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  • 1944: Des documents de l'US Army classés "Secret défense", revélés...

    Nous venons de mettre la main sur des documents de la plus haute importance pour l'histoire de la seconde guerre mondiale dans l'Aude, concernant la protection des sites historiques du département et l'inventaire des oeuvres d'art à la libération. Ils étaient jusque-là classés "Secret défense" par l'US Army...

    seconde guerre

    Les forces alliées chargées de bombarder les positions ennemies sur le territoire français, avaient pris soin d'étudier la position des sites historiques grâce à de nombreux documents, des vols de reconnaissance et des contacts sur place. Sur la carte ci-dessus, sont indiqués en gras les bâtiments de Carcassonne classés comme remarquables et dont il faut éviter la destruction. Une liste détaillée dressée par l'armée américaine, indique l'ensemble de ces sites: l'église St-Vincent, la cathédrale St-Michel, la basilique St-Nazaire, le Pont vieux, la Cité et les remparts, le château comtal, la bibliothèque et les archives municipales, le musée des Beaux-arts.

      Il est noté l'inventaire suivant:

    Bibliothèque et Musée:

    24 000 volumes, 692 manuscrits, 72 incunables et des peintures du XVIIe et XVIIIe siècles.

    Peintures de Gamelin, 2 portraits par Rigaud, 3 paysages par Pillement, Ruines par H. Robert, Paysages par J. Vernet, Nature morte par Chardin, Toilette de Diane par Natoire, Saint-Pierre par Ribéra, Scène de lion chassé par Rubens, Paysage marin par Van de velde, Mariage de Sainte-Catherine par Van Dick, fournitures, céramiques, horloge, ciboire du XIIe siècle.

    Cathédrale St-Michel et Basidlique St-Nazaire:

    Statue de Notre-Dame de la Romiguière, Trois statues dans la chapelle du Rosaire, Sainte-Bénédicte et Saint-Bernard, Vitraux dans le choeur et le transept, Bas-relief de scène de siège dans la chapelle de Rodier, Tombeau de Radulphe de 1266, statue d'une femme agenouillée dans la chapelle Saint-Joseph, un vitrail dans la chapelle Sainte-Croix, 22 statues, Statue de la vierge à l'enfant dans la chapelle Sainet-Anne, Tombeau de l'évêque dans la chapelle de Rochefort.

    État des lieux à la libération

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    Pierre Embry (1886-1959)

    Des contacts sont établis dès septembre 1944 par l'armée US avec Pierre Embry, Conservateur des antiquités et objets d'art de l'Aude, et avec MM. Bourely et Nodet, respectivement architecte et architecte en chef des Monuments historiques du département. Tout ceci dans le but de dresser un état des lieux des éventuels dommages sur les sites historiques et des spoliations commises par l'occupant. Les services de l'armée américaines se déplaceront même à Carcassonne.

    Une lettre signée de Pierre Embry est adressée au capitaine David K. Young/ 2678th CA Regiment (OVHD)/ Delta Base.

    "Par suite de votre visite du 23 septrembre (1944, ndlr), qui a eu lieu en mon absence de Carcassonne, j'ai l'honneur de vous informer, en ma connaissance, que tous les objets classés (par le Ministère des Beaux-arts), concernant le département et les archives communales, sont restés à leurs places et n'ont souffert d'aucun dommages."

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    Une liste des dommages sur la Cité de Carcassonne a été dressée par Monsieur Bourely, architecte des Monuments historiques et donnée aux services américains. Le rapport fut traduit en anglais et classé sous le nom d'Appendice "A" et concerne les Pyrénnées-Orientales, l'Aude et le Vaucluse.

    La Cité dans son entier a été négligée, non débroussaillée et généralement dans un piteux état, en raison de l'évacuation des habitants depuis que l'occupant avait pris possession. Il a été rapporté par le gardien du château que les allemands dans leur débâcle ont oublié des caisses de grenades dans une petite cour du château, après leur menace de faire sauter la Cité toute entière. De nombreux trous ont été construits dans les rues, probablement pour servir d'abris. (traduit de l'anglais).

    En complément, une nouvelle liste baptisée "Herein" indique les autres dommages pour l'Aude.

    À Carcassonne:

    Le château comtal a été laissé dans un grand désordre et une grande saleté. Les serrures ont été dans plusieurs cas forcées. Aucun objet de valeur n'a disparu. Sur les remparts, toutes les portes des poternes ont été bouchées; plusieurs tours sont emconbrées de plusieurs matériels (sacs de déchets, tas de graviers...) Une partie des rempart a été percée, près de la tour de la Peyre, afin de construire un abri souterrain. (traduit de l'anglais)

    Enfin, un rapport de la commission alliée du 8 octobre 1944 publié par le Quartier général de l'opération Branch, nous apprend qu'un voyage de reconnaissance à l'ouest du Rhone a noué des contact avec les civils chargés des Monuments historiques à Nîmes, Toulouse, Albi, Montpellier et Carcassonne. On note que les allemands étaient bien moins correct  qu'en Provence dans leurs occupations des sites historiques. L'amphithéâtre de Nîmes a subi des dommages à cause d'un abri anti-aérien, le château de Beaucaire a été bombardé.

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  • Le bastion Montmorency, en vente pour l'euro symbolique!

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    Le groupe Korian propriétaire de l'ancienne clinique du Dr Delteil — actuelle maison de retraite — aurait cherché depuis des années à céder l'ancien bastion Montmorency, à la ville de Carcassonne. Selon nos informations, la proposition pour l'euro symbolique aurait été faite à la majorité municipale avant 2009. Celle-ci aurait tout bonnement décliné l'offre pour des raisons que nous ignorons. Mettons tout ceci par précautions au conditionnel. Il n'en demeure pas moins que cette idée est loin d'être farfelue, puisque la directrice de la maison de retraite ne dément pas vouloir céder ce monument historique de Carcassonne. L'information que j'ai largement diffusée hier sur les réseaux sociaux, comme à mon habitude quand il s'agit de mobiliser les troupes, s'est propagée comme une traînée de poudre.

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    Le bastion montmorency est l'un des bastions qui, situés au quatre points cardinaux, protégeaient la Bastide St-Louis au XVIe siècle. Il n'en reste que trois: Le Jardin du calvaire (bd Marcou), le bastion St-Martial (Bd Sarraut) et le bastion Montmorency (Bd Roumens); le dernier a été rasé et se trouvait sur l'emplacement de l'ancienne clinique St-Vincent (Bd Jean Jaurès). La ville était alors entourée de remparts dont on peut imaginer la hauteur quand on se place au pied d'un des bastions. Ils furent rasés à la fin du XVIIIe siècle, les fossés comblés et remplacés par les boulevards que nous connaissons aujourd'hui.

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    Dans la rue de la liberté, inséré entre deux bâtiments et bien mal mis en valeur, se trouve l'unique vestige des remparts médiévaux.

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    Le bastion Montmorency à la vue imprenable sur la Cité a appartenu au milieu du XXe siècle au Dr Delteil qui y a implanté une clinique. C'est à cet endroit que fut arrêté par la Gestapo en 1944, le chef de la résistance audoise Jean Bringer. C'est à cet endroit que peu de temps après la fin de la seconde-guerre mondiale fut empoisonné et occis le Dr Cannac (ancien résistant), qui devait en savoir trop sur certaines pratiques peu avouables de son hôte. C'est un lieu chargé d'histoires...

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    J'ai voulu en savoir davantage sur les intentions de l'actuel propriétaire; j'ai donc interrogé la directrice de la maison de retraite. Une personne charmante et ayant un réel attrait pour le patrimoine. De son propre aveu, le groupe Korian n'a pas pour vocation de conserver un tel monument à sa charge. À sa demande, elle a fait intervenir les services du patrimoine et de la Maison de l'habitat. La semaine dernière une délégation conduite par Marie-France Pauly s'est donc rendue sur place. L'intention de la directrice était de faire procéder au débroussaillage du jardin, mais d'une manière adequate pour ne pas dénaturer, ni fragiliser le site.

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    Tout comme le Jardin du calvaire, ce bastion possède des essences d'arbres remarquables: Pin parasols, eucalyptus... La directrice voudrait les faire répertorier. Je lui ai donc proposé de contacter la DIREN (Direction Régionale de l'Environnement) qui pourra faire classer le site, comme elle le fit avec le Calvaire. La plupart de ces arbres ont été plantés par le Dr Delteil.

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    Émile Delteil avait comme marotte de collectionner les oeuvres d'art et autres curiosités. Ainsi dans le parc, on peut trouver des pierres ou des blasons en réemploi, provenant de d'anciens châteaux ou de belles demeures.

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    Au milieu du parc, la maison du docteur, aujourd'hui, ne sert plus à grand chose.

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    L'ancienne fontaine de Carcassonne appelée "le dauphin" vient d'être achetée par l'Association des Amis de la Ville et de la Cité", après de longues et fructueuses négociations avec le groupe Korian. Elle va bientôt retrouver un emplacement dans Carcassonne, peut-être dans la cour du Musée des Beaux-arts. Nous voyons ici, toutes les bonnes volontés affichées par cette société privée pour le patrimoine de la ville.

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    La ville de Carcassonne va t-elle répondre à l'offre de Korian? Il est pour l'heure trop tôt pour le dire. Toutefois, nous savons qu'Isabelle Chésa (Première adjointe en charge du patrimoine) et qu'Annie Barthès (Conseillère déléguée au patrimoine) ont demandé audience auprès de Korian pour la semaine prochaine. Voilà donc ce qui semble être de bons signaux. Ce qui sûr c'est que l'ancienne clinique du Dr Delteil n'a pas fini de livrer tous ses secrets...

    La plupart de ces photos proviennent du blog Chroniques de Carcassonne.

    http://chroniquesdecarcassonne.midiblogs.com/tag/bastion+montmorency

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  • Les kiosques à musique

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    Carcassonne possédait au Square Gambetta, un magnifique kiosque à musique construit en 1882. L'harmonie Sainte-Cécile s'y produisait une fois par semaine et les spectateurs portaient leurs chaises pour écouter la musique tout autour. Malheureusement, l'ensemble du square fut détruit en 1944 sur ordre de l'occupant pour créer un axe de défense entre l'avenue Arthur Mullot et la rue de Verdun. On ne sait pas ce qu'est devenu le kiosque, même si on l'imagine aisément.

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    Après la guerre, les musiciens de l'harmonie municipale se trouvèrent orphelin de leur kiosque. On en aménagea un, sur le boulevard du commandant Roumens juste en face du théâtre l'Eden (Maison des syndicats). Exactement, sur une ancienne fontaine ronde qui aujourd'hui a disparue quand le maire Raymond Chésa, a voulu transformer cet espace sur le modèle des ramblas. Sur cette photo aérienne, on voit le kiosque au milieu de cette allée de platanes.

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    Grâce à un puissant scanner, j'ai considérablement agrandi une partie de l'image pour vous permettre de voir ce kiosque de couleur bleu. D'après mes souvenirs, il était démontable avec une structure en acier et un plancher en bois. On peut apercevoir une lyre à son sommet. Ce kiosque a été délaissé par la ville qui ne l'a pas entretenu et finalement, il ne présentait plus des garanties suffisantes de sécurité. L'harmonie n'a donc plus donné ses concerts au kiosque et la municipalité à la fin des années 1980, a décidé de le démonter. Il a dû séjourner au parc municipal des matériaux ou au serres municipales dans l'antichambre de la décharge, puis sûrement détruit. Ce qui est dommage, c'est que Carcassonne ne se donnera plus les moyens d'avoir ce type de structure. 

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    Un article de 1962 de la Dépêche du midi

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