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  • Et si on rasait l'église de Carmes?

    Une récente enquête du journal "Le point" démontrait la fragilité du patrimoine religieux français lorsque celui-ci n'était pas classé à l'inventaire des monuments historiques. Les mairies ayant à leur charge l'entretien des églises, quand elles n'ont plus les moyens financier de les restaurer font souvent le choix de les raser. À leur place, on voit alors se bâtir un ensemble immobilier, un parc ou une friche. Carcassonne n'a pas attendu cette tendance puisqu'en 2002, elle a rayé de la carte son couvent des Capucins qui lui, n'était pas à l'état de ruine. Une simple affaire immobilière a eu raison d'un siècle et demi d'histoire dans ce quartier. Ce n'est pas hélas, l'association de défense constituée pour l'occasion qui a pu y changer quelque chose. Bien souvent, les gens protestent quand il est déjà trop tard, car la mobilisation implique un large mouvement d'opposants et les fers-de-lance se retrouvent souvent bien seuls. Ce qui arrange les élus, c'est de faire vite tourner le mouvement en contestation politicienne; ceci afin de le discréditer. Cela marche! Au début des années 1990, quand l'abbé Cazaux a voulu défendre le parvis de l'église St-Vincent contre un projet immobilier, on a dit qu'il était de gauche et contre la mairie. En 1992, quand le président de l'association de défense du quartier des Capucins protestait contre la destruction du couvent, on l'a accusé d'être communiste et contre la mairie. En 2013, lors de la pétition contre le mauvais entretien de la Cité que j'avais lancée, j'ai de suite voulu éviter toute récupération politique en plaçant dans la neutralité. Malgré cela, j'ai subi des pressions et des attaques venant de sympathisants de droite et de gauche. Je ne vous parlerai pas à fortiori de la défense de la Villa de la Gestapo...

    Donc, voyez-vous ce n'est pas simple et cela demande une sacrée dose de courage et de diplomatie. Tant et si bien, que depuis trop longtemps personne n'ose plus rien dire dans cette ville. Les gens ont peur! Ils ont peur de parler ouvertement, car la paupérisation est telle que les politiciens tiennent les administrés avec la solidarité sociale de la collectivité. C'est la promesse d'un emploi à la mairie, le placement d'une mère handicapée dans un établissement public, un secours au CIAS ou que sais-je encore. La liberté de parole a donc un prix, croyez-moi! Comment voulez-vous donc que dans cette nébuleuse ainsi établie par l'ensemble de la classe politique, on puisse s'élever contre la destruction d'un bâtiment historique? Le jeu n'en vaut pas la chandelle, à moins d'être un Don Quichotte des temps moderne, irresponsable et Kamikase.

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    Dans un avenir plus ou moins lointain, l'église des Carmes située dans la rue Clémenceau, pourrait être fort bien rasée. Elle n'est pas classée à l'inventaire des monuments historiques! Nous savons que l'édifice est dans un état tel, qu'il a été envisagé de le fermer par sécurité pour les visiteurs. Il y aurait également de nombreuses infiltrations d'eau de pluie et la venelle qui attend sa réouverture depuis trois ans à son côté droit, n'arrange rien. L'évêché pourrait alors se trouver dans l'impossibilité de financer de trop lourdes réparations, vendre le bâtiment à un promoteur et le détruire. Toutefois, ce qui empêche ce scénario catastrophe c'est que l'église des Carmes se trouve à l'intérieur du périmètre sauvegardé de la Bastide St-Louis. Dans le meilleur des cas, nous aurons une ruine fermée dans la rue la plus commerçante de la ville.

    Pourquoi l'église n'est pas protégée?

    L'église des Carmes appartenait au début du XXe siècle à un ordre religieux, qui a vendu une partie de l'édifice à un particulier. Nous le voyons sur la photo ci-dessus avec le magasin et l'appartement du premier étage dont les fenêtres sont du plus bel effet. La demande pour un classement, selon mes sources, avait été faite mais l'état à refusé l'inscription au titre des monuments historiques arguant que l'église n'était pas complète. C'est bien le cas, puisque l'appartement en question coupe une partie de la tribune de l'église. Il faudra donc beaucoup de prières, de cierges vendus et d'argent au tronc de Sainte-Rita pour qu'un miracle sauve un jour les Carmes.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014

  • De la Coiffure parisienne à Jennyf'hair, 80 ans de coups de peigne!

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    Le salon de coiffure pour dames et messieurs "Vila et Henri" se tenait en haut de la rue Courtejaire, tout près du portail des jacobins. C'était dans les années 1930 et il est dommage que la façade Art déco ait disparu. Elle était assortie avec le théâtre et la mairie, toutes deux construites dans le même style.

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    C'est encore aujourd'hui un salon de coiffure, tout près du portail des Jacobins

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  • Antoine Labarre (1910-1995), défenseur du patrimoine carcassonnais

    Comme aime à me le répéter l'ami Blanco : "Ne nous sommes que des passeurs de témoin de l'histoire locale!" Cette phrase démontre, s'il le fallait, l'humilité avec laquelle les amoureux du patrimoine travaillent souvent dans l'ombre et toujours avec peu de moyens, à la défense de l'héritage de nos ancètres. Ne confondons pas la satisfaction personnelle du devoir accompli, avec l'outrecuidance d'un petit nombre à vouloir s'attribuer les travaux des autres et garder les leurs, pour eux-mêmes. Les historiens fondent leurs nouvelles recherches, très souvent à partir de celles de petites chevilles ouvrières, non patentées. Celles-ci débusquent les détails sur le terrain; elles font du porte à portes et finalement apportent des éléments tout à fait inédits à l'oeuvre collective. Alors, bien sûr, l'histoire (la vraie) ne retient que ceux qui publient oubliant ces forçats de l'ombre malgré l'immense tâche effectuée. À Carcassonne, ils sont légion : Gustave Mot, Henri Alaux, le chanoine Sarraute... et Antoine Labarre.

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    Antoine Labarre (1910-1995), agent de la sécurité publique de son état, savait faire parler les vieilles pierres. On aurait dit qu'il leur murmurait à l'oreille je ne sais qu'elle romance, pour qu'aussitôt elles ne lui révèlent leurs secrets. Alors, cet expert des filatures et des interrogatoires, dressait ses rapports dans le journal local l'Indépendant tous les dimanches. Au lieu d'y lire comme aujourd'hui, les crimes et les méfaits d'une population détournée de la culture, le lecteur goûtait aux récits vulgarisés de son histoire locale. Ne croyez pas pour autant, que cet érudit ne garnissait point les rangs des illustres institutions de la ville. Non, il donnait des conférences à la Société d'études scientifiques de l'Aude où l'on retrouve encore ces communications dans les bulletins archivés.

    Son oeuvre

    Carcassonne doit beaucoup à Antoine Labarre et cet article ne suffirait pas à en faire la liste. Nous allons vous donner deux exemples

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    Cette croix élevée sur une ancienne borne d'octroi matérialise l'emplacement de l'ancienne chapelle Sainte-croix, rasée en 1966 au bout du chemin du même nom près de la Cité. On le doit à Albert Blanc et à Antoine Labarre.

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    La France blésée, oeuvre du sculpteur Villeneuve, a été retrouvée dans des entrepots municipaux par Antoine Labarre après plusieurs années d'oubli. Des abrutis ont cassé l'épée en marbre qui a été remplacée par du métal par les établissements Audabram. Elle se trouve dans le carré militaire du cimetière St-Michel.

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    Cette statue avait été sculptée après la défaite de 1870. À l'origine, elle était sur un socle au carrefour de la rue Antoine Marty et du boulevard Omer Sarraut.

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    On l'a ensuite déplacée pour la mettre dans le bassin du square Gambetta. Après la destruction du jardin par l'occupant allemand en 1944, la statue était considérée comme perdue.

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