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Patrimoine en danger - Page 15

  • Histoire de l'achat de la maison du poète Joë Bousquet

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    Pourquoi cette plaque depuis 2011 n'est-elle pas fixée sur la façade ?

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    Je vous propose de vous expliquer l'histoire de l'acquisition de la maison de Joë Bousquet - ce que personne ne vous a jamais raconté. 

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    © Archives départementales de l'Aude

    La chambre de J. Bousquet dans laquelle il reçut Aragon, Benda, Paulhan, Gide, Gallimard, Magritte... Là, où la barde de l'occupant, fut organisée la résistance intellectuelle au fascisme. Sur la cheminée se trouvaient deux anges de pierre gothique ; ils furent offert par Bousquet à René Nelli en cadeau de mariage.

    À la fin des années 1980, la maison de l'illustre poète - située 53 rue de Verdun - était restée fermée depuis des années et en indivision dans la famille de J. Bousquet. Depuis 1950 - date de son décès - la chambre était restée dans son jus ; pas un seul objet n'avait été déplacé, ni remplacé. La nièce de Bousquet souhaitait vendre l'imposant immeuble qu'elle n'avait plus les moyens d'entretenir. Considérant la richesse patrimoniale du lieu, elle fit intervenir son cousin l'abbé Cazaux pour proposer à la ville de Carcassonne de l'acquérir. C'est à Pierre Sarcos - pharmacien de son état et adjoint au maire - que le prêtre s'adressa afin d'avoir un rendez-vous avec Raymond Chésa. La réponse de ce dernier fut - selon l'abbé - la suivante :

    "100 millions pour une chambre, c'est bien cher"

    La ville rejetant la proposition d'achat, la famille Bousquet se tourna vers le Conseil général. L'abbé Cazaux intervint alors auprès de Roger Bertrand - conseiller général et futur candidat socialiste à la mairie de Carcassonne en 1989. Emballé par l'idée, ce dernier réussit à convaincre le président Raymond Courrière de ne pas laisser partir à un bailleur privé, ce trésor historique de Carcassonne. Ainsi fut sauvée la chambre de Joë Bouquet et l'immeuble pour 125 millions d'anciens francs.

    Remerciements

    Abbé Jean Cazaux

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Le domaine de Bouriac

    Dans notre article d'hier consacré au barrage de Saint-Jean, nous évoquions l'arrangement entre Léo Dupré et les propriétaires du domaine de Bourriac, situé sur l'autre rive. Quelle est donc cette ancienne métairie ? Où se trouve t-elle exactement ? C'est ce que je vous propose de découvrir aujourd'hui...

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    Carte de Cassini

    Histoire et généalogie

    La métairie de Bouriac prit vraisemblablement le nom de la famille qui l'habitait au XVIIe siècle, comme tant d'autres hélas disparues dans Carcassonne. On rencontre ce patronyme dans le Tarn, Midi-Pyrénées, le Lot, l'Aveyron et à Villasavary dans l'Aude au XVIIIe siècle. En 1573, Pierre Bouriac est marchand et Consul de la Ville de Carcassonne (Histoire ecclésiastique et civile de Carcassonne / Pierre Bouges / p.483). Jean Don marié à Anne Lamarque habitent le domaine au siècle suivant, avant qu'il ne passe entre les mains de Jean, Honoré puis d'Aphrodite Bourbon. La succession est ensuite dévolue à Marie Geneviève Honorine Cardes  (épouse de Georges Suzanne Hypolite Edouard Riscle) et à son frère, Joseph François Prosper Cardes, marié à Rose Cardes. Ce dernier exerce la profession de propriétaire rentier. 

    Au moment du prolongement du barrage de St-Jean sur la rive des terres de Bouriac, le domaine de Bouriac possède un métayer du nom de Jean Audier dit Victor. Prosper Cardes est désigné comme administrateur des biens de son fils, Aphrodite Cardes dit Alma, jusqu'à sa majorité. Alma Cardes se distinguera plus tard dans la peinture, tout en vivant de ses rentes. Il ne vivra pas au domaine, mais 22 rue des Halles (actuelle rue Chartran). C'est également un fervent catholique qui n'hésite pas à décorer la cathédrale Saint-Michel pour de grandes occasions. Ses toiles entreront au Musée des Beaux-arts. Alma Cardes sera un membre éminent de la Société d'Études Scientifiques de l'Aude.

    Auguste Satgé (1858-1961) grâce à son mariage avec l'une des fille Riscle, Gabrielle, possèdera le domaine, qui aujourd'hui appartient à la famille Cros-Mayrevieille.

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    L'entrée du domaine

    La métairie de Bouriac est située en face du stade Albert Domec, à l'angle de l'avenue du général Sarrail.  Il s'agit d'une bâtisse un peu austère qui n'a rien de remarquable d'un point de vue architectural, mis à part peut-être son pigeonnier. C'est néanmoins un des rares témoins des domaines viticoles de Carcassonne, ayant résisté à la pioche des promoteurs immobiliers.

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    Le pigeonnier de la métairie

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    Le corps de bâtiment avec sa cour

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    Cette croix se trouvait initialement à l'angle du chemin de Montredon. Elle été déplacée à l'entrée du domaine à la demande de la propriétaire, quand la ville a transformé les installations du stade Domec. (Source : J. Blanco)

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    Cette borne d'octroi trouvée à proximité du domaine par Jacques Blanco, a son inscription presque effacée par l'érosion de la pierre. Que fait-elle à cet endroit ? Par un heureux hasard, j'ai retrouvé une délibération du Conseil municipal en date du 27 mars 1897, adoptée sur proposition de M. Durand :

    "L'octroi de la route de Trèbes sera transporté 500 mètres plus loin jusqu'au ruisseau de la porte de fer et englobera le domaine de Bouriac de M. Satgé."

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    Crédit Photos

    Jacques Blanco

    Carte de Cassini

    Recherches

    Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015 

  • La maison d'Henri II de Montmorency, 125 rue Trivalle.

    Il est dans notre bonne ville de Carcassonne - vieille de plus de deux mille ans d'histoire - une maison remarquable datant du XVIe siècle. On l'appelle la maison de Montmorency puisqu'une tradition orale prétend que Henri II de Montmorency (1595-1632) en fut le propriétaire. Aucun texte ne l'attestant, il est plus probable qu'il y fut logé lors de son passage à Carcassonne.

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    Henri II de Montmorency

    Musée du Louvre

    Le gouverneur du Languedoc eut un destin tragique puisqu'ayant comploté contre Richelieu avec Gaston d'Orléans, il passa sur le billot à Toulouse en 1632 après avoir été arrêté à Castelnaudary. Une plaque posée sur les pavés de la cour de l'Hôtel de ville de Toulouse (Capitole), rappelle l'emplacement de l'exécution d'Henri II de Montmorency.

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    Place Henri IV

    Capitole de Toulouse

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    La maison, sous l'Ancien-Régime, passa entre les mains de plusieurs bourgeois et marchands drapiers. On voyait encore il y a quelques années, l'inscription suivante sur une dalle de la façade extérieure :

    Lo camin gran de la Trivallo, 1687"

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    Au début du XXe siècle, le rez-de-chaussée était occupé par l'épicerie Ric. Simone Ric, épouse Pujol, vendit ensuite la maison par lots aux familles Bourdil, Galibert, Garcès et Sabatier. En 1973, le bâtiment - avant sa cession au Ministère de l'Urbanisme du Logement et des Transports - était la possession de 27 personnes différentes. Simone Ric vendit sa dernière part à l'état, le 18 décembre 1974. Le bec de gaz et la fontaine à droite, ont disparu depuis.

    Description

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    © Ministère de la culture

    La façade avant 1937

    L'immeuble à trois étages possède une façade en pan de bois à colombage et des fenêtres à meneaux. Le Rez-de-chaussée est en pierre de taille. Dans la cour, une tourelle avec un escalier permet d'accéder aux étages supérieurs. À l'intérieur, on peut admirer plafonds, menuiseries et cheminées.

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    © Ministère de la culture

    Une lente agonie

    Malgré un classement comme Monument historique le 28 mai 1942, grâce à Charles Bourely - Architecte des Bâtiments de France - la maison est dans un pitoyable état au début des années 1960. L'Association des Amis de la Ville et de la Cité par la voix de Simone Cahen-Salvador, sa présidente, s'émeut du sort de la vieille bâtisse en 1961. Elle cherche d'abord à s'assurer du soutien de personnalités. Les chambres de commerce et d'agriculture acceptent de financer les études de rénovation au moyen d'une subvention ; elle ne sera jamais allouée. En 1967, Me Pech de Laclause propose que le bâtiment accueille un musée du folklore et des traditions occitanes. Peine perdue...

    Au bout du compte, les Bâtiments de France voulurent s'y installer. Alors même que l'état s'était désintéressé de son sort, la maison passa entre ses mains en 1973. Un crédit d'impôt de 500 000 francs est attribué pour les premiers travaux, à l'issu des études vers 1975. Des travaux qui s'amenuisent ensuite, pour cesser complètement quelques années après, dans l'indifférence générale. 

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    Voici le triste spectacle auquel les Carcassonnais assistèrent pendant plus de quinze ans. Les échafaudages restèrent en place ; on se demanda si le bâtiment ne finirait pas entièrement ruiné. Une délibération du Conseil municipal en date du 10 décembre 1985 décide du rachat par la ville de Carcassonne à l'état, de la maison Montmorency pour le franc symbolique. Cinq ans plus tard, la municipalité Chésa vendait à Roland Alvaro - ancien élu de cette même municipalité - la bâtisse pour le franc symbolique. Un cadeau un peu empoisonné pour le nouveau propriétaire qui, pour la restaurer, dut s'entendre avec les agents du Ministère de la culture. 

    La restauration

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    Aspect de la façade en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

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    © JL Bonnet

    La façade intérieure côté nord, en 2015

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    © Ministère de la culture

    En 1937

    Cette maison appartient encore aujourd'hui à Roland Alvaro. Il n'y a semble t-il pas de projet à vocation culturelle, qu'elle pourrait abriter prochainement. En 2011, elle a même accueilli une bodéga, le temps de la Féria de Carcassonne. Il est probable que M. Alvaro souhaite la vendre, sachant qu'il ne récupèrera jamais les sommes qu'il a englouties pour la restauration de la maison du sieur Montmorency.

    Sources

    La Trivalle / Dr Vivès / 2004

    Ministère de la culture

    Midi-Libre / 8 avril 1984

    AAVC

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