dominique Rossi est femme au foyer. De cette union naîtront deux autres enfants : Ernest et Charles. Ce dernier qui finira sa vie au Mexique sous le nom de Carlos Baron.

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    Théophile souhaite embrasser une carrière artistique et rejoint l'école des Beaux-arts de Toulouse. Il sera l'élève d'Alexandre Falguière. Son ami, Jacques Ourtal (autre peintre Carcassonnais) l'accompagne dans cette aventure. Tous les deux fréquenteront l'atelier d'Alexandre Cabanel, dans lequel ils rencontreront les plus grands artistes parisiens. Barrau fait ses débuts au Salon de 1874 ; ces oeuvres ne cesseront d'être primées. Le 1er octobre 1892, il est promu au grade de chevalier de la légion d'honneur.

     

     1880 

    Médaille 2e classe

    Salon des artistes français

    Paris

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    La poésie française

    Groupe plâtre n° 6074 présenté au Salon

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    Salon de 1880

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    Salon de 1883

    Jardin du Palais des Champs-Elysées

    "La poésie française" sur son socle à gauche (Hors concours).

    Oeuvres achetées par l'état.

    1880

    Médaille de 1e classe

    Exposition internationale de Barcelone

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    Suzanne au bain

    Jardin Joan Maragall (Barcelone)

    1889

    Exposition Universelle de Paris

    Médaille d'argent 

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    Mâtho et Salammbô

    1900 

    Médaille d'or

    Exposition universelle de Paris

    1892

    Centenaire de la bataille de Valmy 

    20 septembre 1892

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    Ce jour-là, à deux heures de l'après-midi, Théophile Barrau lève le drap qui recouvre le monument commémoratif en l'honneur de Kellermann. Il est visible dans la plaine jusqu'à quinze kilomètres. Barrau imagina représenter le mouvement énergique du général, brandissant d'une main son épée et de l'autre ralliant à lui ses soldats. 

    1895

    Musée d'Orsay

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    Suzanne

    1898

    Capitole de Toulouse

     Salle des illustres

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    Pierre de Fermat

    Carcassonne

    "La poésie française" a été installée au coeur du Square Gambetta au moment de son inauguration, le dimanche 29 avril 1888. Un brillant concert fut donné en son honneur au kiosque à musique du square Gambetta par la Société lyrique Sainte-Cécile. Cette statue faisait face à Mercure, sculpté par Ludovic Durand. Après la destruction du jardin par les Carcassonnais sur ordre de l'occupant allemand en 1944, l'oeuvre de Théophile Barrau fut déposée dans la cour du musée des Beaux-arts. Le 1er avril 1950, le chanoine Sarraute note qu'il y avait là les deux statues : Mercure et La poésie française. Leurs membres étaient cassés et paraissaient irréparables. Cela démontre sans doute avec quelles précautions on les avait descendues de leurs socles respectifs. Si Mercure fut ensuite redécouvert aux serres municipales et placé depuis 2013 dans la cour du musée, l'œuvre de Barrau a disparu. Peut-être pas pour le monde, à moins que les employés communaux ne l'aient jeté à la poubelle. Qui sait un jour, on ne finira pas par le savoir ?

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    La poésie au square Gambetta

    Autre monument dans Carcassonne sculpté par Théophile Barrau.

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    Buste de Théophile Marcou

    Cité de Carcassonne

    La ville de Castelnaudary a donné un nom de rue à l'illustre sculpteur Carcassonnais. Sa ville de naissance n'en a même pas fait autant...

    Sources

    Le courrier  de l'Aude

    Généanet

    Kellermann / R.Reiss/ Tallendier

    Mémoires de Gabriel Sarraute

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2016

  • Les halles de la place Davilla ont été rasées en 1937

    Carcassonne possédait depuis le XIXe siècle, des halles sur la place Davilla inspirée de l'architecte Baltard et de son célèbre pavillon désormais à Nogent-sur-Marne. La municipalité de la ville prit la décision en 1937 de la démolir ; ne répondant pas aux codes esthétiques de cette époque, elle avait été laissée à l'état d'abandon.

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    La place Davilla et les halles en 1916

    Délibération du 4 janvier 1937

    "L'intérêt de la circulation et aussi les considérations d'esthétique urbaine ont conduit le conseil municipal à décider la démolition de la halle aux grains de la place Davilla, dont l'utilité était d'ailleurs des plus contestables. La démolition de cette batisse vétuste et disgracieuse rend disponible un espace fort appréciable, dont une partie pourrait être judicieusement utilisée pour embellir notre ville, ou donner plus de relief à l'un de nos monuments".

    (Albert Tomey, Maire de Carcassonne)

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    Le projet visait à déplacer le Monument aux Audois, situé en contre bas de la place depuis 1914, afin de l'installer en lieu et place de la halle. 

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    Il n'en fut rien; la halle a bien été démolie mais l'espace est resté vide. Aujourd'hui, c'est un parking anarchique et disgracieux qui occupe les lieux. Voilà un endroit qui mériterait un aménagement urbain digne de notre siècle. Un peu de verdure, quelques arbres qui donneront un peu d'attractivité aux commerces situés autour. 

    halles

    Il semblerait que ce restaurant, situé en face, ait récupéré les deux marquises de la halle.

    Source

    ADA 2OP 546

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • À la découverte du barrage oublié et des usines de Saint-Jean

    Il suffit parfois de peu d'éléments pour tirer le fil de l'histoire... Dans ce cas précis, il s'agit d'une vieille photographie jaunie par le temps qui ne comportait que l'inscription manuscrite suivante : Prise de Saint-Jean, 28 mai 1900. N'étant pas sur place, j'ai aussitôt mis sur les rangs Jacques Blanco, l'ancien secrétaire des Amis de la Ville et de la Cité. Il s'est tout naturellement dirigé vers les anciennes usines de Saint-Jean en contrebas de la route minervoise, près de l'ancienne SOMECA. La photographie en poche, il n'a pas eu de mal à retrouver ce lieu, resté par chance quasi intact depuis plus d'un siècle. Il recueille les premières informations du terrain grâce au locataire de la maison appartenant à un propriétaire ariégeois ; il prend également des photographies. De mon côté, je tente de rechercher sur l'annuaire le numéro de téléphone de ce monsieur, dans l'espoir qu'il puisse nous apporter des informations sur l'histoire de ce barrage. Les personnes ne souhaitent pas toujours collaborer, mais là, je suis tombé par chance sur un amoureux des vieilles pierres. Lorsqu'il acheta ce site, la maison attenante était en mauvais état. À grands frais il la remonta, sans toucher à son aspect d'autrefois. Il m'expliqua alors ce qu'il savait sur l'origine de cette prise d'eau et me promit de m'envoyer de vieux documents. Ce qu'il fit un mois plus tard. Nous voilà donc aujourd'hui en mesure de vous présenter le fruit d'un travail inédit, réalisé de concert avec un homme de terrain qui a vu couler beaucoup d'eau et, un homme de grimoires qui a vu couler beaucoup d'encres...

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    Le 28 mai 1900, les descendants de la famille Dupré se font photographier sur le petit pont surplombant le béal de la prise d'eau de Saint-Jean. Si vous avez suivi l'article que j'avais rédigé sur la métairie de Saint-Jean de Brucafel, vous savez que l'ensemble des terres du domaine ont été partagées en deux, au moment du passage du Canal du midi dans Carcassonne en 1810.

    La prise d'eau

     Pierre Paul Bilhard demanda l'autorisation de faire construire un canal de prise d'eau à la rive gauche de l'Aude et d'établir une machine hydraulique, destinée à élever les eaux nécessaires à l'irrigation de son domaine. Cette fonction servira également à faire tourner la minoterie de St-Jean. Une ordonnance en date du 26 janvier 1820 signée de Louis XVIII, Roi de France et de Navarre, lui en donne l'autorisation. Il s'agit de construire une prise d'eau destinée au mouvement de deux roues fixées par un même arbre, dont une à aubes et l'autres à augettes.

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    Sur la gauche, nous apercevons la partie exposée sur la photo de 1900

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    Cette prise d'eau sera composée de deux ouvertures formées par un portique voûté en plein cintre d'une largeur de 1 mètre, fermé par une vanne à vis ou à crochets. La crue de l'Aude le 25 octobre 1891 fit monter l'eau jusqu'au dessous de la voûte ; un niveau des crues le signale.

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    Vannes de la prise d'eau

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    Vue de la prise d'eau depuis la rive droite

    Ces ouvertures seront soudées sur un radier en pierre de taille établi à un mètre en contrebas du niveau des eaux basses de l'Aude, et défendues à l'amont par deux murs de même maçonnerie, ayant chacun dix mètres de longueur et élevés sous 1/10 de fruit jusqu'au niveau des berges.

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    Le canal de dérivation aura deux mètres de largeur au plafond, avec un talus d'une inclinaison de 45° établi au niveau du radier de prise d'eau, avec une pente de 0,5 millimètres par mètre jusqu'à celui du seuil des roues motrices. Il amènera l'eau à un moulin farinier, construit en 1823 par Paul Bilhard sur le nouveau cours du Fresquel. Cette rivière a été détournée lors de la construction du nouveau tracé du Canal du midi en 1810. Le moulin prenait l'eau au canal de dérivation venant de la prise de St-Jean pour faire trouver les meules, puis le rejetait via des coursiers de fuite dans le nouveau Fresquel.

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    L'ancienne minoterie de St-Jean

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    Les vestiges d'une meule

    En 1836, Casimir Dupré succèdera à son beau-père et installera une scierie dans l'ancienne minoterie. Le sapin descendra par flottage par l'Aude. Le canal de dérivation sera alors agrandi afin de donner plus de puissance à la force hydraulique indispensable à la scierie. En 1936, la construction de l'usine de caoutchouc SOMECA se servira de l'ancien canal de dérivation de la prise d'eau de St-Jean pour faire tourner une petite centrale électrique. L'eau fera tourner les turbines ; elle sera rejetée via un coursier de fuite dans l'Aude, avec pour conséquences l'arrêt de l'alimentation en eau vers l'usine de Javel et l'ancienne minoterie en friche.

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    Perdu dans la végétation, l'ancien canal de dérivation entre la centrale électrique de la SOMECA et la minoterie de St-Jean.

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    La centrale électrique de la SOMECA construite par M. Talmier

    Les obligations de l'ordonnance royale

    Le concessionnaire devra faire fermer la vanne de prise d'eau toutes les fois que le service du flottage l'exigera, à peine de tous dommages et intérêts ; construire un aqueduc pour donner passage aux eaux de la rigole de sortie du pont aqueduc dit de Saint-Jean, dépendant du Canal du midi ; d'établir à ses frais une poutre sur tous les passages publics que le canal serait dans le cas de traverser et d'entretenir ces poutres en bon état.

    Le barrage sur l'Aude

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    Casimir Dupré (beau-fils de Paul Bilhard) obtient en 1836 la concession d'un barrage de 85 mètres de longueur sur l'Aude avec deux vannes d'un mètre 33 de largeur chacune. Le 10 février 1869, un acte notarial enregistré chez Me Bausil fixe les termes d'un échange entre Léo Dupré (fils de Casimir) et les propriétaires des terres du domaine de Bourriac, situé sur la rive droite du fleuve. Il est constaté que le barrage n'étant pas terminé puisque ne touchant pas l'autre rive, il occasionne la perte d'une grande quantité d'eau responsable de la corrosion des berges des terres de Bourriac. En conséquence :

    "Mademoiselle Riscle et M. Prospère Cardes, au nom de son fils mineur, concèdent à M. Dupré le droit d'attacher son barrage à la propriété du domaine et la faculté de construire, en maçonnerie, sur la rive dépendant de cette propriété, une souche capable de retenir complètement les eaux de la rivière au niveau de son barrage."

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    Pour ne pas éroder davantage la berge, M. Dupré fera prolonger son barrage perpendiculairement au cours de la rivière. Les propriétaires de Bourriac autorisent également M. Dupré à aller se servir en matériaux dans la carrière de pierre ouverte dans le domaine.

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    En échange, il sera construit une échancrure ou prise d'eau rectangulaire de 70x40 cm et de 80 cm de hauteur, côté rive droite pour l'irrigation des terres de Bourriac.

    Cette prise d'eau sera la tête du canal d'amené à construire par les enfants Cardes, qui conduira les eaux à une turbine placée à peu près à moitié distance du barrage et du ruisseau de la porte de fer.

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    Maisonnette dans laquelle se trouvait la turbine

    La turbine permettra l'irrigation au niveau du chemin de Carcassonne à Montredon ; soit 6 litres par seconde.

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    Millésime de la construction

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    Vue aérienne du barrage de St-Jean en 1948

     

    Crédit photos

    Jacques Blanco

    avec l'aimable autorisation des propriétaires

    Sources

    Nous remercions vivement M. Strumia

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