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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 341

  • Souvenirs du quartier des Capucins (Acte 1)

    Difficile aujourd'hui de faire comprendre aux nouveaux habitants de ce quartier de la ville, la raison pour laquelle on le nomme "Les capucins". Le père Anselme, le dernier capucin à la robe de bure de ce couvent - est décédé depuis plusieurs années. Quant aux bâtiments monastiques fondés en 1867, ils ont été rasés en 2002 avec le concours de la municipalité de l'époque.

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    Le couvent avant 2002

    On trouve en lieu et place, une résidence d'un béton déjà ravagé par treize années d'intempéries. Cette destruction attira la foudre des riverains du quartier, mais rien ne sut empêcher l'appât du gain d'un promoteur immobilier, qui n'avait que faire des kermesses de charité du secours catholique... Imaginez-vous la Trivalle sans Notre-Dame de l'abbaye, la Barbacane sans Saint-Gimer ou encore la Pierre blanche sans le Sacré-coeur ?

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    En 1962, un projet avait déjà mobilisé la population du quartier. La municipalité Fil souhaitant réhabiliter les vieilles bâtisses, devait les raser l'ensemble des Capucins. La mode était au immeubles en béton confortables et modernes, dans le style de Saint-Jacques - le Viguier. Pendant six mois, les habitants menés par M. Manceret se sont battus contre ce projet. Grâce aux manifestations, aux pétitions et au fusil de Mme Milhès devant sa porte, la ville rendit les armes. Il faut dire que ce quartier depuis l'attaque du fort du mail au début du XXe siècle, connaît très bien le mot Résistance.

    La naissance du quartier

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    Bordé par l'allée d'Iéna, le boulevard Barbès, la place d'armes et la rive gauche de l'Aude, ce quartier s'est construit entre le Pech Lagastou et la route impériale 119 ; en partie sur les terres de M. Laraignon. D'ailleurs de nombreuses rues portent le nom d'anciens propriétaires de terrains agricoles. On peut comparer le dessin urbain des Capucins à celui de la Bastide St-Louis, en raison de ses rues à angle droit et perpendiculaires. Il y a 100 ans, on compte 502 maisons abritant 1005 ménages pour 3592 habitants ; la population totale de la ville est de 28 868 habitants. Après la Grande guerre, des familles d'immigrés espagnols s'y sont installées, entassées parfois dans une seule et même maison.

    La vie sociale

     Dans ce petit village, les gens vivaient chichement des travaux agricoles ou du traitement des chiffons. D'autres, étaient matelassiers, bourreliers, charbonniers ou tailleurs de pierre, comme Vidallet. Lefarré et Izquierdo avaient choisi la tonnellerie. Pierre et Robert Campagnaro réparaient leurs voitures dans un garage de la rue Alba. À Patte d'oie - le dépôt d'ordures du quartier - accueilli à partir de 1934 la base de production de mortier destinée aux grands travaux de construction de la ville.

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    La jeunesse des années 30

     Le couvent donnait du réconfort moral aux épreuves de la vie et la soupe populaire y était servie. Cependant, la plus grande force aux Capucins, c'était la solidarité entre les habitants de toutes conditions, de toutes confessions, de toutes origines.

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    La jeunesse des années 60

    Le clochard Esquive appelé de son vrai prénom Georges, faisait partie de la famille.

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    Personne n'a oublié Pierre Moffre, le coordonateur de cet élan humaniste. Si vous avez suivi Gino Cervi et Fernandel dans Don Camillo, il est inutile d'en dire davantage...

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    La famille Loustot (Café de l'Industrie)

    On ne se rencontrait pas dans d'austères hypermarchés, mais dans l'une des vingt-cinq épiceries, quatre boulangeries, deux cafés (Industrie et Lapasset). 

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    La boulangerie Bonnafil

    Les loisirs

    Le samedi soir, tout ce petit monde dansait chez Quintilla au Païcherou en sifflant un "blanc" sous la tonnelle. À l'époque, Florent Quintilla ou Paul Chapeau te faisaient passer sur l'autre rive grâce au bac et son fil d'acier, tendu d'un bout à l'autre. Monplaisir d'été - une autre guinguette - attendait les amoureux qui se bécotaient pas sur les bancs publics mais dans le foin d'une grange, à l'abri des regards. D'autres, un peu plus grands, fréquentaient le lupanar du Chat noir, rue Laraignon. Ils y rencontraient les bidasses du 51e bataillon indochinois, en garnison à la caserne Laperrine.

    Les écoles

    Les garçons allaient à l'école publique, située à l'angle des rues du Mail et du 24 février - l'école Barbès l'a remplacé ensuite. L'immeuble appartenait au directeur M. Poux. Les instituteurs s'appelait Tarbouriech, Déjou, Sirven, Bès, Poux... Certains ont connu la règle en fer sur les doigts, la privation de la récré... À une autre époque, le corps enseignant c'était MM. Montech (directeur), Fages, Sadourni, Massine, Calvairac et Mme Avizou. Les filles étaient obligées d'aller à André Chénier.

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    La plaque de l'école Sainte-Marie se trouvait sur le couvent de la place Davilla. Elle a été sauvée par J. Blanco.

    Il y avait également des écoles privées comme celle des Frères de la doctrine chrétienne, rue des Amidonniers. Elle était vulgairement nommée, l'école des frères quatre bras. Ceci à cause de leur tenue vestimentaire : paletot sur les épaules porté en satinette, à grandes manches non enfilées flottant au vent. Les filles allaient à l'ancien patronage Jeanne-d'arc devenu écoles Sainte-Marie et Saint-Michel. Notons également une l'école maternelle des soeurs de Saint-Aignan, à l'angle de la rue des amidonniers et de la rue neuve du mail. Elle a fermé avant 1930.

    Au moment de la construction de la nouvelle école Barbès, des préfabriqués avaient été installés à Patte d'oie pour le filles. Le jeudi, il n'y avait pas classe - c'est maintenant, le mercredi - on allait piquer une tête dans la païchère à Aude. Oui ! Quand tu es des Capucins, tu vas à Aude (le fleuve). On y croisaient ceux du club nautique ; les Crochemore, Septours, Lamy, Séguy, etc... D'autres écoliers se rendaient au patronage (école Saint-Michel), au cinéma "Les Capucines " (rue des Amidonniers), ou chez le scalp des coiffeurs Pécal et Bosc.

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    © Claude Marquié

    Le cinéma "Les Capucines" était tenu par Marcel-Yves Toulzet. C'était une ancienne chapelle... Tout a été rasé pour une résidence immobilière.

    Le catéchisme

    À la sortie de l'école les enfants allaient au catéchisme chez Mlle Pelouze, rue des amidonniers. L'abbé Gironce avait une voix de stentor et ne plaisantait guère, contrairement à l'abbé Lapalu.

    Le Cagadou

    Dans la descente de la rue Marceau Perrutel jusqu'au jardin de Bièche, était le cagadou. Malheur à celui, incapable de parcourir la pente en patin à roulettes sans réussir à se tenir debout. À vélo, l'exploit se résumait à descendre sans user des freins. Le manque de courage excluait tout participant de la bande à "Pichule" alias Gérard Almerge et de ses copains Fanfe, Rigadens, Titan, Baluchon, Villeuch, Guéga, Nano, Escudéro, Boutiole, etc...

    Le sport

    Les soirs d'été, on sortait les chaises devant les portes pendant que les gosses rêvaient aux exploits de l'ASC XIII, en tapant dans le ballon ovale au jardin de Bièche (ASPTT Tennis). Ce dernier était aussi les rendez-vous des embrassades sur la bouche. Les associations sportives animées par des bénévoles comme Alex Lagarde, ne transformaient pas les enfants en voyous des rues. Elles leur donnaient l'esprit de discipline et de camaraderie. On jouait également à la pétanque sur les terrains de Laperrine ou de Macao. Pour le jeu lyonnais, les champions de la boule joyeuse se nommaient Loustot, Ferrer, Fourès ou Fuzier.

    Les fêtes

    Personne n'a oublié la fête du quartier des Capucins avec l'orchestre José Marson, sur la place Joseph Poux. Les farandoles dans les rues, les lampions, les bals... Elle durait deux week-end consécutifs. On allait chercher le buis dans les bois pour la décoration de l'orchestre. Des mains bénévoles réalisaient des guirlandes... "La placette" n'étant pas goudronnée, il fallait aplanir le sol avec de la terre, de la sciure et des planches de bois. Autour de la piste de bal, le cafetier Loustot installait la buvette. Des glaces et des friandises étaient vendues par des marchands ambulants comme MM. Soler, Coma-Pérez ou Alcas. 

    Pendant que José Marson chantait "Oh ! Cathy, Cathy", les gens entamaient la danse des sucettes. 

    Le jeudi après-midi précédant la fête, il y avait le tour de table chez les commerçants et artisans. Le dimanche matin entre 9h et 15h, il se faisait chez les habitants du quartier. En échange d'un morceau de musique joué par l'orchestre, les riverains donnaient un peu d'argent pour financer les festivités.

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    Cet article a été réalisé grâce aux témoignages d'anciens qui ne sont plus là... Citons l'excellent travail de mémoire de Mme Dariscon, tragiquement disparue. Je vous prie de m'excuser si par hasard, il devait y avoir quelques erreurs ou oublis, car je n'ai pas connu cette époque et je n'ai jamais habité ce quartier. Je lance un appel à toutes les bonnes volonté afin d'enrichir ces témoignages. Envoyez-moi vos souvenirs et vos vieilles photos, car il y aura d'autres épisodes à cet article.

    andrieu-martial@wanadoo.fr

    Remerciements

    Alex Lagarde, Jean Lapasset 

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2016

  • Ce député de l'Aude qui s'opposa au serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789

    578 députés du Tiers-état, du clergé et de la noblesse se réunissent en ce jour du 20 juin 1789 dans la salle du Jeu de paume à Versailles. Ils font serment de ne point se quitter avant l'élaboration d'une Constitution. Sans fondement juridique sous l'Ancien-régime, cet évènement politique, fort de ce symbole, préfigure la naissance de la Révolution française. Il annonce l'Assemblée nationale constituante qui mettra un terme à plusieurs siècles d'un régime monarchique absolu.

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    Le serment du Jeu de paume par David (1791)

    Au moment d'apposer sa signature au bas du texte, un seul député va s'y opposer. Il s'agit du représentant du Tiers-état pour la Sénéchaussée de Castelnaudary, le sieur Joseph Martin-Dauch.

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    © Archives nationales

    En bas à gauche, la signature du député est suivie du mot "Opposant".

    Aussitôt après la prestation du serment, l'appel du baillage, sénéchaussées, provinces et villes, fut fait selon l'ordre alphabétique, et chacun des membres présens, en répondant, s'approcha du bureau du président, et signa.

    Tout-à-coup Camus d'interrompant :

    "J'annonce à l'assemblée, s'écrie t-il, que Martin d'Auch (baillage de Castelnaudary) a signé opposant !"

    À cette exclamation un grand tumulte s'élève dans l'assemblée. Cette défection à l'unanimité d'une décision aussi solennelle, cause généralement un sentiment douloureux. L'indignation succède à la douloureux, et bientôt à la fureur à l'indignation. Bailly s'élance au milieu de la foule menaçante, monte sur la table pour être mieux entendu ; et, après être parvenu non sans peine, à ramener le calme, il demande à ce que l'on entende les raisons de l'opposant.

    Martin d'Auch répond aussitôt, avec le ton de la plus parfaite imperturbabilité :

    "Je déclare, dit-il, que je crois pas pouvoir jurer d'exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le roi, et que..." Il est aussitôt interrompu par un nouveau cri de mécontentement général ; Bailly cette fois désespère de ramener les esprits ; cependant il parvient à se faire entendre :

    "L'assemblée, dit-il, a déjà publié les mêmes principes dans ses adresses et dans ses délibérations, il est dans le coeur et dans l'esprit de tous ses membres de reconnaître la nécessité de la sanction du Roi pour toutes les résolutions prises sur la constitution et la législation ; mais il s'agit ici d'une détermination intérieure prise par l'assemblée, et par conséquent d'un acte qui n'est pas susceptible de sanction."

     Le député Martin ayant persisté dans son opposition, l'assemblée délibérera sur l'espèce de protestation qu'il s'était permise sur le procès-verbal même ; quelques membres voulaient que la signature du député et le mot "opposant" fussent rayés ; mais les esprits s'étant calmés, on décida que ces mots subsisteraient comme une preuve de la liberté des suffrages, et que l'on mettrait en tête de l'arrêté qu'il avait été pris à l'unanimité des voix, moins une.

    (Journées mémorables de la Révolution française / Charles F. Marchand)

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    La salle du Jeu de paume à Versailles avec dans le fond le tableau de David, dans lequel figure Martin-Dauch.

    Soudain se produit une altercation, d’abord inaperçue parmi les clameurs et les piétinements. Au moment où on lui passe la plume, Martin Dauch, député du bailliage de Castelnaudary, a dit :

    « Mes électeurs ne m’ont pas envoyé pour insulter et déchirer la monarchie. Je proteste contre le serment adopté ! »

    Aussitôt houspillé par ceux qui se pressent autour du bureau, il tient hardiment tête et déclare qu’« il ne peut jurer d’exécuter des délibérations non sanctionnées par le roi. » Bailly l’exhorte à ne point entacher d’une disparité unique l’unanimité de ses collègues ; Dauch s’obstine ; le président insiste : « On a le droit de s’abstenir, non de former opposition au vœu de toute l’Assemblée. » Mais déjà Dauch a tracé son nom, suivi du mot opposant. Une voix sévère impose un semblant de silence :

    « J ‘annonce à l’Assemblée que M. Martin Dauch a signé : opposant ! »

    Un hourra d’indignation accueille le nom de ce traître. Qui le dénonce ? C’est Camus, député de Paris, membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres. On se précipite, on entoure le renégat, le transfuge : les mains tendues le désignent à la fureur de la populace qui, du haut des fenêtres, mêle ses huées à celles des députés. C’est miracle si Dauch évite le poignard d’un de ses collègues ; on va le jeter à la porte, le peuple fera justice de ce misérable parjure. Un huissier, nommé Guillot, lui sauva la vie en le poussant vers une porte dérobée par laquelle il put sortir et s’esquiver dans les rues tortueuses du vieux Versailles. Le président parvint à clore l’incident en proclamant que la signature de cet unique opposant serait conservée au registre comme une preuve de la liberté des opinions. On la retrouve en effet, cette signature, sur le procès-verbal exposé dans les vitrines du musée des Archives ; elle est presque illisible, tracée par une main agitée d’une violente émotion ou qu’on retient peut-être et qu’on empêche d’écrire dans une furieuse bousculade.


    Le lendemain, Bailly tenta d’obtenir de cet entêté une rétractation. N’ayant pas réussi, il lui conseille de s’abstenir, durant quelque temps, de paraître à l’Assemblée ; mais Dauch n’avait pas peur, et il reprit sa place parmi ses collègues. Il y siégea jusqu’à la Constituante, se mêlant peu aux débats, car les Tables du « Moniteur » ne citent pas de lui une seule intervention. On sait seulement qu’au jour de 1791 où Louis XVI se rendit à l’Assemblée pour donner son agrément à la Constitution, comme tous les députés avaient jugé digne de rester assis, chapeau sur la tête, pour recevoir le roi, un seul eut l’audace de se lever et de se découvrir : c’était Martin Dauch, fidèle à sa résolution d’intransigeante indépendance. Rentré dans sa province, il parut se désintéresser de la politique, mais la Terreur ne se désintéressa pas de lui. Un sans-culotte tenta de l’assassiner. Dauch se retira à Toulouse, y fut arrêté, mis en prison, et aurait été bien certainement guillotiné si les comités locaux s’étaient doutés qu’ils détenaient le Judas du Jeu de Paume. Par bonheur, son nom, au registre d’écrou, était écrit « Martin d’Auch » ; cette opportune apostrophe le sauva de l’échafaud, les recruteurs du bourreau croyant que cette mention désignait quelque vague Martin, originaire du chef-lieu du Gers.

    (Histoire pour tous)

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    David a représenté le député de Castelnaudary dans le coin droit de son tableau. Sa posture est recroquevillée avec les bras croisés en signe de pénitence. Or, jamais Martin Dauch ne s'est récusé d'avoir été l'opposant au serment du Jeu de paume. Ce tableau a été réalisé deux ans après... David montre ainsi une image détournée de la vérité historique à des fins de propagande.

    « Dauch, écrit-il, fut loin d’être un hésitant et un timide. Il soutint son opinion avec la plus grande énergie, ayant en face de lui ses six cents collègues exaspérés et la foule des tribunes qui le huait… »

    (Armand Brette / historien)

    Royaliste et conservateurs ont loué le courage de Joseph Martin-Dauch. Tous les journaux orthographièrent d'Auch avec une particule, faisant de lui un noble. Certains pensèrent même qu'il était député du Gers. Disons que Martin-Dauch eut le courage que d'autres, passés entre-temps à la postérité, n'eurent pas malgré leurs dires. Ainsi, Mirabeau :

    « Je signe… parce que je serais roué comme je l’ai été, ces jours derniers, en effigie, à Paris ; mais je vous déclare que ceci est une vraie conjuration. » 

    Martin-Dauch mourut le 5 juillet 1801. La république ne lui en a pas tenu rigueur puisqu'une avenue porte son nom dans Castelnaudary...

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2016

  • Bonne et heureuse année 2016

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    Une nouvelle année vient tout juste de débuter. Qu'elle apporte à chacun d'entre-vous la santé, la paix et l'amour. Ce sont les ingrédients indispensables pour construire un monde meilleur.

    Bien sincèrement, 

    Martial Andrieu