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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 121

  • Le costume de scène de Suzanne Sarroca à l'Opéra de Paris

    Madame Suzanne Sarroca, né dans le quartier de la Trivalle à Carcassonne en 1927, fut une très grande soprano lyrique entendue dans les plus beaux opéras du monde. A 92 ans, elle partage désormais sa vie entre Paris et sa maison familiale de la rue Camille Saint-Saëns à Carcassonne. Profitons de cet article pour regretter que sa ville n'organise pas un hommage à cette grande dame, surtout à l'aube de sa vie. C'est une proposition que nous lançons à qui voudra bien l'entendre... Suzanne Sarroca a interprété tout au long de sa carrière les rôles les plus difficiles : La Tosca (Puccini), La damnation de Faust (Berlioz), Faust (Gounod), etc. Actuellement et jusqu'au 3 novembre, le Centre National du Costume de Scène situé à Moulins dans l'Allier, met en avant dans une exposition les 350 ans de l'Opéra de Paris. Vous aurez la chance de pourvoir admirer notamment celui que portait Suzanne Sarroca en 1963, lorsqu'elle interpréta Elisabeth dans Don Carlo de Guiseppe Verdi. Il avait été créé par le scénographe Jacques Dupont (1909-1978).

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    © Florent Giffard

    La distribution autour de notre diva Carcassonnaise en 1963 n'était pas des plus mineure. Excusez du peu ! Rita Gorr, Franco Corelli et Pierre Dervaux pour la direction de l'orchestre. Nous avons retrouvé une video dans laquelle apparaissent Rita Gorr et Suzanne Sarroca. Vous pouvez la lire en cliquant sur le lien ci-dessous :

    https://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes01101/don-carlos-de-verdi-a-l-opera-de-paris-en-1964.html

    Les photographies ont été empruntées au site olyrix.com

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • A propos du concert P. Lacombe à Salsigne

    A la suite du concert dédié à Paul Lacombe et Déodat de Séverac le 7 août dernier à Salsigne, nous avions rédigé un article le 27 août dans lequel nous regrettions que l'œuvre du compositeur ait été dénaturée par la guitare. Notre réflexion visait uniquement à défende l'œuvre du compositeur, qui n'a jamais été écrite pour ce merveilleux instrument. Nous n'avons pas été invité à assister à cet évènement musical. Notre chronique s'est donc uniquement basée sur l'article du correspondant local de l'Indépendant, auquel nous avons répondu, toujours dans le but de défendre la mémoire de Paul Lacombe. Il nous semblait que le biographe du Maître pouvait s'octroyer le droit d'exprimer sa réprobation pour ce qui concerne les arrangements à partir d'originaux. Dans les jours qui suivirent nous avons reçu une mise au point du guitariste M. Bernard Revel, nous demandant de rétablir la vérité sur le programme du concert présenté à Salsigne.  Nous la publions ci-dessous :

    Paul Lacombe a été servi par 4 artistes de grand talent totalement dans les versions originales.
    Au Piano, nous avons entendu Intermède de Concert et Danse à 5 temps, 3 duos pour violon et Piano et 6 airs chantés par Josep Cabré, Sarah Rodriguez accompagnés au piano.
     
    Nous avons en plus arrangé les thèmes de "Mascarade" de P. Lacombe pour créer des
    petites scènes de Commedia dell'Arte entre Arlequin et Colombine.
    Nous avons été surpris par le succès de l'adaptation de ces œuvres dans le monde du théâtre
    et trouvé un certain sens ludique et dramatique chez ce compositeur peut-être pas que "debussien"

    La musique de "salon" était aussi celle des cabarets parisiens puisque Yvette Guilbert a chanté
    les vaudevilles que nous avons adaptés à la guitare. L'arrangement en est tellement simple
    que la guitare a totalement respecté l'harmonisation et le contrepoint du piano.
    Ces deux instruments ont toujours partagé ce répertoire...
    Il se trouve que ces chansons, la plupart humoristiques et mêmes grivoises, sont l'œuvre de
    Deodat de Séverac. Des personnages du théâtre de Courteline ont été choisis pour incarner
    les protagonistes des chansons.
    Nous avons tout de même honoré Deodat avec "La poupée chérie", "le Cheval" et "Stances à
    madame de Pompadour" au piano, 3 chefs-d'œuvre.
     
    Le courriel de M. Revel se termine ainsi
     
    Monsieur Andrieu, je regrette pour vous de ne pas avoir participé à ce concert,
    mais je pense que nous n'avons pas la même façon de rendre la musique.
    Je respecte votre travail et n'en parle en mal à personne...
    Le concert a connu un succès au delà de ce que j'espérais et nous avons offert de Lacombe
    des airs raffinés et subtils qui ne passent pas toujours facilement auprès de tous les publics.
    Servis dans un mélange de genres et confrontés à un répertoire léger,
    ils sont fait l'unanimité.
    Le résultat est tel que nous allons donner ce concert partout où il sera possible de le donner.
    Si vous en avez le courage, et c'est de courage qu'il s'agit (peut-être avez-vous trop de sentiment
    de proximité avec Lacombe) vous pourriez même totalement changer votre avis.
     
    Citant Germaine dans les Cloches de Corneville, opérette de R. Planquette : "Ne parlez-pas de mon courage !" Car, le courage c'est de passer trois ans dans les archives, les bibliothèques nationales et internationales, les musées et les brocantes pour trouver trace de Paul Lacombe. Le courage c'est d'écrire une biographie à compte d'auteur avec ses propres deniers sans aucune subvention, de la publier et d'en tirer une immense satisfaction. Le courage c'est de dénoncer l'incurie des responsables culturels de ce département pour ce qui concerne Paul Lacombe. Le courage c'est d'aller porter la musique de Paul Lacombe à des gens comme Alain Duhault à Radio Classique. Le courage, enfin, c'est d'avoir beaucoup dépensé d'argent pour que d'autres puissent organiser des concerts. La proximité avec Paul Lacombe ne m'aveugle pas, mais au contraire, le respect pour sa mémoire m'éclaire.
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  • A nos amis de Lorry-lès-Metz. Merci pour la "rue de Carcassonne" !

    Cette commune de Moselle a connu par trois fois les malheurs de la guerre à cause d’un territoire que se sont longtemps disputés la France et l’Allemagne. D’abord en 1870 où la victoire revint à la Prusse. Pendant 48 ans, le français fut banni des registres administratifs et l’école dispensée en langue germanique. Les Alsaciens-Lorrains ne l’entendirent pas ainsi, mais leur désespoir ne put se soulager que dans une chanson appelant à la revanche : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».

    France, à bientôt ! car la sainte espérance

    Emplit nos cœurs en te disant : Adieu !

    En attendant l'heure de délivrance.

    Pour l'avenir… nous allons prier Dieu.

    Nos monuments où flotte leur bannière

    Semblent porter le deuil de ton drapeau.

    France, entends-tu la dernière prière

    De tes enfants couchés dans leur tombeau ?

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière

    Et s'en iraient grossir vos régiments !

    Pour égorger la France, notre mère,

    Vous armeriez le bras de ses enfants !

    Ah ! vous pouvez leur confier des armes,

    C'est contre vous qu'elles leur serviront,

    Le jour où, las de voir couler nos larmes,

    Pour nous venger leurs bras se lèveront.

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Ah ! jusqu'au jour où, drapeau tricolore,

    Tu flotteras sur nos murs exilés,

    Frère, étouffons la haine qui dévore

    Et fait bondir nos cœurs inconsolés.

    Mais le grand jour où la France meurtrie

    Reformera ses nouveaux bataillons,

    Au cri sauveur jeté par la Patrie,

    Hommes, enfants, femmes nous répondrons :

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Tout ceci, jusqu’au moment où la revanche sanguinaire de 1914-1918 vint ramener l’Alsace-Lorraine dans le giron de la France. Chaque monument aux morts de nos villages rappelle le sacrifice de vaillants soldats poussés vers l’abîme, loin de chez eux. Ce conflit dont tout le monde disait qu’il serait court, dura quatre ans. Un traité de Versailles plus loin, la France récupère l’Alsace et la Lorraine et inflige au vaincu, une véritable humiliation. Au sortir du conflit, l’économie Allemande est exsangue. La crise s’abat sur ce pays, le chômage et la faim. Il faut des valises de billets pour payer son pain ; le peuple cherche les coupables.

    Hitler promet de relever le pays et de rendre sa gloire à l’Allemagne à condition de se débarrasser  de ceux qu’ils désigne comme indésirables. Les juifs sont les ennemis de l’Allemagne et même un danger pour sa sécurité. Les mêmes poncifs - très faciles à entendre pour des esprits désespérés - sont actuellement distillés du côté de l’Italie, au sujet de ceux qui traversent la méditerranée pour fuir la guerre.

    « Deutsche über alles » chantait-on sur l’hymne du pays. L’Allemagne au-dessus de tout, compte reprendre secrètement à la France, ce qu’elle a perdu dans le traité de Versailles en 1919. Rompant avec les traités et se dissimulant sous les mensonges de Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères allemand, Hitler met en route une industrie de guerre. Au diable, la remise en cause des libertés publiques, des arrestations des tziganes, de juifs, des opposants politiques. Le peuple Aryen retrouve sa dignité en même temps que le plein emploi. C’est le National-Socialisme, c’est-à-dire la protection des « vrais patriotes » au détriment de ceux que le régime nomme les indésirables, ennemis de l’Allemagne. Cela aboutira à leur élimination par des moyens que nous connaissons tous. « L’Allemagne aux allemands » et « la préférence nationale », sont des thèmes qui ont traversé les frontières et même l’Atlantique, depuis 1933. On dit qu’ils ont à nouveau le vent en poupe…

    Nos dirigeants radicaux-socialistes au pouvoir, à force d’attentisme et surtout, faute de résolutions fermes au niveau européen contre le IIIe Reich, vont intervenir trop tard. Le traité de Versailles interdisait à l’Allemagne de se réarmer, mais ils ont laissé faire… Pire ! Ils fermeront les yeux sur l’annexion des territoires. L’Autriche, la Tchécoslovaquie ? Aucun problème, si cela peut préserver la paix. Dantzig ? On commence à secouer la tête. La Pologne ? On déclare la guerre à l’Allemagne alors que parait-il on avait tout fait pour l’éviter et surtout, que l’on ne s’est pas préparé à affronter les Panzer de l’oncle Adolf. « Si vis pacem, para bellum »

    Alors, me direz-vous : Et l’Alsace-Lorraine dans tout cela ? Après l’armistice de juin 1940, car on oublie que nous avons perdu misérablement la guerre que nous avions déclarée. L’Allemagne fit payer à prix d’or à la France, l’humiliation du traité de Versailles. L’Alsace et la Lorraine furent à nouveau annexées au Reich. Dans les premiers mois qui suivirent, les germains se livrèrent à ce qu’on nomme aujourd’hui : l’épuration ethnique.

    « C’était au matin du 11 novembre. L’abbé Huguet, le curé de Lorry-les-Metz, avait dit une messe clandestine à la mémoire des Français tombés pendant la guerre 14-18. En sortant de l’église, vers 9h, on a constaté que les camions de la Wehrmacht avaient pris position le long de la Grand-rue. On aussitôt compris. » (Témoignage de Louis Poincignon)

    Les jeunes alsaciens, reconnus de race aryenne, eurent l’obligation de s’engager dans l’armée allemande, sans quoi des représailles frappèrent leurs familles. Pour tous les autres, du balai… Vous n’avez que quelques jours pour débarrasser le territoire en prenant vos biens par la route. Nos Lorrains de Lorry-les Metz prirent la direction de la zone libre où s’était établi le département de la Moselle en exil à Montauban. Ils arrivèrent à Carcassonne, furent rassemblés à l’école Jean Jaurès. Après quoi, on les répartit dans des villages du département avec leurs familles : Carcassonne, Montréal d’Aude, Conques-sur-Orbiel, Bram, etc. Fort bien intégrés et accueillis par les villageois, ils y restèrent jusqu’à la Libération.

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    Construction de la rue Carcassonne à Lorry-Les-Metz

    En souvenir, nos compatriotes de l’Est nommèrent une des rues de Lorry-les-Metz du nom de Carcassonne. Les travaux débutèrent en 1979 après que M. Linden a fait cette proposition en Conseil municipal le 12 mai 1978. La rue Carcassonne sera inaugurée le jeudi 28 mai 1981 en présence des maires de Carcassonne et de Montréal d’Aude.

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    La rue de Carcassonne en 2019

     

    Il y a trente-huit ans, derrière les collines, 

    le clocher de Lorry lentement se noyait.

    La gorge serrée, nous partions.

    Lorriots expulsés, nous laissions

    derrière nous nos plaines, nous laissons

    nos maisons, nos récoltes, nos brumes de novembre,

    sans savoir si un jour nous les retrouverions.

     

    Dans nos maigres bagages, nous emportions ficelé

    un peu de la Lorraine.

    Dans le train de migrance, notre dernier regard

    fut pour le Saint-Quentin, qui mourut à son tour,

    en laissant en nos cœurs l’angoisse s’installer.

    Nous, Lorrains patriotes, il nous fallait connaître

    le sort des émigrés.

     

    Où allions-nous ? Là était la question :

    L'Allemagne ou la France ?

    En franchissant la ligne à Mâcon,

    l’espoir put renaître, c’était encore en France

    que nous allions rester.

    Quelques-uns à Marseille, à Privas dans l’Ardèche

    et d’autres à Carcassonne… C’est là où je suis né !

     

    Et voilà qu’aujourd’hui il m’incombe une tâche :

    c’est de vous dire pour tous : Merci, Carcassonnais

    qui, en ces temps meilleurs, venez nous visiter.

    Merci pour votre accueil.

    Merci pour le soleil et pour votre amitié que nous avons gardée.

    Merci pour les souvenirs qui, encore aujourd’hui

    sont « Souvenir Français ».

    (Jean-Pierre Buzy, 30 avril 1978)

     

    Aujourd’hui, souvenons-nous que nous vivons dans une Europe en paix grâce à l’amitié que nous avons tissée avec nos voisins allemands. Il n’y a pour ainsi dire plus de frontières entre eux et nous. Si l’Alsace-Lorraine est française, ils y sont chez nous comme l’on est chez eux.

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