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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 339

  • Trois cavaliers du 19e régiment de dragons meurent noyés à Montredon

    Trois cavaliers du 19e régiment de dragons de Carcassonne se sont noyés au matin du 18 août 1909 dans l'Aude. Le 2e peloton du 1er escadron du capitaine Bellabre avait quitté à 6 heures la caserne pour aller faire un excercie de service en campagne. Il était commandé par le brigadier Rouex en l'absence de l'officier de peloton qui est en permission. La petite troupe d'un effectif d'une vingtaine d'hommes, manoeuvrait sur les bords de l'Aude. Elle avait franchi la rivière à un gué rocheux, situé à hauteur du hameau de Montredon, à trois kilomètres environ en aval de la ville. Les cavaliers étaient passés de la rive droite sir la rive gauche, en face du parc de Saint-Jean, sans accident. Lorsque peu après 7 heures et demi exactement, ils voulurent revenir sur la rive droite, la rivière avait considérablement grossi par suite de l'ouverture des vannes de la chaussée du Païchérou en amont de Carcassonne.

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    Les chevaux de la première moitié du peloton, à peine engagés dans l'eau, ont été entraînés par le courant vers un gouffre voisin et les cavaliers désarçonnés. Au milieu de cris et d'appels désespérés, les pauvres jeunes gens ont gagné la rive, les uns cramponnés à la crinière ou à la bride de leurs chevaux, les autres en nageant avec la plus grande difficulté, gênés qu'ils étaient par leurs vêtements. Hélas ! Trois d'entre eux ont coulé au fond de l'eau et n'ont pas pas reparu. Ce sont les nommés Lagarde, de Lauzerte (Tarn et Garonne) qui était libérable le mois prochain ; Monvignier, originaire de la Savoie, télégraphiste, qui avait un an de service, et en fin Puginier, réserviste, des environs de Castres, marié et père de deux enfants, arrivé la veille à peine à la caserne en période d'instruction.

    Le brigadier Rouex s'est courageusement porté à leur secours, mais il a eu juste le temps de saisir les rênes qu'un cavalier lui a lancées pour ne pas couler à son tour au fond du gouffre. Le cheval du réserviste Puginier, le premier qui, paraît-il, a perdu pied, s'est noyé : il a eu sans doute ses mouvements paralysés par les victimes qui ont dû se cramponner à son cou et à ses membres...

    L'alarme donnée au quartier, le colonel, le médecin-major et les officiers du régiment se sont rendus en toute hâte sur le lieu de l'accident et des recherches ont été opérées dans la rivière par des militaires et des civils. Le corps de Lagarde a été retiré le premier à 8 heures et demi, puis celui de Puginier à 10 heures. Le médecin -major a vainement tenté de les rappeler à la vie par la traction rythmique de la langue et la respiration artificielle. L'asphyxie avait fait son ouvre. Les deux cadavres ont été transportés à l'hôpital.

    Les funérailles

    21 août 1909

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    C'est au milieu d'une affluence des plus imposantes et douloureusement émue qu'ont eu lieu, ce matin, les obsèques des malheureuses victimes de la tragique noyade qui, mercredi dernier, vint plonger dans le deuil notre régiment de cavalerie, en même temps que trois malheureuses familles.

    Dès 7 heures et demi, la place de l'hôpital est noire de monde. Toute la garnison est là pour rendre les derniers devoirs au malheureux camarades morts victimes du devoir. La population de Carcassonne se presse autour de ces officiers et de ces soldats, que la douleur étaient, pour leur indiquer, en cette pénible circonstance, la part que chacun prend à leur peine si profonde. 

    Devant la porte de la chapelle de l'hôpital, au large char, attelé de six chevaux, attend son funèbre chargement : c'est une fourragère tendue de noir, ornée d'un dôme de verdure et de fleurs, et tapissée de drapeaux et de couronnes. Ces couronnes ont été offertes l'une par M. Albert Sarraut, sous-secrétaire d'état au ministère de la guerre, les autres par les officiers, les sous-officiers, les cavaliers et les réservistes du 19e dragons.

    C'est M. l'abbé Clerc, premier vicaire de Saint-Michel, qui procède à la levée des corps, assisté de M. l'abbé Francoual. Les trois cercueils recouverts chacun du dolman, du sabre et du casque du défunt, sont successivement placés sur le char par des dragons, tandis que les trompettes font entendre les sonneries réglementaires et qu'un peloton rend les honneurs. Le cortège s'ébranle et ses dirige vers l'église par la rue Voltaire. En tête, la musique Sainte-Cécile fait entendre des marches funèbres. Trois draps d'honneur précèdent les dépouilles mortelles. Derrière le char, des agents en portent trois couronnes offertes par la municipalité. Le deuil est conduit par les parents des défunts, par le colonel Sailly, commandant le 19e dragons, et le capitaine de Bellabre, commandant le 1er escadron. Viennent ensuite les autorités civiles : MM. Faucilhon, maire de Carcassonne, Dr Sempé, premier adjoint, Sauzède, député, Bacon...

    A l'église Saint-Michel, le sanctuaire a été décoré de drapeaux aux couleurs nationales. Cette courte cérémonie religieuse terminée, le cortège se reforme et se dirige vers la gare par la rue du mail, les boulevards Barbès, de la préfecture et du Tivoli. A La gare, quand les dernières prières ont été dites, le colonel Sailly s'avance devant les trois cercueils alignés et d'une voix manifestement émue, prononce un touchant discours.

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    Après cet émouvant hommage, l'assistance profondément impressionnée, défile devant le colonel du 19e dragons, entouré de ses officiers. Les cercueils sont placés dans un fourgon particulier. La triste cérémonie est terminée. Il est 9 heures et demi. Peu après, les wagons funéraires sont attelés à des trains express qui emportent les trois mortelles dépouilles, celle de Lagarde sur Vignas (Tarn et Garonne), celle de Montvignier sur Ugines (Savoie), en fin celle de Puginier sur Gibrondes (Tarn).

    La stèle du souvenir

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    Une stèle en hommage à ces cavaliers se trouve actuellement dans le carré militaires du cimetière Saint-Michel. En aucune façon, ils n'y sont inhumés. Il est même fort probable que cette stèle se trouvait à la Fajeole sur le lieu du drame, avant qu'elle ne soit déposée ici à une date que nous ignorons.

    Source

    L'action Pyrénéenne 

    19 et 21 août 1909

    Crédit photos

    Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine / 2016

  • La construction de la clinique Montréal

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    La clinique Montréal est communément appellée par les anciens carcassonnais "Clinique Héran". En 1953, les frères Héran entreprennent la construction du premier établissement privé à l'extérieur de la ville sur la route de Montréal. En centre-ville, on peut se faire soigner dans divers établissements assez dépassés sur le plan sanitaire : la clinique Delteil (Bastion), Saint-Vincent, Cathala, du Canal (Quai Riquet) et l'ancien hôpital général (Hôtel Dieu). 

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    Depuis ce temps, la zone de l'Arnouzette s'est considérablement développée, mais dans les années 1950 ce n'était encore que des terrains agricoles. La clinique a été construite selon le style architectural de cette époque...

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    Depuis l'arrière du bâtiment, on aperçoit la route de Montréal encore bordée de platanes et la construction de nouvelles voies d'accès.

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    Quelques temps après, les frères Héran ont fait bâtir à proximité de leur clinique, le bâtiment des soeurs. C'est là que de nombreux bébés Carcassonnais ont poussé leur premier cri. Ce pavillon existe aujourd'hui encore ; il abrite l'unité de soins palliatifs.

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    Le bloc opératoire flambant neuf de 1953

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    Vers 1970, les bâtiments de la clinique ont été largement modifiés et agrandis. La route de Montréal perd ses platanes et la zone de l'Arnouzette s'étoffe davantage.

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    À la fin des années 80, un nouveau bâtiment s'est adossé à la construction primitive. Olivier Debay a épousé Nathalie Héran, fille du fondateur ; il prend ensuite la destinée de la clinique. Aujourd'hui, l'établissement compte 140 lits et près de 250 salariés et représente 60% de l'activité chirurgicale de Carcassonne. Elle a été vendue à un groupe américain Médi Partenaires, mais la famille Héran a encore son mot à dire...

    Crédit photos

    Collection Martial Andrieu

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  • Honneur à Jacques Charpentier !

    Vendredi dernier 15 janvier 2016 avait lieu à l'hôtel de la Cité, la remise de la cravate de commandeur de la légion d'honneur à Jacques Charpentier. Ce grand compositeur, élève d'Olivier Messiaen et ancien directeur de la musique sous le ministère d'André Malraux, a choisi depuis les années 1960 d'être citoyen Carcassonnais. Son oeuvre musicale est immense ; des Études  karnatiques inspirées par ses voyages en Inde, à son unique opéra - Béatrice de Planisolas - dont le livret en occitan est d'un certain René Nelli. Jacques Charpentier a également composé de la musique pour le Festival d'art dramatique de Carcassonne, dirigé jusqu'à la fin des années 1960 par son ami Jean Deschamps.

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    © La dépêche

    Aussi, ai-je bondi sur ma chaise lorsque je vis en photographie dans la presse, ce cortège d'élus s'incliner les uns après les autres devant lui, comme une procession ferait la génuflexion devant un reliquaire. Ils ont tous le pouvoir - ou l'ont eu - de faire jouer son opéra en langue occitane au Festival de la Cité. Qu'attendent-ils, son jubilé ? Les promesses rendent les enfants joyeux, mais cet homme de 88 ans n'a plus l'âge de l'enfance. N'est-il pas honteux d'avoir entendu cette oeuvre au Festival d'Aix-en-provence ou au Théâtre du Capitole, quand Carcassonne reste sourd à cette histoire dans l'action se passe en Pays cathare. Oui, je sais, vous allez me dire... celui de l'agneau Cathare, du miel cathare et du pain cathare ! 

    Que pense t-il Jacques Charpentier du massacre chaque été du mur antique du Grand théâtre de la Cité, avec une structure en aluminium supportant des ventilateurs pour refroidir les gélatines des éclairages ? On ne peut plus jouer phèdre ni Britannicus, ni même un concert symphonique... Que pense t-il du soi-disant anniversaire des 10 ans d'un festival, qui a été créé par son ami Jean Deschamps voilà 60 ans, tirant ainsi un trait sur toute l'histoire dramatique du lieu ? Que pense t-il de l'abandon pur et simple de la tradition de la musique française, au profit de l'abêtissement général des masses ? Lui, qui avec Malraux ont inventé les Centres culturels, promu les conservatoires régionaux et démocratisé la musique classique au sein de formations comme les Jeunesses musicales de France ?

    Qu'à fait Carcassonne pour Jacques Charpentier ? Rien du tout, elle tire partie d'une situation valorisante pour elle, au travers de cet illustre musicien qu'elle ne mérite pas. Depuis 80 ans, elle fait la même chose avec Paul Lacombe ; à une différence près, c'est que lui est déjà mort.

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    J'ai l'honneur à titre privé de connaître ce maître de la musique depuis cinq ans ; il a même accepté d'écrire la préface de mon livre sur le compositeur Paul Lacombe. C'est dire si cet homme d'un grand savoir devant lequel on se tait lorsqu'il parle de culture, aime à échanger avec des petits musiciens comme moi. Je le remercie de m'avoir personnellement invité à cette réception ; mes obligations à l'opéra ne m'auront pas permis d'y assister. Je le regrette vivement car j'ai beaucoup appris à son côté.

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