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Portraits de carcassonnais - Page 29

  • Florent Quintilla, le passeur du Païchérou

    Pendant un demi-siècle, Florent Quitilla a fait traverser l'Aude en barque à des milliers de personnes. Né en 1890 à Carcassonne, c'est à l'âge de quinze ans qu'il commence ce travail au Païchérou. En 1922, il fait l'acquisition de ce qui allait devenir grâce à lui, l'une des guinguettes les fréquentées de la ville. En même temps qu'il achetait le café, M. Quintilla prenait en charge la traversée de l'Aude en face de son établissement. Faute d'un pont reliant à ce quartier à la plaine Mayrevieille, la barque était le seul moyen de communication.

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    © Droits réservés

    Ce système par barque existait depuis deux siècles. Lorsque M. Quintilla le prit en main, l'on comptait une centaine de passagers par jour. En 1922, le prix du passage s'élevait à 1 sou, c'est-à-dire 5 centimes. Le passeur aurait bien voulu se faire remplacer quelques-fois mais impossible de trouver un jeune pour les dimanche. Ce travail n'était pas de tout repos, car pour hâler la barque au long du câble à la seule force de ses bras, il faut avoir des muscles solides. C'est à l'âge de 83 ans que M. Quintilla raccrocha ; son prédécesseur M. Brémond en avait soixante-dix. 

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    © Droits réservés

    Ce n'est pas tant l'âge qui le décida à arrêter. En 1972, l'ouverture du pont de l'hôpital lui avait enlevé une bonne partie de la clientèle. À l'endroit où le câble reliait les deux rives, l'Aude fait une centaine de mètres. Chaque traversée à la force des bras sur le câble tendu, représentait une épreuve physique. L'été il y avait de nombreux touristes qui joignaient l'utile à l'agréable. La traversée pouvant représenter quelques danger, M. Quintilla avait souscrit une assurance. Toutefois, aucune de ses barques n'a chaviré. Notons qu'il sauva treize nageurs en perdition d'un noyade certaine.

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    © L'Indépendant

    C'est une barque comme celle-ci retirée récemment des eaux de l'Aude, que M. Quintilla utilisait pour ses traversées. Notons qu'il y avait aussi la barque de M. Paul, un peu plus loin du côté de Monplésir d'été.

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  • Louis Anson, ancien garçon de café du Continental

    Après 32 années passées à servir des bières au café Continental, Louis Anson avait décidé de prendre sa retraite en 1975. Domicilié dans le quartier de Domairon avec Odette, son épouse, il allait pouvoir couler des jours heureux, non sans révéler quelques anecdotes sur son métier.

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    Louis Anson

    A la sortie de l'école à l'âge de 17 ans, il entre comme serveur à l'hôtel de la Cité, dirigé à l'époque par M. Jordy. Nous sommes en 1927... Après un apprentissage de deux ans, il quitte la ville et s'embarque comme barman à bord du Massilia - ce paquebot sera détruit en 1933 par un incendie en rade de Cherbourg. Il se retrouve sans emploi et s'engage alors dans le régiment du 13e Zouave ; il combat en France et en Belgique en 1940. En 1943, il revient à Carcassonne et cherche à redevenir serveur. Concours de circonstances, M. Lavrut - patron du Conti - recrute un employé pour remplacer un garçon qui avait besoin de se cacher de la Gestapo quelques jours. Il est embauché pour quinze jours ; il restera 32 ans.

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    Le café Continental, bd Omer Sarraut

    Pilier du Conti, Louis Anson a vu défiler une dizaine de patrons ou de gérants. Parmi ceux-ci : Jep Maso, le père de Jo, l'International de rugby ; les frères Hugonnet (cuisiniers en Amérique) et Pierre Pavanetto.

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    Très rapidement, Louis Anson s'imposa par sa personnalité, son dévouement et son expérience. Le jour de la Libération de Carcassonne (19 août 1944), un résistant lui demanda de le planquer. Il l'enferma dans le frigo. Louis ne revit pas cet homme qui devait habiter du côté de la Redorte.

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    © Coll. Patrice Cartier

    Gérard Oury et Bourvil à Carcassonne 

    Bourvil était venu au Conti en compagnie de Gérard Oury pendant le tournage du Corniaud en novembre 1964. Ils avaient fait connaissance d'un clochard qui se trouvait en face dans le Jardin des plantes. Ils l'avaient amené avec eux. En voulant le faire boire, ils avaient eux aussi abusé de l'alcool, si bien que le regretté Bourvil fut pris d'un fou-rire, qu'il communiqua à toute la salle.

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  • Que devient la maison de l'historien Gustave Mot (1885-1979) ?

    Qui connaît ou à entendu parler de Gustave Mot à Carcassonne ? À dire vrai trop peu de personnes, mis à part les historiens locaux. Pourtant, cet employé à la SNCF fut toute sa vie un passionné de sa ville. Une espèce d'autodidacte qui nous laissa un ouvrage sur l'histoire de la ville basse.

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    Mot fait partie de cette armée des ombres, qui a travaillé et travaille encore bénévolement pour l'amour de l'histoire locale. Un très grand nombre d'entre-eux n'ont jamais suivi de cursus universitaire, mais la passion qui les anime renverse tous les préjugés sur leur capacité de recherche. Ils connaissent les moindres recoins de la ville et apportent aux plus érudits, un savoir indispensable à leurs travaux.  

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    À sa mort en 1979, Gustave Mot a légué à la ville de Carcassonne sa maison située aux numéros 89 et 91 de la rue Jues Sauzède. Pendant de nombreuses années, elle fut occupée par le GARAE avant son installation dans la rue de Verdun. Cette maison appartient aujourd'hui à un particulier ; cela signifie t-il que la ville ou le département s'en est dessaisi ? Y avait-il une clause testamentaire du défunt qui indiquait ce que devait devenir ce bien ? On ne le saura certainement pas, mais quel manque de respect pour la mémoire du défunt !

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    L'imposte au dessus de la porte d'entrée de la maison de Gustave Mot

    Cette demeure a une histoire et surtout un véritable cachet. Joë Bousquet en fit une description précise lorsqu'il la visita. Nous avons retrouvé des photographies de son intérieur.

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    "Sur les murs, au plafond, dans les coins se dressaient des draperies, des bibelots, des meubles, tous de style Charles X, et si richement ornés de sphinx, de lions, de dragons que cette profusion d'appliques, donnait à l'ensemble la physionomie d'un décor chinois. Plus loin s'ouvrait une autre galerie, tapissée de noir et coupée de grecques rouges, elle offrait le spectacle d'une espèce de tombe étrusque extrêmement bizarre. Sans oublier un buste de Manon, sculpture en bois due à Gustave Mot, que l'on aurait dit surprise lors d'un chant, bouche ouverte, au moment où la voix module les notes les plus hautes. A l'arrière enfin régnaient les jardins aux murs incrustés de mosaïques et de symboles, où les fûts de colonnes antiques gênaient parfois la marche vers d'éclatants arbustes, orangers et citronniers, qui devaient leur vigueur et leur couleur au sang que chaque jour l'érudit allait recueillir pour eux auprès des abattoirs."

    (Les Audois / 1990)

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    Les vitraux

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    Le jardin de l'orangerie

    Comment a t-on pu laisser partir ce patrimoine ?

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    Une rue et un impasse portent le nom de Gustave Mot, derrière le cimetière La Conte.

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