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Patrimoine disparu - Page 22

  • Une place dans Carcassonne à un héros historique qui n'a jamais existé !

    Qui pouvait bien être ce Davilla, dont une de nos places les plus illustres porte le nom depuis 1899 ? Selon Louis Fédié (1815-1899) - Conseiller général de Couiza et membre éminent de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne - ce personnage était Premier consul de la ville en 1355. Au moment de l'attaque du Prince noir qui dévasta la Ville basse, Davilla se serait porté à la tête des milices bourgeoises pour défendre Carcassonne et aurait été tué héroïquement. 

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    Le 2 novembre 1355, le Prince de Galles se présente devant Carcassonne ville basse, et somme les habitants de se rendre à discrétion. La défense pourrait être essayée du côté du Midi et du Levant ; mais du côté du Nord et du couchant, la résistance était impossible. Les Consuls et les chefs des Corporations offrirent vingt-cinq mille écus d'or pour rédimer la ville. (...) Le Prince de Galles refusa, et attaqua la ville. La résistance fut des plus énergiques et le gros de l'action se concentra à la porte de Toulouse. Attaquée par une forte colonne d'assaillants cette porte fut défendue avec le plus grand courage par les milices et les bourgeois armés. A la tête des défenseurs on voyait le premier Consul Davilla, qui revêtu de ses insignes de cérémonie, donnait l'exemple d'une héroïque résistance. Les Anglais parvinrent à forcer le passage, et le Consul Davilla fut tué sur la brèche.

    (Louis Fédié / Histoire de Carcassonne / 1886)

    Fort de cette information qui n'a jamais pu être vérifiée, la ville de Carcassonne donne le 30 juin 1899 à l'ancien rond-point de la Porte de Toulouse, le nom de Place Davilla. Aucun historien n'a pu retrouver le document sur lequel s'est appuyé Fédié pour citer Davilla. Il n'empêche qu'une plaque commémorative fut placée le 6 janvier 1900 sur l'un des piliers de la Porte de Toulouse.

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    Dans les années 1950, la plaque fut déposée afin de mettre fin à la légende. Selon l'hypothèse de Jean Sarrand, communiquée dans le bulletin de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne en 1976, l'erreur proviendrait d'une mauvaise lecture de Fédié. Il s'agirait d'Arnaud de Villar, lieutenant du sénéchal de Carcassonne en 1348. Selon une autre hypothèse, ce serait une inscription en occitan dans le texte qui l'aurait induite en erreur "Lo consul da villa" - Le Consul de la ville. Si la plaque fut enlevée, la place demeure encore avec le nom de Davilla. Restait à savoir ce qu'elle était devenue... Un historien amateur de la ville l'avait récupérée ; son fils la garde soigneusement dans son jardin depuis ce temps.

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    Jacques Blanco vient de la retrouver et tel le pêcheur qui présente fièrement sa prise au photographe, il pose pour la postérité avec la sienne. 

    Sources

    Louis Fédié / Histoire de Carcassonne / 1886

    Les Audois / Dictionnaire biographique / 1990

    Photos

    Jacques Blanco

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  • La création du jardin Bellevue en 1995 à Carcassonne

    Avant que la municipalité Chésa ne se décide à créer un jardin public en bordure du quai Bellevue, le terrain était occupé depuis longtemps par des jardins potagers appartenant à plusieurs propriétaires. Il s'agissait d'un endroit plus ou moins laissé à l'abandon par certains et séparé par des enclos de fortune. D'autres, y cultivaient des légumes pour leur consommation personnelle. Il faut dire que cet endroit avait un certain charme, comme on peut le trouver encore à l'intérieur de nos villages. La ville acquit les terrains à MM. Toustou, Monier Jean, De Geoffroy, Oulié, Laffargue et à Mesdames Lanau, Moulet, Monier, Emma et Fontanilles. Les autres comme MM. Ramon Marius, André et Roger Campo, Clément Castilla et Mlle Homps, les échangèrent contre une parcelle aux jardins de la Reille.

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    Le chantier en 1993

    Ce projet sera présenté durant la campagne des municipales de 1989. Après la reconduction aux affaires de la ville du conseil municipal sortant, une maquette présentant la future réalisation est installée dans la mairie en février 1991. Il s'agit d'une aire de loisirs avec un parking de 140 places longeant le quai Bellevue. Un jardin planté d'arbres bas pour ne pas cacher la vue sur la Cité. Une aire de jeux pour les enfants et un coin de repos pour le 3e âge. Un théâtre de verdure pour y donner des concerts qui sera remplacé dans la version finale par un boulodrome. Les remblais nécessaires proviennent du chantier de construction du parking des Jacobins.

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    Le passage au gué sur l'Aude

    Faute de financements, le chantier de terrassement commencé en 1991 restera en l'état pendant quatre ans. Les travaux arrêtés ne reprendront pas avant l'année 1994, précédent l'élection municipale de 1995.  Jusque-là, les riverains n'auront devant leurs yeux qu'un terrain vague et boueux. 

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    © Google maps

    Le jardin Bellevue sera inauguré au début de l'année 1995 avant l'élection municipale. C'est une belle réussite qui a offert une plus-value à toutes les maisons bordant le quai Bellevue, avec une vue imprenable sur la Cité. Le jour de la fête nationale lors de l'embrasement de la Cité, les spectateurs viennent en masse y admirer le feu d'artifice. 

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    Ce tilleul centenaire devait être abattu dans le plan initial, mais une pétition des habitants du quartier a permis de le conserver.

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    Au mois de juin 1995, afin de fêter l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, les jeunes du RPR ont planté symboliquement ce pommier dans le jardin. Cet arbre fruitier que l'on cultive en Limousin - terre natale du candidat - avait été au coeur de la communication de sa campagne électorale.

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  • Barbès : Ce fondu de liberté(s) qui a fondu sous l'occupation

    Armand Barbès

    (1809-1870)

    dont le père natif de Capendu est chirurgien militaire à Carcassonne, n'aura cessé durant toute sa vie de porter les valeurs de la République. Ceci au prix d'une débauche d'énergie qui lui vaudra le surnom de "Bayard de la démocratie". Il luttera contre Louis-Philippe (Roi des Français) qu'il réussira à faire renverser, la deuxième République et le Second Empire. À chaque fois il sera condamné, au mieux, à de la prison ; au pire, à la peine capitale. Pour cette dernière, il devra son salut à une intervention de Victor Hugo en sa faveur. En1848, il représentera le département de l'Aude à l'Assemblée constituante où il siègera à l'extrême gauche. Après s'être volontairement exilé à La Haye suite à sa libération en 1854, il mourra là-bas le 26 juin 1870 ; seulement quelques semaines avant l'avènement de la République en France pour laquelle il n'a cessé de militer.

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    © Martial Andrieu

    Le 26 septembre 1886, une statue à son effigie est dressée sur un socle portant la mention "Vivre libre ou mourir" sur le boulevard Saint-Michel. Elle est l'oeuvre du sculpteur toulousain Alexandre Falguières (1831-1900).

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    © ADA 11

    Le socle sans la statue, remplacée par un buste de Marianne en août 1944

    Le 20 mars 1942, la mairie de Carcassonne, aux ordres du gouvernement de Vichy, enlève la statue de Barbès de son piédestal. La loi du 11 octobre 1941 promulguée par Vichy contraint l'administration municipale au démontage des statues et de leurs socles en vue de leur fonte. Ceci à l'exception des oeuvres présentant un caractère historique et esthétique. Notion assez vague voulue par l'amiral Darlan (Vice-président du conseil) afin que ne soient épargnées que celles à la gloire de Jeanne d'arc, Henri IV, Louis XIV et Napoléon 1er. L'enlèvement de Barbès à Carcassonne - on s'en serait douté - n'eut qu'un but politique qui n'empêchera pas la tenue d'une manifestation Républicaine au pied de son socle le 14 juillet 1942. L'occupant n'investira la zone sud et Carcassonne qu'en novembre 1942, mais il y a fort à parier que le métal a servi aux nazis pour tuer des Français et leurs alliés.

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    © Martial Andrieu

    Barbès retrouve son socle en 1952

    Une partie des statues françaises destinées à la fonte a été moulée en plâtre. Suite une proposition du sculpteur Carcassonnais Paul Manaut en date du 20 novembre 1951, la municipalité de Marcel-Itard Longueville décide de lui confier en février 1952 la reconstruction de la statue. Le coût s'élève à 1 400 000 francs, dont une partie provient de la "souscription au Monument Barbès" levée en 1951. Cette copie présente toutefois quelques différences.

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    La nouvelle statue de Barbès n'a plus son fusil entre les jambes...

    Source

    Délibération Conseil Municipal / 27 février 1952

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