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Evènements - Page 8

  • Le voyage de l'agronome anglais Arthur Young à Carcassonne en 1787

    Ce n'est pas n'importe quel sujet de la couronne britannique qui effectue durant l'été 1787, un voyage d'étude en notre Languedoc. La renommée d'Arthur Young (1741-1820) en matière d'agronomie et d'agriculture dépasse les frontières. De son passage dans la région, il nous a légué en 1794 un ouvrage en langue anglaise intitulé : Travels during the years 1787, 1788 et 1789 of the Kingdom of France. 

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    © National Gallery

    Arthur Young par John Russel

    Venant de Béziers, Arthur Young se dirige vers Carcassonne le 31 juillet 1787 et l'atteindra le lendemain.

    "Traverser une montagne par une route misérable, et atteindre Beg de Rieux, qui partage avec Carcassonne, le tissu de Londrins, pour le commerce du Levant. Traverser beaucoup de déchets à Béziers. J'ai rencontré aujourd'hui un exemple d'ignorance chez un marchand français bien habillé, cela m'a surpris. Il m'avait affligé de nombreuses questions insensées, puis il m'avait demandé pour la troisième ou la quatrième fois de quel pays j’étais. Je lui ai dit que j'étais un Chinois. À quelle distance se trouve ce pays ? J'ai répondu, 200 lieux. "Dieu cents lieues ! Diable ! C'est un grand chemin !" L'autre jour, un Français m'a demandé, après lui avoir dit que j'étais Anglais, si nous avions des arbres en Angleterre ? J'ai répondu, que nous en avions quelques-uns. Avions-nous des rivières ? Oh, pas du tout. "Ah, ma foi c'est bien triste !" Cette incroyable ignorance, comparée à la connaissance universellement disséminée en Angleterre, doit être attribuée, comme tout le reste, au gouvernement."

    La perfide Albion ne s'est-elle jamais positionnée au-dessus des Français ? Deux années après le début de la Révolution française, il tombe à-propos de critiquer le changement de régime dans un pays que l'on tient pour ennemi héréditaire depuis le Moyen-âge. Le 1er août 1787, Young arrive enfin à Carcassonne.

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    "Quitter Béziers, pour aller à Capestang par la montagne percée. Traverser le canal du Languedoc plusieurs fois; et sur beaucoup de déchets à Pleraville. Les Pyrénées maintenant à gauche, et leurs racines à quelques lieues. A Carcassonne ils m'ont porté à une fontaine d'eau boueuse, et à une porte de la caserne; mais j'étais plus heureux de voir plusieurs grandes maisons de fabricants, qui montraient la richesse.

     A cette époque, la renommée de l'actuelle capitale audoise dépasse les frontières grâce à son production de draps qu'elle exporte vers le Levant. En 1698, l'Intendant Lamoignon de Basville indique que "La ville de Carcassonne n'est à proprement parler qu'une Manufacture. Tous les habitants sont occupés les uns à filer, les autres à carder, ceux-là à faire des étoffes. Demurat en 1731 précise que "Dans la ville de Carcassonne et dans toutes les paroisses du diocèse, on ne fait autre chose que de donner les façons nécessaires aux draps, ce qui occupe même le peuple dans quatre ou cinq diocèses voisins. Déjà avant la Révolution, Young avait écrit que "Carcassonne est une des places manufacturières les plus considérables en France." 

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    Carcassonne au XVIIIe siècle

    Quand il est admis que cet endroit est l'une des plus importantes villes manufacturières de France, contenant 15 000 personnes, pourtant pas une voiture d'aucune sorte, comment un Anglais dont les commodités universelles sont répandues dans son propre pays, où je crois qu'il n'y a pas une ville de 1500 personnes dans le royaume dans laquelle les chaises de poste et les chevaux ne doivent pas être pris lorsqu'on les sollicite ! Quel contraste ! Ceci confirme le fait déductible du peu de circulation sur les routes même autour de Paris. La circulation est flagrante en France. La chaleur était si grande que je laissai Mirepoix en désordre: c'était de loin le jour le plus chaud que j'aie jamais quitté. L'hémisphère semblait presque dans une flamme avec des rayons brûlants qui rendaient impossible de tourner les yeux à plusieurs degrés de l'orbe radieux qui flambait maintenant dans le ciel.

    En effet, après avoir quitté Carcassonne, Young se rendit à Mirepoix en passant par Fanjeaux et Notre-Dame de Prouille.

    "A Mirepoix, il y a un magnifique pont de sept arches plates de 64 travées, qui coûtent 1 800 000 livres; il a été douze années érigeant, et sera fini dans deux autres. Le temps pendant plusieurs jours a été aussi beau que possible, mais très chaud; aujourd'hui la chaleur était si désagréable, que je me reposai de midi à trois heures à Mirepoix; et l'a trouvé si brûlant, que c'était un effort d'aller un demi-quart de mile pour voir le pont. Les myriades de mouches étaient prêtes à me dévorer, et je pouvais difficilement supporter la moindre lumière dans la pièce."

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    Le Président de la Chambre des Communes profite également de son séjour pour faire un certain nombre d'observations sur l'agriculture de notre région. A Carcassonne, la luzerne est coupée 4 à 6 fois, selon la pluie.

    "Le sétier de blé est de 150 livres et ils ont une bonne terre six par setterée. le setterée étant ici 1024 de huit pavés, cela fait 25000 pieds; Le produit est donc de 23 boisseaux. Les récoltes extraordinaires s'élèvent à dix sétiers. La province a un caractère beaucoup plus grand pour la fertilité qu'elle ne le mérite. Monsieur Astruc en dit: «Je ne prétends point parler de blé ou de laine: ces articles sont portés dans le Languedoc à peu près au plus haut point où ils se dirigeaient. Une jolie raison pour que l'historien naturel d'une province n'en dise plus rien! A Narbonne, il y a de la bonne laine, mais la culture du blé a peu de mérite. Un autre écrivain est proche de la vérité lorsqu'il dit: «Si l'on excepte ce qu'on appelle la plaine du Languedoc, les terres basses et les basses cévenoles, le reft, qui fait la moitié de la province, est, de tous les pays que je connais, le plus ingrat et le moins fertile."

    Sources

    Notes, synthèse et recherches / Martial Andrieu

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  • L'évêque de Carcassonne intervint auprès du pape pour faire sacrer Napoléon III

    Napoléon III avait souhaité, à l'exemple de son oncle, être sacré empereur à Paris par le pape. Nous savons grâce aux archives publiées sous le pontificat de Paul VI, le fin mot de cette histoire assez rocambolesque. Dès le mois d'août 1852, Louis-Napoléon Bonaparte engagea des négociations auprès de Pie IX et envoya deux émissaires à Rome : son aide de camp, Jules Comway de Cotte, et l'abbé Louis-Gaston de Ségur, fils de la célèbre comtesse. L'un comme l'autre s'en revinrent bredouille du Saint-Siège.

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    Napoléon III

    Élu en 1846, Pie IX avait dû s'enfuir de Rome pour se réfugier à Gaète. C'est grâce à la campagne d'Italie de l'armée française qu'il put revenir dans la ville éternelle. Ce que la grande histoire n'a pas retenu c'est l'intervention en octobre 1852 de Mgr de Bonnechose, évêque de Carcassonne. Il n'obtint pas davantage de succès... Pie IX fit traîner sa réponse, tenta de l'éluder, puis opposa un "Non possumus" invoquant l'impossibilité de transporter les saintes huiles à l'étranger : "Les papes ne vont pas porter le Saint-Chrême hors de chez eux. L'exception faite pour Napoléon 1er ne sera pas renouvelée", fit savoir Pie IX.

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    Mgr de Bonnechose dans son habit de cardinal

    (1800-1883)

    L'évêque de Carcassonne revint malgré tout à la charge auprès du Saint-Père, mais celui-ci plus entêté que lui répondit :

    "Eh bien ! Qu'il vienne à Rome comme Charlemagne et nous le sacrerons."

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    Pie IX

    Napoléon III refusa cette proposition. Il eut peur du ridicule car en 1832, il avait participé avec les "Carbonari" à l'envahissement des Etats pontificaux. Il avait fait le coup de feu contre les soldats du pape. Aller à Rome serait faire jaser l'Europe entière ! D'ailleurs, Mgr de Bonnechose comprit fort bien qu'il ne fallait pas insister davantage : "Je comprends qu'il redoute les souvenirs de jeunesse qu'il a laissés à Rome. Il dit qu'il a abjuré tout cela, qu'il est un autre homme. Eh bien, qu'il le prouve..." Napoléon le petit resta droit dans ses bottes et son sacre n'eut jamais lieu. Napoléon III fit sa demande de sacre auprès de Pie IX, mais celui-ci n'était prêt à en disposer qu'à condition que l'empereur abrogeât "tout disposition contraire au concordat".

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  • Brice Bourrounet (1925-2002) assassiné pendant la veillée de noël à Carcassonne

    L'ancien coureur cycliste né le 7 avril 1925 à Blomac dans l'Aude menait une vie de retraité tranquille à Carcassonne. Père de quatre enfants et divorcé de Francine, son épouse, il s'était établi dans un appartement situé au n°12 de la rue Flandres-Dunkerque dans le quartier de la Trivalle. C'est là qu'il sera retrouvé mort le lendemain de noël par Christine Posocco et son ex-épouse. 

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    A la fin des années 1940, Brice Bourrounet côtoie au sein du peloton les cracs de l'époque. Ils se nomment Louison Bobet, Jean Robic, Jean Dotto ou encore René Vietto. C'est ce dernier qu'il battra en 1945 lors d'une étape du circuit des cols des Pyrénées. 

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    Le vélo était pour Brice une véritable religion qu'il n'entendait pas partager seul. Après sa retraite sportive, il constitua une équipe de jeunes coureurs. Il souhaitait transmettre le flambeau et cette lumière pour l'amour des autres qui brillait en lui. Brice faisait l'unanimité autour de lui ; il aurait donné sa chemine alors même qu'il n'était pas très fortuné. 

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    Tout en continuant d'entraîner ses jeunes pousses, l'ancien coureur se mue en artisan de cycles. Dans son atelier de la rue Auguste Comte au n°12, il fabriquait des cadres de vélos sur mesure. Sa réputation dépassant les frontières, il finit même par signer sa propre marque : Cycles Bourrounet. A la Conte, tout le monde le connaissait ; il n'était pas rare d'apercevoir dans son atelier, des gens de ce quartier populaire de la ville. Cet homme rendait de nombreux services... Il prenait des enfants défavorisés comme apprentis.

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    Quand l'heure de la retraite sonna, Brice Bourrounet se prit de passion pour l'accordéon. Chez Christine Posocco, professeur de piano à bretelles, il apprit avec célérité et détermination la virtuosité de cet instrument. Il n'est pas un jour, où l'on n'entendit pas Brice s'exercer chez lui. Ce véritable passionné, avec quelques amis du groupe de Montredon, se mit à faire danser les noceurs des bals à papa du dimanche après-midi. Ce charmeur invétéré amoureux de la gent féminine, se plaisait à distraire ainsi son auditoire. 

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    Ce 24 décembre 2002, Brice Bourrounet est invité à passer noël chez sa fille mais décline l'invitation. Il faut dire que depuis son divorce il s'est coupé volontairement de sa famille. Dans la soirée, il reçoit la visite de deux gitans qu'il connaît bien, Alexandre Baute et Patrick Baptiste. Ces derniers en quête d'argent - l'un pour assouvir son besoin de cocaïne et l'autre, pour offrir des cadeaux à ses enfants - vont alors tenter d'escroquer le retraité. L'ancien coureur voue une passion sans limites aux femmes et s'est déjà fait avoir par le passé. Une femme de la communauté gitane avait réussi à lui soutirer 7000 €, mais Brice avait porté plainte et les escrocs avaient été condamnés à rembourser. Alors, quand Baute et Baptiste lui proposent d'aller chercher une certaine Yasmina à Toulouse, à condition qu'il paie immédiatement une somme pour le voyage jusqu'à la ville rose, Brice Bourrounet sentant le piège refuse.  Quelques jours après, Francine son ex-femme alerte Christine Posocco qui loue l'appartement à Brice. Il n'est pas normal que le chien aboie et que la boite aux lettres soit remplie de courrier. Prenant son courage à deux mains Christine Posocco va chercher un double des clés. La porte d'entrée est ouverte ; à l'intérieur, Brice Bourronnet git inanimé sur son lit. Il est mort. 

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    L'enquête de police est confiée au SRPJ de Perpignan, mais s'avère difficile. Ce n'est qu'au bout d'un an et demi qu'elle connaît un rebondissement. Un homme vient de se livrer à la police. C'est Alexandre Baute âgé de 34 ans qui avoue avoir tué Brice Bourrounet. Ce jeune homme compte dix condamnations à son palmarès, mais jamais pour des faits de violence. L'arrestation inespérée de Baute, entraînera celle de son complice Patrick Baptiste, âgé de 19 ans. D'après eux, la victime aurait voulu se débattre sur le lit et pour l'empêcher de crier, elle aurait été étouffée avec un oreiller. Au cours de la reconstitution du crime, Alexandre Baute s'accuse du meurtre, alors qu'il semblerait que ce soit son comparse qui ait assassiné Brice Bourrounet. Au moment du procès, une cinquantaine de gitans sont présents dans la salle d'audience, contre très peu de connaissances de Brice. Il était pourtant très connu et estimé pour avoir rendu de grands services.

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    La cour d'assise de Carcassonne condamnera en 2006 les deux meurtriers, à une peine égale de 20 années de réclusion criminelle. Alexandre Baute et Patrick Baptiste manifesteront des remords. Ils ont ôté la vie à un brave homme en s'emparant de 30 € et d'une caméra. Etait-ce bien là, l'unique mobile du crime ?...

    Sources

    Sur la carrière de cycliste de Brice Bourrounet, on pourra lire le travail de Jacques Blanco présenté en conférence à la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude en 2013.

    Presse locale et audiovisuelle

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