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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 340

  • Exclusif ! Un nouveau tournage de film dans la Cité en 2017

    La Cité médiévale de Carcassonne sera le décor naturel d'un nouveau film dont le tournage devrait débuter dans le courant de l'année 2017. C'est ce que m'a indiqué au téléphone hier soir le producteur et réalisateur Yves Lombard. Une énorme coïncidence est l'origine de cette information que je suis en l'état actuel le seul à détenir. En effet, depuis plusieurs semaines, je cherche à savoir ce qu'est devenu le projet d'un long métrage à la Cité en 1999, initié par ce même réalisateur. N'écoutant que mon culot, je me suis mis en tête de trouver les coordonnées de M. Lombard afin de connaître le fin mot de l'histoire. Une fois le contact établi, Yves Lombard m'expliqua qu'il travaillait actuellement avec son scénariste à la reconstruction de ce projet cinématographique qui n'avait pas pu aboutir en 1999. La coïncidence de mon appel avec l'actualité de ce monsieur est plus que troublante. La Cité qui dans le premier scénario devait servir à représenter Saint-Gilles du Gard pour les extérieurs de nuit, sera cette fois utilisée de jour pour représenter elle-même. Mais alors, me direz-vous, de quoi s'agit-il ?

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    © Tourisme Carcassonne

    L'origine du projet 

    RHEA films et son producteur Yves Lombard avaient obtenu l'aval en 1999 de la mairie de Carcassonne et du Centre des Monuments Nationaux, pour réaliser le tournage d'un film dans la Cité médiévale. Il s'agissait du premier long métrage de M. Lombard, connu pour ses courts métrages "Kriegspiel" et "Rédemption" avec Féodor Atkine et Claire Keim. Côté production, il avait investi dans "Time is money".

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    L'histoire de ce film est tiré de la pièce de théâtre de Jean-Louis Marteil : "Et Dieu reconnaîtra les siens". Elle fut jouée au châteaux de Lastours en 1996. Le roman "Les chiens du diable" constitue le prolongement de la pièce dans lequel on retrouve l'héroïne principale de ce film, intitulé

    La main de Dieu

    1206, près de Toulouse. Alix, la fille adolescente de Hugues de Carcassonne, est désespérément en amour avec l'un des plus proches amis de son père, mais Pierre-Roger de Cabaret est un chevalier dont les codes l'empêchent de répondre aux avances de la jeune, rebelle Alix.
    Quelques temps plus tard, Alix est pris en embuscade dans la forêt par une bande de soldats de fortune. Son père vient à son aide mais il est tué. Maintenant, orpheline, l'éducation de Alix est placée dans les mains de Raymond VI, comte de Toulouse et de son épouse Eléonore d'Aragon.
    Deux ans plus tard, le 13 Janvier 1208. Pierre-Roger trouve une belle jeune femme à la cour du comte de Toulouse. Alix a grandi, mais Pierre-Roger est venu exhorter le comte de résister aux exigences de légat du pape, Pierre de Castelnau. 
    Pierre-Roger déclare enfin son amour pour Alix juste avant l'arrivée du légat ; les deux sont présents lors de sa rencontre avec le comte. Une discussion froide se transforme en une confrontation violente, lorsque le comte exaspéré par les exigences et arrogance de Castelnau essaie de le tuer.
    De Castelnau quitte le terrain dans le dégoût, répétant sa menace à l'ex-communiquer le comte et ses partisans. Il donne au comte une dernière chance de se racheter aux yeux du pape lors d'un rendez-vous à l'aube, sur les berges du Rhône, où le légat a jeté le camp.
    À l'aube, de Castelnau est sur le point de quitter le comte de Toulouse qui n'est pas arrivé quand il est assassiné par un cavalier masqué.
    Assassiner le Pape sert de prétexte pour lancer la croisade contre les Cathares, elle a aussi des conséquences dramatiques pour la vie d'Alix et Pierre-Roger de Cabaret.

    Plusieurs sites avaient été retenus pour le tournage initial en Ardèche, Catalogne et dans l'Aude avec Carcassonne et Lastours. Les comédiens pressentis en 1999 donnaient sue l'ampleur à la distribution : Claire Keim, Pierre Vanek, Feodor Atkine, Philippe Volter, Caroline Sihol et Bruno Putzulu. La bande originale avait été confiée à Jordi Savall.

    L'arrêt du projet

    Quelles sont les raisons pour lesquelles ce film ne se tourna pas en 1999 ? C'était au départ le but de mon appel à M. Lombard. "Nous n'étions pas prêts. C'était trop tôt." J'ai mené de mon côté une petite enquête qui révèle qu'en 1999, une journée de tournage dans la Cité se paie 45.000 francs à la Caisse des Monuments historiques. Si un particulier n'a pas besoin d'autorisation pour garder un souvenir video de la Cité, en revanche toute exploitation commerciale est payante. L'article publié dans la dépêche le 30 septembre 1999 rédigé par l'excellent Dubois-Chabert, révèle qu'une somme exorbitante avait été demandée à la production par la Caisse des Monuments historiques, pour un budget total du film avoisinant les 30 millions de francs. 

    Il est dommage que l'état ponctionne autant l'exploitation commerciale d'un film à la Cité, dont les retombées économiques pour Carcassonne en terme d'image sont inestimables. Quand on sait, en plus, que le film sera exploité en Espagne, Allemagne, Belgique... On comprend mieux les raisons pour lesquelles les producteurs vont désormais faire tourner leurs films en Europe de l'est. Ce sont autant de figurants et techniciens qui ne seront pas employés chez nous, sans compter le reste. La gourmandise est un vilain défaut quand elle vous prive du dîner... L'équipe des Visiteurs II "Les couloirs du temps" devait tourner à Carcassonne en 1997 ; faute d'accord avec la ville, elle est allée tourner au château de Castelnau en Dordogne.

    2017

    M. Yves Lombard m'a assuré vouloir tourner à Carcassonne. La distribution devra être remaniée ; Pierre Vaneck et Philippe Volter ne sont plus de ce monde. Quoi qu'il en soit, lui et son scénariste travaillent actuellement faire de "La main de Dieu", le bras séculier du 7e art.

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  • Souvenirs du quartier des Capucins (Acte 2)

    Les mères de famille se rendaient chaque jour à l'épicerie, afin d'acheter les denrées indispensables à la réalisation du repas du midi. On ne faisait pas de réserves à l'époque ; cette visite permettait de faire un brin de causette. Les produits étaient le plus souvent vendus en vrac et en petites quantités. On trouvait les légumes secs dans de grands sacs de jute, posés au sol ; l'huile dans un baril avec un robinet ; le sucre, dans un tonneau ; le café, dans un bocal. La ménagère n'avait pas besoin de grandes quantités : 1/4 de litre d'huile, 1/4 de café, 1/2 livre de sucre. Une moulinette servait à raper les 50 grammes de gruyère et parfois, on se retrouvait avec des morceaux de la croute... Le beurre était protégé des mouches par un tulle  ; il était débité au moyen d'un fil de fer tendu entre deux tiges de bois. Une fois à la maison, on le conservait dans un bol à l'abri de l'air recouvert d'eau qu'il fallait remplacer tous les jours. Les frigidaires n'existaient pas encore et les quelques glacières contenant de la glace étaient rares dans les maisons.

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    Une grosse boite contenait des sardines vendues à l'unité. On apportait une assiette et on en demandait une ou plusieurs : "Si tu veux, mets un peu d'huile en plus, ça fera saucer le pain." Un jour une maman dit à son fils : "Tiens, va t'acheter une sardine. Fais attention !" L'enfant achète sa sardine que l'épicière lui enveloppe dans du papier ; il revient, triomphant à la maison serrant précieusement son achat dans sa main, mais, hélas, la mère, dans le papier ne trouve rien. La sardine avait glissé et s'était sauvée... dans le ruisseau.

    Dans ces épiceries, on y trouvait aussi du savon de Marseille, de la soude, de l'eau de Javel, du cirage, des bougies, etc...

    La morue

    Le vendredi, dans de nombreux foyers, on mangeait de la morue. Le matin, ce poisson très bon marché était vendu séché et salé trempant pour le dessaler depuis la veille dans une bassine d'eau. Elle était installée bien en vue à l'étal du magasin.

    Le laitier

    À la tombée de la nuit, paraissait chaque soir le laitier. M. Dedieu arrivait à la porte en s'annonçant : Me voilà ! Me voilà ! Parfois c'était Madame Pujol, aidée par sa fille Georgette et une copine.

    Les boulangeries

    Dans les années 1930, il y avait quatre. Trois dans la rue Neuve du mail : Bonnafil, Alazet et Castel. Une rue des Arts qui disparut suite à l'incendie de sa maison : Lannes. 

    Qu'elles étaient aimables et souriantes nos boulangères Mesdames Bonnafil et Castel. Par contre, Mme Alazet, grande silhouette sèche comme un sarment, était peu affable et ses pains pâlots ; il est vrai qu'avec son mari malade et le magasin vétusté, rien ne pouvait porter à la gaité. Que dire de nos boulangers, auréolé de cheveux flamboyants et Joseph Castel, affichant une certaine corpulence, presque toujours en tenue de travail : tricot de flanelle sans manche, ceint autour des reins d'un pagne lui servant de tablier. Son rituel cri de ralliement en frappant ses mains enfarinées : "Juju ! Il y a du monde." Et les pains ! Boules de 2 kg - jusqu'en 1939 - achetées surtout par les ouvriers agricoles du quartier. Il allaient  travailler à la plaine Mayrevieille et emportaient le pain pour le casse-croute. 

    Après la Seconde guerre mondiale, les pains ont diminué de poids. Un travailleur de force avait droit à 550 grammes par jour en 1942. On consommait aussi la fougasse ou fouasse, puis le Charleston. Les fours était chauffés au bois. En 1932, arriva le mazout qui, bien que pratique incommodait le voisinage. Bonnafil fut le premier à utiliser le gaz pour son four, mais la nationalisation de la compagnie du gaz fit augmenter les tarifs. On revint alors au mazout. 

    S'ajoutaient quelques pâtisseries boulangères : gâteaux à l'anis, gâteaux aux fritons, gâteaux à la courge. Enfin n'oublions pas la procession des plats que les mères de famille apportaient, en fin de matinée, chez le boulanger : macaroni au gratin, tomates farcies, etc... Ceci afin qu'ils les mettent au four encore chaud, plats que l'on venait rechercher religieusement à l'heure du repas. Il faut aussi rappeler que sous le four, se trouvait une étuve : on apportait dans un sac du duvet de canard ou de pie, pour faire sécher et empêcher les mites de s'y installer. Le duvet servait par la suite à garnir des coussins et même des oreillers.

    Les fêtes

    Si dans les années 1932-1933, organisées par les membres de la Boule joyeuse, avaient lieu des festivités au Café des Américains (boulevard Barbès), c'était uniquement la fête du boulevard Barbès. C'est après la guerre que fut créée la fête du quartier des Capucins grâce à Antonin et Lucie Lavigne (habitant rue des Rames), Camarasa et son épouse aidés par les prisonniers libérés et les jeunes des Chantiers de jeunesse. Il faut également compter sur Alliaga dit "Le pacha" qui habitait dans la rue Fortuné avec sa femme et sa fille.

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    Outre la fête en elle-même avec son orchestre, dont nous avons évoqué le souvenir dans l'acte 1, d'autres réjouissances burlesques s'ajoutaient à l'évènement. 

    Une pittoresque noce avec des invités déguisés avec dans les premiers rôles, Marius Ramon, Antoine Rouzaud et d'autres gais lurons ; un numéro de cirque avec Aliaga en dompteur juché sur une plate forme, face à Franco  en bête sauvage crachant du feu. Une autre année, toujours Aliaga, en Pacha et auprès de lui, chargé de l'éventer avec une grande feuille de palmier, Lucien, vêtu d'un pagne et barbouillé de noir de la tête aux pieds. Le cheval de Castel transformé en zèbre dont la pluie, malheureusement, détruisit le chef d'oeuvre pictural. Il y eut Joseph, recroquevillé et couché ans un landau, habillé en bébé, coiffé d'un bonnet brodé et à la bouche, une sucette géante. Il fut promené dans les rues par Ségura, déguisé en nounou.

    Une fois, une tombola fut organisée dont le lot était un petit cochon, qu'un brave homme, un peu naïf, promenait dans une petite carriole, dans les rues du quartier et dont il avait la surveillance. Un matin, on lui fit une petite plaisanterie en lui disant : "Pobro amic, nous ont panat lé porc ! D'émotion, le pauvre gardien tomba par terre, raide... disons... dans les pommes. Les plaisantins n'avaient plus envie de rire, heureusement, tout se termina bien. La fête fut interrompue une année ; il y avait eu un décès. Me Pailhès, huissier, habitant rue Alba, s'était noyé en faisait de la plongée sous-marine. Il régnait dans ses soirées, une chaleureuse et amicale ambiance entre toutes les générations ; tous s'en donnaient à coeur joie, dans une gaieté générale.

    Ces souvenirs sont extraits du travail de Simone Dariscon

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  • Pierre Dantoine (1884-1955), caricaturiste Carcassonnais

    Pierre Dantoine est né à Carcassonne le 22 février 1884. Sa famille du côté paternel venait du village de Chalabre dans la Haute-Vallée de l'Aude et du côté maternel, de Camont dans l'Ariège. Huissier de justice de son état, son père Léon mourut à l'âge de 50 ans sur la route de Villardonnel. Victime d'un infarctus, on le retrouva inanimé dans sa voiture à cheval dans la descente du plateau de Grazailles. C'est le cheval qui ramenait le défunt à son domicile. La destinée de Pierre Dantoine en fut bouleversée; à l'âge de 15 ans, il dut arrêter ses études afin de subvenir aux besoins de sa mère et de ses deux frères. On lui trouva alors un  poste à la gare de Carcassonne, avant d'entrer à la préfecture où il finit chef de bureau.

    Dantoine

    Dantoine au 272e Régiment d'infanterie

    Dès l'âge de 12 ans, Pierre Dantoine réalise des dessins à la plume avec une extrême finesse. Son travail à la gare de Carcassonne lui a sans doute permis d'observer les attitudes des usagers. Il croque durant son adolescence des curés, des militaires, de grosses femmes, etc... Ce n'est pas un hasard si le train a toujours attiré l'oeil du dessinateur. Sa fille Lucie raconte ses longues promenades à la Cité avec son père, qui finissaient par l'observations du passage des trains. Sa carrière aurait été tout autre s'il avait accepté de partir pour Toulouse ou Paris, comme cela lui avait été proposé. Peut-être aurait-il fait les beaux jours des journaux nationaux...

    Dantoine

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    © Martial Andrieu

    Son amour viscéral pour Carcassonne l'empêcha de nourrir cette ambition. Cette ville, il la connaissait dans les moindres détail grâce aux longues marches qu'il faisait chaque jour. Tantôt, il s'attablait pour dessiner à la terrasse du café Not (Place Carnot), tantôt au café du musée (square Gambetta). D'ailleurs c'est dans ce square qu'il parcourait les allées sinueuses, se laissant aller à la rêverie.  On y croisait une oie blanche prénommée Marie qui semblait deviser avec les passants. Dantoine connaissait également le nom de toutes les tours de la Cité, ainsi que leur histoire sur le bout des doigts.

    dantoine

    Jules Rivals, domaine de St-Martin à Montredon

    C'est tout naturellement qu'il participa à l'illustration d'un ouvrage de M. Rivals, dont le titre est L'âme des pierres. Qu'elles soient taillées ou brutes, Dantoine aimait par dessus tout la nature de son pays. Particulièrement, la colline de Pech-Mary par laquelle on accédait par des sentiers sentant déjà la garrigue. Sa fille se souvient des ballades tout autour du Carcassès et de son havre de paix estival à Saint-Martin-le-vieil.

    Dantoine

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    Dantoine c'était un oeil, un sens inné de l'observation. Il lui arrivait de faire la caricature de quelqu'un plusieurs jours après l'avoir croisé. Un témoin de son temps : les premiers touristes à la Cité, le cinéma muet projeté devant le café du musée, les premières jupes courtes et pantalons portés par des femmes coiffées à la garçonne dans les années 1930. Ce n'était pas un mondain. Pierre Dantoine appartenait au Parti radical socialiste et avait soutenu la candidature du Dr Tomey à mairie de Carcassonne. Il lui est arrivé de croquer les adversaires politiques de ses idées, afin de les ridiculiser. 

    Dantoine

    Pierre Dantoine participa à la Grande guerre à Verdun, dans les tranchées en compagnie des poilus. Il a rapporté l'esprit de camaraderie et le sacrifice des plus humbles toujours en première ligne. Antimilitariste convaincu et méfiant vis à vis de la hiérarchie militaire, son pacifisme s'exprima dans ses dessins. Dans de pénibles conditions, il crayonna la vie des tranchées et donna vie à ses personnages dans la langue de notre pays.

    dantoine

    On publia ensuite son album "La guerre de 14".

    En 1939, l'entrée en guerre de la France annoncée par Daladier, le fit pleurer.

    Dantoine était sans nul doute un humaniste avec un don inné pour le dessin ; lui qui n'avait jamais pris un seul cours. Il ne gommait presque jamais pendant l'exécution d'un trait et ne se servait que de simples instruments. L'ébauche était réalisée au crayon noir, le dessin final à l'encre de chine. La légende, qu'il gardait précieusement dans sa tête, venait après la touche finale à sa caricature. Cet homme d'une grande sympathie remportait l'adhésion de tous. À la préfecture, il offrait ses dessins ; tant et si bien que sa fille n'a jamais su qui avait emporté une série de caricatures de l'idylle d'Hitler avec Mussolini.

    " Ce qui ressort surtout quand je pense à lui c'est cet amour de la paix en lui, autour de lui, s'élargissant en ondes concentriques jusqu'à la paix du monde. C'est un Carcassonnais du début du siècle, né en 1884, mort en 1955, qui a pressenti, sans le vivre vraiment, ce changement de civilisation que nous vivons aujourd'hui. Il n'aurait pas supporté les horizons nouveaux, un accent étranger au nôtre, l'agitation et l'indifférence parisienne, les brumes du nord de la Loire.

    Ce qui ressort c'est attachement, cet affection pour le petit peuple qui l'entourait à l'époque. Elles faisaient partie de son univers. Il y en avait beaucoup dont j'ai oublié le nom et le surnom. Elles ont figuré dans ses dessins, depuis "Pauline" qui vendait des journaux et des réglisses à six sous dans un minuscule kiosque vert près de l'école Jean Jaurès, jusqu'à Chim Boum Boum qui périt lors de la débâcle allemande sous les coups d'un soldat excité par la retraite, en passant par madame Racau, à la face anguleuse, colorée par ce vin du midi qui l'aidait à manier la rame ; pour passer les promeneurs d'une rive à l'autre de l'Aude, près du pont de chemin de fer inaccessible, il n'y avait rien d'autre !"

    (Lucie Dantoine)

    Pierre Dantoine reçut les Palmes académiques en 1926 et fut décoré de la légion d'honneur en 1938. Comme beaucoup d'artistes de son temps qui ne voulurent pas quitter cette ville malgré leurs talents à la dimension de notre pays, Carcassonne les a oublié. Il a fallut attendre 2014 pour qu'une exposition Dantoine voit le jour dans sa ville natale, à l'initiative d'une association. Ceci avait été réalisé depuis longtemps déjà dans d'autres villes. Gageons que cette biographie puisée dans les mémoires de sa fille Lucie, puisse ranimer la flamme de cet humaniste, en symbole des luttes pour les libertés et la paix. Cet article n'arrive pas au hasard dans un calendrier qui commémore les tristes évènements de Charlie Hebdo. Qu'en aurait pensé Dantoine ? 

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