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L'évêque de Carcassonne intervint auprès du pape pour faire sacrer Napoléon III

Napoléon III avait souhaité, à l'exemple de son oncle, être sacré empereur à Paris par le pape. Nous savons grâce aux archives publiées sous le pontificat de Paul VI, le fin mot de cette histoire assez rocambolesque. Dès le mois d'août 1852, Louis-Napoléon Bonaparte engagea des négociations auprès de Pie IX et envoya deux émissaires à Rome : son aide de camp, Jules Comway de Cotte, et l'abbé Louis-Gaston de Ségur, fils de la célèbre comtesse. L'un comme l'autre s'en revinrent bredouille du Saint-Siège.

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Napoléon III

Élu en 1846, Pie IX avait dû s'enfuir de Rome pour se réfugier à Gaète. C'est grâce à la campagne d'Italie de l'armée française qu'il put revenir dans la ville éternelle. Ce que la grande histoire n'a pas retenu c'est l'intervention en octobre 1852 de Mgr de Bonnechose, évêque de Carcassonne. Il n'obtint pas davantage de succès... Pie IX fit traîner sa réponse, tenta de l'éluder, puis opposa un "Non possumus" invoquant l'impossibilité de transporter les saintes huiles à l'étranger : "Les papes ne vont pas porter le Saint-Chrême hors de chez eux. L'exception faite pour Napoléon 1er ne sera pas renouvelée", fit savoir Pie IX.

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Mgr de Bonnechose dans son habit de cardinal

(1800-1883)

L'évêque de Carcassonne revint malgré tout à la charge auprès du Saint-Père, mais celui-ci plus entêté que lui répondit :

"Eh bien ! Qu'il vienne à Rome comme Charlemagne et nous le sacrerons."

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Pie IX

Napoléon III refusa cette proposition. Il eut peur du ridicule car en 1832, il avait participé avec les "Carbonari" à l'envahissement des Etats pontificaux. Il avait fait le coup de feu contre les soldats du pape. Aller à Rome serait faire jaser l'Europe entière ! D'ailleurs, Mgr de Bonnechose comprit fort bien qu'il ne fallait pas insister davantage : "Je comprends qu'il redoute les souvenirs de jeunesse qu'il a laissés à Rome. Il dit qu'il a abjuré tout cela, qu'il est un autre homme. Eh bien, qu'il le prouve..." Napoléon le petit resta droit dans ses bottes et son sacre n'eut jamais lieu. Napoléon III fit sa demande de sacre auprès de Pie IX, mais celui-ci n'était prêt à en disposer qu'à condition que l'empereur abrogeât "tout disposition contraire au concordat".

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Commentaires

  • Article très intéressant, hélas on doit constater que la religion et la politique ne font toujours pas bon ménage.

    Napoléon III fut surement aussi le premier dictateur élu au suffrage universel.
    Les insultes échangées entre Bismarck et Napoléon III, presse et dépêches, semblent étrangement se répéter aujourd'hui au travers des médias et des tweets.
    Souhaitons que cela ne se termine pas encore par une guerre.

  • Article fort intéressant et peu connu.
    Je ne sais si Mgr. Bonnechose fut un grand, moyen ou médiocre évêque de Carcassonne mais il me semble que cette affaire ne l’a pas grandie. Le pape avait sans doute en mémoire le souvenir du sacre de Napoléon le premier et l’humiliation faite à Pie VII. Les relations avec l’Eglise et Napoléon III étaient mitigées, L’empereur a certes aidé le Vatican mais il a aussi engagé des actions contre l’Eglise chaque fois qu’il le pouvait, c’était un fourbe et le pape le savait.
    Par ailleurs Napoléon était le premier président de la République et le seul de la deuxième République, devenu empereur sur un coup d’état ! Sa légitimité n’avait rien à voir avec celle des rois de France. Plus généralement, à cette époque où tous les peuples étaient dirigés par des rois et des empereurs si le pape avait été obligé de se déplacer il serait devenu un distributeur de sacres et aurait passé son pontificat à courir la planète pour sacrer les princes. Nos rois se faisaient sacrer à Reims et se contentaient d’un évêque, il y avait dans la démarche napoléonienne (oncle et neveu) une sorte de mégalomanie dont l’évêque de Carcassonne aurait été bien inspiré de s’abstenir d’y prendre part.

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