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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 10

  • Archéologie : notre histoire mise à mal ?

    Des tranchées ont été creusées récemment dans le parking de Notre-Dame-de-l'Abbaye par l'INRAP. Elles ont mis au jour un certain nombre d'informations sur la valeur historique de ce site antique. C'est par ailleurs ici que passait la Via Aquitania, depuis la rue Trivalle jusqu'à Berriac. On en voyait encore les traces au XVIIe siècle. Un cimetière se trouve également au nord du terrain, confrontant avec l'avenue du général Leclerc.

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    Ce n'est pas un hasard si l'évêché a entrepris de faire appel à l'INRAP. Il en a l'obligation avant toute cession du terrain qu'il pourrait vendre prochainement à un promoteur. Nous prions pour que ces vestiges puissent être valorisés ; ils sont d'une grande importance pour l'histoire de notre ville. Pour l'instant, le silence de l'autorité épiscopale laisse penser qu'en matière de finance, on n'en a rien à faire d'un site antique. La ville de Carcassonne ne s'inquiète guère.

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    À un kilomètre de là, le bailleur social ALOGEA avec le concours des collectivités territoriales, va faire bâtir une Maison de santé et des logements HLM dans la rue du Palais. C'est curieux qu'à 100 mètres des anciens remparts de la Ville Basse, aucun fouille préventive n'ait été prévue. Les engins de chantier retournent la terre et creusent pour les prochains terrassements. A priori, aucune prescription archéologique.

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    Ils ont excavé du sol un énorme bloc de roche, sans que l'on puisse dire d'où il provient. Est-ce un vulgaire roc de pierre, ou bien un vestige gallo-romain ? A Carcassonne, déjà assassinée par le passé du point de vue archéologique, le massacre de notre histoire se poursuit dans la lâcheté la plus complète.

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    Voici donc le bâtiment qui sortira de terre entre une école classée Art-Déco (Jean Jaurès) et un Palais de Justice de style néo-classique. Ne parlons même pas de l'architecture du quartier du Palais, milieu XIXe siècle. Au bord de la mer, ce bâtiment aurait été parfait.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2024

  • Michel Raynaud (1852-1952), quincailler

    Mourir centenaire en 1952, ce n'était pas courant comme aujourd'hui. C'est pourtant ce qu'il advint de Michel Raynaud, né le 25 novembre 1852 à Leuc. D'abord capitaine d'infanterie, il fut employé ensuite chez Léon Peyraudel avant de prendre sa succession comme quincailler à l'angle de la place Carnot. La présidence de la Société Carcassonnaise de tir lui valut la légion d'honneur en 1907. Michel Raynaud s'était marié le 20 avril 1880 à Carcassonne avec Elisabeth Cabrié avec laquelle il avait deux enfants. Il tint son commerce jusqu'à sa mort en novembre 1952.

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    Les plus anciens doivent encore se souvenir du marchand d'ameublement Embry : Le décor intérieur de la maison. Il demeura dans ce local jusqu'à la fin des années 1990.

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    Sous le balcon, on aperçoit encore le nom de Peyraudel inscrit depuis le XIXe siècle. Le local est actuellement occupé par le restaurant L'artichaut. 

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  • Julien Coudy a-t-il dénoncé le maquis de Belcaire en 1943 ?

    Nous avons trouvé un document aux archives de l'Hérault dans le dossier d'accusation de Robert Joseph, collaborateur notoire, condamné pour trahison en 1946 à Montpellier. Si le milicien Kromer, marchand de jouet, fut exécuté par un commando de résistants pour avoir renseigné la Gestapo sur les réfractaires de Belcaire et de Camurac, il apparaît que lui-même l'a été par un jeune de 19 ans, né à Carcassonne en 1924. Le document dactylographié dont nous reproduisons ci-dessous est signé de Pierre Escudey et tamponné du Haut commandement Français - DGER. Le commissaire de police Escudey travaillait à l'hôtel de police de Carcassonne ; il était agent du renseignement de la Résistance. Dénoncé, il fut arrêté par René Bach le 10 janvier 1944. il est mort en déportation en janvier 1945.

    En octobre 1943 ayant été obligé, avec tous mes camarades de quitter le camp de Rad à cause du mauvais temps (neige et froid), et de la prise de trois de mes camarades qui effectuaient des passages en Espagne, nous nous sommes réfugiés dans la cabine de Mazuby (Aude), située à trois ou quatre kilomètres du village portant le même nom, et qui appartenait au vacher. Trois ou quatre jours après notre installation, une jeune fille accompagnée de son fiancé, est venue nous avertir que le lendemain matin, des miliciens et des gardes mobiles viendraient nous arrêter.

    A ce moment-là, comme trois de mes camarades sur cinq que nous étions étaient partis accomplir un stage dans un camp d'instruction, et de plus, n'ayant pour toutes armes qu'un fusil de chasse et un colt, nous avons jugé qu'il était impossible  de nous défendre, et avons été obligés de nous réfugier dans un village des environs. Par suite, j'ai appris que la Milice et les gardes mobiles étaient effectivement montés le lendemain matin, un lundi, pour voir si nous étions encore là. Cette opération de police a été effectuée à la suite d'une dénonciation qu'à fait Julien Coudy, habitant Carcassonne, boulevard du commandant Roumens, en vacances chez son oncle Cazals. L'ayant rencontré, Julien Coudy lui dit qu'il était sûr que les réfractaires se trouvaient dans la cabane de Mazuby, et qu'il allait s'occuper d'eux. Cet individu, qui ne vient à Carcassonne que pour passer ses vacances, habite à Paris, 9 avenue Émile Deschanel, Paris VIIe.

    Ce julien Coudy est le Franc-garde dont nous n'avions pas pu retrouver la trace dans l'affaire de Belcaire, où en décembre dernier il y a eu un mort et cinq déportés en Allemagne, à l'issue d'une descente de la police allemande dans ce village. C'est ce Coudy, alors qu'il était en vacances à Mazuby, qui s'est rendu compte qu'il y avait des réfractaires dans les environs de Belcaire. Il vint à Carcassonne en avertir la milice, retourna à Belcaire avec le nommé Robert Joseph, employé chez Cathala; marchand de graines à Carcassonne. Robert retourna ensuite avec Kromer à Belcaire. Ils se firent passer pour des gens qui désiraient prendre le maquis. Kromer dirigea l'expédition allemande. Il est à remarquer que ce nommé Coudy, qui passe ses vacances dans la région occupait bien son temps. Pendant les dernières vacances de Pâques, il est entré en relations avec une jeune fille, étudiante, dont les parents sympathisants avec la Résistance, recevaient chez eux des membres de cette organisation. Il a passé tout son temps avec elle ; il a effectué en sa compagnie de nombreuses promenades. Tout laisse supposer qu'au cours de conversations adroites, et par certaines questions assez précises, il a pu obtenir des renseignements assez sûrs pour diriger une nouvelle opération. Individu particulièrement ambitieux, étudiant en droit, vise à devenir Ambassadeur. Il est toujours armé.

    Un seul témoignage ne pouvant à lui seul constituer une preuve, nous avons retrouvé celui du milicien Sarda, passé en jugement et interrogé après la Libération : 

    « Sans pouvoir préciser la date, courant août 1943, en qualité de milicien, j’avais pour mission d’effectuer une enquête concernant le sieur Vacquié, de Camurac. cet ordre m’avait été donné verbalement par le milicien Coudy Julien, qui fréquentait Mazuby et en particulier, la famille Cazals Louis. Cette enquête avait pour but de démontrer les agissements et les relations qu’avait Vacquié, vis à vis de la Résistance. En possession de ce renseignement, j’ai cru faire mon devoir de prévenir Vacquié, et me rappelle très bien lui avoir dit que pour mon compte, il ne serait pas inquiété.

    C’est en qualité de milicien, que le nommé Coudy s’était confié à moi, puisque la veille, j’avais adhéré à la milice, sur les conseils du sus-nommé. Il s’agissait de savoir s’il était de notoriété publique, que Monsieur Vacquié, ravitaillait et hébergeait des réfractaires, et s’il était l’agent de renseignements pour livrer passage aux résistants qui voulaient se rendre en Espagne. En ce qui concerne les recherches du nommé Coudy, je ne puis vous donner de précisions. »

    Au cours de la déclaration que le Dr Martre, maire de Belcaire, fit le 6 mars 1945 devant le Commissaire de la police à la surveillance du territoire, il déclara :

    Au cours de vos déclarations, vous nous citez le nommé Coudy. Quel a été son activité à Belcaire ?

    • A Belcaire son activité a été nulle, car le président de la Légion le sieur C, n’a pas accepté les propositions faites par Coudy, pour le recrutement de la Milice. L’activité de Coudy a surtout été effective à Camurac, où il a réussi à créer un mouvement milicien, qui comptait trois adhérents, les nommés G. Alfred, G. Benjamin et M.

    Etes-vous au courant de l’opération effectuée par la Gestapo à la cabane de Mazuby située à trois ou quatre kilomètres du village du même nom ?

    • J’ignore tout de l’opération effectuée par la Gestapo au lieu indiqué, cependant je dois vous déclarer qu’étant allé aviser le maquis de Campagne de Sault, de ce que la police devait les cerner, les membres de ce maquis m’ont dit que cette opération devait être due à une dénonciation faite par Coudy. j’ignore si Robert a joué un rôle dans cette affaire là, toutefois cela n’est pas impossible.

      Qui était Julien Coudy ?

      Né le 20 janvier 1924 à Carcassonne, Julien Coudy s'engagea à la Libération avec le 81e régiment d'infanterie dans l'armée Rhin et Danube. On lui octroya la Croix de guerre 39-45. Son parcours universitaire : Docteur en droit et avocat à la cour d'appel de Paris.– professeur honoraire à la Faculté catholique de Droit de Lille, – directeur général honoraire du Groupe ESSEC, – prix Paillet (1952), – auteur de : L’action de l’Ordre du Clergé au Conseil du Roi (thèse, Paris, 1952) ; – Les Guerres de religion (Julliard 1962), – La chute de l’Empire romain (Julliard 1967). Julien Coudy est décédé en 2012 et inhumé à Boutenac.

    On pourra lire l'article ci-dessous

    http://musiqueetpatrimoinedecarcassonne.blogspirit.com/archive/2017/10/19/l-arrestation-de-belcaire-et-camurac-par-la-gestapo-d-apres.html

    Sources

    59W101 / Archives départementales de l'Hérault.

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