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Portraits de carcassonnais - Page 29

  • Louis Anson, ancien garçon de café du Continental

    Après 32 années passées à servir des bières au café Continental, Louis Anson avait décidé de prendre sa retraite en 1975. Domicilié dans le quartier de Domairon avec Odette, son épouse, il allait pouvoir couler des jours heureux, non sans révéler quelques anecdotes sur son métier.

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    Louis Anson

    A la sortie de l'école à l'âge de 17 ans, il entre comme serveur à l'hôtel de la Cité, dirigé à l'époque par M. Jordy. Nous sommes en 1927... Après un apprentissage de deux ans, il quitte la ville et s'embarque comme barman à bord du Massilia - ce paquebot sera détruit en 1933 par un incendie en rade de Cherbourg. Il se retrouve sans emploi et s'engage alors dans le régiment du 13e Zouave ; il combat en France et en Belgique en 1940. En 1943, il revient à Carcassonne et cherche à redevenir serveur. Concours de circonstances, M. Lavrut - patron du Conti - recrute un employé pour remplacer un garçon qui avait besoin de se cacher de la Gestapo quelques jours. Il est embauché pour quinze jours ; il restera 32 ans.

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    Le café Continental, bd Omer Sarraut

    Pilier du Conti, Louis Anson a vu défiler une dizaine de patrons ou de gérants. Parmi ceux-ci : Jep Maso, le père de Jo, l'International de rugby ; les frères Hugonnet (cuisiniers en Amérique) et Pierre Pavanetto.

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    Très rapidement, Louis Anson s'imposa par sa personnalité, son dévouement et son expérience. Le jour de la Libération de Carcassonne (19 août 1944), un résistant lui demanda de le planquer. Il l'enferma dans le frigo. Louis ne revit pas cet homme qui devait habiter du côté de la Redorte.

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    © Coll. Patrice Cartier

    Gérard Oury et Bourvil à Carcassonne 

    Bourvil était venu au Conti en compagnie de Gérard Oury pendant le tournage du Corniaud en novembre 1964. Ils avaient fait connaissance d'un clochard qui se trouvait en face dans le Jardin des plantes. Ils l'avaient amené avec eux. En voulant le faire boire, ils avaient eux aussi abusé de l'alcool, si bien que le regretté Bourvil fut pris d'un fou-rire, qu'il communiqua à toute la salle.

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  • Que devient la maison de l'historien Gustave Mot (1885-1979) ?

    Qui connaît ou à entendu parler de Gustave Mot à Carcassonne ? À dire vrai trop peu de personnes, mis à part les historiens locaux. Pourtant, cet employé à la SNCF fut toute sa vie un passionné de sa ville. Une espèce d'autodidacte qui nous laissa un ouvrage sur l'histoire de la ville basse.

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    Mot fait partie de cette armée des ombres, qui a travaillé et travaille encore bénévolement pour l'amour de l'histoire locale. Un très grand nombre d'entre-eux n'ont jamais suivi de cursus universitaire, mais la passion qui les anime renverse tous les préjugés sur leur capacité de recherche. Ils connaissent les moindres recoins de la ville et apportent aux plus érudits, un savoir indispensable à leurs travaux.  

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    À sa mort en 1979, Gustave Mot a légué à la ville de Carcassonne sa maison située aux numéros 89 et 91 de la rue Jues Sauzède. Pendant de nombreuses années, elle fut occupée par le GARAE avant son installation dans la rue de Verdun. Cette maison appartient aujourd'hui à un particulier ; cela signifie t-il que la ville ou le département s'en est dessaisi ? Y avait-il une clause testamentaire du défunt qui indiquait ce que devait devenir ce bien ? On ne le saura certainement pas, mais quel manque de respect pour la mémoire du défunt !

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    L'imposte au dessus de la porte d'entrée de la maison de Gustave Mot

    Cette demeure a une histoire et surtout un véritable cachet. Joë Bousquet en fit une description précise lorsqu'il la visita. Nous avons retrouvé des photographies de son intérieur.

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    "Sur les murs, au plafond, dans les coins se dressaient des draperies, des bibelots, des meubles, tous de style Charles X, et si richement ornés de sphinx, de lions, de dragons que cette profusion d'appliques, donnait à l'ensemble la physionomie d'un décor chinois. Plus loin s'ouvrait une autre galerie, tapissée de noir et coupée de grecques rouges, elle offrait le spectacle d'une espèce de tombe étrusque extrêmement bizarre. Sans oublier un buste de Manon, sculpture en bois due à Gustave Mot, que l'on aurait dit surprise lors d'un chant, bouche ouverte, au moment où la voix module les notes les plus hautes. A l'arrière enfin régnaient les jardins aux murs incrustés de mosaïques et de symboles, où les fûts de colonnes antiques gênaient parfois la marche vers d'éclatants arbustes, orangers et citronniers, qui devaient leur vigueur et leur couleur au sang que chaque jour l'érudit allait recueillir pour eux auprès des abattoirs."

    (Les Audois / 1990)

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    Les vitraux

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    Le jardin de l'orangerie

    Comment a t-on pu laisser partir ce patrimoine ?

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    Une rue et un impasse portent le nom de Gustave Mot, derrière le cimetière La Conte.

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  • Paul Tomas, chef machiniste et régisseur de plateau au Théâtre municipal

    Originaire de Peyriac-de-Mer, Paul Tomas entre d'abord au service menuiserie de la mairie de Carcassonne en 1951. Il a alors 17 ans. De cette époque, il se souviendra des corridas organisées à Patte d'oie dans des arènes démontables en bois. On y voit les toreros Luis Miguel Dominguin, Ortega et Ordonnez.

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    © Carlos Recio

    De septembre 1954 à mars 1957, il sert sous les drapeaux au Maroc dans l'armée de l'air. Il travaille à l'entretien des bases et voyage de Rabat à Casablanca, de Mekness à Fez. Retour en France et à Carcassonne, où il participe à la création des décors du premier Festival de Carcassonne en 1957.

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    L'équipe des décors du Théâtre municipal

    De 1965 à 1971, il est employé comme machiniste et voit passer les plus grands artistes : Brel, Brassens, Ferrat, Bécaud, etc... Les souvenirs bons ou moins bons se bousculent dans sa tête :

    "L'un des meilleurs souvenirs est la venue de Gérard Lenorman qui, en février 1980, a fêté avec nous son anniversaire en toute simplicité. En revanche, le souvenir du passage de Dalida est beaucoup moins plaisant. Une lampe avait grillé pendant le spectacle, et elle était entrée dans une colère noire à l'entracte."

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    Paul Tomas et Jean Alary

    Jean Alary - directeur du Théâtre municipal - propose en 1979 à Paul Tomas un billet de chef de plateau. L'aventure dura quatorze années. Malgré un temps de réflexion, Paul accepta.  Dès lors, il mena de main de maître, tel un chef d'orchestre, son équipe de dix techniciens.

    "Au cours de ces années, s'est créée une amitié et une solidarité qui est propre aux gens du théâtre et que l'on ne retrouve pas ailleurs."

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    Paul Tomas, Mme Olivan, Jeannot Resplandy, Thierry Ravillard

    Du coeur et de la disponibilité, autour de qualités dont a dû faire preuve Paul Tomas. A de nombreuses reprises, il a fallu déployer beaucoup de patience pour répondre aux caprices des stars. Son dévouement fera dire à son épouse : "Tu devrais faire installer un lit au théâtre".

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    L'équipe du Festival 1984

    On reconnaîtra le jeune Georges Bacou qui est aujourd'hui le directeur du théâtre 

    Depuis 1957 et jusqu'en 1993, Paul Tomas s'occupa de la régie et de l'équipe technique du Festival de Carcassonne. Les machinos étaient des agents municipaux se portant volontaire pour la durée de l'événement culturel estival. Il y eut des coups de gueule et des fous rires. Une bête noire surtout : la pluie ! Des souvenirs, ces techniciens en ont à la pelle mais il y en a un qui est cher à leur coeur.

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    © Droits réservés

    Grillade au Festival de la Cité

    "Deux fois, l'opéra de Paris est venu à Carcassonne. A chaque fois, on a vécu des moments formidables et une vraie complicité s'est installée entre nous. Les soirées se sont terminées par des grillades conviviales. Comme on sait le faire dans notre midi."

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    © Midi Libre

    L'équipe technique du Festival 1993

    Paul Tomas prit sa retraite en novembre 1993, non sans un pincement au coeur. On ne laisse pas tant de souvenirs et d'amitiés derrière soi sans une certaine nostalgie. Il aura connu deux directeurs : Jean Alary et Jacques Miquel. Aujourd'hui, Paul Tomas vit retiré à Roullens entouré de l'affection de sa famille et de son petit-fils Nathan qui a tant d'admiration pour ce papy si méritant.

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    © Carlos Recio

    Paul Tomas avec le brigadier du théâtre

    A titre personnel, j'ai connu Paul Tomas depuis mes débuts sur scène à l'âge de cinq ans, jusqu'à sa retraite. Un homme peu bavard et parfois austère, mais quelle efficacité dans le travail ! Comme beaucoup de ceux qui paraissent bougon, Paul Tomas possède une grande générosité d'âme. Finalement, un paradoxe dans ce midi où les gens sont souvent superficiels en amitié. Après sa retraite, il laissa la place à Michel Choureau. Ensuite, la ville de Carcassonne et la directrice du théâtre Madame Nicole Romieu, ne remplacèrent pas les machinistes attitrés, partis à la retraite. Ce fut le début de la fin, car machiniste est une véritable profession dans l'art du spectacle. Cela ne s'improvise pas ! Fini les grillades, fini les rigolades...

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    Mme Olivan (Costumière), Mme Pujol (Billeterie), Paul Tomas (Régie de plateau); Thierry Ravillard (Lumières), ?, Jeannot Resplandy (Machinerie), ?

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