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Portraits de carcassonnais - Page 26

  • La marque de vêtements Chipie est née à Carcassonne en 1967

    Le 16 décembre 1967, le Carcassonnais Jean-Michel Signoles n'a que 17 ans lorsqu'il créée la marque Chipie. En fait, son idée lumineuse consiste à retravailler les fripes importées des Etats-Unis en les vendant sur les marchés de la région. Bientôt, il ouvrira un atelier de fabrication et des bureaux au N°8 de la rue d'Alsace à Carcassonne. Une griffe au design stylisé apparaît sur le modèle des 60's avec des étiquettes personnalisées portant de nom de Chipie. La réussite de J-M Signoles c'est d'avoir compris avant l'heure l'importance future du jean dans la tenue vestimentaire des français.

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    Dans les années 70, Chipie devient un des leaders du jean grâce notamment à l'élégance des étiquettes, outil de référencement marketing. En 1979, la marque obtient la licence "Chipie junior" et peu à peu se développe à l'exportation. On ouvre des boutiques en Belgique, Italie, Londres, Amsterdam et Tokyo. 

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    La boutique de Carcassonne en 1981, rue Clémenceau

    La première boutique ouvrit ses portes dans la rue Voltaire, avant de déménager rue de Verdun puis rue Clémenceau. Quel succès ! Toute la jeunesse Carcassonnaise à la mode passait son temps et son argent chez Chipie. On y achetait aussi Chevignon et Beccaro, il me semble. La marque était devenue un signe distinctif d'appartenance à un groupe de lycéens branchés. Il naviguait entre le Conti de Pavanetto et la discothèque Le privé, en passant ses samedis à faire la rue de la gare.

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    L'intérieur de la boutique avec sa légendaire caisse enregistreuse.

    On voit à plusieurs reprises Chipie dans le film de Christian Lara "Une glace avec deux boules", sorti au cinéma en 1982. Dans les années 90, on se souviendrai d'Elisabeth Rose qui tenait la boutique.

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    © Carlos Recio

    Elisabeth Rose dans la boutique de Carcassonne

    En 1993, Renault lance une série spéciale pour sa Clio appelée Clio Chipie. C'est la même année que l'émission Taratata de Nagui fête la musique à Carcassonne, grâce à Jean-Michel Signoles et ses relations. Depuis quatre ans à peine, il est le directeur de l'Hôtel de la Cité acquis en 1989. Cet hôtel prestigieux, devenu l'ombre de lui-même, le patron Carcassonnais lui rend le lustre d'antant. 

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    © Droits réservés

    Jean-Michel Signoles photographié par Patrice Cartier en 1989

    Son réseau comprend alors 1 200 points de vente en Europe et Chipie compte 650 boutiques en France, dont 25 en nom propre. En 1997, 40 % du chiffre d'affaires, qui s'élève à 600 millions de francs provient de la vingtaine de licences.A Carcassonne, on n'aime que modérément les gens qui réussissent... En 1999, Signoles vend Chipie à Zannier (Kindilz group) et se sépare de l'hôtel de la Cité. Ce dernier passe dans le giron du groupe Orient-Express, puis de Christine Pujol. Chipie compte alors 120 employés travaillant à l'usine de Carcassonne, avenue général Leclerc. Elle réalise 40 millions d'euros de chiffre d'affaire annuel. En 2014, Zannier ferme l'usine et envoie les 40 salariés qu'elle conservait à Carcassonne au chômage.

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    © P. Lombardi / Institue Curie

    J-M Signoles et Amélie Mauresmo à l'Institut Curie en 2006

    En 1995, le patron Carcassonnais achète Goyard et se lance dans la maroquinerie de luxe. En marge de tout grand groupe de luxe il fait revivre le patrimoine de la rue Saint-Honoré, construit de nouveaux ateliers à Carcassonne, et ouvre des comptoirs de vente internationaux qui ont rendu, en l'espace d'une décennie, tout son rayonnement à l'enseigne à mille lieues de la production industrielle. A quand un point de vente dans la Cité de Carcassonne ?

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Hommage à Jeannot Lapasset (1946-2017)

    Avec la disparition de Jean Lapasset à son domicile vendredi dernier, après une longue maladie, s'éteint le dernier d'une génération de cafetiers brandissant l'amitié et la serviabilité comme étendard. Le café des Négociants c'était le café Lapasset, tellement le nom de cette famille marqua de son empreinte le cœur des Carcassonnais de toutes les générations. Pour preuve, malgré la vente de l'établissement en 2008 et son changement d'enseigne, on désigne toujours l'endroit comme étant chez Lapasset. L'ancien siège de l'USC, de la boule tapageuse, des jeunes lièvres, du FAC, etc. Autant de rires, de tapes dans le dos, de bons gueuletons entre amis avec la caserne Laperrine et ses bisasses du 3e Rpima. Combien de troisièmes mi-temps, les jours de défaites comme les jours de victoires ? Combien de lotos et de canards gras gagnés ? Au-delà de la perte physique de Jeannot Lapasset, c'est toute la bibliothèque immatérielle de ce lieu qui vient de brûler. Cette richesse lui avait été léguée par son père René, en même temps que le café. Notre devoir était d'en sauver un peu la mémoire. C'est ce que je fis en 2010 quand il me reçut à son domicile, en m'ouvrant ses souvenirs photographiques. Cet homme avait à la fois la force d'un chêne et le cœur d'un poète ; c'est d'ailleurs ce qu'il y a de remarquable chez les rugbymen. Nous n'allons pas être tristes, car l'homme aux belles bacchantes avait pour habitude de les sublimer d'un sourire. Nous allons simplement rappeler l'histoire de cette famille et de ce qu'elle apporta à la vie de notre ville.

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    © Collection Martial Andrieu

    Tout commence en 1905 avec Jean Lapasset qui après avoir quitté Paris achète les trois cafés de la place d'armes (Aujourd'hui Général de Gaulle) pour n'en faire qu'un seul. Il le baptise "Grand café des négociants" en raison des nombreux courtiers en vins de passage les jours de foire, sur le boulevard Barbès.

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    © Collection Martial Andrieu

    Dans les années 1920, les clients et amis du café posent autour de Jean Lapasset. Le charisme du patron emporte l'adhésion des clients. Ce sont des négociants en vins qui les jours de foires, finalisent leurs affaires autour du zinc. 

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    © Collection Martial Andrieu

    Jean Lapasset passe ensuite la main à son fils unique René en 1930, surnommé amicalement "Luigi". Ce dernier fit les beaux jours d'une ASC qui jouait jusque dans les années 30 à XV, au poste de talonneur. 

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    © Coll. Jean Lapasset

    René Lapasset jouait à l'ASC

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    © Coll. Jean Lapasset

    René Lapasset s'était lié d'amitié avec les cirques qui s'installaient régulièrement sur la place d'armes (aujourd'hui, général de Gaulle). Ci-dessus, une photo avec Mustapha, le patron du cirque Amar. Il était également un grand ami d'Achille Zavatta et de tous les forains. 

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    © Coll. Jean Lapasset

    Le passage du Tour de France dans les années 1950

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    Soirée de loto au Café des Négociants, au cours de laquelle René Lapasset annonçait les numéros tirés du sac. Les heureux gagnants repartaient avec canards gras, poulardes et jambons.

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    Jeannot Lapasset entouré par sa mère et son père semble prêt à prendre la relève. Il a alors une dizaine d'années. C'est au début de 1970 que René passera la main à son fils unique. En fait, René ne quittera jamais vraiment les lieux dans lesquels il mourra en février 1992, à l'âge de 90 ans. 

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    © Coll. Jean Lapasset

    Jean Lapasset avec sa petite Vespa devant le café de son père

    "Jeannot" prit la succession et modernisa le café. Il bénéficia de la clientèle fidèle, mais il sut surtout la conserver. Les lycéens ne manquaient pas les parties de flippers et de glisser une pièce dans le juke-box. Les samedis, combien de matches du Tournoi des 5 nations suivis depuis l'unique télévision du café ? 

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    © Collection particulière

    Jeannot Lapasset avec des amis bien connus

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    © Collection particulière

    Jean Lapasset avec le maire Raymond Chesa. 

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    © Collection particulière

    Jean Lapasset était passionné de belles voitures. On lui doit la création de la course du Col du Portel. En 2008, il vendit le café des Négociants à Norbert Serres. L'établissement allait devenir le Saint-Germain, car l'ancien propriétaire ne souhaitait pas que l'on conserve le nom d'origine. 

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    J'avais photographié le café Lapasset en 2008 avant sa transformation. Aujourd'hui, ce lieu a changé d'aspect mais l'âme des Lapasset y est encore pour de nombreuses décennies. En ces moments difficiles, je voudrais témoigner de mon amitié à Marie-Aude, sa fille durement éprouvée par la perte de son père. Ainsi, bien sûr, qu'à l'ensemble de sa famille.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine /2017 

  • Henri Castella, cet architecte Carcassonnais qui dessina La Grande Motte

    Au gré de nos recherches multiples et variées, nous avons découvert le nom d'un Carcassonnais qui marqua de son empreinte, l'histoire architecturale du XXe siècle dans notre région. Comme toujours chez nous, on oublie sans s'intéresser vraiment aux grands hommes de notre temps. Henri Castella, né en 1921 à Carcassonne occupait dans les années 1950 la fonction d'architecte départemental. On lui doit dans la capitale audoise les logements HLM de St-Jaques - Le Viguier, le Square Gambetta dessiné selon ses plans en 1973, la salle du Chapeau rouge (rue Trivalle)... On se souvient sans doute des canaux avec les cygnes et de la fontaine en béton. Tout ceci disparut en 2003 lors de la construction du parking souterrain Gambetta.

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    Le Grand voilier lors de sa construction en 1970

    La Grande Motte est conçue à partir de 1960 selon les dispositions ministérielles de la Mission Racine, visant à développer le littoral de la Méditerranée. L'architecte Jean Balladur se voit confier le chantier de La Grande Motte et de Port Camargue. Autour de ce projet, Henri Castella et Pierre Lafitte aménageront l'embouchure de l'Aude ; Georges Candillis (Barcarès-Leucate), Raymond Gleize et Edouard Hartané (Gruissan), Jean Lecouteur (Cap d'Agde). 

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    Le Reymar, 220 place des Tritons (1970)

    Henri Castella dessina les plans de quatre immeubles de La Grande Motte, tous d'une hauteur de 33 mètres : Le Reymar, Le Grand voilier, Le Babylone et l'Impérial. Or, l'architecte Carcassonnais n'est jamais cité comme contributeur à ce "Patrimoine du XXe siècle".

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    Le Babylone (1969)

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    L'impérial

    Dans les années 60, Henri Castella avait son cabinet d'architecte dans la rue de l'Aigle d'or. Il déménagea ensuite au 65, rue de Verdun. Il possédait une résidence à Montréal d'Aude avec des chevaux et s'était lié d'amitié avec l'acteur Philippe Noiret. 

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    Toutes les maisons de ce type au Viguier sont l'œuvre d'Henri Castella

    Sources

    L'aventure balnéaire de la Grande Motte de Jean Balladur / Ed. Parenthèses

    Mémoire Cavalière / P. Noiret / R. Laffont / 2007

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