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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 168

  • Le pavage de la rue Cros-Mayrevieille dans la Cité de Carcassonne

    Autrefois, la rue Cros-Mayrevieille n'était les jours de pluie qu'un ruissellement de boues et de saletés transporté en bas de la Porte Narbonnaise. Ceux qui ne voulaient pas se salir devait tenir le haut du pavé, d'où l'expression passée dans le langage commun. Celle-ci définit aujourd'hui plus largement une personne qui se démarque par son statut social : on dit qu'elle tient le haut du pavé. Dans cette cité médiévale, on peut également battre le pavé depuis 1975, c'est-à-dire errer sans but dans les rues. Il est vrai que l'enfer est pavé de bonnes intentions... 

    Pavage Rue Cité en 1975.jpg

    © Antoine Courrière / L'Indépendant

    Nous ne saurions vous dire si les rues de la Cité étaient pavées au Moyen-âge. Cependant, nous savons que la rue Cros-Mayrevieille ne l'était visiblement pas avant le mois de février 1975. A cette époque où il fait un froid de canard quand le vent s'engouffre par la Porte Narbonnaise, des ouvriers s'activaient à la pose de pavés. Leur patron, âgé de 75 ans, courbait échine et confiait au journal l'Indépendant : "Le mal de reins ? Connais pas !" Autres mœurs, autres temps... Le journaliste n'épargne pas les boutiquiers de la Cité qui pourront profiter de ce beau pavage :

    " Aujourd'hui, c'est elle qui souffre (La Cité) sous les coups du progrès. Violée par le long défilé des moteurs à explosion et souillée par le toc de certaines boutiques qui n'hésitent pas à y exposer des petites Tour Eiffel, des Vierges de Lourdes et autres laideurs de plastique. Dégradée par des fils électriques, on pourrait la comparer à un personnage du Moyen-âge fumant une cigarette et portant cravate, montre magnétique et chaussettes en nylon."

    Capture d’écran 2018-08-26 à 11.43.42.png

    Lorsque désormais vos pieds battront le pavé à cet endroit, ayez une pensée émue pour ce vieil artisan qui les a posés 43 ans plus tôt. 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • Remonter le cours de l'histoire Carcassonnaise avec la photographie numérique...

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    Place Davilla au lendemain de la Libération de Carcassonne

    (24 août 1944)

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    Défilé du maquis de Gaja-la-Selve dans Carcassonne

    (25 août 1944)

    Carcassonne. Place Carnot.jpg

    Défilé des maquisards place Carnot pour la Libération 

    (25 août 1944)

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    Le square Gambetta rasé sur ordre des Allemands

    (24 août 1944)

    Square Gambetta.jpg

    L'entrée de l'avenue Arthur Mullot à la Libération

    (24 août 1944)

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    Les soldats Allemands à l'entrée de Chalabre

    (Circa 1943)

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    La porte d'Aude murée par les Allemands

    (21 août 1944)

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    Les officiers Allemands devant l'Hôtel de la Cité

    (Circa 1942)

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    Soldats Allemands devant la Porte Narbonaise

    (Circa 1944)

    Toutes ces montages photographiques ont été réalisés par l'auteur de ce blog avec des archives provenant de ADA 11 (Collection Chanoine Sarraute 1,4,5,7 et 9), David Mallen (6), Sylvain le Noach (8) et Marc Belli (2 et 3). Les photos actuelles ont été prises sur Google maps où il a fallu choisir le bon angle et les replacer à l'endroit exact. L'objectif est de prendre conscience de l'histoire en noir et blanc que l'on n'a pas vécue, avec la réalité d'aujourd'hui.

    Il vous est conseillé de regarder ces photos depuis un ordinateur pour une meilleure définition.

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  • L'ethnologue Boris Vildé (1908-1942) et son séjour secret à Carcassonne...

    Boris Vildé naît en 1908 à Saint-Petersbourg (Russie) et émigre avec sa mère et sœur après le décès de son père. D'abord en Allemagne, il fait la connaissance d'André Gide venu donner une conférence à Berlin en 1932. Ce dernier lui présente Paul Rivet, directeur du Musée de l'Homme alors que Vildé poursuit ses études en France. Après s'être marié en 1934 avec la fille de l'historien Ferdinand Lot, le jeune ethnologue obtient la nationalité française le 5 septembre 1936. Le 1er janvier 1939, il est nommé au Musée de l'Homme, comme directeur du département des Peuples polaires. Mobilisé dans l’armée française, il est fait prisonnier par les Allemands le 17 juin 1940 dans le Jura. Il s’évade et regagne Paris début juillet. Dès le mois d’août 1940 à Paris, il fonde l’un des premiers mouvements de Résistance, qui se désigne comme " Comité National de Salut Public" qui sera ensuite connu sous le nom de "réseau du Musée de l’Homme". Composé d’intellectuels parisiens et de collègues du Musée de l’Homme, ce groupe est formé au départ par Yvonne Oddon, bibliothécaire du Musée, Boris Vildé et Anatole Lewitsky, autre émigré d’origine russe employé au Musée, également ethnologue et responsable des collections. 

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    © museeborisvilde

    Dans cette France majoritairement pétainiste jusqu'en 1942, l'ancien émigré russe distribue des tracts anti-nazis, organise des réseaux et mène toute une série d'actions jugées comme terroristes par le pouvoir. D'après le poète Joë Bousquet, le mouvement de résistance à Carcassonne a eu une triple origine. Envoyé de Paris par Jean Paulhan, Boris Vildé réuni le groupe de Pierre Sire afin d'organiser un réseau dans la capitale audoise. C'est après son troisième séjour à Carcassonne, que l'ethnologue se fera arrêter par la Gestapo. Il sera fusillé au Mont Valérien le 26 février 1942. Nous avons cherché un lien entre les dires de Joë Bousquet et Vildé ; après plusieurs recherches, nous sommes tombé sur "Journal et lettres de prison 1941-1942" qu'il rédigea lors de sa détention. 

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    Chez Auter, rue Courtejaire

    Dans son ouvrage, Vildé rapporte qu'il n'y a rien de mieux qu'un vieux Chambertin 1916 "Celui qu'on peut encore avoir chez Auter à Carcassonne". Pendant des années, Auter fut le restaurant le plus renommé et le plus chic de la ville. On peut donc affirmer que des rendez-vous avec Vildé furent pris dans cet établissement autour d'un repas. Son arrestation prématurée fera capoter le réseau. Signalons également la venue de Roger Stéphane émissaire de Louis Aragon ; ce dont nous avons déjà parlé.

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    L'ancien restaurant Auter est désormais occupé par le maroquinier Stalric.

    Sources

    Journal et lettres de prison / Boris Vildé

    Pierre Sire, le résistant / Joë Bousquet

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