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Cinéma - Page 6

  • L'arrivée du cinématographe à Carcassonne.

    Le cinématographe inventé par les frères Lumières en 1895 arrive dans notre ville au début du XXe siècle. Les cafetiers carcassonnais organisent des projections sur leurs terrasses en tendant un drap blanc entre deux arbres ou piliers. Ils se procurent appareils, films et opérateurs bénévoles. Tout ceci ne se réalise pas sans un certain intérêt; celui, bien entendu, d'attirer la clientèle dans leurs établissements. Les consommations sont obligatoires et les orgeats-menthe ou le Mazas tournent à plein régime. Les moins fortunés ou les malins ont trouvé une astuce pour ne pas s'acquitter du moindre centime. Ils portent leurs chaises et se placent derrière l'écran; munis d'un miroir, ils lisent les sous-titres qu'ils reçoivent à l'envers! Plusieurs cafés font ainsi des projections: Le Terminus, le café du musée (trésorie générale), le Grand café Not (place Carnot), le café Maymou (café de la terrasse), le café Canis (l'Aiglon), le Helder (café des platanes) et le Grand café glacier (maison de retraite Montmorency).

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    Sur cette carte postale, nous voyons à droite les deux piliers avec le drap enroulé servant d'écran de projection.

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    La toute première salle de cinéma apparue à Carcassonne, fut semble t-il le "Cinéma Variétés et des familles" vers 1914. A l'intérieur, des fauteuils à claquette ont remplacé les bancs, un bar à limonade et à bières, un orchestre pour accompagner les différentes scènes du muet. Les instrumentistes improvisateurs étaient membres de sociétés musicales de la ville: Mandoul, Reverdy, Taillefer, Soubrières... Les jets de tartes à la crèmes lors de films comiques, étaient matérialisés par un coup de symbales donné par Roucairos. Cette salle se trouvait sur l'actuel emplacement de l'ancienne clinique Saint-Vincent (boulevard Jean Jaurès). Le terrain avait été acheté à la famille Ouliac en 1884. Émile Duffaut, pionnier du cinéma dans notre ville, était le propriétaire de ce Cinéma des familles. Jean Ouliac nous parle de cet établissement:

    "Au début le confort était plutôt précaire. Je me souviens qu'un jour, il y eut une interruption de la projection, au cours de laquelle un membre du personnel monta sur un banc pour proclamer: "Voilà le caillou qu'on vient de lancer sur la tête d'une demoiselle. Le premier qui lancera quelque chose trouvera un pain de bouffes, le pied dans le cul et à la porte. (textuel)" Le principal film à épisodes fut "Les mystères de New-York" qui fit la renommée de l'actrice Pearl White. Je l'ai suivi entièrement. Il y eut 23 épisodes, c'est à dire qu'il fallait aller au cinéma chaque semaine, pendant 23 semaines consécutives. En dehors de cela, M. Duffaut donnait des soirées avec des fantaisistes ou des chanteurs. C'est ainsi que j'ai pu entendre Dalbret, Dranem qui trouvait encore le moyen de chanter. Je connaissais bien l'opérateur. C'était Angel Longan. Il s'exprimait en bon français avec un fort accent espagnol. C'est à lui que je dois de savoir comment fonctionnaient les appareils de projection de l'époque. Ils étaient mus à la main à l'aide d'une manivelle et un obturateur tournant, escamotait les changements d'images successifs. On pouvait ainsi, faire varier la vitesse de déroulement des films. Il arrivait, alors, qu'une course d'automobiles, ressemble à un cortège funèbre ou que le Président de la République ait l'air de disputer un marathon. M. Duffaut disparut un jour et avec lui, le "Cinéma des familles".

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    M. Duffaut prit également la direction de l'Eden qu'il transforma en cinéma-théâtre. Ce fut une salle de "Mouisic-all" comme le disait les carcassonnais, dans laquelle se produisirent Maillol, Damia, Mistinguet, Josephine Baker, Maurice Chevalier, Tony Poncet... Écoutons le récit que nous en donne Jean Ouliac:

    " Il est évident  que je n'ai pas fréquenté L'Eden-théâtre dans mes années d'enfance, mais il m'a été donné d'assister à de nombreuses représentations entre 1921 et 1924. Le directeur était alors M. Arnaurec. La troupe de Music-Hall était sédentaire et je me souviens du comique Juguler, spécialiste de l'arrivée des retardataires, dont mes parents se sont souvenus toute leur vie; parce qu'un soir, il leur avait souhaité la bienvenue à sa façon. Il y avait aussi une fantaisiste, Paulette Pastor, et un certain Ruquet qui apportait à son nom la qualité de chnateur à voix, ce qui exaspérait un professeur de chant de l'époque. Mlle Jeanne Bonnet disait: "Mais, il n'y a pas de chanteurs sans voix". L'activité du music-hall ne dura pas longtemps après 1924. Le nouveau directeur, M. Chatenet, me disait: "Un mauvais comique me prend à peu près, la moitié de la recette. Dans ces conditions, ce n'est plus possible. Effectivement, M. Chatenet transforma son affaire en cinéma qui restera le dernier à projeter du muet à Carcassonne."

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    Vers 1912, un cinéma ambulant Bonnet s'installa sur la place d'armes, face à la caserne. Écoutons, là encore M. Ouliac:

    "J'ai assisté à quelques unes de ses séances. Il essaya, à sa façon, de réaliser le cinéma parlant, ou plus exactement, le cinéma chantant. Le dispositif n'est pas compliqué: on faisait tourner un disque sur un phonographe. Il n'y avait donc pas d'amplification pendant la projection du film muet. Vous pouvez comprendre ce que cela donnait comme qualité de son et, surtout, comme synchronisation."

    Bonnet s'installa définitivement à Carcassonne. Ce fut le "Cinéma Bonnet" devenu vite le "Modern cinéma", puis le Vox et enfin, le Boléro (voir photo ci-dessus) à côté du garage Métropole. M. Duffaut racheta le "Modern cinéma" et il y eut comme directeurs M. Salès puis Gaston Deumié.

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    Après l'expulsion des religieux du Couvent des Carmes en 1880, un pensionnat s'installa dans l'actuel Évêché. L'incendie survenu dans la première décennie du XXe siècle à cet endroit fut d'une voilence inouie. Les flammes pénétrèrent dans l'église des Carmes par la porte de la sacristie. Le bâtiment du pensionnat revint à la paroisse St-Vincent. Il abrita une société de gymnastique, le catéchisme mais surtout une vesta salle de concert. C'est là qu'on entendit les oeuvres jouées par la Société des concerts symphoniques dirigée par Michel Mir. Ensuite, le cinéma muet remplaça le cinématographe; la salle servit au cinéma catholique jusqu'au mois d'août 1914. Pendant la guerre, on y entreposa des sacs de grains. En 1918, une association d'éducation populaire fit modifier la salle; le cinéma catholique devint L'idéal cinéma. La composition de l'orchestre pour accompagner les films fut confiée à Jean Ouliac. Parmi les musiciens, on notait la présence de Georges Anisset, Charles Adroit, Joseph Rieupoulh. L'idéal cinéma dura le temps du muet, mais avec l'arrivée du parlant, il devint alors Le Rex. Le directeur était M. Esquirol, habitant Castelnaudary.  

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    Le Colisée fut construit en même temps que le Grand Hôtel Terminus, c'est à dire en 1914. L'intention de l'architecte était que les clients puissent se rendre au café ou au cinéma, sans quitter l'hôtel. François Fargues, professeur de musique et compositeur carcassonnais, occupa la fonction de directeur. L'orchestre du Colisée se constitua en Consortium des musiciens, avec MM. Mir, Coyot, Sabatier, Jordy, Pouzols, Taillefer, Guiraud...

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    La grande salle du Colisée, de style Art-Nouveau

    En 1927, Gaston Deumier ouvrit un nouveau cinéma dans la rue Antoine Marty: L'Odéum. La façade est de style Art-Déco et mériterait un classement, comme c'est le cas pour d'autres architectures de cette époque comme l'ancienne mairie ou le théâtre municipal. Le parlant arriva à Carcassonne et deux grandes firmes se partagèrent le gâteau: La Western Electric et La Gaumont. L'Odéum opta pour la première et le Rex, pour la Tobis. Les premiers films parlant à Carcassonne furent La chanson de Paris, Le collier de la reine et Le chanteur de jazz avec Al Johnson (voir affiche).

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    L'Odéum quand il était encore un cinéma...

    Sources 

    Marcel-Yves Toulzet/ Midi-Libre/ 26 août 1984

    Souvenirs posthumes de Jean Ouliac

    Cet article a nécessité trois heures de travail

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  • "21 nuits avec Pattie" a été tourné à Castans dans l'Aude

    Actuellement au programme de la chaîne Canal plus, le film "21 nuits avec Pattie" a été tourné dans l'Aude durant l'été 2014. C'est dans le petit village de Castans - totalement enclavé dans la Montagne noire - qui avait été choisi par les frères Larrieu pour y réaliser ce long métrage. Tout au long du film, le paysage magnifique de ce coin perdu de l'Aude est largement exposé à la caméra des réalisateurs - il n'a vraiment rien à envier à l'intérieur de la Provence dont on vend trop souvent la beauté. Pour vivre heureux, vivons cachés et c'est justement dans ce coin que les célèbres réalisateurs résident depuis leur tendre enfance. Ce petit village de Castans qui compte une centaine d'âmes, a vu également l'acteur Jacques Perrin s'y installer.

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    Le scénario un tantinet fantastique et les dialogues très libertins puisent leur inspiration directement chez cette Pattie que les frères Larrieu ont bien connue. 

    En plein été, Caroline, Parisienne et mère de famille d'une quarantaine d'années, débarque avec sa valise dans un petit village du Sud de la France. Elle doit organiser dans l'urgence les funérailles de sa mère, Isabelle, avocate volage, qu'elle ne voyait plus guère. Elle fait bientôt la connaissance de Pattie, une femme de ménage amie de sa mère, qui aime raconter à qui veut bien l'écouter, et avec moult détails et mots très crus, ses aventures amoureuses avec les hommes du coin. Alors que toute la vallée se prépare pour les fameux bals du 15 août, Caroline découvre, le soir même de son arrivée, que le corps de la défunte a disparu...

    La distribution dans les rôles principaux compte dans ses rangs Isabelle Carré, Karine Viard et André Dussolier. Toutefois, un gars de chez nous bien connu pour ses talents de photographe s'est vu confier une petite apparition parlée dans le film. Il s'agit de Didier Almon, le frère de Thierry, comédien Carcassonnais et directeur de la troupe "Le grand Roque".

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    © L'indépendant

    Didier Almon

    Dès le début du film on aperçoit le lieu le plus emblématique de Castans. Il s'agit de son lavoir de 1640, inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1948.

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    Le lavoir avec la croix en son centre

    Ce film a bénéficié du soutien financier du Conseil départemental de l'Aude. Voilà donc une belle publicité pour l'Aude qui vaut tous les spots avant le 20h du journal télévisé. Pendant une heure trente minutes, le spectateur prend en pleine figure cette nature ondoyante et verdoyante qui fait le charme de notre pays. Un seul bémol toutefois, aucun des acteurs jouant les villageois n'a l'accent du Languedoc. Quant à la critique parisienne, elle situe bien sûr Castans vaguement dans le Sud-Ouest. "Les 21 nuits de Pattie" a reçu le Prix du meilleur scénario au Festival du film de Saint-Sébastien en 2015.

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    Isabelle Carré

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    Les frères Larrieu près du lavoir

    J'ai emprunté les photographies ci-dessus au blog de Madame Rhinocéros. J'espère qu'elle me pardonnera car c'est pour la bonne cause. Si vous voulez en voir davantage, suivez le lien ci-après vers son blog :

     http://madame-rhinoceros.over-blog.com/tag/21%20nuits%20avec%20pattie

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    Lien permanent Catégories : Cinéma
  • Le réalisateur Yves Boisset, Citoyen d'honneur de la ville de Carcassonne.

    Vendredi 2 novembre 1984, le réalisateur Yves Boisset était reçu à l'hôtel de ville de Carcassonne par le maire Raymond Chésa en présence d'élus du Conseil municipal et de membres du Ciné-club Carcassonnais, dont Me Clément Cartier.

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    © Antoine Courrière

    Raymond Chésa remet la médaille de la ville

    Là, sont les paradoxes ou l'ouverture d'esprit de l'ancien maire RPR de Carcassonne... Au mois de septembre 1983, un conseil municipal tourne à l'incident à propos de la Maison des syndicats. Le lendemain, on retrouve R. Chésa aux côtés de Georges Seguy (Sécrétaire général de la CGT) dans une manifestation. Il avait tout simplement fait la différence entre le syndicaliste et l'ancien résistant, déporté à Mauthausen en 1944.

    Le 1er novembre 1984, les drapeaux étaient en berne dans Carcassonne pour manifester la réprobation à l'encontre de Claude Cheysson - Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Mauroy. Ce dernier venait de participer à la célébration du 30e anniversaire du soulèvement algérien, après que le gouvernement socialiste a réhabilité les chefs militaires insurgés : Jouhaud, Salan, etc... Le gaulliste Chésa ne pouvait accepter cet affront envers la mémoire du général de Gaulle ; ces putschistes avaient tout bonnement essayé de prendre le pouvoir à Alger. D'ailleurs les généraux félons avaient appelé à voter Mitterrand en 1981. Bizarre que les socialistes aient réhabilité les anciens de l'O.A.S... (Source : Jean Guisnel / Ed. La découverte, 1990). Le lendemain, le maire décernait au plus antimilitariste des réalisateurs, la médaille de la ville de Carcassonne.

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    Clément Cartier pendant son discours

    C'est au nom du Ciné-Club et de Sylvie Berman, qu'Yves Boisset avait été invité pour les XVIIIe rencontres du cinéma de Toussaint. 

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    Le film le plus antimilitariste de l'histoire du cinéma français

    "Revoir Carcassonne, d'une part. Ensuite le thème de l'adolescence me plaisait beaucoup. Par ailleurs, j'ai beaucoup d'affection pour "Allons z'enfants", celle de mes oeuvres qui avait été programmées. Enfin, ce genre de rencontre est irremplaçable ; c'est la rencontre avec le vrai public, une occasion de sortir du milieu confiné du cinéma, se rendre compte sur place."

    C'est au restaurant "Le Viet-Nam" de la rue de Verdun qu'Yves Boisset ira dîner en compagnie de Raymond Borde (Président de la cinémathèque de Toulouse), Jean-Pierre Piquemal (Président de la Fédération nationale des Ciné-Clubs) et l'équipe du Ciné-club Carcassonnais.

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    Yves Boisset 

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