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Evènements - Page 5

  • Charles de Gaulle en visite à Carcassonne chez son ami le colonel Soulet

    Le colonel Fulcran Soulet, qui après la débâcle de 1940 aurait aimé rejoindre de Gaulle à Londres, en fut empêché par sa période captivité à Soest puis par le décès de son épouse ; elle le laissa avec cinq enfants. En 1943, il prend sa retraite à Carcassonne et y demeure jusqu'à son décès. Ce n'est qu'en 1947, au moment où le général de Gaulle fonde le R.P.F (Rassemblement du Peuple Français) que Fulcran Soulet reprend contact avec celui qui fut son grand ami de promotion à Saint-Cyr. Le Major de celle-ci fut Alphonse Juin, futur maréchal de France dont on connaît les exploits en Italie. Le général de Gaulle qui ne manquait pas d'humour parfois un peu caustique disait lorsqu'on l'interrogeait sur son ancien camarade : "Juin. Mais de quelle année ?" En effet, tous ces hauts gradés de 1940 n'avaient pas de suite suivis les pas du grand Charles. Qu'importe !

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    Le général à Carcassonne en 1952

    Le colonel Soulet qui habitait dans la rue Aimé Ramond (N°15) reçut son légendaire ami chez lui, au moment où celui-ci lançait le mouvement RPF ; Fulcran Soulet en était le délégué départemental.

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    La maison de F. Soulet où fut reçut Charles de Gaulle

    De Gaulle m'avait donné rendez-vous à trois kilomètres de Perpignan, sur la route venant de Narbonne. J'y étais à l'heure prévue (9 h) avec ma voiture dans laquelle avait pris place mon compagnon Romersa. L'auto de De Gaulle était là, lui-même près du chauffeur et Mme de Gaulle à l'intérieur avec le colonelde Bonneval. Après les salutations d'usage, nous rejoignons un groupe de compagnons que le chef très dynamique M. Fa, a rassemblés dans un cinéma. Après la séance, sans contact avec la population catalane, nous prenons la route de Quillan par Saint-Paul-de-Fenouillet où j'ai fait préparer un repas de midi pour cinq personnes : Mme de Gaulle, son mari, de Bonneval, le chauffeur et moi-même. À l'entrée du village, quelques gendarmes et une trentaine de curieux sont sur la route. Je m'arrête au pied de l'escalier qui conduit à la salle de restaurant, mais de Gaulle, qui a mis pied à terre, m'interpelle : « Comment ? ? mais tu m'as « foutu » une tournée électorale ? ? — Pas du tout ! lui dis-je, j'ai prévu une halte-repas, les couverts sont mis là-haut!» et je lui montre l'escalier. « Jamais de la vie ! grogne-t-il : on ne s'arrête pas ! achète-nous un peu de pain, quelques tranches de jambon, un litre d'eau minérale, et nous déjeunerons sous un sapin, un peu plus loin sur le bord de la route ! » — « Soit ! ».


    Me voilà parti au village voisin (Caudiès) où j'achète le nécessaire plus un couteau, car de Gaulle n'en a sûrement pas ! Au retour, le Général, qui n'a pas quitté sa voiture, me remercie. Je lui souhaite bon appétit en ajoutant: « je te retrouverai sur la route, car, avec mon compagnon, nous allons déjeuner au bistrot de Pradelles ».


    Vers midi, nos deux voitures sont de nouveau réunies sur la route de Quiltan où une surprise nous attend. Le commandant de gendarmerie de l'Aude m'aborde à l'entrée du gros bourg. « Une foule vous attend sur la place, me dit-il et la salle toute proche du cinéma « Le Familia » est pleine à craquer ». « Qu'est-ce que je vais prendre ! dis-je à Romersa. De Gaulle a mis la tête à la portière et paraît furieux ! « C'est bien la réunion électorale que je redoutais », me dit-il. « Pas du tout ! » ai-je répondu, c'est tout simplement la population de la haute vallée de l'Aude qui veut voir de Gaulle ! et le cinéma d'en face est bondé ! Il faut t'y faire ! ». À ce moment précis, l'attitude du Général change subitement et son visage devient souriant. Il descend de voiture et je le conduis à travers la foule (un vrai bain !) jusqu'au cinéma où j'ai fait réserver une loge pour Madame de Gaulle. Tout à fait détendu, il traverse la salle sous les applaudissements des assistants debout et décoiffés. Il refuse de monter sur la scène : « Je suis assez grand... et la scène est vide!» — Au premier rang, le conseiller général de Belvis qui m'avait demandé d'être présenté à de Gaulle. Dès que mon ami lui tend la main, voilà mon élu local qui fond en larmes, sanglote et ne peut prononcer un seul mot ! « Mais qu'est-ce qui vous arrive, lui dit le général, il n'y a pas de quoi pleurer ! au contraire ! » — Mais le conseiller ne peut maîtriser ses larmes et de Gaulle l'abandonne pour une courte allocution frénétiquement applaudie.


    La tournée se poursuit jusqu'à Carcassonne où une foule moins dense (car les élus sont moins chauds) nous attend dans mon jardin privé. Nouvelle allocution sous une pluie battante qui nous oblige à nous abriter au salon pendant que Madame de Gaulle bavarde dans la pièce voisine avec quelques amies. Après un frugal casse-croûte, j'accompagne le Général et sa suite jusqu'à Saint-Ferréot d'où ils partiront demain pour Paris.


    Est-ce dans la vallée de l'Aude que le général de Gaulle affronta son premier grand « bain de foule » ?

    (Deux camarades de promotion : quelques souvenirs sur Charles de Gaulle, Espoir N°18, 1977)

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    Le 26 avril 1971, le colonel Soulet inaugura chez lui une stèle en mémoire de Charles de Gaulle. Ce médaillon en bronze de 40 centimètres de diamètre est l'œuvre d'André Journet. Chaque 18 juin et 9 novembre, l'association "Action fidélité au général de Gaulle" présidée par Maître Claude Cals, rendait hommage à l'illustre personnage.

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    © Chroniques de Carcassonne

    M. Fulcran Soulet, André Tomasini et Jean-Pierre Cassabel

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    Mairie de Lamorlaye

    Quand Fulcran Soulet mourut en 1982, la maison de Carcassonne fut vendue au Dr Soum. Le médaillon fut donné par le fils du colonel Soulet à la mairie de Lamorlaye (Oise). Il se trouve toujours à côté de l'Hôtel de ville.

    Les autorités Carcassonnaises ne seraient-elles pas bien inspirées de signaler par une plaque sur la façade de ce n°15, la présence en ce lieu du général de Gaulle ? La Fondation Charles de Gaulle où j'ai puisé ces renseignements y serait sans doute sensible. Merci également à Alain Pignon pour son aide précieuse.

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  • L'affaire du Couvent de Sainte-Gracieuse, rue Trivalle

    En 1793, les R.P Capucins avaient été chassés et dispersés du monastère que l’on connaît de nos jours sous le nom de Notre-Dame de l’Abbaye, rue Trivalle. Les bâtiments devaient passer sous la coupe des révolutionnaires et être vendus avec les Biens nationaux. Il faudra attendre le début des années 1860 pour que des religieuses de l’Ordre de Marie-Thérèse s’y établissent à nouveau en créant une maison d’éducation catholique. Elles lui donnèrent alors le nom de Sainte-Gracieuse, en hommage à une martyr dont les restes reposent dans la chapelle.

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    Au mois, d’août 1871, un fait totalement méconnu aujourd’hui de nos historiens locaux va déclencher un véritable séisme non seulement à Carcassonne, mais dans la France entière. L’affaire de Sainte-Gracieuse, ainsi dénommée par les chroniqueurs de l’époque, débute par le dépôt d’une plainte au tribunal de Carcassonne. Monsieur Merlac, propriétaire à Narbonne, sur la foi des accusations de viol portées par sa fille Alix contre les religieux du Couvent de Ste-Gracieuse, entend bien défendre l’honneur perdu de son enfant. Que diable s’est-il donc passé ? La jeune fille de dix-huit ans et pensionnaire de cette école d’éducation, prétend que sa cousine Nancy Bouis, âge de trente-six ans, l’avait amenée trois ans auparavant au couvent tenu par mes religieuses de Marie-Thérèse. Là, trois sœurs (St-Paul, Marie et St-Luc) l’auraient prise de force dans une cellule située au fond d’un souterrain. On l’aurait jeté sur un lit et l’abbé Henri, vicaire de Saint-Gimer, se serait alors précipité sur elle et l’aurait violée. Deux autres prêtres seraient entrés et chacun leur tour, en auraient fait de même. Alix Merlac accusa l’abbé Vidal de l’avoir violée le 16 août 1868, jour de St-Roch, à 20 heures dans l’église Saint-Vincent. Après quoi, l’abbé Sigé, son confesseur et curé de la cathédrale, se serait servi de sa position pour l’obliger à demeurer au couvent afin de servir d’instrument à leurs plaisirs.

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    Le 17 mars 1872, le chef du parquet et le juge d’instruction, assistés d’un greffier, se rendirent au couvent accompagnés de la plaignante pour effectuer des constatations. Le curé, objet des accusations, prisonnier dans la loge du concierge du Palais de justice, fut remis en liberté. Les autres prêtres démentirent avec vigueur avoir abusé de la jeune femme. Néanmoins, pendant la durée de l’instruction, l’évêché dut prendre des mesures à titre conservatoire. L’abbé Henri, vicaire de Saint-Gimer, fut envoyé en disgrâce à Mérone. L’abbé Sigé, dans une petite paroisse près de Castelnaudary.

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    Le cloître

    Les investigations montrèrent très vite que tout dans l’accusation était chimérique. Sur la plaignante, aucun indice ne laissait supposer qu’elle disait la vérité et peu-à-peu, on fut certain qu’elle n’avait pas été déflorée. Les états des lieux qu’elle avait décrits ne correspondaient point à ses précisions, et plus on avançait dans les recherches, plus les alibis se multiplièrent. A chaque fois, l’enquête mettait en évidence un fait contraire à celui que Mlle Mérlac mettait en avant. Une ordonnance de non lieu fut alors prononcée en faveur des abbés Sigé, Henri et Vidal, des sœurs St-Paul, St-Luc et Marie, de la mère supérieure et de Madame Bouis. Les accusés poursuivirent Alix Merlac pour dénonciation calomnieuse et au bout de son procès qui révéla ses mensonges, son avocat Me Agnel réussit à obtenir l’acquittement. Les experts ayant pu prouver la fragilité mentale de la jeune femme, la défense réussit à plaider la folie. On n’entendit plus parler d’Alix Merlac, ni d’ailleurs de cette affaire qui suscita bien des polémiques entre défenseurs de l’église et anticléricaux.

    Au cœur de cette affaire se trouva le député-maire de Carcassonne, Théophile Marcou. Patron du journal « La Fraternité », cet anticlérical viscéral titra avant même le début de l’enquête :

    «  Accusation de viol, d’attentats à la pudeur portés par Mlle Merlac de Narbonne, contre les religieuses du Couvent de Ste-Gracieuse de Carcassonne et divers prêtres du diocèse. »

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    Théophile Marcou

    Les évènements prirent alors une tournure politique à une époque où la Troisième République faisait la chasse aux cléricaux. Louis Veuillot (1813-1883), journaliste légitimiste et catholique fervent entra dans la danse en fustigeant Marcou de ses manchettes assassines dans l’Univers :

    « Le citoyen Marcou est un vieux rouge, avocat de profession, déporté au 2 décembre, préfet du 4 septembre, dégommé, maire de Carcassonne et président du Conseil général de l’Aude. Ledit Marcou est fils d’un curé défroqué et d’une religieuse qui avait jeté sa guimpe par-dessus les moulins. »

    Au milieu de cette triste affaire, une victime… Le père d’Alix, Joseph Adolphe, qui, certainement déshonoré par la tournure des évènements, se donna la mort par empoisonnement le 9 avril 1872. Là, où il eut fallu un peu de décence, les belligérants se servirent de ce terrible forfait pour poursuivre leurs querelles politiques. Marcou accuse les Jésuites d’avoir détruit les preuves de la culpabilité des religieux. Il remet même en cause la version du suicide le 14 avril 1872 dans son journal :

    « Pourquoi M. Merlac s’est-il suicidé . C’était un homme religieux, légitimiste et pratiquant. Avant de mourir, il succombait  aux remords, il se serait repenti et aurait demandé l’absolution ; pendant que le poison achevait  son travail dans ses viscères. Mais est-ce bien le remord qui l’a tué ? C’est peu vraisemblable […] Je ne peux chasser de mon esprit le souvenir d’un empoisonnement d’un prince italien par l’hostie consacrée, quand on lui a donna la communion. »

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    Louis Veuillot

    La réponse de Veuillot ne se fit pas attendre :

    « M. le rédacteur de la Fraternité, maire de Carcassonne, ne dit pas si c’est M. feu l’ex-abbé Marcou, son père, qui lui a conté cette histoire du prince italien, pour lui inspirer une juste horreur de la communion ».

    Sources

    La Fraternité

    Le Figaro / 19 juin 1873

    L. Veuillot / Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires

    L'Univers

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  • Le comblement des fossés médiévaux de la Bastide Saint-Louis

    S’il est avéré dans plusieurs écrits que les anciens fossés bordant les remparts médiévaux de la Ville basse furent comblés par décision de Mgr Armand Bazin de Bezons, la date de ces travaux reste incertaine bien qu’estimée à 1764. On peut légitimement penser que cette entreprise s’étala dans le temps, même si les conditions dans lesquelles elle s’organisa demeuraient jusqu’à aujourd’hui méconnues. Dans la Gazette d’agriculture, commence, art et finances de 1771, nous apprenons le 27 avril de cette année-là, que les ouvriers avait été réduits à la mendicité, en raison du ralentissement économique au sein des manufactures de draps. A cette époque, la ville de Carcassonne était une place forte de la production textile et exportait ses londrins à travers l’Europe. L’industrie drapière faisait ainsi la fortune de nombreux marchands fabricants ; au même instant des familles misérables survivant uniquement grâce à ce secteur d’activité, s’entassaient dans de vieilles masures insalubres bâties dans les lices de la cité médiévale. Sous l’Ancien régime, le droit féodal avait tellement réduit le peuple en esclavage qu’il était considéré comme faire grande œuvre de charité que de lui permettre de ne pas mourir de faim. Ainsi lit-on : « Notre respectable prélat (Armand Bazin de Bezons, NDLR) touché de leur malheur, a sollicité et obtenu, pour son diocèse, sur la remise que le roi fait annuellement à la province, un don à la vérité modique, en comparaison du besoin, mais qui dispensé avec une sage économie, a suffi pour leur procurer les moyens de subsister en travaillant. »

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    © ADA 11

    La Ville basse en 1810, côté Canal royal du Languedoc

    Autrement dit, le roi n’a pas versé un liard de plus qu’à l’accoutumée à la province. Il a seulement autorisé à ce que l’église en prélève une petite partie pour fournir du travail aux ouvriers. Une mesure que notre ministre des finances et du budget ne renierait pas…

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    Armand Bazin de Bezons, évêque de Carcassonne

    Les fonds de ce secours alloués furent employés sous la direction des officiers municipaux a combler les fossés entourant les vieux remparts. La terre acheminée des hauteurs de la ville par les hommes, les femmes et les enfants leur permit de recevoir un salaire proportionnel à leur labeur. « Cette foule d’ouvriers, empressés à profiter d’une ressource que le ciel semblait leur avoir ménagée dans une saison critique, formait un spectacle touchant que nos concitoyens ne sa laissaient pas d’aller considérer. »

    Les travaux semblables entrepris depuis plusieurs années permirent durant l’année 1771 de supprimer les deux tiers des fossés ceinturant la Ville basse. Au fil et à mesure, les arbres qui avaient été plantés en allées sur ordre de Mgr Bazin de Bezons, dessinèrent les boulevards actuels qui entourent la Bastide Saint-Louis.

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    © ADA 11

    La plantation d'arbres en 1780, côté Jardin du Calvaire

    Nous laisserons à votre appréciation la conclusion suivante qui accompagne l’article de cette Gazette du commerce de 1771. L’auteur en est Monsieur de Saint-Lambert : "C’est en inspirant au pauvre le goût du travail qu’on le tire de la misère. Il ne faut être que machinalement sensible à la pitié pour faire l’aumône  ; mais il faut être bon et éclairé pour faire le bien." Un autre personnage célèbre à ajouté : "Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail"

    Source

    Gazette d'agriculture, commerce, arts et finances / Année 1771

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